"Si nous avions analysé notre investissement dans la dorure à froid en 2008 d'un point de vue purement comptable, jamais nous ne l'aurions fait", dit Bart Lauwaert en repensant aux débuts de ce qui est devenu la spécialité numéro un de Grafische Groep Matthys. "Mais sans cette avancée, nous ne serions probablement plus là aujourd'hui."
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"Si nous avions analysé notre investissement dans la dorure à froid en 2008 d'un point de vue purement comptable, jamais nous ne l'aurions fait", dit Bart Lauwaert en repensant aux débuts de ce qui est devenu la spécialité numéro un de Grafische Groep Matthys. "Mais sans cette avancée, nous ne serions probablement plus là aujourd'hui." Grafische Groep Matthys, comme tant d'autres, a ressenti fortement le contrecoup de la pandémie l'an dernier, après une année 2019 qui avait justement été la meilleure de son histoire. 2020 aussi avait démarré sur les chapeaux de roue. Bart Lauwaert, responsable des ventes et du marketing: "En avril, mai et juin, le volume de travail a plus ou moins diminué de moitié. Mais il s'est heureusement bien redressé à l'automne. Au final, nous avons pu clôturer l'année sur une perte de 25% de chiffre d'affaires." La crise a forcé l'entreprise à rapidement faire le point et à procéder à des arbitrages. Ce qui a hélas entraîné la suppression de plusieurs emplois, mais aussi permis d'investir dans l'avenir. Flashback sur 2008. L'entreprise familiale, dont Rik Matthys a jeté les fondements en 1946, est reprise par la troisième génération de Matthys. Les quatre fils de Ludwig Matthys, à la barre de Grafische Groep Matthys depuis 1998, composent collégialement la nouvelle direction. L'imprimerie commerciale dessert la région au sens large et a aussi des clients aux Pays-Bas. Elle travaille en outre pour les premières imprimeries en ligne qui font produire leurs commandes en amalgames: "Un marché de croissance que beaucoup n'avaient pas encore vu." Tant et si bien que le besoin d'une presse offset polychrome supplémentaire se fait sentir en 2008. Le choix se porte sur une Manroland. Or il se fait que l'offre de ce fournisseur comporte une nouveauté: la dorure à froid en ligne. Chez Matthys, on flaire le potentiel et on décide de tenter le coup. Bart Lauwaert y croit lui aussi. Il est à ce moment absent du secteur graphique pour une petite année et vend des camions, mais quand il en sait un peu plus sur l'investissement réalisé à Turnhout, il se dit: "Je peux trouver des clients pour ça." Il envoie donc sa lettre de motivation, et peu de temps après, le voilà sur les routes avec sous le bras de superbes exemples d'imprimés embellis de dorures à froid. "Nous avons tout de suite été enthousiasmés. Et le marché a aussi très bien réagi à nos échantillons. Tout le monde en parlait et nos spécimens avaient beaucoup de succès dans les agences", se souvient Lauwaert. "Mais au final, ils disaient quasi tous la même chose: Trop cher pour moi." Le temps passant, des applications ont tout de même fini par être trouvées: "Pour la production de couvertures particulières sur le marché des magazines, par exemple. Les rayons en étaient pleins." Le marché de la carte de voeux s'est lui aussi révélé lucratif: "Au fil des ans, les quantités produites avaient suffisamment diminué pour qu'il devienne envisageable d'en rapatrier la production de Chine et de nouveau les fabriquer chez nous." Grafische Groep Matthys s'est alors aussi tourné vers la France, en l'occurrence sur le marché du livre: "Le livre est vraiment une institution là-bas. On l'a vu pendant la crise du coronavirus: les librairies sont restées ouvertes. À cela, il convient d'ajouter que le marché français est énorme." À ce temps-là, la structure de coûts de la technologie de dorure à froid rendait difficile son déploiement à plus grande échelle pour les longs tirages. Jusqu'à l'arrivée en 2016 d'une innovation importante proposée par la société néerlandaise Vinfoil. Celle-ci permettait d'économiser sur la feuille et donc de diminuer les frais. Explication de Lauwaert: L'installation Vinfoil actuelle est conçue pour appliquer un rouleau de film mince en différents endroits sur toute la largeur de la feuille d'impression, ce qui permet d'exploiter au maximum le métal disponible. Nous atteignons ainsi un niveau de coût acceptable également sur les plus longs tirages." À la Drupa 2016, Grafische Groep Matthys avait présenté sa première mondiale: un investissement à concurrence de 2,2 millions d'euros dans une presse flambant neuve de KBA (aujourd'hui: Koenig & Bauer) embarquant l'unité révolutionnaire de dorure à froid Vinfoil Optima. "Cet investissement a aussi marqué le moment à partir duquel nous avons décidé de miser à fond sur la spécialisation dans le marquage à froid en ligne." La dorure à froid nous a précisément offert une possibilité de continuer à nous distinguer." De plus en plus de confrères-imprimeurs savent trouver le chemin de Turnhout pour leurs commandes de dorure. La concurrence est en outre pratiquement inexistante au Benelux: les autres prestataires graphiques ayant investi à l'époque dans la dorure à froid ont pratiquement tous arrêté les frais. "L'aspect le plus difficile de la dorure à froid n'est pas l'achat de la machine, mais beaucoup plus le savoir-faire qu'il y a autour: dans le domaine non seulement des matériaux, mais aussi, par exemple, du prépresse.La demande augmente aussi régulièrement du côté du marché graphique des cartonnages, notamment pour des emballages d'articles de luxe, comme des parfums. Lauwaert: "Un marché très attrayant, dont la crise du coronavirus a toutefois aussi révélé l'extrême fragilité. Alors que le marché des emballages alimentaires restait stable - du fait que les supermarchés sont restés ouverts - la besogne dans notre segment a pratiquement été au point mort. La demande s'est heureusement rétablie plus tard, mais la situation nous a fait comprendre que nous devions nous concentrer davantage sur les emballages alimentaires." À l'automne 2020, il a été décidé d'investir dans une nouvelle presse Koenig & Bauer. "La machine existante a déjà quatre ans, et nous n'avons que celle-là", enchaîne Lauwaert. "Nous sommes donc bien obligés de renouveler l'équipement à chaque fois pour continuer d'offrir des prestations optimales.Au moment de l'installation fin juin, l'unité de dorure Vinfoil existante (toujours maintenue à la pointe) sera transférée sur la nouvelle RA106X-8+L huit couleurs + groupe vernis. "Cette configuration va nous permettre d'encore mieux coller au marché des emballages alimentaires. Les deux tours supplémentaires ajoutent, par exemple, la possibilité d'imprimer directement des tons Pantone, ce qui est souvent un prérequis pour l'impression d'emballages . Le vernissage nous permet de créer toutes sortes d'effets spéciaux. Et comme cette presse hybride peut opérer totalement en mode UV, nous envisageons aussi d'imprimer sur d'autres matériaux que les seuls papier et carton." Avec l'évolution en direction des emballages alimentaires, l'imprimerie va devoir se certifier à la norme BRCGS - Food Safety. "La dorure en soi est déjà sûre d'un point de vue alimentaire, tout comme la colle et les encres que nous utilisons. Mais la norme BRCGS va beaucoup plus loin et impose des critères relatifs, par exemple, à l'environnement de travail, à l'éclairage et à la consignation des informations de commande et de gestion.Lauwaert se dit confiant dans la nouvelle stratégie. Il estime qu'environ un quart du chiffre d'affaires actuel provient des commandes de carton pour boîtes pliantes réalisées pour le compte de confrères du secteur graphique. Et ce pourrait être la moitié d'ici trois ans, pense-t-il: "Et de préférence sur un volume global accru, naturellement. Du côté des chaînes de grande distribution, nous observons une hausse de la demande de packages fidélité sous forme d'actions avec cartes-épargne et timbres à coller. On parle de gros volumes, et nous intervenons par exemple, pour la production d'exemplaires spéciaux avec effets métallisés. Des projets que nous réalisons en partenariat avec d'autres imprimeurs." Grafische Groep Matthys va aussi promouvoir activement les possibilités du marquage à froid parmi les responsables de marques au sein de l'industrie agroalimentaire afin de stimuler la croissance attendue dans les cartonnages: "Le fait que beaucoup de ces entreprises soient implantées dans notre périmètre en Belgique, aux Pays-Bas et en France constitue naturellement un avantage. Nous ne cherchons d'ailleurs pas à devenir leur fournisseur direct - nous voulons surtout les inspirer et les enthousiasmer pour les applications de dorure. Parce que si la demande augmente sur ce marché pour nos confrères imprimeurs - qui sont nos clients - nous en cueillerons naturellement les fruits en tant que spécialistes."