La crise du coronavirus a encore aggravé à plus d'un égard "the perfect storm", la mère des tempêtes qui balaie déjà le secteur graphique depuis un certain temps. Télétravail et confinement obligent, la digitalisation des moyens de communication au détriment de l'imprimé a conquis une place croissante dans la société, et elle n'est pas près de l'abandonner. La vente en ligne devient elle aussi incontournable et omniprésente sur un nombre croissant de marchés. Et la virtualisation des rassemblements, évènements et salons commerciaux sort rapidement de la phase expérimentale au point d'être bientôt irréversible.
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La crise du coronavirus a encore aggravé à plus d'un égard "the perfect storm", la mère des tempêtes qui balaie déjà le secteur graphique depuis un certain temps. Télétravail et confinement obligent, la digitalisation des moyens de communication au détriment de l'imprimé a conquis une place croissante dans la société, et elle n'est pas près de l'abandonner. La vente en ligne devient elle aussi incontournable et omniprésente sur un nombre croissant de marchés. Et la virtualisation des rassemblements, évènements et salons commerciaux sort rapidement de la phase expérimentale au point d'être bientôt irréversible. Les entrepreneurs graphiques ont naturellement l'habitude de répondre aux changements de demande et de marché, ce en quoi ils sont souvent aidés par les progrès technologiques. Les presses conventionnelles, par exemple, n'ont cessé de gagner en rapidité, efficacité et polyvalence, tandis que les systèmes d'impression numérique ont encore élargi leurs possibilités. D'ici quelques mois, les grands halls de la Messe Düsseldorf auraient dû de nouveau se remplir pour la Drupa 2021 et accueillir la frénésie d'investissements que ce salon déclenche inévitablement. "Toutes les entreprises ont conscience qu'elles doivent continuer à investir si elles veulent continuer à prospérer à l'avenir", constatent les auteurs du rapport Drupa Global Trends de 2020. Mais comment se présente-t-il, l'avenir? Des changements sont occupés à s'opérer sur tous les fronts: dans les technologies, sur les marchés et chez les clients. Comme souvent avec leur part de menaces mais aussi d'opportunités. Les méthodes de production actuelles font (partiellement) place à de plus modernes ; certains modèles économiques ancestraux deviennent dépassés, et de nouveaux émergent. Les marchés changent du fait que des alternatives numériques prennent la place de l'imprimé - on pense, par exemple, au marché de la publicité, dont le budget mondial dédié aux campagnes sur les réseaux sociaux a entre-temps dépassé celui des journaux et périodiques. D'autres segments en revanche - comme ceux des étiquettes et des emballages - voient seulement la demande augmenter. Et ça bouge aussi du côté des clients. Dans leur quête d'optimisation et de réduction des coûts, ils sont à la recherche de produits et fournisseurs "alternatifs" - que la digitalisation et les possibilités de transaction en ligne leur font trouver plus facilement que jamais, à l'autre bout du monde si besoin est. Les entrepreneurs graphiques sont bien obligés de faire ponctuellement des choix: soit en se spécialisant (davantage encore), soit en se diversifiant pour être en mesure de proposer le plus large éventail de services possible. De l'option prise découle la nécessité d'aménager l'entreprise et d'optimiser les processus, avec les bonnes machines et le personnel ad hoc. Le tout dans un cadre d'automatisation poussée afin d'offrir une réponse efficiente à la pression permanente sur les prix. Ce qui suppose des investissements ciblés. La question est de savoir sur quoi les entrepreneurs graphiques fondent leurs décisions d'investissements stratégiques. Le VIGC a publié le mois dernier les résultats d'un sondage portant sur le jet d'encre dans l'industrie graphique. Il illustre que l'information cruciale peut parfois faire défaut: plus de 60% des répondants disent avoir fait faire une fois un calcul par un fournisseur, et la moitié avouent ne pas savoir ce que le taux de disponibilité de la machine sera exactement. Se basent-ils uniquement sur des hypothèses? Sur des conseils ou des recommandations de concurrents? "Espérons plutôt que ce soit sur une analyse chiffrée", dit Dirk Deroo, fondateur et CEO de Dataline. "Il faut d'abord savoir où on en est. Ensuite seulement, on va mesurer ses performances, et les améliorer pour se préparer à l'avenir sur la base de chiffres objectifs." Dataline est connu comme le développeur de MultiPress. Ce système d'information de gestion (MIS) est très utilisé dans les entreprises graphiques pour alimenter leurs processus d'administration et de fabrication de toutes les données nécessaires et rationaliser leur flux de production global. Pendant "Het Congres", le rendez-vous annuel du VIGC qui s'est tenu à la fin de l'année dernière, Dataline lui a ajouté le nouveau "MAS", abréviation de MultiPress Audit Software. Ce logiciel offre la possibilité à toute entreprise graphique d'analyser ses processus et niveaux de performances actuels afin d'identifier les champs d'améliorations possibles. "Mesurer, c'est savoir. Celui qui avance à l'aveuglette risque de tomber sur un bec de gaz", ainsi Dirk Deroo a-t-il résumé la philosophie à l'origine du développement de MAS: "L'instinct et l'intuition font des entorses à la raison plus souvent qu'on ne le pense." À l'origine, Deroo avait développé MAS pour aider Dataline à mieux évaluer le rendement potentiel de MultiPress auprès des candidats-utilisateurs: "Non seulement pour nous, mais pour nos prospects eux-mêmes, nous voulions une réponse formelle à la question: 'Qu'est-ce que ça va apporter? '. Les fournisseurs de presses sont souvent en mesure d'estimer le retour d'investissement de la machine achetée, mais pour un logiciel d'automatisation, le ROI n'est pas toujours évident à calculer. Je voulais un calcul exact, permettant de fixer un objectif commun et ensuite aussi de l'atteindre." Deroo s'est alors mis à la recherche d'un logiciel susceptible d'aider les candidats-utilisateurs dans cette analyse, mais il n'existait pas. "Je me suis donc attelé moi-même à l'ouvrage." Le projet MAS a tenu Deroo occupé non pas quelques mois, comme il l'avait initialement pensé, mais plus d'un an. Le logiciel devait permettre de cartographier et de quantifier chaque étape du processus de production graphique: combien de fois une certaine tâche est-elle répétée et quel en est le coût? Ce pour quoi il a pu puiser dans les plus de vingt ans d'expérience de MultiPress dans le secteur graphique. Ce MIS est utilisé aujourd'hui dans 24 pays par quelque 1 000 entreprises (et environ 10 000 opérateurs), ce qui génère un énorme volume de données et d'éléments de comparaison. Au final, MAS intègre plus de 130 000 formules de calcul. De quoi radiographier n'importe quelle entreprise de production graphique, quelle que soit sa taille. L'analyse se fonde sur les données spécifiques à l'entreprise, comme le nombre de salariés par département, la masse salariale, le nombre mensuel de devis et de commandes, la complexité de ces commandes, les techniques de production utilisées et les tarifs horaires appliqués. Le logiciel distingue douze processus principaux, dont la Gestion de la relation-client, les Ventes, le Planning de production et la Facturation. Ceux-ci se subdivisent eux-mêmes en sous-processus. Ainsi une analyse du processus ""Prépresse & Worklow" peut-elle être approfondie sur l'élément "Contrôle des fichiers". Toutes les opérations sont passées au crible étape par étape, avec les temps et coûts impliqués, ce qui permet de connaître les coûts réels de tous les contrôles de fichiers selon la méthode de travail actuelle. Explication de Deroo: "L'audit MAS donne en fait un résultat sur deux colonnes. La première est un compte rendu détaillé de la manière dont l'entreprise fonctionne aujourd'hui. Ce qui peut déjà déboucher sur des enseignements importants, par exemple concernant la structure de coûts. La deuxième colonne montre comment l'entreprise pourrait fonctionner si tous les processus étaient agencés et automatisés de manière optimale." À l'heure actuelle, cette "deuxième colonne" est encore basée sur des résultats pouvant être obtenus à travers le déploiement de MultiPress - et pour lesquels Dataline s'engage avec le client: "Ce n'est pas d'une offre en l'air. Les deux parties s'engagent sur l'objectif convenu." L'audit MAS est déjà utilisé dans la pratique: "Une série d'analyses MAS sont déjà à la base d'un certain nombre de projets nouveaux et d'extensions réussies aux Pays-Bas et en Belgique." L'intention est toutefois de collaborer aussi avec d'autres fabricants et fournisseurs du secteur, dit Deroo: "Les calculs de ROI des constructeurs de presses, des fournisseurs d'imprimantes ou des développeurs de logiciels se limitent souvent à la machine vendue ou au sous-processus visé. Mais une décision mûrement réfléchie doit s'appuyer sur une vision d'ensemble. Et c'est en cela que l'audit MAS entend jouer un rôle central: en brossant un tableau complet." Désireux d'étendre l'application de MAS à l'échelle sectorielle, Deroo envisage de rendre le code librement disponible en open source. "À travers Dataline, nous avons beaucoup investi dans ce projet coûteux. Mais il est bon pour sa crédibilité que d'autres parties prenantes puissent en faire bon usage elles aussi. Nous devons veiller ensemble à ce que le secteur puisse bénéficier de ces informations cruciales pour que les entreprises puissent les exploiter de manière intelligente et pérenniser leur avenir." Deroo se dit convaincu que d'autres acteurs accrocheront rapidement le wagon: "Nous sommes une industrie à forte intensité de capital, avec des cycles de vente souvent longs. Convaincre les entrepreneurs graphiques et les conduire à prendre la bonne décision nécessite des chiffres concrets. Nous sommes désormais en mesure de les leur fournir."