Interview : la drupa reportée en avril 2021

Sabine Geldermann, quel a été le facteur décisif qui a amené Messe Düsseldorf à finalement postposer la drupa ? Messe Düsseldorf suit les recommandations de l'équipe de gestion de crise du gouvernement fédéral allemand. Et celles-ci préconisent de respecter les principes de l'Institut Robert Koch pour l'évaluation du risque des grands événements. Messe Düsseldorf a donc réévalué la situation sur cette base et à la lumière de la forte augmentation récente du nombre de personnes infectées par le nouveau SARS-CoV-2, y compris en Europe. En outre, la Ville de Düsseldorf a pris un arrêté général le 11 mars 2020 visant l'interdiction des grands événements où plus de 1 000 personnes seraient présentes en même temps. Dans ce contexte, un report de la drupa était malheureusement la seule issue possible. Sur la base de quels critères avez-vous arrêté la nouvelle date ?En " conditions normales ", l'année 2020 aurait été un véritable marathon pour Messe Düsseldorf, qui, entre août dernier et le mois de juin, aurait dû accueillir la quasi-totalité des méga-salons mondiaux basés à Düsseldorf - la drupa en aurait été le point d'orgue. Vu l'impact du coronavirus et en application des décisions et restrictions officielles, plusieurs salons professionnels programmés pour le printemps avaient déjà été déplacés au second semestre 2020 ou au printemps 2021. Comme nous avons besoin d'un créneau d'environ deux mois pour la drupa (mise en place, déroulement et démontage), la palette d'options disponibles était limité. Ayant pesé tous les paramètres et à la lecture du calendrier mondial des salons, le moment choisi est ressorti comme étant la plus proche meilleure date possible : du 20 au 30 avril 2021. Ce dont nous avons convenu en concertation avec notre Président et la VDMA, notre sponsor. Dans les circonstances actuelles, cette date est celle qui offre la plus grande sécurité de planification pour toutes les parties impliquées. Elle nous replace fort heureusement dans une période similaire à la date d'origine de la drupa, qui se tient traditionnellement en mai, une époque de l'année bien acceptée dans l'industrie. Comment la communauté graphique mondiale a-t-elle réagi à votre annonce ? L'ampleur avec laquelle la situation actuelle affecte l'ensemble des secteurs d'activité dans le monde entier est sans précédent et les effets du coronavirus se font déjà radicalement ressentir sur la vie publique et économique. Comme d'autres branches, l'industrie graphique prend celle-ci de plein fouet, sous forme de chômage technique, d'arrêts de production et de ruptures d'approvisionnement - et ce à une échelle tant nationale que mondiale. En pareille situation toutefois, la santé et la protection des travailleurs et des partenaires doivent primer. La réaction de nos clients et partenaires internationaux a dès lors été systématiquement positive ; ils ont accueilli la décision de report avec beaucoup de compréhension et une acceptation sans réserve. Trois mois avant le début normalement programmé de la drupa, nous avons été en mesure de laisser la possibilité à un grand nombre d'exposants d'encore replanifier leurs opérations logistiques très coûteuses, comme l'expédition des machines. Nous sommes très heureux des très nombreux retours émotionnels sur nos réseaux sociaux et plates-formes. Une chose est sûre : l'industrie veut retrouver une drupa qui soit à la mesure de son image, de son rayonnement et de son standing international - ce qui n'aurait pas été faisable dans les conditions actuelles. Voilà pourquoi nous prenons toutes les dispositions possibles pour satisfaire les attentes de nos clients mondiaux en avril 2021 - tous ensemble, embrassons le futur en 2021 ! Les exposants visent traditionnellement la drupa pour présenter leurs nouveaux produits. Ils ont déjà fait beaucoup dans la perspective du mois de juin et ne souhaitent pas attendre pour dévoiler leurs nouveautés à leurs clients. La drupa se voit-elle maintenant confrontée à des formats de présentation alternatifs, plus virtuels ?Il est certain que nos exposants vont déjà présenter quelques-unes de leurs innovations cette année, ce pour quoi ils auront recours à différents formats, comme des événements réservés à la clientèle ou des plates-formes numériques. Ceux-ci ne peuvent toutefois que combler la demande actuelle - ils ne sont, à notre avis, pas en mesure de se substituer totalement à un salon à l'attrait planétaire. La drupa est et reste la plate-forme par excellence où les professionnels de l'industrie graphique viennent proposer leurs innovations, se rassembler et, surtout, étoffer leur réseau. Voilà pourquoi, même après le report, la drupa reste l'horizon visé par le secteur de l'impression. La drupa représente une plate-forme indispensable pour les industriels participants, à qui elle fournit à la fois une orientation et un élan et, par-dessus tout, dont elle satisfait l'attente de rencontres en face à face et de découverte de nouveaux mondes d'expérience à un haut niveau. On parle ici de besoins humains, de ressenti tactile et de machines tournant à plein régime. Bref, un cocktail qui fascine les participants et que les médias numérique ne peuvent offrir à ce stade. Ce qui distingue les grands salons mondiaux comme la drupa, c'est l'énergie concentrée qui se dégage du rassemblement sélectif d'un grand nombre de personnes ; l'échange personnel et émotionnel ; la présence simultanée de décideurs, de catalyseurs, de pourvoyeurs d'idées ; les discussions animées ; les présentations pionnières ; les rencontres fortuites ; les occasions de séduire de nouveaux clients ; les options de recrutement, etc. En particulier dans des situations comme aujourd'hui, alors qu'un grand nombre de pays européens sont soumis à des restrictions inattendues, le besoin de contacts humains et d'une expérience client qui sort de l'ordinaire sera certainement ressenti de manière encore plus prononcée à l'avenir. Nous sommes des personnes et non des avatars - et le désir d'échanges personnels, de transfert de savoir et de réseautage dans une ambiance fascinante reste intact en dépit de tous les formats numériques. Voilà pourquoi il est grandiose de voir autant grands comptes d'ores et déjà donner forme au slogan " let's embrace the future in 2021 together. " Comment pensez-vous que les entreprises graphiques vont résister à la tempête de la pandémie ?Des effondrements et des déclins économiques durables sont assurément à craindre. Les gouvernements prennent des mesures et des aides sont mises en place. Il est important toutefois de veiller à ce que les dispositions prises n'entraînent pas un arrêt total de la production. Notre industrie doit continuer à investir dans l'avenir pour pouvoir capter les opportunités. Parce que l'imprimé, avec ses applications aussi diverses que multiples, continuera d'être indispensable dans un grand nombre de marchés demain. L'échange d'idées entre les acteurs industriels et les nécessaires sources d'inspiration nourrit les moyens cruciaux à cette fin, Et c'est dans des salons internationaux de premier plan comme la drupa qu'ils sont le mieux expérimentés et pérennisés. Quels changements le report va-t-il entraîner pour la drupa 2021 ?Le report constitue un nouveau scénario inédit pour toutes les parties concernées et il exige un certain degré de flexibilité. Comme par le passé, nous allons continuer à prendre toutes les mesures possibles pour préserver le succès actuel de la drupa jusqu'à la nouvelle date de 2021. Nous conservons l'ambition et le souhait d'organiser une nouvelle drupa unique et pleinement réussie pour nos clients mondiaux en 2021. Le programme-cadre est-il maintenu ? Notre programme de soutien aux cinq forums spéciaux a déjà fait forte impression avec un éventail fascinant de formats, d'intervenants de renom et de sujets passionnants. Notre première priorité est d'assurer à nos visiteurs une offre de contenu qui soit à la fois pertinente, inspirante et valable sur la durée. Le programme de conférences se clôturait par les visites guidées, et les réservations allaient déjà bon train sur notre portail. Notre but à présent est naturellement d'adapter et de transposer le programme aussi loin que possible jusqu'à la date d'avril. Les problématiques importantes concernant la transformation numérique en cours, les sujets liés à l'économie circulaire et au développement durable ou les nouveaux modèles économiques seront traitées sous forme d'exposés, de tables rondes et de cas pratiques exemplaires. De quoi continuer à inspirer et conseiller avec succès les entreprises - ce qui restera plus pertinent que jamais après le choc du coronavirus. Quels sont les effets du report sur les expos satellites ?Nous n'observons pour le moment aucun effet du report sur notre portefeuille " Technologies d'impression " et donc sur les salons de Messe Düsseldorf à l'étranger. Le principal événement de notre portefeuille international, All in Print China, qui doit se tenir en octobre à Shanghai, devient le plus grand et le plus important salon mondial de l'imprimerie en 2020. Nous sommes donc ainsi en mesure de proposer à nos exposants internationaux une autre foire commerciale d'une grande pertinence en Asie cette année. Par ailleurs, PPP Manila, en octobre, offrira une plate-forme supplémentaire sur le marché émergent du Sud-Est asiatique. Et, en l'état actuel des informations, l'indoprint de Djakarta, planifié pour septembre 2020, devrait aussi se dérouler comme prévu. Nous continuons évidemment de surveiller la situation de près en étroite concertation avec nos filiales Messe Düsseldorf China et Messe Düsseldorf Asia, ainsi qu'avec nos partenaires participants. Des mesures seront ainsi prises en temps et heure si besoin est. Nous restons à cette fin en contact avec nos clients à travers nos différentes plates-formes. Nos représentants à l'étranger et mon équipe à Düsseldorf sont disponibles pour toute question.