Caractères mobiles en plomb, presse typographique, encre grasse, burins, gouges, matrices en bois, vernis mou... Dans cet atelier d'imprimerie artisanale, des livres sont encore réalisés à l'ancienne. On parle alors de presse privée : un petit éditeur indépendant s'adonne encore à la typographie, la linogravure, la taille douce, la sérigraphie ou tout autre technique du passé servant à imprimer image et texte. "Par 'presse privée', il faut entendre le travail d'un petit éditeur, souvent bénévole et totalement indépendant, concevant ses livres comme une oeuvre d'art singulière ou encore celui, rare et personnel, d'un écrivain imprimant lui-même ses propres textes ou ceux d'amis proches. Ces livres tirés la plupart du temps à très petit nombre d'exemplaires sont presque toujours imprimés à l'aide de procédés artisanaux au sein desquels la typographie et des presses parfois anciennes jouent un rôle essentiel", définit la Maison de l'Imprimerie de Thuin dans son catalogue de l'exposition "Livres en marge".
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Livres en marge
On les appelle presses privées. Ces petits éditeurs de livres autonomes sont encore bien actifs aujourd'hui. Loin des productions et entreprises éditoriales massives souvent liées aux nouvelles technologies, les presses privées ramènent le livre imprimé à sa naissance et ses origines.

Caractères mobiles en plomb, presse typographique, encre grasse, burins, gouges, matrices en bois, vernis mou... Dans cet atelier d'imprimerie artisanale, des livres sont encore réalisés à l'ancienne. On parle alors de presse privée : un petit éditeur indépendant s'adonne encore à la typographie, la linogravure, la taille douce, la sérigraphie ou tout autre technique du passé servant à imprimer image et texte. "Par 'presse privée', il faut entendre le travail d'un petit éditeur, souvent bénévole et totalement indépendant, concevant ses livres comme une oeuvre d'art singulière ou encore celui, rare et personnel, d'un écrivain imprimant lui-même ses propres textes ou ceux d'amis proches. Ces livres tirés la plupart du temps à très petit nombre d'exemplaires sont presque toujours imprimés à l'aide de procédés artisanaux au sein desquels la typographie et des presses parfois anciennes jouent un rôle essentiel", définit la Maison de l'Imprimerie de Thuin dans son catalogue de l'exposition "Livres en marge".Des presses privées, il en existe encore un peu partout en Europe, notamment en Belgique où certaines sont actives depuis les années 80. "Elles produisent des oeuvres de qualité où littérature et arts plastiques s'épaulent et s'exaltent au sein de projets marginaux tantôt liés aux thématiques et aux styles les plus contemporains, tantôt évoquant, sans les pasticher, des pratiques bibliophiliques plus anciennes qu'elles aiment alors métamorphoser", lit-on dans le catalogue "Livres en marge".Il est difficile de quantifier les presses privées en Belgique. La Maison de l'Imprimerie de Thuin en a sélectionné 14, réparties à parts égales en Flandre et en Wallonie. Parmi les éditeurs, Alain Regnier, originaire de Soignies et vivant à Besonrieux. De père imprimeur, il s'est également formé au métier d'imprimeur graveur, puis de la reliure, d'impression offset et il pratique aussi la sérigraphie. C'est en 1993 qu'il fonde sa presse privée R.A. Éditions. Il y crée avec le plus grand soin des ouvrages réunissant gravures et poèmes. "Je tiens beaucoup à la relation entre textes et images", dit-il. Typographie ou tirages d'estampes, Alain Regnier manie et alterne les techniques d'une main de maître. Dans son atelier, il prend le temps de créer et de produire. Un ou deux projets par an voient la lumière du jour. Et quelquefois, Alain expose ses oeuvres.Ce passionné de procédés d'impression artisanaux partage aussi son savoir-faire en tant que professeur de cours artistiques dans l'enseignement secondaire. Il a d'ailleurs développé une collection où les enfants deviennent auteurs et illustrateurs de petits livres singuliers. Quand il n'enseigne pas, il crée à l'abri des regards. "J'aime être dans mon atelier, manipuler l'encre et le papier, imprimer. Être dans mon atelier seul avec moi-même, produire quelque chose de mes mains et perpétuer ainsi une tradition d'imprimerie qui tend à complètement disparaître me procurent beaucoup de plaisir. Les gens qui ont l'occasion de voir une démonstration s'émerveillent. Ils ne se rendent pas compte qu'on a beaucoup imprimé comme ça jusqu'en 1984", confie-t-il. Irlande, Grèce, Italie... Sa passion le fait aussi voir du pays, transporté par ses différentes collaborations typographiques. Une passion qui devient aussi prétexte à la rencontre humaine. "En tant qu'imprimeur indépendant, on peut se permettre de garder une relation privilégiée avec les écrivains et les artistes. En plus du métier, c'est la relation humaine avec les gens qui m'intéresse."La Maison de l'Imprimerie de Thuin est un musée artisanal où les machines sont pratiquement toutes en activités. Des ateliers éducatifs ou créatifs y sont aussi organisés. Du 9 février au 5 mai 2019, ce lieu de culture a tenu l'exposition "Livres en marge", dans le cadre du projet "Du plomb au pixel" - (R) évolutions graphiques en Belgique. L'exposition a été menée conjointement par le Museum Plantin-Moretus d'Anvers, l'Industriemuseum de Gand, le Nationaal Museum van de Speelkaart de Tunhout, le Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée de La Louvière et la Maison de l'Imprimerie de Thuin.Les oeuvres d'ateliers flamands qui ont été présentées sont celles de Jos Brabants (Private Press Jozef Moetwillig), Danny Dobbelaer (Zegwerk), Rein Ergo (Ergo Pers), Ronald Ergo (De Prentenier), Boris Rousseeuw (De Carbolineum Pers), Chris Schoonejans (De Gingko) et Dick Wessels (Het Gonst). Du côté francophone, les éditeurs suivants ont présenté leurs travaux : Guy Goffette (L'Apprentypographe), Jean-Claude Legros (Fond de la Ville), Gustave et Damien Marchoul (La Grippelotte), Alain Regnier (R.A. Éditions), Roger Foulon (Éditions du Spantole), Gabriel Belgeonne (Tandem) et Marc Imberechts (Tétra Lyre). L'initiative qui réunit de façon exceptionnelle les deux communautés linguistiques a pu être concrétisée grâce au concours du bibliothécaire et collectionneur anversois Wilfried Onzea. "Le prestigieux Industriemuseum de Gand a manifesté son intention d'accueillir l'exposition dans sa section typographie bientôt entièrement rénovée", confie Christian Hocq, un des commissaires de l'exposition et Vice-Président de la Maison de l'Imprimerie.
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