Alfa Shirt, à Oostkamp, est une entreprise spécialisée dans l'impression numérique industrielle sur textile. Elle vend également des vêtements. Son équipement: une imprimante textile rapide Aeoon et une Kornit. La procédure de devisage axée sur une meilleure expérience client a été mise au point à l'aide d'un logiciel d'automatisation du marketing développé en interne. L'automatisation des flux de travail partout où elle est possible assure une production efficace et prévisible..
Des débuts d'étudiant- entrepreneur
Benoît Clarysse, le propriétaire, a étudié le Droit et les Sciences économiques à l'Université de Louvain. Il a commencé la vente de tee-shirts imprimés en 1993 alors qu'il était encore aux études. Le déclic fut un tee-shirt arborant le drapeau américain, que sa soeur avait rapporté en souvenir d'un voyage touristique aux États-Unis. Le contraire devrait aussi être possible, s'est-il dit. Pourquoi les Américains et les touristes étrangers ne seraient-ils pas eux aussi intéressés par un tee-shirt ramené d'un séjour dans notre pays? Benoît Clarysse décida donc de tenter le coup, en faisant imprimer des tee-shirts ornés d'un drapeau belge ou d'illustrations typiques. Son instinct ne l'avait pas trompé et, une chose en entraînant une autre, son commerce devint florissant. Les cercles d'étudiants voulurent des t-shirts avec leur logo, et le Marktrock, fameux festival louvaniste, devint client, bientôt rejoint par un certain nombre de marques et de multinationales. " À l'époque, j'étais revendeur de textiles imprimés. Le secteur n'était pas aussi développé qu'aujourd'hui. Je faisais tout dans mon kot. Au sortir de mes études, je me suis donné un an pour essayer la vente de textiles imprimés et brodés. Les activités ont d'emblée été logées dans une société. "
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Benoît Clarysse, le propriétaire, a étudié le Droit et les Sciences économiques à l'Université de Louvain. Il a commencé la vente de tee-shirts imprimés en 1993 alors qu'il était encore aux études. Le déclic fut un tee-shirt arborant le drapeau américain, que sa soeur avait rapporté en souvenir d'un voyage touristique aux États-Unis. Le contraire devrait aussi être possible, s'est-il dit. Pourquoi les Américains et les touristes étrangers ne seraient-ils pas eux aussi intéressés par un tee-shirt ramené d'un séjour dans notre pays? Benoît Clarysse décida donc de tenter le coup, en faisant imprimer des tee-shirts ornés d'un drapeau belge ou d'illustrations typiques. Son instinct ne l'avait pas trompé et, une chose en entraînant une autre, son commerce devint florissant. Les cercles d'étudiants voulurent des t-shirts avec leur logo, et le Marktrock, fameux festival louvaniste, devint client, bientôt rejoint par un certain nombre de marques et de multinationales. " À l'époque, j'étais revendeur de textiles imprimés. Le secteur n'était pas aussi développé qu'aujourd'hui. Je faisais tout dans mon kot. Au sortir de mes études, je me suis donné un an pour essayer la vente de textiles imprimés et brodés. Les activités ont d'emblée été logées dans une société. " En 1996, Benoît Clarysse a acheté un premier rez commercial dans le parc d'activités économiques Blauwe Toren de Bruges. " Nous étions toujours revendeurs, avec deux employés. Le chiffre d'affaires d'Alfa Shirt tournait alors autour du million d'euros. Mais les activités de revente commençaient à être sous pression. La chaîne d'approvisionnement comportait un maillon de trop ; ce modèle économique n'avait pas d'avenir. Nous étions convaincus qu'il nous fallait assurer nous-mêmes la production et la broderie. Ce qui nécessitait une nouvelle implantation offrant davantage de visibilité. En 2008, nous avons fait construire un bâtiment de 3 000 m2 pour Alfa Shirt à Oostkamp. Et nous nous sommes en même temps lancés dans la sérigraphie sur textiles. " Alfa Shirt a engagé un sérigraphe. Le premier carrousel était une machine à 16 postes, puis d'autres ont suivi. Deux ans plus tard, l'entreprise a investi dans la broderie et le flocage. Chez Alfa Shirt, on sérigraphiait avec des encres aqueuses certifiées GOTS. GOTS (Global Organic Textile Standard) est une certification pour le textile à base de fibres naturelles bio. Avec des encres GOTS et un atelier certifié GOTS, le textile imprimé conserve son certificat du début jusqu'à la fin du processus de production. Puis, il a fallu arrêter la sérigraphie en grands volumes dans le courant de l'année 2017. Benoît Clarysse: " Je ne trouvais plus de sérigraphes qualifiés. Et d'autre part, les commandes rapetissaient et étaient davantage personnalisées. L'option d'imprimer en numérique s'est alors profilée. Nous avions déjà fait l'acquisition en 2015 d'une petite imprimante DTG (Direct To Garment) Brother à un seul plateau. Nous voulions en effet nous forger une opinion sur les possibilités de l'impression textile directe en jet d'encre. Cette machine a été revendue depuis. Alfa Shirt propose par ailleurs d'autres techniques en interne, comme l'impression-transfert. La fabrication des transferts numériques et sérigraphiés est sous-traitée. L'application de ces transferts sur des sacs à dos, des sacs, des casquettes et aux endroits difficiles à atteindre sur les articles textiles, s'effectue ici, sur nos trois doubles presses. Pour ce qui est du flocage numérique, nous faisons tout nous-mêmes. Il existe une grande diversité dans les matériaux de flocage. Pour les numéros de maillots de foot et les noms des joueurs, nous proposons de minces flex spéciaux offrant une agréable sensation au toucher. " Dans l'atelier, une Aeoon Kyo 12/3 (3 palettes) occupe un espace climatisé (entre 20 et 22 °C) et une imprimante textile industrielle Kornit Storm Hexa est installée dans une annexe. L'Aeoon n'affiche pas la livrée jaune-vert fluo typique de ces machines. Le fabricant autrichien l'a fournie en noir à la demande d'Alfa Shirt. Pourquoi deux machines de deux marques différentes? " L'impression numérique sur textile est une discipline complexe. Certaines fibres font plus belle impression sur la Kornit et d'autres sur l'Aeoon. Dix marques de tee-shirts donneront jusqu'à dix fois un autre résultat. Tel article textile a besoin de plus de préparation (prétraitement) que tel autre. Le nombre de passages des têtes d'impression et leur sens de déplacement (de gauche à droite, de droite à gauche ou bidirectionnel) ont une influence sur le résultat final. L'impression numérique textile n'est pas une science exacte. Ce qui est sûr, c'est que le textile s'imprime idéalement dans un environnement climatisé (entre 20 et 25 °C pour 50% d'humidité relative). Bien imprimer sur textile en numérique, cela s'acquiert par l'expérience. Il n'y a pas de mode d'emploi. Et les fabricants se gardent bien de dire dans les salons que chaque marque de textile demande des réglages différents sur leurs machines pour obtenir un résultat au top. " Pour l'Aeoon, plus grosse et plus productive, le textile est prétraité sur une machine séparée. Sur la Kornit, le séchage est intégré à l'imprimante. Les deux fours de séchage de l'Aeoon (respectivement pour le séchage du produit de prétraitement liquide puis de l'impression proprement dite) font 6 mètres de long (10 m en comptant l'entrée et la sortie). Le processus de production d'une impression numérique comporte plusieurs phases: prétraitement du textile, séchage au four, pré-pressage, impression numérique, séchage au four, post-pressage (fixage supplémentaire pour une meilleure tenue au lavage). L'Aeoon peut imprimer jusqu'à 800 tee-shirts blancs ou 350 foncés par heure. " En un seul passage, ce qui est généralement insuffisant pour obtenir de belles couleurs ", précis Benoît Clarysse. Alfa Shirt imprime la plupart du temps en 4 ou 5 passages, auquel cas la productivité de l'Aeoon tombe à 250 et 170 exemplaires/h, respectivement. Pour les plus grandes surfaces textiles (A3), on est à 120 et 80 ex. Sur la Kornit, c'est 170 tee-shirts clairs et 85 foncés en un seul passage. Alfa Shirt a investi 750 000 euros dans la technologie DTG (impression directe sur textile) sur les dernières années. " L'époque des grosses commandes uniformes est révolue ", dit Benoît Clarysse. " Nous recevons souvent à présent de la part des entreprises de longues listes Excel d'articles textiles de différentes tailles à imprimer en petites quantités. Les donneurs d'ordres préfèrent ne plus constituer de stocks importants. Nous avons brodé des vêtements de travail pour un client qui compte 700 salariés, avec le logo de l'entreprise et le nom du travailleur. Question organisation, ce fut un tour de force d'arriver à broder le nom correct avec la taille de vêtement de son propriétaire, et ce sans commettre d'erreur. " Alfa Shirt a imaginé un système cohérent pour que cette production complexe puisse se dérouler sans faille, et a développé une nouvelle application logicielle à cette fin. Le logo de l'entreprise a été brodé sur une machine six têtes et le nom du salarié sur une monotête. Alfa Shirt dispose à Oostkamp d'un grand showroom qui reste un important canal de vente. Mais si l'on veut vendre des produits aujourd'hui, impossible de se passer des canaux en ligne. Benoît Clarysse: " Le webshop offre la possibilité de commander des articles textiles imprimés en numérique. La broderie est pour bientôt. Nous disposons des données de production et des devis et calculs du prix de revient réel des commandes effectuées sur les trois ou quatre années écoulées. Toutes ces infos résident dans un ERP de conception propre, qui peut être couplé au logiciel administratif de nos clients. Nous avons aussi un projet de " drop shipping " (livraison directe). Les propriétaires d'un webshop et les clients détaillants ne doivent ainsi plus se préoccuper des stocks, de l'emballage ou de l'expédition des articles textiles qu'ils vendent par le biais de leur canal en ligne. Alfa Shirt les imprime ou les brode d'après une sélection de patrons. Le produit textile entièrement personnalisé réalisé sur la base de fichiers envoyés - tant pour le B2B que pour le B2C - est prévu pour plus tard. La pandémie de coronavirus affecte considérablement l'activité normale d'Alfa Shirt depuis le mois de mars. " Les compétitions sportives, l'Euro de football, les Jeux olympiques de Tokyo, l'évènementiel, les salons, etc., tout a été annulé, tandis que l'horeca, les commerces et les entreprises non essentielles ont fermé. Quant aux touristes, ils ne sont pas venus. Les boutiques se sont donc retrouvées avec des stocks d'invendus sur les bras. La demande de textiles promotionnels a chuté. Les mesures de soutien du gouvernement en matière de chômage temporaire pour force majeure ont heureusement fait du bien. Mais des opportunités se sont aussi dégagées. De mars à mai, nous avons importé et vendu pas mal de masques de confort. Après quoi nos ventes de masques en coton avec impression transfert ou imprimés par sublimation ont démarré. Les ventes de masques ont compensé la perte de chiffre d'affaires du business régulier. Nous étions pourtant partis pour une excellente année avec un hausse de chiffre d'affaires de 30% sur les mois de janvier, février et mars. " Quels sont les articles textiles les plus imprimés et les mieux vendus? " Les tee-shirts et les sweats se taillent la part du lion avec 40 à 50% du volume. Mais nous habillons tout le monde de pied en cap. La gamme est très étendue, des costumes aux casquettes en passant par les sacs, etc. L'offre d'Alfa Shirt comporte entre 3 000 et 3 500 produits textiles, qui se déclinent en 150 000 combinaisons de couleurs, tailles, types de cols, etc. En 1993, l'assortiment de mode des marques textiles tenait dans une simple brochure de 6 ou 8 pages ; aujourd'hui, chaque marque a son catalogue de 100 pages. Stanley/Stella (vêtements en coton bio 100% certifié GOTS et en matières recyclées) propose 80 couleurs différentes rien que pour les tee-shirts de la collection actuelle. Un seul tee-shirt peut avoir 500 références différentes. La collection est visible dans notre showroom. La salle d'exposition d'Alfa Shirt conserve toute son utilité: les clients préfèrent essayer un vêtement plutôt que de devoir deviner la taille et la coupe. " Alfa Shirt a développé voici deux ans une solution logicielle permettant d'introduire les références modifiées ou les dizaines de milliers de codes d'articles d'une nouvelle marque de vêtements rapidement et de manière automatisée dans son propre ERP. Le système génère automatiquement les devis pour le client, avec les informations détaillées. Et quand on voit ce que le client reçoit, il y a de quoi être impressionné. L'offre de prix comporte une photo de la pièce d'habillement commandée, avec le code Pantone du coloris, une photo avec l'impression, une demande de validation, etc. Un bon de travail y est également annexé, lequel est destiné au côté production chez Alfa Shirt à Oostkamp. L'opérateur à l'atelier scanne le code-barres du job avec une tablette et il voit immédiatement apparaître toutes les informations pertinentes pour la commande sur son écran. Il dispose ainsi du bon matériel graphique pour le travail d'impression ou de broderie à effectuer sur les machines. Cette méthode contribue à un flux allégé et efficace, gage d'une production accélérée et de qualité. L'automatisation des processus joue un rôle déterminant dans l'optimisation de la production, dit Benoît Clarysse: " Une analyse ciblée des données et des flux de production bien maîtrisés font partie intégrante d'une automatisation industrielle. Ils diminuent le pourcentage d'erreur et les rebuts de fabrication et renvoient une bonne image du ROI de l'organisation. De quoi garder une emprise maximale sur les processus sur lesquels vous avez vous-même une influence. "