L'industrie européenne de l'étiquette se prépare pour le prochain salon international Labelexpo de Bruxelles. Un acteur de premier plan sur ce marché est le groupe familial français Autajon (lire également l'encadré), propriétaire en Belgique notamment d'une imprimerie d'étiquettes située à Wommelgem, dans la région anversoise. "Nous sommes occupés à investir dans l'outil", confie Martin van der Wees, directeur général d'Autajon Labels Belgium depuis cinq ans. "Les machines plus anciennes sont systématiquement remplacées. 2019 a été une bonne année, qui s'est soldée par un joli bénéfice. De quoi dégager les moyens d'investir dans l'avenir. Et c'est ce que nous faisons." Autajon Labels Belgium avait bouclé son exercice 2019 sur un chiffre d'affaires de 26 millions d'euros. Son résultat a reculé à 21 Mio en 2020 et 2021, pandémie oblige, pour rebondir à 23 Mio en 2022. Les exportations représentent 57% du chiffre d'affaires. Les principaux marchés à l'export sont les Pays-Bas, le Danemark, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne et la France. L'an dernier, Van der Wees s'est surtout employé à gérer la crise. "Sur le plan tant des matières premières que des prix, rien n'était normal. Nous étions coincés entre nos fournisseurs, qui sont des mégaentreprises actives au niveau mondial, et nos clients. Eux aussi sont des géants, et nous nous situons entre les deux. Notre groupe emploie 4 200 personnes, mais nous sommes des nains par rapport à eux. Ce n'est pas facile."
...

L'industrie européenne de l'étiquette se prépare pour le prochain salon international Labelexpo de Bruxelles. Un acteur de premier plan sur ce marché est le groupe familial français Autajon (lire également l'encadré), propriétaire en Belgique notamment d'une imprimerie d'étiquettes située à Wommelgem, dans la région anversoise. "Nous sommes occupés à investir dans l'outil", confie Martin van der Wees, directeur général d'Autajon Labels Belgium depuis cinq ans. "Les machines plus anciennes sont systématiquement remplacées. 2019 a été une bonne année, qui s'est soldée par un joli bénéfice. De quoi dégager les moyens d'investir dans l'avenir. Et c'est ce que nous faisons." Autajon Labels Belgium avait bouclé son exercice 2019 sur un chiffre d'affaires de 26 millions d'euros. Son résultat a reculé à 21 Mio en 2020 et 2021, pandémie oblige, pour rebondir à 23 Mio en 2022. Les exportations représentent 57% du chiffre d'affaires. Les principaux marchés à l'export sont les Pays-Bas, le Danemark, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne et la France. L'an dernier, Van der Wees s'est surtout employé à gérer la crise. "Sur le plan tant des matières premières que des prix, rien n'était normal. Nous étions coincés entre nos fournisseurs, qui sont des mégaentreprises actives au niveau mondial, et nos clients. Eux aussi sont des géants, et nous nous situons entre les deux. Notre groupe emploie 4 200 personnes, mais nous sommes des nains par rapport à eux. Ce n'est pas facile." La production (pharma et non-pharma) d'Autajon Labels Belgium à Wommelgem a été regroupée dans deux bâtiments sis le long de l'autoroute E313. Quelque 12 millions d'étiquettes autoadhésives en sortent tous les jours. 125 personnes travaillent dans l'entreprise, qui est quasi en permanence à la recherche de profils (techniques) pour pourvoir ses postes vacants. Le patron néerlandais du site belge considère le recrutement de talents comme l'un de ses plus grands défis actuels. "Avec la crise du coronavirus, les gens ont davantage pris conscience de ce qu'ils veulent et ne veulent pas. Ils souhaitent notamment travailler plus près de leur domicile ; la mobilité est un problème dans cette région propice aux embouteillages." Cien Currinckx, la nouvelle DRH d'Autajon Labels Belgium, mise davantage sur la promotion de la marque employeur et les médias sociaux. "Cela aide bien", observe Martin van der Wees. "Les machines ont aussi tendance à gagner en intelligence, ce qui permet d'exiger moins du conducteur. En d'autres termes, il ne doit plus être un spécialiste du métier. On assiste à un glissement de l'expertise, de l'imprimerie vers les services de soutien, comme l'ingénierie et le prépresse, qui doivent se tenir au fait des questions posées par les clients." La division internationale Étiquettes d'Autajon compte douze usines: en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Portugal, en Italie et en Chine. "Nous sommes le numéro trois de la division en termes de chiffre d'affaires", explique Van der Wees. "Wommelgem est le site offrant la plus grande diversité au sein du groupe", poursuit Erik Van Loon, responsable des ventes d'Autajon Label Belgium. "Si quoi que ce soit a besoin d'une étiquette, nous y pourvoyons. Les clients du secteur pharmaceutique représentent un tiers des ventes. Les principaux segments non pharmaceutiques sont la cosmétique, la confiserie, les vins et spiritueux, l'industrie et l'alimentation. Wommelgem produit les étiquettes de l'Élixir d'Anvers, des biscuits Delacre, de la gueuze Cantillon, mais en fabrique aussi pour des bidons d'huile moteur, des fioles de vaccin, des parfums, des vaporisateurs, etc. Le parc de machines d'Autajon Labels Belgium est aussi vaste que diversifié. Le département non-pharma imprime aussi bien en conventionnel (flexo) qu'en numérique. Pour la pharma, tout se fait sur des presses flexo. Celles de Wommelgem embarquent jusqu'à dix couleurs et offrent une haute qualité de finition, avec notamment de la dorure (marquage à chaud et à froid). "Nos clients viennent avec des demandes toujours plus complexes: petits tirages, courts délais, avec davantage de variation et d'ennoblissement et un contrôle de la qualité accru sur les presses", résume Luc Dierickx, chargé de compte chez Autajon Labels Belgium. "Les différentes composantes du groupe s'enrichissent mutuellement. Nous apprenons des autres imprimeries et vice versa. Les systèmes d'inspection en usage dans le département pharma sont également utilisés en non-pharma. La valeur ajoutée est partagée ; nous sommes forts dans les étiquettes complexes, les types de colle spéciaux, etc." Dierickx cite ainsi l'exemple spécifique d'une étiquette de bouteille de vodka. "Une des exigences du client était que l'étiquette ne devait pas se décoller de la bouteille même après trois heures dans un seau à glace. Ou que les couleurs devaient pouvoir supporter six mois d'exposition à la lumière UV. D'où l'importance de procéder à des essais approfondis des encres, des adhésifs, des supports et des techniques d'impression. Ce qui est notamment la tâche de notre service R&D, avec le soutien de la R&D du groupe." "Notre métier, ce sont les étiquettes de fantaisie et nous fournissons les étiquettes vierges normalisées au client comme produit de service. Le guichet unique est notre philosophie", explique Martin van der Wees. "Nous n'allons pas tenter de faire la différence sur les produits standard. D'autres acteurs font cela bien mieux que nous. Parce qu'ils achètent les matériaux en bien plus grandes quantités, ce qui se traduit par un différentiel de prix auquel nous ne pouvons prétendre." D'où la nécessité d'investir en permanence dans les nouvelles technologies et la valeur ajoutée. "Nous avons déjà acquis cette année une nouvelle machine de finition pour le département numérique et une autre pour la pharma. Et une deuxième est en commande pour cette division. Nous investissons aussi dans la flexibilité, notamment à travers l'achat de groupes de sérigraphie supplémentaires dans l'atelier flexo. Le remplacement d'une machine monocouche est inscrit au programme de cette année et nous remplacerons une double-couche l'an prochain." Van der Wees envisage les projets d'investissement sous une double perspective: "Nous regardons ce dont nous avons besoin pour l'assortiment que nous produisons aujourd'hui, mais sans perdre de vue ce que nous souhaiterions rentrer comme nouvelles commandes. Ne pas se contenter d'un remplacement au fur et à mesure, mais aussi être attentif à ce que le marché attend à l'avenir." C'est-à-dire pas uniquement les délais de livraison courts, les plus petites séries et les finitions spécifiques, mais aussi des produits plus durables. Autajon a obtenu la Médaille d'Or d'EcoVadis en 2022. Et le groupe vise le Platine d'ici 2026. La procédure d'obtention du label FSC est également en cours. "Nous cherchons des manières de produire plus vert. Mais pas juste dans le but d'en faire la publicité ; cela ne m'intéresse pas", assure Martin van der Wees. "Devenir plus durable ne fait sens que si l'on en tire un réel bénéfice. Le secteur de l'emballage et le monde graphique sont montrés du doigt, mais peut-on faire sans? Le but premier d'un emballage est de conserver l'aliment plus longtemps. Febelgra joue aujourd'hui fort à propos sur ce thème avec sa campagne 'Les Impressionneurs', mais il reste énormément de pain sur la planche. Le monde politique n'aide pas en présentant notre secteur comme peu respectueux de l'environnement, mais l'alternative est encore pire." Beaucoup reste ainsi à faire sur le plan du recyclage. "Les étiquettes que nous produisons pour un emballage PE sont elles aussi en PE. Nous créons ainsi un monomatériau qui peut être recyclé d'une pièce. Nous étudions la possibilité avec un certain nombre de clients de restituer les dorsaux d'étiquettes à nos fournisseurs. Autant d'initiatives importantes pour l'avenir, dans lesquelles je vois une plus-value. Avec pour résultat une différence mesurable par rapport à avant. C'est important en termes de soutenabilité, je trouve." Un nouvel agencement de la production est également en cours d'élaboration autour des nouvelles presses prévues dans le programme d'investissement. "Un projet pour 2025 et au-delà", dit Martin van der Wees. "Nous allons procéder à des transformations tout en gardant la boutique ouverte pour améliorer notre efficience et élargir la capacité."