L'imprimerie numérique Zquadra Digital Printing a emménagé en avril dans un vaste bâtiment flambant neuf sis dans le parc d'activités économiques Courtrai-Nord, à Kuurne. Plusieurs prestataires graphiques sont établis dans le voisinage. Zquadra est ainsi installée juste à côté d'ABC Labels, l'imprimerie d'étiquettes de la famille De Jaegere. En suivant les indications de notre GPS jusqu'à la Mortierhoekstraat, nous sommes passés devant le site d'INNI Group, à Heule. 2022 a été une année de lourds investissements pour Zquadra Digital Printing. Une presse numérique HP Indigo 100K - la première de Belgique - a pris place dans ce nouvel écrin.
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L'imprimerie numérique Zquadra Digital Printing a emménagé en avril dans un vaste bâtiment flambant neuf sis dans le parc d'activités économiques Courtrai-Nord, à Kuurne. Plusieurs prestataires graphiques sont établis dans le voisinage. Zquadra est ainsi installée juste à côté d'ABC Labels, l'imprimerie d'étiquettes de la famille De Jaegere. En suivant les indications de notre GPS jusqu'à la Mortierhoekstraat, nous sommes passés devant le site d'INNI Group, à Heule. 2022 a été une année de lourds investissements pour Zquadra Digital Printing. Une presse numérique HP Indigo 100K - la première de Belgique - a pris place dans ce nouvel écrin. Bruno Lambrecht, le propriétaire de Zquadra, est un pionnier de l'impression numérique. "Nous avons toujours travaillé en digital. Même quand la technologie n'en était encore qu'à ses balbutiements. Il y a 27 ans, nous produisions 180 A4 quadri par heure. Contre 30 000 aujourd'hui. La différence est gigantesque." Sa première HP Indigo, de modèle 3500, remonte à 2003. En 2014, Zquadra avait acquis l'une des premières presses B2 HP Indigo 10000 du Benelux. "Nous avons toujours investi dans des premières machines, ce qui a un coût au niveau de l'apprentissage", dit Lambrecht. "En investissant, on progresse sur le plan de la rapidité et du format. On peut ainsi offrir davantage aux clients et on a une longueur d'avance sur la concurrence." En comptant le rachat, fin de l'année dernière, de S'Print, à Uccle, Zquadra Digital Printing génère un chiffre d'affaires de six millions d'euros avec un effectif d'une trentaine de personnes. L'entreprise produit un large éventail d'imprimés commerciaux pour des clients B2B de Belgique, des Pays-Bas et de France. Zquadra est une entreprise en pleine croissance. Quelles sont vos ambitions à travers ces investissements? BRUNO LAMBRECHT. "Nous avons débuté en 1995 et la croissance a toujours été au rendez-vous. Je ne voulais pas qu'elle soit trop spectaculaire, car d'autant plus dure est la chute. Aujourd'hui, nous sommes surtout aux prises avec des facteurs externes. Nous avons eu la crise du coronavirus, puis la problématique des matières premières, et à présent, le choc énergétique et la question des salaires. Il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter tout cela. Nous devons surtout mettre notre énergie dans d'autres choses: comme veiller à avoir du travail pour nos salariés ou garder les coûts énergétiques sous contrôle. Davantage de gens décrochent depuis la crise du coronavirus, et ils doivent être remplacés." En repensant à ces années de croissance, comment expliquez-vous cette dynamique? LAMBRECHT. "Tout l'art consiste à prendre les bonnes décisions au bon moment. Et avec les bonnes personnes. En ayant les yeux rivés sur le tableau de bord et en étant efficace au niveau des coûts. Seul compte le résultat global. Essayer de marquer des points sur tous les plans. Être attentif et rester sur le qui-vive ; c'est essentiel dans un secteur où tout doit aller vite. La moindre commande passe par de nombreuses mains ; la machine doit être bien huilée, sinon ça coince. Faire son boulot, respecter les engagements, offrir un service et pratiquer des prix corrects." La technologie détermine-t-elle le prix juste? LAMBRECHT. "Dans le marché qui nous occupe, oui. Le monde de l'offset n'est pas pour nous. Il ne faut pas non plus être trop gourmand. Nous nous sommes toujours efforcés de servir les clients aux meilleures conditions. Si je pouvais baisser le prix, je le faisais. Beaucoup ont une autre approche. C'est ma philosophie en matière de prix de revient et de tarif. Je m'y suis toujours tenu." La croissance de Zquadra a toujours été organique. Vous avez réalisé votre première acquisition l'an dernier. Pourquoi exactement? LAMBRECHT. "Essentiellement pour des raisons stratégiques. Une acquisition doit en valoir la peine. Notre entité bruxelloise emploie sept personnes. Des gens bien. Racheter une entreprise, c'est aussi se renforcer avec des collaborateurs de qualité. Il est également important pour notre business d'être présent dans la capitale. Pour pouvoir jouer sur le marché là aussi. L'axe Anvers-Bruxelles est économiquement important et il est plus difficile de servir cette région à partir d'ici. Nous sommes le plus grand et le principal imprimeur numérique à toner liquide de Belgique ; nous pouvons travailler pour tout le pays. Nous produisons aussi beaucoup pour le marché français. Nous avons récemment discuté avec Sven Lefevre, de Dio Communication, une imprimerie numérique courtraisienne. Sven est à présent responsable de la production chez nous et nous formons un très bon tandem. Ses clients continuent d'être servis à partir d'ici. C'est ainsi qu'on faire rentrer de l'expertise, ce qui est une bonne chose pour l'entreprise." Quelle est l'importance de l'étranger pour Zquadra? LAMBRECHT. "La France est un grand marché, qui représente 25% de notre chiffre d'affaires. Même si la croissance est meilleure sur le marché belge. Le marché français a souffert du coronavirus. Après sont venues les élections, une période d'attentisme où il ne se passe pas grand-chose. Nous ne devons pas nous risquer aux Pays-Bas ou en Allemagne ; la concurrence y est trop forte. Il reste encore pas mal à faire chez nous. Et du point de vue logistique, cela ne pose pas de problème." Le Web2Print est-il générateur de volumes d'affaires pour votre entreprise? LAMBRECHT. "À l'attention de nos clients, nous avons un système Web2Print pour de petits volumes à prix serrés. Cent cartes de visite pour trente euros en ligne contre soixante par la voie classique. L'automatisation rend cette différence de prix possible. La plupart des grands webshops sont des acteurs étrangers. Certains impriment eux-mêmes ; d'autres pas. Nous imprimons aussi pour ces acteurs en France et aux Pays-Bas. Le prix est ici déterminant. Les prestataires en ligne sont meilleur marché pour de petites commandes, mais pour de plus longs tirages, ils peuvent être 500, 1 000 voire 2 000 euros plus chers que nous. Les webshops ne sont pas toujours les moins chers. Un achat en ligne a aussi ses inconvénients. Quand on traite directement avec une entreprise, on peut communiquer, ce qui est important pour les grosses commandes." Comment vont les affaires en ce moment? LAMBRECHT. "Depuis quelques mois, la machine tourne de nouveau à plein régime grâce à notre nouvel investissement. Notre HP Indigo 100K - la seule de Belgique à ce jour - nous permet de nouvelles avancées. Nous économisons actuellement une équipe de nuit grâce à elle. Une autre manière de compresser les coûts. Le travail de nuit, c'est un doublement des charges salariales. Et cela joue aussi sur la facture énergétique. On peut compter sur les panneaux photovoltaïques en journée, mais la nuit, c'est plein tarif. Quand on additionne le tout, ça chiffre. Nous avons encore besoin de volume pour de nouveau tourner sur trois équipes. Mais la presse numérique est conçue pour ça. Nous n'investissons pas au petit bonheur la chance, même si on ne peut pas tout calculer. Entreprendre, c'est prendre des risques." Quid de la hausse des coûts ; comment la répercutez-vous? LAMBRECHT. "Nous pouvons répercuter l'évolution des prix du papier, et nous essayons de compenser le reste en étant plus efficaces au niveau des charges. À travers l'automatisation, les panneaux photovoltaïques, l'éclairage LED, etc." Comment avez-vous fait face à la crise du papier? LAMBRECHT. "Nous avons pu constituer des stocks à temps pour pouvoir supporter ces périodes difficiles. Ce qui a un impact sur les fonds de roulement, naturellement. Ça complique tout. On peut être très efficace dans son travail, mais être entraîné malgré tout dans la spirale négative. On a beau avoir ses coûts sous contrôle, mais si le client a lui-même du mal, cela a aussi un effet. Il paie plus tard ; les factures d'énergie sont prioritaires. On prend ainsi sa part de coups. Mais cette crise offre aussi des opportunités: des clients diminuent leurs volumes d'imprimés conventionnels, si bien que certaines commandes finissent par être captées par notre activité numérique. En temps de crise, le facteur prix redevient prépondérant, et c'est là que nous faisons la différence. Nous sommes les moins chers du marché grâce à notre volume et à notre efficience." Comment envisagez-vous l'avenir? LAMBRECHT. "L'incertitude persiste, ce qui n'est pas bon pour les affaires en général. À court terme, nous devons d'abord veiller à nous en sortir sans casse. J'ai beaucoup de projets en tête, mais aujourd'hui, l'heure est à la gestion pratique de la crise."