Parfois même, comme c'est le cas pour la société américaine Consolidated Graphics, le nom de l'entreprise indique clairement ses racines. La consolidation est souvent une suite logique de la surcapacité qui règne actuellement. Les sociétés les plus faibles tentant souvent de survivre en baissant leurs prix, toutes les entreprises du secteur se voient contraintes de limiter leurs coûts. Dans ces conditions, il va de soi que celles qui se portent le mieux rachètent les plus faibles afin de protéger leurs niveaux de prix et leur position sur le marché.

En Europe, et principalement au Royaume-Uni, il la consolidation du segment des imprimeries de magazines dure depuis un certain temps déjà ; elle a suivi une période de croissance rapide au cours de laquelle quantité d'imprimeurs de magazines avaient investi massivement dans les derniers modèles de presse dans l'espoir d'étendre leurs activités. Ceci ajouté au déclin du marché des magazines enregistré au fil des ans a entraîné la fermeture d'une série de gros imprimeurs de ce secteur et le début de la vague de consolidations. La plus grande et la plus récente des consolidations d'imprimeurs anglais de magazines est toute fraîche : St Ives Group, un des plus grands groupes d'impression du Royaume-Uni, a accepté de céder, pour 20 millions de livres (22,8 millions d'euros), son département magazines à Walstead Investments. St Ives Web possède trois grands centres de production (rotative offset) employant près de 700 personnes et qui ont réalisé, l'année dernière, un chiffre d'affaires de 70,5 millions (80 millions d'euros), assorti d'une perte de 5,1 millions de livres (5,8 millions d'euros).

Walstead Investments a été créé en 2008 pour reprendre Wyndeham, un imprimeur britannique en difficulté. Par la suite, ce groupe d'investissement a poursuivi sur la voie de la consolidation en achetant Southernprint de Newsquest en juillet 2009 et Apple Web de Trader Media Group en octobre 2010. En s'adjoignant en outre St Ives Web, Walstead est devenu le plus grand imprimeur en rotative offset du Royaume-Uni : il produit 72 magazines hebdomadaires et 712 mensuels et autres périodiques spécialisés. Son chiffre d'affaires va atteindre 150 millions de livres environ (170 millions d'euros), ce qui d'après le groupe constitue une part de 25 % du marché britannique.

Toutefois, l'avenir des imprimeurs européens de catalogues et magazines ne passe pas uniquement par la consolidation. On vient juste d'apprendre que Polestar, le plus grand groupe d'impression du Royaume-Uni avec un chiffre d'affaires annuel proche des 300 millions de livres (340 millions d'euros), est passé aux mains du groupe américain Sun Capital Holdings. On dit que la société d'investissement aurait déboursé pas loin de 20 millions de livres (22,7 millions d'euros) pour ce rachat. Peut-être Polestar fait-elle partie de la catégorie des "trop grands pour faire faillite" : en effet, il s'agit déjà du troisième refinancement de cette société qui, si ma mémoire est bonne, n'a jamais dégagé le moindre bénéfice depuis sa création en 1998 par suite de la consolidation de deux autres groupes d'impression. En 2006, lors d'une restructuration précédente, ses investisseurs avaient perdu 700 millions de livres (près de 800 millions d'euros) - dans ce cas, visiblement, la consolidation ne s'est pas avérée un remède miracle. De plus, ces dernières années, Polestar a consenti des investissements gigantesques en héliogravure, créant de ce fait une surcapacité considérable dans ce segment, si bien que les marges commerciales ont subi une pression à la baisse.

À l'époque du refinancement de Polestar, deux de ses plus grands concurrents en héliogravure, à savoir Roto Smeets aux Pays-Bas et Schlott Gruppe en Allemagne, connaissaient eux aussi des problèmes financiers. Roto Smeets devait être reprise par un de ses actionnaires, Riva Investments, qui projetait de retirer l'entreprise des marchés boursiers. Cependant, Riva a retiré son offre après avoir découvert les chiffres de Roto Smeets pour le premier trimestre et après l'échec de négociations portant sur une nouvelle offre de rachat. Quant à Schlott, ses activités ont beaucoup souffert, ces deux dernières années, de la faillite de la société d'achat à distance Quelle et d'autres clients. D'un sommet de 600 millions d'euros, le chiffre d'affaires de Schlott est retombé à un peu plus de 200 millions pour les neuf premiers mois de son exercice financier en cours. En conséquence, et n'étant pas parvenue à trouver un soutien pour son programme de restructuration, l'entreprise a été déclarée insolvable. Le démantèlement du groupe Schlott, l'un des principaux imprimeurs européens, est désormais entamé. En procédure de continuité depuis le mois de janvier, le groupe allemand n'a pas trouvé de repreneur et son administrateur judiciaire a commencé à vendre des filiales et des actifs.

La consolidation et le refinancement de Walstead et Polestar ainsi que les difficultés financières de Roto Smeets et Schlott vont probablement accélérer la nécessaire réorganisation de la rotative offset et de l'héliogravure européennes. Les problèmes que connaissent ces entités proviennent de l'incontestable surcapacité, des faibles marges commerciales, de la chute de la demande (magazines et catalogues comptent sans cesse moins de pages) et de l'augmentation des marchés niche aux tirages plus restreints.

Doit-on s'attendre à ce que la vague de consolidations et de refinancements se poursuive ? Peut-être. Barry Hibbert, CEO de Polestar depuis 2001 et qui a mené la société vers et au bout de chaque restructuration, a affirmé que la nouvelle structure de son actionnariat allait permettre à la société de prendre part à la vague suivante de consolidations, nécessaire d'après lui. Personnellement, je serais plutôt inquiet de son issue, vu le parcours décevant de Hibbert et son équipe, qui ne sont pas parvenus à créer une activité profitable de nature à satisfaire les actionnaires.

Peut-être personne ne pourra-t-il échapper à la vague de consolidation à l'avenir - tout comme l'héliogravure et l'offset bobine, bien d'autres branches du secteur graphique devront elles aussi s'y soumettre pour rester compétitives et pouvoir investir en prévision du futur. Ceci est tout autant valable pour les imprimeurs de livres et de mailings directs que pour ceux de magazines et de catalogues. Quant aux plus petits imprimeurs, ils auront de plus en plus intérêt à trouver un marché niche et à s'y spécialiser. Hors de ces niches, il sera difficile de concurrencer les "super groupes" d'imprimeries consolidées, qui et où qu'ils soient.

Parfois même, comme c'est le cas pour la société américaine Consolidated Graphics, le nom de l'entreprise indique clairement ses racines. La consolidation est souvent une suite logique de la surcapacité qui règne actuellement. Les sociétés les plus faibles tentant souvent de survivre en baissant leurs prix, toutes les entreprises du secteur se voient contraintes de limiter leurs coûts. Dans ces conditions, il va de soi que celles qui se portent le mieux rachètent les plus faibles afin de protéger leurs niveaux de prix et leur position sur le marché. En Europe, et principalement au Royaume-Uni, il la consolidation du segment des imprimeries de magazines dure depuis un certain temps déjà ; elle a suivi une période de croissance rapide au cours de laquelle quantité d'imprimeurs de magazines avaient investi massivement dans les derniers modèles de presse dans l'espoir d'étendre leurs activités. Ceci ajouté au déclin du marché des magazines enregistré au fil des ans a entraîné la fermeture d'une série de gros imprimeurs de ce secteur et le début de la vague de consolidations. La plus grande et la plus récente des consolidations d'imprimeurs anglais de magazines est toute fraîche : St Ives Group, un des plus grands groupes d'impression du Royaume-Uni, a accepté de céder, pour 20 millions de livres (22,8 millions d'euros), son département magazines à Walstead Investments. St Ives Web possède trois grands centres de production (rotative offset) employant près de 700 personnes et qui ont réalisé, l'année dernière, un chiffre d'affaires de 70,5 millions (80 millions d'euros), assorti d'une perte de 5,1 millions de livres (5,8 millions d'euros). Walstead Investments a été créé en 2008 pour reprendre Wyndeham, un imprimeur britannique en difficulté. Par la suite, ce groupe d'investissement a poursuivi sur la voie de la consolidation en achetant Southernprint de Newsquest en juillet 2009 et Apple Web de Trader Media Group en octobre 2010. En s'adjoignant en outre St Ives Web, Walstead est devenu le plus grand imprimeur en rotative offset du Royaume-Uni : il produit 72 magazines hebdomadaires et 712 mensuels et autres périodiques spécialisés. Son chiffre d'affaires va atteindre 150 millions de livres environ (170 millions d'euros), ce qui d'après le groupe constitue une part de 25 % du marché britannique. Toutefois, l'avenir des imprimeurs européens de catalogues et magazines ne passe pas uniquement par la consolidation. On vient juste d'apprendre que Polestar, le plus grand groupe d'impression du Royaume-Uni avec un chiffre d'affaires annuel proche des 300 millions de livres (340 millions d'euros), est passé aux mains du groupe américain Sun Capital Holdings. On dit que la société d'investissement aurait déboursé pas loin de 20 millions de livres (22,7 millions d'euros) pour ce rachat. Peut-être Polestar fait-elle partie de la catégorie des "trop grands pour faire faillite" : en effet, il s'agit déjà du troisième refinancement de cette société qui, si ma mémoire est bonne, n'a jamais dégagé le moindre bénéfice depuis sa création en 1998 par suite de la consolidation de deux autres groupes d'impression. En 2006, lors d'une restructuration précédente, ses investisseurs avaient perdu 700 millions de livres (près de 800 millions d'euros) - dans ce cas, visiblement, la consolidation ne s'est pas avérée un remède miracle. De plus, ces dernières années, Polestar a consenti des investissements gigantesques en héliogravure, créant de ce fait une surcapacité considérable dans ce segment, si bien que les marges commerciales ont subi une pression à la baisse. À l'époque du refinancement de Polestar, deux de ses plus grands concurrents en héliogravure, à savoir Roto Smeets aux Pays-Bas et Schlott Gruppe en Allemagne, connaissaient eux aussi des problèmes financiers. Roto Smeets devait être reprise par un de ses actionnaires, Riva Investments, qui projetait de retirer l'entreprise des marchés boursiers. Cependant, Riva a retiré son offre après avoir découvert les chiffres de Roto Smeets pour le premier trimestre et après l'échec de négociations portant sur une nouvelle offre de rachat. Quant à Schlott, ses activités ont beaucoup souffert, ces deux dernières années, de la faillite de la société d'achat à distance Quelle et d'autres clients. D'un sommet de 600 millions d'euros, le chiffre d'affaires de Schlott est retombé à un peu plus de 200 millions pour les neuf premiers mois de son exercice financier en cours. En conséquence, et n'étant pas parvenue à trouver un soutien pour son programme de restructuration, l'entreprise a été déclarée insolvable. Le démantèlement du groupe Schlott, l'un des principaux imprimeurs européens, est désormais entamé. En procédure de continuité depuis le mois de janvier, le groupe allemand n'a pas trouvé de repreneur et son administrateur judiciaire a commencé à vendre des filiales et des actifs.La consolidation et le refinancement de Walstead et Polestar ainsi que les difficultés financières de Roto Smeets et Schlott vont probablement accélérer la nécessaire réorganisation de la rotative offset et de l'héliogravure européennes. Les problèmes que connaissent ces entités proviennent de l'incontestable surcapacité, des faibles marges commerciales, de la chute de la demande (magazines et catalogues comptent sans cesse moins de pages) et de l'augmentation des marchés niche aux tirages plus restreints. Doit-on s'attendre à ce que la vague de consolidations et de refinancements se poursuive ? Peut-être. Barry Hibbert, CEO de Polestar depuis 2001 et qui a mené la société vers et au bout de chaque restructuration, a affirmé que la nouvelle structure de son actionnariat allait permettre à la société de prendre part à la vague suivante de consolidations, nécessaire d'après lui. Personnellement, je serais plutôt inquiet de son issue, vu le parcours décevant de Hibbert et son équipe, qui ne sont pas parvenus à créer une activité profitable de nature à satisfaire les actionnaires. Peut-être personne ne pourra-t-il échapper à la vague de consolidation à l'avenir - tout comme l'héliogravure et l'offset bobine, bien d'autres branches du secteur graphique devront elles aussi s'y soumettre pour rester compétitives et pouvoir investir en prévision du futur. Ceci est tout autant valable pour les imprimeurs de livres et de mailings directs que pour ceux de magazines et de catalogues. Quant aux plus petits imprimeurs, ils auront de plus en plus intérêt à trouver un marché niche et à s'y spécialiser. Hors de ces niches, il sera difficile de concurrencer les "super groupes" d'imprimeries consolidées, qui et où qu'ils soient.