L'Inkjet Web Press annoncée par HP à la Drupa se distingue des autres presses couleur en continu par sa laize de 30 pouces, contre 20 pouces pour ses concurrentes. J'avais à l'époque qualifié cette machine de "presse de transition", parce qu'elle m'apparaissait comme la première presse numérique vraiment capable d'attaquer le domaine rentable des tirages moyens en offset, dans des segments tels que celui du livre. Il me semblait d'ailleurs remarquable que l'un des premiers clients annoncés par HP soit CPI, l'un des plus grands imprimeurs de livres au monde. Ses responsables m'ont confié qu'ils voyaient la machine comme un facteur de changement dans la dynamique des éditeurs de livres.

De son côté, Océ a récemment organisé à Poing, en Allemagne, un événement intitulé "Home of Color". À cette occasion, le fabricant a annoncé plusieurs nouveaux systèmes couleur en continu, pour compléter sa gamme de presses inkjet JetStream. Parmi ces nouveautés, la JetStream 2800 adopte, comme la HP Inkjet Web Press, une laize de 30 pouces. Océ affirme que cette presse est destinée aux marchés de l'impression de livres et de journaux, avec une laize plus large offrant un meilleur soutien aux formats de ces marchés. Par exemple, les journaux pourront imprimer une double page en travers de laize plutôt que perpendiculairement, exploitant ainsi au maximum les capacités de la presse et autorisant des vitesses plus élevées.

Un modèle d'affaires viable

Ceci m'amène au véritable sujet de mon article : la viabilité financière de l'impression numérique de livres et de journaux en tirages moyens et en couleurs. Jusqu'à présent, l'impression numérique de livres a rencontré un vrai succès dans des tirages allant jusqu'à 600 exemplaires environ, en une seule couleur. Le recours aux presses numériques monochromes, à feuilles ou en continu, a changé la dynamique de l'édition de livres en autorisant la production de livres en très petits tirages. C'est la fin des "tirages épuisés".

L'économie de l'édition de livres est largement déterminée par les inventaires de livres imprimés. Lors de l'événement Océ ont été communiqué des chiffres empruntés au secteur allemand de l'édition, indiquant que 66 % des livres restent en stock jusqu'à deux ans, et 11 % de deux à cinq ans. À l'autre bout du catalogue, 18 % des livres restent en stock plus de dix ans ! Les chiffres montrent par ailleurs que le nombre de livres édités augmente chaque année. En 2007, plus de 96 000 livres ont été publiés en Allemagne et plus de 100 000 nouveaux titres en Grande-Bretagne. Tout cela vient rejoindre les stocks, bloquant d'énormes capitaux chez les éditeurs. Les chiffres indiquent aussi que les tirages des livres se réduisent, comme pour la plupart des autres types d'imprimés : pour la plupart, ils oscillent désormais entre 2 000 et 5 000 exemplaires.

Il est intéressant d'observer la relation entre la technologie numérique moderne et l'offset, en comparant leurs coûts opérationnels et en évaluant le point d'équilibre à cet égard entre les deux technologies. Dans un récent article sur l'impression numérique à feuilles, j'ai commenté une étude menée par Infotrends, indiquant que les nouvelles machines telles que la HP Indigo 7000 concurrencent l'offset dans des tirages de 2 000 à 5 000 exemplaires. Lors de son "Home of Color", Océ a présenté des chiffres comparant les coûts de l'impression de livres en offset par rapport aux presses en continu à jet d'encre. L'exemple retenu était celui d'un livre quadri de 112 pages, format A4+, à couverture souple. Les chiffres avaient été calculés pour une presse offset de 40 pouces à huit groupes (4/4), comparée à l'Océ JetStream 2200 de 20 pouces de laize. Le point d'équilibre, où l'offset devenait moins chère que l'impression numérique, se situait à 3 458 exemplaires. Mais la durée du tirage représentait un facteur de différenciation majeur : en offset, l'impression du livre aurait réclamé 30 heures, contre 4 heures sur la JetStream 2200.

Ces chiffres ont été calculés pour une presse numérique de 20 pouces. On peut penser que, s'ils étaient calculés pour la JetStream 2800 de 30 pouces, le point d'équilibre serait déplacé bien au-delà des 4 000 exemplaires. Si l'on étend la réflexion à la presse HP, dont les performances sont similaires à celles de la JetStream 2800 mais avec des coûts significativement inférieurs, et qui bénéficiera d'un système de finition de livre Timsons en ligne, le point d'équilibre pourrait même dépasser les 5 000 exemplaires.

Point de basculement

Quand on considère ces coûts et ces performances pour des presses numériques en continu totalement automatisées, on réalise à quel point celles-ci pourraient bouleverser l'industrie de l'impression de livres. Le coût de l'impression numérique de livres ne change pas beaucoup selon le tirage et il est très économique pour les livres en petits tirages. De la sorte, je pense que les éditeurs abandonneront peut-être l'idée d'imprimer de grands nombres d'exemplaires pour la plupart des livres, afin d'obtenir un bon prix, au risque de voir tous ces exemplaires moisir en inventaire. Le tirage moyen pourrait bien chuter, si les éditeurs décident de passer au jet d'encre dès le premier tirage, en utilisant l'une de ces nouvelles presses couleur à jet d'encre.

Aujourd'hui, sur ces presses, nous ne voyons guère que des tirages sur des papiers non couchés, mais cela va changer bientôt. J'ai déjà pu voir des tirages d'essai sur des papiers couchés et je suis sûr que certains fournisseurs proposeront bientôt cette solution. Quand ce sera le cas, je dois me demander si nous verrons certains magazines professionnels passer à l'impression numérique, surtout si un certain degré de personnalisation leur est appliqué. Jusqu'à présent, les magazines n'ont pas adopté l'impression numérique, mais ce sera peut-être la prochaine étape. Comme je l'ai dit, les presses à jet d'encre de 30 pouces sont des presses de transition. Elles lanceront la transition de l'offset au numérique.

L'Inkjet Web Press annoncée par HP à la Drupa se distingue des autres presses couleur en continu par sa laize de 30 pouces, contre 20 pouces pour ses concurrentes. J'avais à l'époque qualifié cette machine de "presse de transition", parce qu'elle m'apparaissait comme la première presse numérique vraiment capable d'attaquer le domaine rentable des tirages moyens en offset, dans des segments tels que celui du livre. Il me semblait d'ailleurs remarquable que l'un des premiers clients annoncés par HP soit CPI, l'un des plus grands imprimeurs de livres au monde. Ses responsables m'ont confié qu'ils voyaient la machine comme un facteur de changement dans la dynamique des éditeurs de livres. De son côté, Océ a récemment organisé à Poing, en Allemagne, un événement intitulé "Home of Color". À cette occasion, le fabricant a annoncé plusieurs nouveaux systèmes couleur en continu, pour compléter sa gamme de presses inkjet JetStream. Parmi ces nouveautés, la JetStream 2800 adopte, comme la HP Inkjet Web Press, une laize de 30 pouces. Océ affirme que cette presse est destinée aux marchés de l'impression de livres et de journaux, avec une laize plus large offrant un meilleur soutien aux formats de ces marchés. Par exemple, les journaux pourront imprimer une double page en travers de laize plutôt que perpendiculairement, exploitant ainsi au maximum les capacités de la presse et autorisant des vitesses plus élevées.Un modèle d'affaires viableCeci m'amène au véritable sujet de mon article : la viabilité financière de l'impression numérique de livres et de journaux en tirages moyens et en couleurs. Jusqu'à présent, l'impression numérique de livres a rencontré un vrai succès dans des tirages allant jusqu'à 600 exemplaires environ, en une seule couleur. Le recours aux presses numériques monochromes, à feuilles ou en continu, a changé la dynamique de l'édition de livres en autorisant la production de livres en très petits tirages. C'est la fin des "tirages épuisés". L'économie de l'édition de livres est largement déterminée par les inventaires de livres imprimés. Lors de l'événement Océ ont été communiqué des chiffres empruntés au secteur allemand de l'édition, indiquant que 66 % des livres restent en stock jusqu'à deux ans, et 11 % de deux à cinq ans. À l'autre bout du catalogue, 18 % des livres restent en stock plus de dix ans ! Les chiffres montrent par ailleurs que le nombre de livres édités augmente chaque année. En 2007, plus de 96 000 livres ont été publiés en Allemagne et plus de 100 000 nouveaux titres en Grande-Bretagne. Tout cela vient rejoindre les stocks, bloquant d'énormes capitaux chez les éditeurs. Les chiffres indiquent aussi que les tirages des livres se réduisent, comme pour la plupart des autres types d'imprimés : pour la plupart, ils oscillent désormais entre 2 000 et 5 000 exemplaires.Il est intéressant d'observer la relation entre la technologie numérique moderne et l'offset, en comparant leurs coûts opérationnels et en évaluant le point d'équilibre à cet égard entre les deux technologies. Dans un récent article sur l'impression numérique à feuilles, j'ai commenté une étude menée par Infotrends, indiquant que les nouvelles machines telles que la HP Indigo 7000 concurrencent l'offset dans des tirages de 2 000 à 5 000 exemplaires. Lors de son "Home of Color", Océ a présenté des chiffres comparant les coûts de l'impression de livres en offset par rapport aux presses en continu à jet d'encre. L'exemple retenu était celui d'un livre quadri de 112 pages, format A4+, à couverture souple. Les chiffres avaient été calculés pour une presse offset de 40 pouces à huit groupes (4/4), comparée à l'Océ JetStream 2200 de 20 pouces de laize. Le point d'équilibre, où l'offset devenait moins chère que l'impression numérique, se situait à 3 458 exemplaires. Mais la durée du tirage représentait un facteur de différenciation majeur : en offset, l'impression du livre aurait réclamé 30 heures, contre 4 heures sur la JetStream 2200.Ces chiffres ont été calculés pour une presse numérique de 20 pouces. On peut penser que, s'ils étaient calculés pour la JetStream 2800 de 30 pouces, le point d'équilibre serait déplacé bien au-delà des 4 000 exemplaires. Si l'on étend la réflexion à la presse HP, dont les performances sont similaires à celles de la JetStream 2800 mais avec des coûts significativement inférieurs, et qui bénéficiera d'un système de finition de livre Timsons en ligne, le point d'équilibre pourrait même dépasser les 5 000 exemplaires. Point de basculementQuand on considère ces coûts et ces performances pour des presses numériques en continu totalement automatisées, on réalise à quel point celles-ci pourraient bouleverser l'industrie de l'impression de livres. Le coût de l'impression numérique de livres ne change pas beaucoup selon le tirage et il est très économique pour les livres en petits tirages. De la sorte, je pense que les éditeurs abandonneront peut-être l'idée d'imprimer de grands nombres d'exemplaires pour la plupart des livres, afin d'obtenir un bon prix, au risque de voir tous ces exemplaires moisir en inventaire. Le tirage moyen pourrait bien chuter, si les éditeurs décident de passer au jet d'encre dès le premier tirage, en utilisant l'une de ces nouvelles presses couleur à jet d'encre. Aujourd'hui, sur ces presses, nous ne voyons guère que des tirages sur des papiers non couchés, mais cela va changer bientôt. J'ai déjà pu voir des tirages d'essai sur des papiers couchés et je suis sûr que certains fournisseurs proposeront bientôt cette solution. Quand ce sera le cas, je dois me demander si nous verrons certains magazines professionnels passer à l'impression numérique, surtout si un certain degré de personnalisation leur est appliqué. Jusqu'à présent, les magazines n'ont pas adopté l'impression numérique, mais ce sera peut-être la prochaine étape. Comme je l'ai dit, les presses à jet d'encre de 30 pouces sont des presses de transition. Elles lanceront la transition de l'offset au numérique.