Dans son " rapport annuel 2018 " sorti à la fin de l'an dernier, la Finat, fédération professionnelle de l'industrie de l'étiquette, a publié des chiffres impressionnants concernant l'évolution du marché des étiquettes autoadhésives. En 2017, la demande d'étiquettes en Europe a représenté 7,45 milliards de mètres carrés. Soit une hausse de 4,7 % par rapport à 2016 - " légèrement sous la moyenne de 5,4 % des quatre années antérieures ". Sur le graphique d'illustration en tout cas, exception faite d'un petit creux en 2009, la courbe haussière est ininterrompue depuis 1996 : la demande ne représentait alors que 3 milliards de m2.
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Dans son " rapport annuel 2018 " sorti à la fin de l'an dernier, la Finat, fédération professionnelle de l'industrie de l'étiquette, a publié des chiffres impressionnants concernant l'évolution du marché des étiquettes autoadhésives. En 2017, la demande d'étiquettes en Europe a représenté 7,45 milliards de mètres carrés. Soit une hausse de 4,7 % par rapport à 2016 - " légèrement sous la moyenne de 5,4 % des quatre années antérieures ". Sur le graphique d'illustration en tout cas, exception faite d'un petit creux en 2009, la courbe haussière est ininterrompue depuis 1996 : la demande ne représentait alors que 3 milliards de m2.Dans un graphique comparable, publié en avril par l'association faîtière du secteur graphique Intergraf, l'évolution du chiffre d'affaires montre aussi une ligne ascendante - même si elle est un peu plus plane. En 2000, le chiffre d'affaires en étiquettes et emballages atteignait près de 70 milliards d'euros. Et en 2017, la barre des 80 milliards a été largement dépassée. Un autre élément encore plus marquant dans ce graphique est la baisse simultanée du chiffre d'affaires de l'impression graphique, qui passe de 120 milliards d'euros en 2000 à 75 milliards en 2017. Les deux courbes se sont croisées en 2016 : alors que les étiquettes et emballages poursuivent leur progression attendue vers les 90 milliards d'euros en 2023, le marché de l'imprimé graphique devrait s'être contracté à 65 milliards d'ici-là.Et les montants à l'échelle mondiale sont encore plus impressionnants. En avril, les analystes de Smithers Pira ont publié leurs perspectives d'avenir pour l'industrie de l'étiquette. Entre 2014 et 2019, la progression a été de 4,8 % en valeur, à plus de 36,6 milliards d'euros, et de 5,2 % en volume, pour représenter l'équivalent de 1,21 billion de formats A4. Cette tendance se poursuivra dans les années qui viennent, avec une hausse annuelle de 4 % en valeur (jusqu'à 44,6 milliards d'euros en 2024) et 5,5 % en volume (jusqu'à 1,59 billions d'A4 en 2024). Rien d'étonnant dès lors à ce que tant les fabricants que les producteurs actifs dans l'industrie graphique lorgnent les possibilités du segment des étiquettes et des emballages avec autant d'intérêt.Finat attribue la hausse du marché européen de l'étiquette à deux facteurs. Le premier est la croissance soutenue des pays d'Europe de l'Est. Les cinq plus grands marchés (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, France et Espagne) prennent encore 58 % du volume à leur compte, mais des pays comme la Pologne et la Turquie devraient, selon toute attente, revendiquer leur place dans ce top 5 d'ici quelques années. Les différences au sein de l'Europe sont d'ailleurs marquées. La " consommation " d'étiquettes par tête d'habitant y est de près de 10 m2 en moyenne, mais alors que les pays du top 3 (Danemark, Lituanie et Pays-Bas) en utilisent chacun presque 17,5 m2, les dix derniers de la liste se contentent de 5 m2.Le deuxième facteur de croissance important découle du glissement de la demande, qui évolue d'étiquettes simples comportant des informations variables imprimées, vers un besoin grandissant d'étiquettes de haute qualité. Celui-ci s'explique notamment par la nécessité de faire ressortir les produits dans les linéaires. Ce qui stimule en même temps la demande de matériaux alternatifs, comme du papier blanc couché, du papier thermique et du polypropylène (transparent), dont les volumes ont augmenté respectivement de 25, 50 et 80 % depuis 2010. Ce dernier chiffre est surtout dû à l'application du PP pour la décoration d'emballages de produits dans des secteurs à grands volumes comme l'alimentation, la santé, la cosmétique et les boissons premium.Une récente étude de marché signée AWA (Alexander Watson Associates) montre que la catégorie " étiquettes autoadhésives " détient la plus grosse part du marché mondial de l'étiquette avec 40 %. Les étiquettes collées viennent en deuxième position, avec une pdm de 35 %, tandis que les manchons ont conquis 19 % et sont en progression constante. Pour toutes les étiquettes cumulées, le volume mondial a crû de 4,4 % en 2018, à plus de 64 milliards de mètres carrés. L'Asie est le principal marché, puisqu'elle absorbe 44 % du volume. La Chine, l'Inde et le Sud-Est asiatique ont stimulé cette croissance, selon AWA, et les pays de l'Est de l'Europe y ont également contribué.Comme principal moteur de croissance, les analystes d'AWA pointent les " étiquettes VIP " (à information variable), poussées par l'essor de la vente en ligne et des opérations logistiques y afférentes. Le marché des étiquettes autoadhésives en profite largement. Par ailleurs, les étiquettes-manchons - et notamment les rétractables - empiètent de plus en plus sur les autocollantes et les collées pour les emballages d'aliments et de boissons. Mais elles remplacent aussi les moulées (IML), utilisées, par exemple, pour les emballages de produits ménagers.Comme chaque fois qu'une croissance soutenue et des glissements importants sont à l'oeuvre sur le marché, l'industrie de l'étiquette connaît également des changements technologiques majeurs. La flexo reste probablement la principale technique d'impression numérique dans cette industrie - un quart de la valeur mondiale et environ un tiers du volume total, selon Smithers Pira - et elle continue de faire l'objet d'innovations ( lire, par exemple, l'article sur Bobst, en ces mêmes pages). Ce qui ne l'empêche pas toutefois de perdre des parts de marché face à la montée en puissance des techniques d'impression numérique. La fédération professionnelle Finat calculait déjà en 2017 que les étiquettes imprimées en numérique prenaient à leur compte près de 10 % de la valeur du marché européen de l'étiquette (plus de 16 milliards d'euros à l'époque). Sur les quelque 2 000 presses à étiquettes numériques installées en Europe, les trois quarts utilisaient une technologie à toner et un quart, le jet d'encre. 2017 fut également l'année où il s'est installé davantage de presses à étiquettes numériques que de conventionnelles (près de 300 exemplaires).Dans son rapport Print Trends Outlook 2019, Keypoint Intelligence signale que 40 % des presses à étiquettes numériques aujourd'hui utilisent un procédé jet d'encre. Le fait que le toner reste dominant est surtout dû au travail de pionnier accompli ces deux dernières décennies, notamment par Indigo et Xeikon. Smithers Pira n'en doute pas un seul instant : le jet d'encre dépassera le toner dans l'industrie de l'étiquette en 2024.L'industrie de l'étiquette n'échappe bien sûr pas non plus à la tendance à la " durabilisation " de ses processus et produits. Finat, la fédération européenne qui représente les intérêts du secteur, a ainsi pris les devants dans la recherche d'une solution commune concernant le recyclage des dorsaux siliconés (les " liners ", comme on dit), qui servent de supports de protection aux étiquettes autoadhésives. Après la pose des étiquettes sur les produits auxquels elles étaient destinées, il reste les rouleaux de dorsal, qui constituent un déchet. Ceux-ci finissent généralement à la poubelle : seule une petite partie est collectée pour être réutilisée. Cette situation doit changer, pense Finat, pour le bien de l'environnement, bien sûr, mais aussi eu égard à la réglementation européenne, qui est en train de changer. D'autant qu'un recyclage est parfaitement possible : collecte des rouleaux de dorsaux, trituration, puis séparation du papier et des silicones. Les fibres de papier ainsi récupérées peuvent alors être réemployées.Les prévisions radieuses émises pour l'industrie de l'étiquette n'empêchent pas quelques gros nuages de poindre à l'horizon. AWA signale par exemple que la tendance au durable nourrit un intérêt croissant pour l'impression directe sur les emballages en carton ondulé, ce qui rend les étiquettes superflues. À cela s'ajoutent aussi les possibilités d'impression directe sur toutes sortes de conditionnements, comme les bouteilles en plastique et en verre ou les canettes et boîtes métalliques. Deux tendances dans lesquelles le développement rapide de la technologie jet d'encre joue un rôle majeur - et les deux applications connaissent une croissance plus rapide que celle de l'industrie de l'étiquette traditionnelle, souligne AWA.