24 % des camions affectés au transport de marchandises circulent à vide en Europe. Un chiffre hallucinant dans une région du monde où des problématiques telles que l'encombrement des autoroutes et l'écologie sont de plus en plus prégnantes. Pis encore : les camions réputés " chargés " ne sont en fait remplis en moyenne qu'à 57 % de leur capacité. Bart Vannieuwenhuyse, associé chez Tri-Vizor, fait le point : " Autrement dit, le rendement général du transport routier de marchandises atteint à peine 43 %. Une situation qui n'est plus tenable sachant que le transport et la logistique sont responsables de 14 à 20 % de l'empreinte carbone mondiale. La piste de réflexion visant à rendre le transport de marchandises en Europe " zéro émission " est inspirée d'Internet. L'objectif, par analogie avec le trafic électronique de données, est de mettre en oeuvre un réseau physique de flux de marchandises. Ce qui, pour faire bref, revient à déployer un système de transport intégré et automatisé, auprès duquel les entreprises peuvent acheter une certaine capacité, selon leurs besoins. Elles peuvent 'charger' leurs marchandises en un certain point, après quoi celles-ci trouveront leur destination de manière autonome - par la magie de l'intelligence artificielle et de l'Internet des objets. Science-fiction ? Pas du tout. Certains travaillent effectivement d'arrache-pied au développement de cette idée avec la plate-forme technologique européenne ALICE (Alliance for Logistic Innovations through Collaboration in Europe). Entreprises de production, transporteurs, autorités portuaires, centres d'expertise ou développeurs informatiques, environ 130 parties prenantes ont choisi de conjuguer leurs efforts. Une feuille de route a entre-temps été ...

24 % des camions affectés au transport de marchandises circulent à vide en Europe. Un chiffre hallucinant dans une région du monde où des problématiques telles que l'encombrement des autoroutes et l'écologie sont de plus en plus prégnantes. Pis encore : les camions réputés " chargés " ne sont en fait remplis en moyenne qu'à 57 % de leur capacité. Bart Vannieuwenhuyse, associé chez Tri-Vizor, fait le point : " Autrement dit, le rendement général du transport routier de marchandises atteint à peine 43 %. Une situation qui n'est plus tenable sachant que le transport et la logistique sont responsables de 14 à 20 % de l'empreinte carbone mondiale. La piste de réflexion visant à rendre le transport de marchandises en Europe " zéro émission " est inspirée d'Internet. L'objectif, par analogie avec le trafic électronique de données, est de mettre en oeuvre un réseau physique de flux de marchandises. Ce qui, pour faire bref, revient à déployer un système de transport intégré et automatisé, auprès duquel les entreprises peuvent acheter une certaine capacité, selon leurs besoins. Elles peuvent 'charger' leurs marchandises en un certain point, après quoi celles-ci trouveront leur destination de manière autonome - par la magie de l'intelligence artificielle et de l'Internet des objets. Science-fiction ? Pas du tout. Certains travaillent effectivement d'arrache-pied au développement de cette idée avec la plate-forme technologique européenne ALICE (Alliance for Logistic Innovations through Collaboration in Europe). Entreprises de production, transporteurs, autorités portuaires, centres d'expertise ou développeurs informatiques, environ 130 parties prenantes ont choisi de conjuguer leurs efforts. Une feuille de route a entre-temps été élaborée. Les étapes de la réalisation de ce " physical internet " y sont exposées en détail. À l'évidence, bon nombre d'aspects de la supply chain vont devoir être passés au crible. La réflexion réserve aussi une place de premier plan aux emballages, ce qui est plutôt exceptionnel. " Les entreprises ou les transporteurs accordent rarement beaucoup d'attention à la relation entre packaging et logistique ", explique Vannieuwenhuyse. " Ce qui est incompréhensible, car la faible efficacité du trafic de marchandises est due pour une bonne part à des emballages inadaptés. Les paquets du commerce en ligne en sont un exemple flagrant. Outre que les cartons sont souvent surdimensionnés pour les produits qu'ils contiennent, pratiquement chaque fournisseur utilise un format différent. Résultat : il est impossible de les empiler correctement et les fourgonnettes transportent essentiellement 'de l'air'. Ce qui en toute logique a amené ALICE à réfléchir à une standardisation plus poussée des emballages. La meilleure solution en fin de compte pour un chargement maximal, mais également pour une manutention entièrement automatique. L'intelligence des robots est indéniable, mais la manipulation de formes, dimensions et matériaux différents continue de poser un défi. Une normalisation contribuerait à résoudre fortement le problème. " L'évolution va logiquement surtout concerner les emballages tertiaires. Mais les packagings secondaires et primaires devront, eux aussi, être adaptés à l'Internet physique. " Il est important, pour des raisons tant économiques qu'écologiques, que les contenants tertiaires soient remplis au maximum ", confirme Vannieuwenhuyse. " Ce qui suppose que la forme et les dimensions de l'emballage tant primaire que secondaire soient étudiées en fonction de celles du tertiaire. Une standardisation totale relève bien sûr de l'utopie. Certaines marchandises continueront d'exiger des empaquetages spéciaux. D'où notre plaidoyer en faveur de cartons tertiaires compartimentés et/ou de sous-boîtes. De quoi permettre malgré tout d'expédier des marchandises non standard efficacement et en toute sécurité sur l'Internet physique'. " La standardisation peut conduire à une certaine neutralité, ce qui ne sera pas sans incidence en termes de marketing. " En tout état de cause, une normalisation des dimensions et des matériaux va immanquablement entraîner une simplification ", explique Vannieuwenhuyse. " Les marketeurs auront moins le loisir de jouer sur les atouts des emballages. De multiples possibilités subsisteront certes pour les packagings primaires et secondaires. Mais les designs et les logos disparaîtront peut-être des tertiaires. Idem d'ailleurs pour les conteneurs et même les fourgonnettes et les camions. " Bien que nous soyons encore loin de l'Internet physique, le monde de la logistique aujourd'hui est en pleine mutation. " Avec la globalisation des échanges, les entreprises occidentales doivent chercher des manières d'accroître leur efficacité ", poursuit Vannieuwenhuyse. " La congestion des routes et la percée de l'e-commerce rendent indispensables de nouvelles solutions. Heureusement, l'évolution explosive de la technologie et de la digitalisation permet de mettre au point de nouveaux concepts et systèmes révolutionnaires. Mais tous ont, d'une manière ou d'une autre, un impact sur les emballages. Les entreprises n'en sont pas suffisamment conscientes. La plupart du temps, elles s'en rendent compte au moment de tester de nouveaux processus. Il leur faut alors constater que la nouveauté ne pourra pas être déployée aussi vite qu'escompté. " Les flux de transport " denses " constituent une première tendance logistique en pleine percée. " On peut comparer avec du covoiturage ", explique Vannieuwenhuyse. " Les marchandises d'un producteur sont transportées en même temps que celle d'un autre fournisseur. Plus simple à dire qu'à faire, cependant. Encore faut-il que les cargaisons soient compatibles, que les destinations se trouvent dans le même voisinage, que le point de départ soit le même, que les délais de livraison coïncident, etc. En outre, il convient de tendre vers un chargement optimal, ce qui suppose que deux producteurs - qui peuvent même être des concurrents - s'arrangent pour faire concorder leurs emballages respectifs. La formule est néanmoins intéressante sur différents plans. Si les partenaires " correspondent ", l'économie sur le total des frais logistiques peut facilement représenter de 10 à 20 %. Sans oublier la diminution sensible des émissions de CO2. Une autre solution est ce que l'on appelle le 'service de bus', où des camions qui circulent entre les points de distribution de grandes entreprises peuvent emmener avec eux les chargements de plus petits acteurs. " Les villes aspirent à un air plus pur. Ce qui n'est naturellement pas sans incidence pour la distribution en milieu urbain. Entre-temps, de plus en plus de municipalités imposent des restrictions à l'entrée des poids-lourds en centre-ville. Vannieuwenhuyse : " Avec des répercussions logiques sur les emballages, du moins si le fournisseur poursuit un objectif d'efficacité. Une standardisation serait très intéressante dans ce cadre également, certainement pour ce qui concerne les services de coursiers. " La 'plate-forme de distribution urbaine' constitue un scénario d'avenir. Une sorte de centre logistique est mis en place en périphérie de la ville, où les gros camions déchargent leur cargaison. À partir de là, les livraisons dans le centre sont assurées par des camions plus petits ou des camionnettes. " On peut même pousser la réflexion plus loin ", dit Vannieuwenhuyse. " Selon ce principe, les magasins du centre-ville n'ont que peu voire pas de stock. Les gens viennent en boutique pour voir, choisir, essayer et acheter, mais en sortent les mains vides. Tous les achats sont en effet transmis à la plate-forme de distribution. Le consommateur y a laissé son véhicule sur le parking et s'est rendu dans le centre par les transports en commun. Lorsqu'il ou elle revient à sa voiture après sa journée de shopping, tous ses achats ont été préparés. Ce scénario a aussi des implications pour les emballages. Et les entreprises feraient bien d'y être attentives. Car il ne fait aucun doute que des changements radicaux finiront par s'imposer. Le chemin vers l'Internet physique peut sembler long, mais dans trente ans d'ici, la cause sera entendue. Il est certain que cette période s'accompagnera de changements logistiques permanents. L'encombrement des autoroutes et la pollution de l'air contribuent à rendre la situation intenable. Mon message aux producteurs et utilisateurs d'emballages ? Concevez-les en tenant compte des processus logistiques. Beaucoup de problèmes logistiques peuvent ainsi être abordés à la source, ce qui est le bon sens même. Jetez donc un pont entre logistique et emballage. Les deux sont inconditionnellement liés et se trouvent à l'aube d'une période où bien des choses vont changer. "