Basée à Oostakker (Gand), l'imprimerie Graphius est réputée pour les impressions de très haute qualité comme les livres d'art, notamment pour Le Louvre, qui s'exportent même jusqu'aux États-Unis. Plus qu'une imprimerie familiale centenaire, Graphius est aussi un groupe fort de 16 petites imprimeries, du moins au moment d'écrire ces lignes. Graphius est une des rares imprimeries commerciales du pays qui a pour stratégie d'asseoir sa position de leader en rachetant d'autres petites imprimeries, y compris à l'étranger. Les dernières acquisitions en date remontent à 2021 avec l'imprimerie ostendaise Lowyck, spécialisée dans l'emballage, et 2020 avec l'imprimerie offset feuilles L.Capitan. L'entrepreneur gantois Denis Geers a en effet pour stratégie de rassembler en un groupe fort de nombreuses petites imprimeries en difficulté face à la numérisation et à la concurrence de l'Europe de l'Est. Pour le PDG, la consolidation est incontournable. En tant qu'entreprise du secteur graphique, pour réussir, "il faut être soit très petit soit très grand". Une nouvelle acquisition devrait d'ailleurs être prochainement officialisée au Royaume-Uni. Ce qui sera une première pour Graphius, qui compte actuellement 470 travailleurs et cinq sites de production.
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Basée à Oostakker (Gand), l'imprimerie Graphius est réputée pour les impressions de très haute qualité comme les livres d'art, notamment pour Le Louvre, qui s'exportent même jusqu'aux États-Unis. Plus qu'une imprimerie familiale centenaire, Graphius est aussi un groupe fort de 16 petites imprimeries, du moins au moment d'écrire ces lignes. Graphius est une des rares imprimeries commerciales du pays qui a pour stratégie d'asseoir sa position de leader en rachetant d'autres petites imprimeries, y compris à l'étranger. Les dernières acquisitions en date remontent à 2021 avec l'imprimerie ostendaise Lowyck, spécialisée dans l'emballage, et 2020 avec l'imprimerie offset feuilles L.Capitan. L'entrepreneur gantois Denis Geers a en effet pour stratégie de rassembler en un groupe fort de nombreuses petites imprimeries en difficulté face à la numérisation et à la concurrence de l'Europe de l'Est. Pour le PDG, la consolidation est incontournable. En tant qu'entreprise du secteur graphique, pour réussir, "il faut être soit très petit soit très grand". Une nouvelle acquisition devrait d'ailleurs être prochainement officialisée au Royaume-Uni. Ce qui sera une première pour Graphius, qui compte actuellement 470 travailleurs et cinq sites de production. Depuis 2018, Graphius est actif à l'étranger avec un site de production de 75 travailleurs à Paris à la suite du rachat de l'imprimerie PPO Graphic. Ce qui a en outre permis de positionner Graphius comme leader européen dans le secteur de la bande dessinée. L'imprimerie française PPO Graphic a en effet comme clients les éditeurs Dargaud, Dupuis et Casterman et imprime les titres 'Lucky Luke', 'Astérix' et 'Les Schtroumps'. Le site de production en France se distingue du site belge par le format d'impression des presses offset feuilles de 120 x 160 cm. "C'est un format qu'on ne voit pas dans les pays du Nord comme en Belgique, mais plutôt en Italie et en France pour les grandes séries. Forcément, les équipements de façonnage suivent le même format et sont orientés grandes séries également. Ce que nous n'avons pas en Belgique", explique Denis Geers. "Finalement, ce que nous considérons comme du grand format en Belgique est vu comme du petit format en France.". Outre les acquisitions, Graphius investit également dans les moyens de production pour rester à la pointe. En 2022, 10 millions d'euros d'investissements sont réalisés aussi bien pour les sites situés à Gand et à Bruxelles qu'à Paris. Cela comprend deux nouvelles presses Heidelberg XL 106 8 couleurs et deux lignes de couture entièrement automatisées et équipées des bras robotisés. Des investissements bénéfiques pour "la productivité, la qualité et l'ergonomie", selon Graphius. Graphius est actif dans quatre pays: en Belgique, aux Pays-Bas, en France et au Royaume-Uni. "Historiquement, la France est un marché important pour Graphius, surtout dans le secteur du livre d'art", dit Denis Geers. Environ 35% du chiffre d'affaires du groupe, qui s'élève à 100 millions d'euros, est réalisé en France. "Après 20 ans d'activités en France, il était devenu judicieux d'avoir une production locale. Cela nous a permis de basculer la production de livres réalisée en Belgique pour des clients français en France. Je crois fermement à la production locale d'un point de vue économique et environnemental. Nous devons prendre nos responsabilités et produire le plus localement possible. Cela n'a pas de sens de faire venir des produits de l'Est ni de livrer à 2000 km ce type de produits. C'est la raison pour laquelle nous sommes en train de finaliser l'acquisition d'une imprimerie à Londres." Que les Français adorent le papier, cela saute aux yeux pour Denis Geers. "Cela se reflète tant au niveau du volume de production que du personnel et des clients français", dit le PDG de Graphius. "Le budget par habitant pour acheter des livres est plus important qu'en Belgique. Le personnel est aussi fier de travailler dans une imprimerie, car c'est un métier considéré comme un art à part entière en France. L'imprimerie est ancrée dans l'histoire des Français et c'est aussi le berceau de la littérature française. Chaque semaine, nous recevons quantité d'e-mails enthousiastes de clients pour nous féliciter du travail accompli. Dans 95% des cas, ce type d'e-mails est envoyé par des Français." Une étude de 2018 de Mediapost et de l'association Culture papier révélait d'ailleurs que 71% des Français sont très attachés au papier. Et ce sous toutes ses formes (flyers, lettres, catalogues, livres). De plus, l'attachement au livre papier s'est particulièrement montré puissant en 2020, en pleine pandémie. Pendant les deux premiers confinements, les librairies - qualifiées de commerces non essentiels par le gouvernement français - avaient été contraintes de fermer leurs portes. Ce qui a entraîné un mouvement de protestation contre cette mesure de la part des Français. Les chiffres montrent d'ailleurs que le livre a particulièrement bien résisté à la crise en France avec des records de ventes en 2021. Si ce fort attachement au papier des Français rend les échanges commerciaux plus agréables, rien n'est acquis pour autant. "Si on arrive en France en tant qu'imprimeur belge avec ses gros sabots, cela ne fonctionnera jamais. Il faut être prudent et discret. J'adore développer le marché en France, car on y récolte beaucoup de respect et de reconnaissance", dit Denis Geers. Outre l'édition, Graphius est aussi actif dans les domaines de l'emballage et de l'étiquette avec sa division Etiglia et de l'impression en ligne avec sa plateforme Belprinto. Depuis l'acquisition de Lowyck à Ostende, Etiglia dispose de deux sites de production: Etiglia Labels à Beersel et Etiglia Packaging à Ostende. Un segment qui est encore susceptible de se développer chez Graphius. Denis Geers ne cache en effet pas son ambition: "Nous envisageons une croissance externe dans le secteur du packaging et de l'étiquette en France. Pour cela, nous sommes ouverts à toutes opportunités de rachat dans le domaine, qui sont plutôt à voir du côté des entreprises familiales qui cherchent à assurer leur continuité". Du côté de l'impression en ligne, Graphius a récemment ouvert sa plateforme Belprinto au marché français. Cartes de visite, invitations, catalogues et brochures font partie des applications couramment commandées via Belprinto. Pour ce type de production, Graphius est équipée de la technologie d'impression numérique HP Indigo. Depuis le lancement de Belprinto en 2020, Graphius observe par ailleurs une belle croissance de sa plateforme web-to-print. "Nous triplons notre chiffre d'affaires chaque année et Belprinto connait particulièrement une belle croissance depuis le mois d'octobre 2021. Les premiers résultats sont aussi visibles sur le marché français", confie Denis Geers. Le développement durable est aussi au coeur de la stratégie et des valeurs de Graphius pour pérenniser l'avenir du groupe. "Graphius veut renforcer l'impact positif et réduire les impacts négatifs de ses activités sur les personnes, la société, l'environnement et le climat. Nous voulons contribuer activement à la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD)", peut-on lire dans le rapport de durabilité 2020 de Graphius. Produire de façon durable semble encore être une notion différente à mettre en pratique que l'on se trouve en Belgique ou en France. En la matière, Denis Geers remarque que la Belgique a de l'avance sur la France. "Les mentalités sont encore différentes et les règles sont moins strictes en France, ne serait-ce qu'en matière de tri ou de sécurité et de prévention sur le lieu de travail." S'il y a bien quelque chose qui met tout le monde d'accord, c'est la certification qui garantit qu'un papier est issu d'une gestion durable des forêts. Quoique... alors qu'en Belgique, la tendance est au papier certifié FSC, c'est plutôt le label PEFC qui est davantage recherché en France. "Nous sommes donc certifiés à la fois PEFC et FSC", dit Denis Geers.