L'affiche du quatrième BOPE22 était variée, avec des intervenants locaux et internationaux. De quoi concocter un apport d'informations et d'inspiration bienvenu pour la communauté du Web2Print du Benelux. Bernd Zipper, valeur sûre des BOPE, a ouvert le bal avec un récapitulatif des évolutions et tendances actuelles dans l'industrie de l'online print. Zipper a joué la provocation en déclarant que le commerce électronique était mort. "Place à présent au digital commerce." Cette appellation faîtière recouvre les notions d'e-commerce, mobile commerce, social commerce, économie de plate-forme, etc. "Les plus fortes croissances s'observent sur les places de marché numériques. Le retail en ligne a progressé de 12% en 2021, mais sur le même temps, les ventes réalisées par l'intermédiaire des places de marché ont crû de 25%."
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La croissance du crabe
La quatrième édition du Benelux Online Print Event (#BOPE22), qui s'est tenue en juin dernier, a rassemblé 140 participants venus écouter onze conférenciers belges et étrangers au Zoo d'Anvers. Le fil conducteur des différentes sessions était l'association du Web2Print et d'une automatisation poussée, et ce également auprès des PME.

L'affiche du quatrième BOPE22 était variée, avec des intervenants locaux et internationaux. De quoi concocter un apport d'informations et d'inspiration bienvenu pour la communauté du Web2Print du Benelux. Bernd Zipper, valeur sûre des BOPE, a ouvert le bal avec un récapitulatif des évolutions et tendances actuelles dans l'industrie de l'online print. Zipper a joué la provocation en déclarant que le commerce électronique était mort. "Place à présent au digital commerce." Cette appellation faîtière recouvre les notions d'e-commerce, mobile commerce, social commerce, économie de plate-forme, etc. "Les plus fortes croissances s'observent sur les places de marché numériques. Le retail en ligne a progressé de 12% en 2021, mais sur le même temps, les ventes réalisées par l'intermédiaire des places de marché ont crû de 25%." En dépit de la hausse des prix, Bernd Zipper voit le marché de l'impression sur Internet se redresser lentement après la pandémie. "L'imprimé devient plus cher. Les clients trouvent les majorations plus acceptables si elles s'accompagnent d'une valeur ajoutée supplémentaire. On pense aux nouveaux modèles économiques développés autour de la customisation de masse et de la POD, l'impression à la demande." L'online print deviendra de plus en plus la norme, pense Zipper. "Les imprimeurs traditionnels sont à la traîne. La crise du papier persistante et les changements de comportement d'achat accélèrent la transition de l'imprimerie conventionnelle vers le online. Bernd Zipper voit le marché mondial de l'imprimé baisser dans les années à venir, et des parts de ce marché en recul seront gagnées par l'impression en ligne. 2024, qui verra la prochaine Drupa, pourrait bien être l'année bascule où le chiffre d'affaires du W2P dépassera celui des activités classiques. Si moins de choses sont imprimées, pense le consultant, celles qui le seront encore auront davantage de valeur. "Les clients, tant B2B que B2C, souhaitent dès lors plus d'assistance humaine et un service personnalisé. Que le client soit votre copain", a conseillé le conférencier. "Le temps des officines ouvertes de 9 à 5 h, c'est terminé." Niek Veraverbeke, conseiller graphique chez Cartim Print, a évoqué le cas de cet "imprimeur des imprimeurs" de Gentbrugge. Avec son équipe de 35 personnes, Cartim sert une clientèle exclusive composée d'autres imprimeurs, de revendeurs graphiques et de plates-formes d'impression en ligne. Le Web2Print représente 80% de son chiffre d'affaires (une dizaine de millions d'euros). L'imprimerie fait tout en interne et privilégie les commandes à haute valeur ajoutée, laquelle dépasse, dit l'entreprise, les 100 000 euros par travailleur. "Ce qui n'a été possible que grâce au passage au W2P couplé à un degré élevé d'automatisation", précise Veraverbeke. Cartim a été fondée en 1991 par Ludo Goedertier, qui entendait travailler en sous-traitance pour le secteur. Laura Goedertier, sa fille, est active dans l'entreprise en tant que spécialiste process, et elle est notamment attentive au processus d'automatisation. L'imprimerie a été transformée en une usine numérique dotée d'outils de production connectés. Prochaine étape: la "smart factory". Prix serrés et stricte maîtrise des dépenses sont généralement censés aller de pair avec l'online print. Veraverbeke conseille d'être sélectif dans l'acceptation des commandes - "osez en refuser" - et de se focaliser sur les coûts. Automatisation et standardisation des processus sont deux concepts clés chez Cartim. Environ 72% des commandes rentrent par le webshop fermé. Quelque 800 utilisateurs uniques, tous des profils graphiques B2B, ont recours au système. "Le processus de prise de commande est entièrement automatisé ; le client fait le boulot", explique Niek Veraverbeke. Chez Cartim Print, deux gestionnaires de commandes suffisent à en traiter environ 15 000 par an, ce qui représente 3 500 tonnes de papier. 83% des commandes sont imprimées en amalgame, c'est-à-dire, combinées à d'autres commandes, sur les presses Heidelberg. 180 000 plaques passent chaque année par le prépresse, lequel est géré par un seul opérateur. Le lean printing en pratique. Ce terme est revenu plusieurs fois lors du #BOPE. Juste avant un repas de midi équilibré, le jeune entrepreneur Ruben Baestaens a fait son pitch sur sa société de Design-as-a-Service, Simba Services. Sa plate-forme met les marketers-graphistes en liaison avec les clients à la recherche de designs qualitatifs à prix démocratique. Baestaens ambitionne de déployer son activité DaaS aux Pays-Bas d'ici la fin de l'année. Dans l'après-midi, nous sommes partis en Amérique latine avec Miki Rubin, cofondateur et CEO d'Imprimu (Panama). Rubin a esquissé le potentiel de croissance de l'imprimé dans cette région du globe. Dans des pays tels que le Brésil ou la Colombie, le marché très fragmenté de l'imprimé a crû l'an dernier de plus de 40%. Le Mexique, avec ses 129 millions d'habitants, fait partie des dix plus grands marchés de l'imprimé au monde. Et 25 000 imprimeurs y sont en activité. L'Amérique latine est un énorme marché comptant 664 millions d'habitants dans vingt pays. Le marché graphique y dégage un chiffre d'affaires de 70 milliards de dollars. Le marché en ligne y est encore très peu exploité, dit Rubin, qui y voit beaucoup de potentiel. "L'e-commerce a connu là-bas une croissance de 65% en 2020." L'entrepreneur voit la production en Amérique latine comme un tremplin vers les États-Unis. "La main-d'oeuvre y est dix fois moins chère ; les matières premières locales sont disponibles à profusion et les connexions logistiques sont bonnes." Un deuxième cas pratique belge a été présenté avec plus de philosophie par Jesse Marynen, Chief Print Officer de Buroform, qui emploie 44 personnes à Malines. Marynen a lancé la plate-forme Web-to-Print INKOprint.be en début d'année. Au #BOPE22, il a relaté sa quête - authentique et jalonnée de hauts et de bas - de la plate-forme Web idéale pour l'imprimerie familiale. Marynen a brossé le contexte désormais bien connu dans lequel les imprimeries sont amenées à travailler aujourd'hui: le marché se contracte sous l'effet de la digitalisation ; les imprimeurs en ligne gagnent des parts de marché avec des produits standardisés ; la nouvelle génération de consommateurs et de décideurs commande sur Internet et les prix des matières premières ne cessent d'augmenter. À quoi une plate-forme Web doit-elle ressembler en ces temps turbulents? Faut-il voir grand en mode the sky is the limit et investir un demi-million d'euros dans un projet à la pointe? Ou privilégier un projet de niche que l'on développera pas à pas? Réponse de Jesse Marynen: "adoptez la croissance du crabe". Un crabe grandit par mues successives de sa carapace devenue trop exiguë. La tension et le stress sont les déclencheurs d'une phase de croissance chez le crustacé. La plate-forme Web INKOprint s'appuie sur trois valeurs, dit Marynen. Ses valeurs: (1) accessibilité et convivialité, avec (2) un intérêt pour l'imprimé et l'artisanat, et (3) liberté. L'entrepreneur souhaite combiner le meilleur de deux mondes: la production d'imprimés de niche et l'accessibilité inhérente au monde de l'e-commerce moderne. INKOprint.be est développé en tant qu'écosystème avec des partenaires locaux. Avant la pause-café, Martijn ten Pas, propriétaire de DWCPrint (Pays-Bas), Ate Bontjer, du développeur de webshops X-interactive, et Robert Hartman (Dataline), ont expliqué, à la lumière d'un cas pratique, comment les PME peuvent rivaliser avec les plus grands acteurs du commerce électronique en s'automatisant. DWCPrint emploie 11 personnes et génère 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires. L'entreprise produit entre 100 et 150 commandes par jour. "Le flux de production doit être automatisé, sinon, on n'y arrive pas", dit Martijn ten Pas. Il entend doubler sa capacité avec la même équipe. Plus d'un million de devis sont établis tous les mois par l'intermédiaire du webshop. Deux orateurs internationaux ont encore pris la parole sur l'estrade dans la dernière partie des sessions du BOPE. Philipp Hofmann, cofondateur de Hoodie Hoo (Allemagne), a présenté la start-up avec laquelle il entend contribuer à rendre l'industrie du textile plus durable. Avec son entreprise, Hofmann souhaite conquérir une place entre les prestataires à la demande qui impriment rapidement des pièces de vêtement uniques, avec un matériel Kornit, par exemple, et les acteurs industriels qui font fabriquer des séries à partir de 500 pièces à l'étranger, avec des délais de livraison de trois ou quatre mois. En passant par l'appli et le site Web Hoodie Hoo, les designers peuvent faire confectionner des vêtements personnalisés à Izmir (Turquie) à partir de 75 pièces. Comptez vingt jours pour la livraison. Active depuis février 2022, l'usine textile d'Izmir s'étend sur 3 000 m2 et emploie septante personnes. Philipp Hofmann veut continuer de grandir l'année prochaine avec une usine de plus de trois-cents travailleurs. Morten B. Reitoft, le fondateur et rédacteur en chef danois d'INKISH, s'est quant à lui intéressé aux moteurs de croissance de l'industrie graphique. L'orateur a fait un constat qui sonne comme une évidence: l'expérience en ligne n'a rien de commun avec le ressenti dans le magasin. Pourquoi achetons-nous sur Internet? Bonne question, mais la réponse n'est pas aussi simple qu'il y paraît. La plupart des consommateurs achètent partout: en ligne, au supermarché ou dans des boutiques spécialisées. Cette variété dépend du timing. Une majorité de consommateurs prépare un achat en ligne et voit le prix à payer s'afficher. En ligne = transparence. "Et les clients ne sont pas toujours fidèles", observe Morten B. Reitoft. Le mot de la fin de la conférence #BOPE22 a été à Sabine Demey, Director Flanders Artificial Intelligence Research Program, IMEC, qui a livré un aperçu de la manière dont l'intelligence artificielle peut aider au développement d'une PME. Celles qui sont actives dans le domaine de l'impression y trouveraient surtout des possibilités d'améliorer leur taux de rendement synthétique. On peut booster le TRS en évitant les arrêts machine, en planifiant une maintenance prédictive pour éviter que des problèmes ne surviennent, etc. Autant d'applications difficiles à mettre en oeuvre dans le monde réel. Mais différents constructeurs de presses y travaillent. Demey a notamment présenté les résultats du "AI barometer", une étude commanditée par le Gouvernement flamand pour cartographier l'implémentation de l'intelligence artificielle auprès des entreprises du nord du pays. D'où il ressort qu'un quart des entreprises flamandes utilisent effectivement l'IA, ce qui fait de la Flandre l'un des chefs de file en Europe. Il reste donc du pain sur la planche puisqu'à en croire le baromètre, trois quarts d'entre elles ne le font pas. Et la plupart n'ont actuellement aucune intention de franchir le pas, indique le sondage. Qu'est-ce que l'IA peut signifier pour votre entreprise? Réponse de 31% des répondants qui utilisent l'IA: la possibilité de mettre de meilleurs produits ou services sur le marché. 52% observent une amélioration de la qualité dans les processus d'entreprise, et 32% disent avoir pu réduire leurs coûts grâce à l'intelligence artificielle. Un conseil de Sabine Demey pour conclure: si vous vous lancez dans l'IA, concentrez-vous sur votre coeur de métier. Le prochain rendez-vous du VIGC est fixé au jeudi 20 octobre 2022: "Het Congres", au complexe Lamot de Malines. Thème de l'évènement: "Challenge accepted".
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