En tant que distributeur de solutions d'automatisation, vous couvrez aussi bien le marché de l'impression grand format, que l'impression de labeur, l'emballage et l'étiquette et l'impression industrielle. Que proposez-vous exactement?
...

En tant que distributeur de solutions d'automatisation, vous couvrez aussi bien le marché de l'impression grand format, que l'impression de labeur, l'emballage et l'étiquette et l'impression industrielle. Que proposez-vous exactement? TOM PEIRE: "Nous avons démarré en 2007 à Gand en tant que distributeur de logiciels de niche au niveau international. Four Pees est distributeur exclusif de callas software, spécialisé dans le contrôle-qualité et l'archivage de PDF. Notre portefeuille s'est étoffé autour de ce produit pour offrir des solutions d'automatisation plus complètes aux clients finaux. Aujourd'hui, nous représentons des marques comme Enfocus, Caldera, Durst, ColorLogic,... Notre objectif est d'apporter des solutions logicielles pour rationaliser l'ensemble de la production d'imprimés et d'emballage en partant du besoin du client final. Nous aidons les entreprises à intégrer l'automatisation afin d'optimiser l'ensemble de la production d'impression. En plus de l'intégration logicielle, nous faisons aussi des développements sur mesure du client pour automatiser le traitement des commandes." Qui sont vos clients? PEIRE: "Nous sommes principalement actifs au Benelux, en France, en Angleterre ainsi qu'en Amérique du Nord. Nous avons différents types de clients. Aussi bien les PME que les grandes entreprises font appel à nous, soit pour des conseils, un produit logiciel particulier ou pour faire une intégration complète. L'automatisation n'intéresse aujourd'hui plus seulement les imprimeries de grande envergure. Nous avons aussi comme clients des imprimeries de plus petite taille, typiquement à partir de 15 collaborateurs, qui font appel à nous pour optimiser leur production en fonction de leur typologie de produits." Vraiment? L'automatisation n'est-elle pas plus efficace avec les processus industriels à grande échelle? PEIRE: "C'est en tout cas dans la conscience des grands acteurs et des imprimeurs en ligne de s'intéresser à l'automatisation de leurs processus pour garder les marges. L'automatisation sert avant tout à optimiser les processus, ce qui doit faire partie de la culture de toute entreprise. Aujourd'hui, chaque chef d'entreprise d'impression se doit de s'y intéresser. S'il a réellement l'ambition de construire une entreprise et la faire grandir, à un certain moment il doit pouvoir prendre de la distance avec le métier et se focaliser sur les processus. Je ne peux pas m'imaginer qu'un dirigeant d'entreprise ne cherche pas à optimiser sa production. Il peut y avoir différents degrés d'automatisation en fonction de l'entreprise. Ce n'est pas tout ou rien. Tout dépend de la typologie de produits." Dans le contexte actuel, de nombreuses imprimeries grand format en Belgique sont confrontées à un rythme de production irrégulier. Elles observent une activité en dents de scie avec des périodes plus creuses qu'à l'ordinaire et des pics de production imprévisibles. Pourquoi ces imprimeries auraient-elles intérêt à intégrer des logiciels d'automatisation? PEIRE: "Le métier d'imprimeur ce n'est plus seulement un savoir-faire, c'est aussi devenu une vraie industrie. Si on a pour mission de croître en tant que chef d'entreprise, voire de survivre à long terme, il est tout de même important de s'intéresser à la digitalisation, l'automatisation et l'optimisation de ses processus de production. On voit effectivement de plus en plus de saisonnalité dans la production des commandes avec des va-et-vient et des commandes plus petites. C'est aussi compliqué de trouver du personnel qualifié ou d'adapter son organisation par rapport à ce type de rythme. Il faut pouvoir absorber les pics de production sans ajouter du personnel et prendre moins de commandes sans diminuer le personnel. Ce sont des variables de plus en plus importantes. La forte périodicité dans les commandes fait aujourd'hui partie des éléments de réflexion majeurs dans la production d'imprimés. Imbriquer tous ces éléments dans un environnement digitalisé et d'automatisation apporte de la valeur ajoutée. Cela permet d'assurer la continuité des activités même quand la personne qui dispose d'un savoir-faire est absente dans l'entreprise. Aujourd'hui, on arrive à imprimer à l'unité dans un processus entièrement automatisé. Quand il y a un pic de production au cours de l'année, l'automatisation peut être nécessaire pour pallier le manque de main-d'oeuvre." Dans l'impression grand format, on observe trois principaux domaines d'automatisation: l'impression et la préparation de l'impression, la découpe et la finition et le service clients. Par où commencer quand une entreprise veut se lancer dans l'automatisation informatique? Et comment imbriquer tous ces postes dans un processus automatisé? PEIRE: "Tout commence au moment de la prise de commande. Quand on veut automatiser, on n'a pas besoin du fichier d'impression, mais de toutes les informations que renferme une commande. Ce n'est pas indispensable, mais la digitalisation de la commande est un catalyseur de l'automatisation. C'est ce qu'on retrouve typiquement dans un webshop ou dans un logiciel MIS/ERP. Si la commande existe quelque part sous forme électronique, on a accès aux données administratives de la commande de façon structurée et accessible par d'autres systèmes. Ceci facilite grandement l'automatisation. Il n'y a pas d'automatisation sans digitalisation." Vous dites aussi qu'il y a souvent une confusion entre digitalisation et automatisation? PEIRE: "Ce sont deux choses différentes, mais complémentaires. Une tâche digitalisée n'est pas forcément une automatisation. Cela dit, on voit que des éditeurs de logiciel MIS/ERP, comme Dataline, apportent de plus en plus des technologies d'automatisation, mais leur coeur de métier est la digitalisation comme calculer les devis, la facturation... et non l'automatisation. On confond aussi le flux, qui est souvent associé au prépresse, avec l'automatisation. Tout comme on confond automatisation et robotisation. Pour nous, le flux concerne le processus tout entier, à partir du besoin du client jusqu'à la livraison. Il faut donc regarder le processus dans son entièreté quand on veut automatiser le flux et connecter les différentes étapes. En fonction de la typologie de produits (PLV, bâches, affiches...), on analyse ce qui peut être optimisé dans le processus de production. Chez Four Pees, nous nous focalisons sur les aspects digitaux, mais optimiser un process peut aussi vouloir dire rendre la distance entre deux machines plus courte pour accélérer le transfert d'une pile d'impressions d'un poste à l'autre. Dans ce cas, on pourrait par exemple envisager de mettre un robot. En quoi consiste concrètement un processus entièrement automatisé en matière de logiciel? PEIRE: À partir du fichier de la commande, le système d'automatisation reçoit toutes les informations qui vont permettre de diriger les machines tout en tenant compte de la quantité à produire, de la date de livraison, du matériau... Il faut par exemple pouvoir extraire l'étape de la découpe et l'envoyer vers la bonne machine de façon automatique. C'est aussi sur base de ces informations que l'on va pouvoir faire de l'amalgame intelligent. Dans le cadre d'un processus entièrement connecté et automatisé, le job d'impression sera réellement terminé que lorsqu'il sera livré au client avec un retour dans le système interne du fournisseur. Cette automatisation connectée va au-delà de l'imprimerie. Imaginons qu'un placeur abîme le vinyle commandé pendant la pose de celui-ci chez le client, il pourrait en commander un autre directement à partir de son smartphone. Qu'est-ce qui est pertinent d'automatiser? PEIRE: "Il faut bien comprendre qu'il n'est pas question d'automatiser tout ou rien. En matière de logiciel, il y a d'abord bien sûr les grands volumes de commande. En ce qui concerne les produits, certains sont plus difficiles à optimiser que d'autres. On ne va pas se focaliser sur les produits occasionnels, mais sur les produits récurrents que l'on peut standardiser. Il y a souvent un malentendu quand on parle de standardisation. Des entreprises d'impression ont tendance à penser que parce que leurs produits sont tous différents, rien ne peut être automatisé. Effectivement, il y a de nombreuses variables, notamment en matière de média et de dimensions. Mais pour nous, d'un point de vue de l'automatisation, il s'agit d'un même produit. Nous ne cherchons pas à automatiser la production de produits identiques, mais plutôt les éléments communs des différentes applications produites. Le média, les dimensions, la technologie utilisée ne sont que des détails. L'élément commun peut être un matériau utilisé, une typologie de clients, voire même le canal de commande. Quel que soit le produit, le processus de production est similaire. C'est le processus qui nous intéresse. On peut aussi bien automatiser des tâches numériques que physiques, mais certaines tâches physiques n'ont pas toujours du sens à être automatisées." Justement, quelle est la part de l'humain dans tout ça? PEIRE: "Prenons comme exemple une imprimerie rotative de journaux et une imprimerie de photos d'art. L'imprimerie rotative aura par exemple intérêt à automatiser entièrement le contrôle qualité de l'image, tandis que l'imprimeur de photo d'art aura plutôt intérêt à le faire manuellement. Il va aussi de soi qu'un imprimeur de photo en ligne ne va pas traiter manuellement toutes les commandes à la main, mais il pourrait offrir un service personnalisé pour des demandes particulières. C'est le contexte qui va déterminer les tâches qui conviennent d'automatiser et ce qui doit être traité manuellement. Si pour des raisons commerciales, le contact humain est important lors d'une prise de commande, il est évident que nous n'allons pas automatiser ce processus. Par contre, si une entreprise dispose de plusieurs canaux de commandes et que le relationnel n'offre pas de valeur ajoutée, elle aura intérêt à mettre en place un outil qui centralise les commandes." On pourrait alors imaginer deux flux de commandes, une voie automatisée via la commande en ligne et une voie avec un point de contact pour des commandes sur mesure...PEIRE: "Tout à fait. Par rapport aux imprimeries en ligne, les imprimeries traditionnelles ont tendance à voir l'automatisation d'un mauvais oeil et l'accusent de casser les prix. Il y aura toujours des imprimeries où la relation en direct avec le client aura du sens pour certaines commandes. Une imprimerie sans webshop pourrait aussi traiter ses commandes de la même façon si elle dispose d'un logiciel administratif (MIS/ERP) qui capte les données de la commande. Je le rappelle, on peut automatiser à partir de la digitalisation de la commande. En ce qui concerne les canaux de vente en ligne, de nombreux imprimeurs ont encore du mal à les relier à la production locale. L'Automatisation Connectée peut résoudre ce problème en aidant les imprimeurs à associer les nouvelles technologies à leur excellence reconnue en matière d'impression." Quels sont les pièges à éviter pour une automatisation efficace? PEIRE: "En premier lieu, un projet d'automatisation doit être porté par le management et avoir un gestionnaire de projet interne dédié. Trop souvent, ces projets sont relégués à une personne du prépresse parce qu'il s'y connaît en informatique. Il doit alors assumer cette responsabilité en plus de ses autres tâches. Cela mène typiquement à un manque de focus et à une vision trop étroite du défi là où on devrait regarder tout le processus industriel. Il faut avoir une visibilité sur tout le processus, déterminer les plus grandes contraintes et attaquer les postes où il y a le plus de bénéfices à en tirer. Il faut aussi prendre l'aspect humain en compte. Tout changement de process doit être géré ensemble, avec l'implication de l'équipe. Une équipe impliquée et bien informée sur le fait que l'automatisation va contribuer à la qualité du travail va automatiquement contribuer à une implémentation fructueuse."