La Fespa Global Print Expo de Berlin se déroulera du 31 mai au 3 juin, et Wouter van As l'attend en confiance. La situation a en effet changé depuis l'édition amstellodamoise, d'octobre dernier. Van As: "À Amsterdam, l'atmosphère était mitigée. Ce n'était pas ce à quoi nous étions habitués. Dans certaines entreprises, comme HP, le protocole n'autorisait pas encore les voyages. Ces décisions n'étaient pas prises aux Pays-Bas, mais au siège central. Aucun visiteur n'a pourtant trouvé à y redire. Tout le monde était heureux de se retrouver pour de nouveau pouvoir faire des affaires. Lors de l'édition berlinoise, tout redeviendra comme avant. Le salon s'annonce grandiose et le timing est parfait. Les restrictions de voyages seront assouplies d'ici-là et le nombre de contaminations devait diminuer jusqu'à l'été."
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La Fespa Global Print Expo de Berlin se déroulera du 31 mai au 3 juin, et Wouter van As l'attend en confiance. La situation a en effet changé depuis l'édition amstellodamoise, d'octobre dernier. Van As: "À Amsterdam, l'atmosphère était mitigée. Ce n'était pas ce à quoi nous étions habitués. Dans certaines entreprises, comme HP, le protocole n'autorisait pas encore les voyages. Ces décisions n'étaient pas prises aux Pays-Bas, mais au siège central. Aucun visiteur n'a pourtant trouvé à y redire. Tout le monde était heureux de se retrouver pour de nouveau pouvoir faire des affaires. Lors de l'édition berlinoise, tout redeviendra comme avant. Le salon s'annonce grandiose et le timing est parfait. Les restrictions de voyages seront assouplies d'ici-là et le nombre de contaminations devait diminuer jusqu'à l'été." Fespa Pays-Bas sera présente à la Sign & Print Expo de Gorinchem (du 22 au 24 mars). Van As: "Nous y serons avec l'édition néerlandaise des World Wrap Masters, dont le vainqueur sera d'office en lice pour la compétition de Berlin. Le marché de l'habillage de véhicules s'est fort développé ces dernières années. Le besoin de personnalisation va croissant et les possibilités sont là." En plus de présider Fespa Pays-Bas, Wouter van As est aussi directeur de VAN AS, société implantée à Oud-Beijerland et Amsterdam. Il a pu observer les évolutions autour de la crise du coronavirus sur plusieurs fronts. "La situation était comparable en Belgique et aux Pays-Bas. Ces marchés se ressemblent. Il y a deux ans, une certaine angoisse était palpable chez tout le monde. Les entreprises craignaient de se retrouver sans personnel à cause de la contamination. Les volumes de travail ont énormément chuté suite à l'annulation de tous les évènements. Les autorités sont heureusement intervenues avec toutes sortes de mesures." La "société du mètre cinquante" a offert toute une série de nouvelles opportunités pour le monde du sign, a pu constater Van As. "Jamais on n'a fabriqué autant d'autocollants de sol qu'en mai-juin 2020. Les écrans transparents étaient pratiquement introuvables. Une bonne chose aussi pour les signaléticiens, car ils étaient en mesure d'offrir quelque chose que tout le monde attendait. En même temps, leur chiffre d'affaires en provenance de l'évènementiel et des foires commerciales reste bien inférieur depuis deux ans à ce à quoi ils étaient habitués jusqu'ici. Ce manque à gagner n'a pas été entièrement compensé par les nouvelles commandes." Le flux des commandes générées par les règles de distanciation va rapidement se tarir avec les assouplissements. La période à venir sera celle de la renaissance du monde de l'évènementiel et des salons. Van As: "Le segment de la signalétique d'extérieur a retrouvé son niveau d'antan. L'évènementiel semble revenir à la situation d'avant la pandémie." Nonobstant un optimisme prudent, l'ancienne normalité tarde à se réinstaller. La pénurie de matériaux et la cherté de l'énergie - avec les hausses de prix qui en découlent - drainent leur lot de nouveaux soucis. Van As en est bien conscient. "Ce problème se fait entre-temps sentir partout. Les prix des plastiques ont commencé à augmenter, mais cela restait supportable. Les surcharges énergétiques ont ensuite rendu le papier et le carton plus cher. Ces augmentations ont fini par dépasser celles du plastique. Les hausses de prix sont embêtantes, mais pire encore est l'indisponibilité des matériaux. Sans matières d'oeuvre, la production s'arrête et on ne peut plus rien livrer. Le fournisseur n'a parfois tout simplement rien à proposer, surtout pour le carton. Nous continuons ici de souffrir de la pénurie. Il a toujours été dit jusqu'ici qu'elle perdurerait certainement jusqu'à la mi-2022, mais cette échéance se rapproche. Je suis curieux de voir quand les produits redeviendront normalement disponibles." La pénurie est accentuée par la hausse de la demande de l'industrie de l'emballage. Avec la crise du coronavirus, la demande a crû du côté des livraisons, ce qui a fait augmenter les besoins de carton. Le tout a engendré de nouvelles opportunités pour l'industrie du sign & print, résume Van As. "Beaucoup d'entreprises ont commencé à proposer des cartonnages en plus de leurs produits habituels." Le secteur du sign & print en lui-même semble démuni contre les hausses de prix. Les secteurs ont bien émis de timides protestations, mais les fournisseurs de matériaux eux-mêmes ne sont pas en mesure d'inverser la tendance. Van As: "La prise de conscience est importante. Nous avons dû constater que nous ne pouvions pas absorber les hausses de prix en tant que producteur. Le monde du print & sign est depuis longtemps soumis à une pression sur les prix de vente, qui tire ceux-ci toujours plus vers le bas. Nous ne pouvons contenir les majorations actuelles et les entreprises doivent donc négocier avec leurs clients. Nous devons aussi les répercuter pour éviter l'évaporation des marges. Impossible autrement de conserver des entreprises saines." Le marché de la signalétique a vu arriver beaucoup de nouveaux venus issus d'autres branches. Voyant diminuer le volume d'affaires de leurs presses, les imprimeurs ont commencé voici quelques années à ajouter des produits de signalétique à leur offre. Van As confirme cette évolution. "On parle alors de machines numériques, pour un assortiment qui reste limité. Le marché de la signalétique est naturellement bien plus vaste. Un imprimeur aura plus de difficultés à assurer une commande de bâches de poids lourds ou à habiller tout un bâtiment. Ce sont des mondes différents. Si les imprimeries graphiques se ressemblent souvent, le monde de la signalétique affiche une plus grande diversité." Le savoir-faire des monteurs est prépondérant dans beaucoup d'entreprises, dit Van As. "Pour celui qui fournit des produits de décoration intérieure, la qualité prime sur l'efficacité des machines. Reste la question de les installer. Dans le commerce, les signaléticiens fournissent des bâches pouvant être remplacées rapidement, pour faire place à une nouvelle collection chaque saison." Un autre défi est celui du recrutement. "Le personnel qualifié est difficile à trouver. Les entreprises multiplient les initiatives pour former elles-mêmes leur personnel. La conduite des machines est plus simple que dans l'industrie graphique, mais d'autres aspects, comme le montage, l'installation et l'habillage de véhicules, demandent une véritable expertise. C'est à ce niveau qu'un prestataire peut faire la différence." Il est exigé beaucoup du personnel. Les formations mettent surtout l'accent sur l'autonomie du signaléticien. Il doit être capable de résoudre sur place les problèmes causés en production. Van As: "C'est un monde créatif. On y réfléchit beaucoup en termes de solutions. Les prestataires sign & print ne reçoivent de leurs clients que des demandes particulières pour lesquelles ils doivent imaginer une solution. Il n'était pas rare, par le passé, d'imprimer en double, parce que la première fois n'était systématiquement pas la bonne. Parfois, il fallait produire des choses en plus, parce que ce n'était pas tout à fait ça. Tout cela était normal dans le métier, mais celui-ci a mûri. La plupart des entreprises actives en signalétique sont relativement petites. La mentalité y est essentiellement pragmatique. On ne s'y préoccupe pas trop de modèles de production tels que le Lean Management ou le Quick Response Manufacturing. Et cela leur convient bien." Les entreprises actives dans le secteur font toutefois toujours plus de progrès sur le plan de l'automatisation bureautique. Van As: "Les systèmes utilisés concernent davantage le volet administratif. Il est question de planification du personnel et moins de machines. C'est surtout le cas pour les entreprises qui s'occupent d'installation. Le taux d'occupation de la machine est relativement bas. Elle peut rester inutilisée pendant deux jours, pendant que l'entreprise fait du chiffre sur chantier." "Une entreprise comme Probo est un cas unique dans notre branche. Probo a sciemment attiré le travail à elle par l'intermédiaire d'Internet en proposant des prix bas. Elle est plus efficace en production que le signaléticien moyen. Les prestataires qui gagnent leur vie dans les installations, commandent les produits en ligne auprès d'une entreprise comme Probo. La combinaison fonctionne bien." Comme il est facile de régler les achats par Internet, il devient de plus en plus intéressant de sous-traiter la production dans le cadre de grands projets. D'un autre côté, des constructeurs tels que Canon et HP mettent sur le marché des machines plus petites assorties d'un prix d'entrée plus abordable. Van As: "Ces machines offrent désormais une vitesse de production appréciable. Alors qu'elles représentaient un énorme investissement jadis, elles sont désormais accessibles pour un plus grand nombre. Les revendeurs et les petits signaléticiens gagnent aussi en flexibilité. Les productions en rouleaux, surtout, sont de plus en plus fabriquées par le signaléticien lui-même." La signalétique numérique connaît aussi un énorme essor en "Out of Home". Une tendance encore accélérée par la crise du coronavirus, dit Van As. "On ne peut toutefois pas parler d'une adoption massive par les professionnels du sign&print. Encore une fois, c'est un autre monde. L'installation et la disponibilité de ces écrans n'ont rien d'exceptionnel. La maintenance est un peu plus compliquée: si, par exemple, un écran ne fonctionne pas bien quelque part dans le pays, il faut pouvoir le gérer. Ce qui rend la chose vraiment complexe, c'est le modèle économique, qui est différent. On ne dessert plus uniquement les marques A, qui ont des coûts de signalétique élevés. Avec un écran, on peut desservir toute une série de petites marques à des coûts inférieurs. Ce n'est d'ailleurs pas tant une question de production ou d'installation que de gestion de contenus. Ce qui est une toute autre discipline. Rares sont les entreprises à pouvoir faire le pas vers la signalétique numérique." Le secteur passe peut-être à côté d'une opportunité, dit Van As, mais l'expertise et le savoir-faire des entreprises sont ce qu'ils sont, pense-t-il. "Un entrepreneur doit se sentir à l'aise avec les produits qu'il propose. Fespa mise davantage sur l'exploitation des opportunités qui se présentent dans le secteur tel qu'il est aujourd'hui. Avec d'emblée deux grands constats. Le textile est, par nature, un monde de grosses productions. En Italie, certains gros fabricants produisent des tissus par dizaines de kilomètres. Mais il existe une tendance à produire de plus en plus à la demande. Voilà déjà un petit temps que l'on peut commander des tee-shirts imprimés à l'unité. Et cela va toujours plus loin. Par exemple pour des vêtements de travail, des parasols, des transats - tout ce qui peut s'imaginer. Les géants du textile ne peuvent pas en faire grand-chose ; ce qui laisse la voie libre à un énorme marché de croissance." "Le monde de l'emballage connaît une évolution comparable. Les emballages sont généralement produits en très grandes séries. Mais un marché s'est entre-temps dégagé pour, par exemple, une centaine de cartons destinés à une brasserie artisanale. On voit aussi apparaître un nombre croissant de petites marques désireuses de sortir du lot. Les prestataires sign&print peuvent parfaitement répondre à ce type de demande. Les gros imprimeurs d'emballages ne vont pas accepter une commande de quelques centaines d'euros. Ils n'en voient pas l'intérêt car ils ont suffisamment de grosses commandes." Les entreprises de signalétique sont également de plus en plus préoccupées de développement durable. Van As: "Ce sujet est important pour nous. Nous voulons éviter d'en arriver, sous la pression de l'opinion publique, à ce que nos produits ne soient plus utilisés. Comme cela s'est passé, par exemple, avec les pailles et les dépliants publicitaires. Nous voulons anticiper cette situation." "L'industrie de la signalétique emploie beaucoup de plastique. On observe un vaste mouvement visant à remplacer le PVC par des alternatives moins polluantes. Nous voulons en outre réduire les flux de déchets et produire de manière plus circulaire, notamment en collectant les matériaux et en les réutilisant. Le défi n'est pas seulement logistique ; il est aussi quantitatif. Il faut beaucoup de matière pour faire du matériau neuf. La composition des produits pose aussi problème. Un produit fini est souvent constitué de plusieurs éléments, or le recycleur souhaite les flux les mieux triés possibles. Un film PVC, par exemple, comporte une couche d'adhésif et son désencrage n'est pas aisé. Tout cela complique le recyclage." Fespa étudie, avec le gestionnaire de déchets Rondo, comment un flux pourrait être mis en place avec les membres à destination des recycleurs. De quoi assurer un volume suffisant pour fabriquer de nouveaux produits. Ceux-ci n'ont par ailleurs plus grand-chose à voir avec le secteur de la signalétique. "Au début, ce seront des objets bien différents, comme des potelets ou des bancs. Mais le but final est d'en revenir à un produit qui puisse de nouveau être imprimé. Ce serait formidable."