Le secteur de l'emballage s'emploie depuis des années à rendre les matériaux plus durables. Le chemin reste toutefois long et truffé d'embûches. Une réglementation inadaptée (on pense aux bioplastiques), des multicouches impossibles à séparer, des encres qui "contaminent" le recyclat, etc. sont autant d'obstacles à surmonter. L'Europe a manifestement foi en la capacité d'innovation du secteur: 50% des emballages en plastique sont censés être recyclés d'ici 2025. Une proportion que le législateur entend encore relever de 5% cinq ans plus tard. Et notre pays est même plus ambitieux. Nous devrions recycler 50% des plastiques dès cette année, 65% en 2023, et plus de 70% en 2030.
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Le secteur de l'emballage s'emploie depuis des années à rendre les matériaux plus durables. Le chemin reste toutefois long et truffé d'embûches. Une réglementation inadaptée (on pense aux bioplastiques), des multicouches impossibles à séparer, des encres qui "contaminent" le recyclat, etc. sont autant d'obstacles à surmonter. L'Europe a manifestement foi en la capacité d'innovation du secteur: 50% des emballages en plastique sont censés être recyclés d'ici 2025. Une proportion que le législateur entend encore relever de 5% cinq ans plus tard. Et notre pays est même plus ambitieux. Nous devrions recycler 50% des plastiques dès cette année, 65% en 2023, et plus de 70% en 2030. Fost Plus, l'organisme chargé d'organiser la collecte sélective, le tri et le recyclage de tous les emballages ménagers en Belgique, estime ces objectifs atteignables. "Déjà en 2019, 46% de l'ensemble des déchets d'emballages plastiques des ménages étaient recyclés", dit Mik Van Gaever, COO. "Différentes initiatives devraient nous permettre d'atteindre à coup sûr l'objectif fixé de 50%. L'introduction du 'nouveau sac bleu' constitue ainsi un catalyseur important. Nous avons en effet décidé, en concertation avec les autorités concernées, d'élargir la fraction déchets du sac bleu au cours de la période 2019-2021. Le fait que nous ayons opté pour une transition graduelle par intercommunale s'explique par le besoin d'augmenter la capacité de tri et de recyclage en parallèle. Nous voulons laisser à tous les partenaires le temps de bien se préparer. Autoriser des formes de plastique supplémentaires dans les PMC sans pouvoir les traiter n'aurait aucun sens. À côté de cela, nous continuons à encourager les citoyens à trier au maximum les déchets en dehors de chez eux aussi. Il y a encore beaucoup à améliorer sur ce point." Le nouveau sac bleu devrait permettre de collecter 85 000 tonnes supplémentaires de PMC par an selon Fost Plus (sur un total de 260 000 tonnes annuelles). "Ce qui équivaut à environ 8 kg de plus par habitant par an", calcule son COO. "On pense ici notamment aux pots de yaourt, blisters, films plastiques, raviers, barquettes de beurre... Autant de matériaux qui n'étaient pas collectés jusqu'ici faute de disposer des technologies et capacités de tri et de recyclage requises. Nous voulions être certains que la chaîne de recyclage complète soit au point. Entre-temps, des investissements considérables sont consentis dans de nouveaux centres de tri et de recyclage sur le sol belge. Notre pays assure ainsi clairement un rôle de pionnier." Fost Plus a fort logiquement cherché d'abord à renforcer les possibilités et capacités de tri existantes. Ce qui a résulté en la construction de cinq centres de tri de haute technologie, capables de séparer l'ensemble des fractions du sac PMC. À la base: deux initiatives privées: Indaver érige en ce moment une toute nouvelle usine à Willebroek, et PreZero fait de même dans le port de Gand. "Les deux unités devraient être opérationnelles vers le début de l'année prochaine", poursuit Van Gaever. "Dans le courant 2021, un partenariat public-privé entre Suez, Vanheede et les intercommunales wallonne IDEA et IPALLE va donner naissance à New Valodec, près de Mons. Chez Valtris, à Charleroi, il est prévu d'investir l'an prochain dans des lignes supplémentaires destinées au tri des nouvelles fractions. Enfin Sitel, à Seraing - comme Valtris, propriété d'une intercommunale wallonne - est en totale transformation." À l'heure actuelle, neuf installations trient le contenu du sac PMC en sept flux distincts: bouteilles PET transparentes (claires), bouteilles PET bleues, bouteilles PET vertes, bouteilles HDPE, acier, aluminium et cartons à boissons. Les installations de tri nouvelles ou modernisées vont permettre de passer à quatorze flux (et peut-être davantage à terme): bouteilles PET claires, bouteilles PET bleues et colorées transparentes, acier, aluminium, cartons à boissons, HDPE (tous types - et donc plus uniquement les bouteilles), raviers PET ou PET thermoformé, PP (polypropylène comme les barquettes de beurre), PS (polystyrène, souvent utilisé pour les pots de yaourt et les raviers de champignons), mélanges de PO (polyoléfines - fraction dure mélangée), films PE (généralement film thermorétractable, sachets et feuilles plastiques - dont le sac bleu lui-même), autres films plastiques (films souples multicouches, films métallisés aluminium...) et la fraction résiduelle (essentiellement des erreurs de tri du citoyen). Van Gaever: "La Belgique signe ainsi une première. Des centres de tri capables de traiter autant de flux avec une telle capacité, il n'en existe nulle part ailleurs en Europe. Chez nous, les fractions seront séparées sur des lignes à la pointe de la technique pouvant détecter chaque emballage individuellement à cadence élevée à l'aide de caméras et d'une technologie infrarouge. L'infrastructure est fondée sur les mêmes principes que pour la séparation des déchets et des produits non conformes dans une installation de traitement de fruits et légumes. Mais en beaucoup plus sophistiqué, le tri s'effectuant non seulement sur la forme et la couleur, mais aussi d'après la nature du matériau. Les installations seront en outre suffisamment souples pour pouvoir intégrer les innovations prochaines du secteur." Fost Plus le concède, la technologie n'a pas encore atteint un rendement de 100%. "Il reste ainsi quasiment impossible de détecter automatiquement les contenants noirs", explique Van Gaever. "Les manchons intégraux sont aussi un problème car ils empêchent la ligne de tri de détecter le matériau sous-jacent. Nous comptons sur l'appui des fabricants d'emballages pour dégager des solutions. À travers l'écomodulation du Point vert, nous encourageons les fabricants à opter pour des emballages compatibles avec les scénarios de tri et de recyclage actuels. Le Point vert est le tarif à payer par les entreprises qui mettent des produits emballés sur le marché belge. Il est calculé d'après le matériau et la quantité et reflète donc le déficit dans la chaîne circulaire. Des tarifs fortement dissuasifs entreront en vigueur à partir de 2021 pour les emballages qui perturbent fortement les processus de tri et de recyclage." Fost Plus voit l'avenir en rose également du côté du recyclage. Quatorze fractions pures sortiront bientôt des nouveaux centres de tri. "Nous voulons utiliser ces matériaux au maximum sur le sol belge pour la fabrication de nouveaux produits ou emballages", explique Van Gaever. L'idée d'une circularité maximale au niveau national semble bonne. Si ce n'est que l'infrastructure permettant de recycler certaines fractions de PMC en grandes quantités fait encore défaut. La problématique est mondiale et la Belgique n'est pas une exception. Fost Plus pense toutefois que la technologie est disponible en suffisance pour combler cet hiatus. "Aussi avons-nous lancé trois appels à projets en 2019 concernant trois matériaux plastiques pour lesquels il n'existe pas encore de filière de recyclage en Europe: un pour le recyclage des PO mélangées et d'autres films plastiques, un pour les raviers en PET et un troisième pour le traitement des films PE. Nous nous sommes spécifiquement tournés vers des investisseurs qui sont prêts à construire une usine et à développer la technologie. Nous garantissons en échange l'apport d'un certain volume de haute qualité à des prix corrects pour une période de neuf ans. Nous ne sommes manifestement pas les seuls à croire en une économie circulaire pour les emballages: les appels à projets ont recueilli un nombre d'inscriptions étonnamment élevé. Nous avons actuellement atteint la dernière phase de négociation pour la construction d'une usine de traitement des mélanges PO et d'autres films plastiques. Les perspectives sont également prometteuses pour les raviers en PET et les films PE. Nous prévoyons de signer le contrat de construction de plusieurs usines encore cet automne. Bref, il semble donc que nous serons en mesure de concrétiser nos ambitions d'ici 2023. De quoi mettre la Belgique sur la carte du monde comme le pays qui est parvenu à traduire l'idée de la circularité des emballages dans la réalité."