La course au gigantisme se poursuit. Avec la reprise pour 6,8 milliards de dollars de son concurrent américain Bemis, l'Australien Amcor devient numéro un mondial de l'emballage plastique avec un chiffre d'affaires de 13 milliards de dollars et 50.000 employés. En restructuration depuis un moment déjà, Bemis a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires consolidé de 4 milliards de dollars et racheté l'année précédente, via sa filiale belge Bemis Europe, les sociétés roumaines Evadix MPI et Evadix Labels. Première société cotée sur Alternext Evadix, qui avait un temps espéré pouvoir relancer le Tournaisien Casterman, n'est plus aujourd'hui qu'une coquille vide. Dans notre pays, Amcor Flexible Transpac, premier de notre classement selon le chiffre d'affaires, a définitivement fermé son site de Halen, ce qui s'est traduit par une légère baisse de son chiffre d'affaires. Anticipant l'essor de l'e-commerce, Amcor vient d'inaugurer à Gand un laboratoire dans lequel est simulé tout ce que peut subir un emballage lors de son acheminement vers le client.
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Surcapacité et concentration
Depuis, 2008, les imprimeries de journaux mises à part, notre industrie graphique a perdu 40% de ses entreprises et 37,5% de son effectif.

La course au gigantisme se poursuit. Avec la reprise pour 6,8 milliards de dollars de son concurrent américain Bemis, l'Australien Amcor devient numéro un mondial de l'emballage plastique avec un chiffre d'affaires de 13 milliards de dollars et 50.000 employés. En restructuration depuis un moment déjà, Bemis a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires consolidé de 4 milliards de dollars et racheté l'année précédente, via sa filiale belge Bemis Europe, les sociétés roumaines Evadix MPI et Evadix Labels. Première société cotée sur Alternext Evadix, qui avait un temps espéré pouvoir relancer le Tournaisien Casterman, n'est plus aujourd'hui qu'une coquille vide. Dans notre pays, Amcor Flexible Transpac, premier de notre classement selon le chiffre d'affaires, a définitivement fermé son site de Halen, ce qui s'est traduit par une légère baisse de son chiffre d'affaires. Anticipant l'essor de l'e-commerce, Amcor vient d'inaugurer à Gand un laboratoire dans lequel est simulé tout ce que peut subir un emballage lors de son acheminement vers le client.Le deuxième de notre classement selon le chiffre d'affaires, Verstraete IML, a vu disparaître à l'âge de 81 ans celui qui a transformé l'imprimerie familiale en leader mondial de l'in mould label (IML), un marché de niche certes mais extrêmement rentable. Dans les années septante, Geert Verstraete cherche à spécialiser ce qui était alors une imprimerie comme tant d'autres. Après s'être lancé avec succès dans la production d'étiquettes collantes pour les emballages en verre Geert Verstraete s'oriente, à la demande d'un client, vers l'impression directe sur l'emballage qui sert en même temps de contenant. Vers le tournant du siècle, le groupe autrichien Constantia Flexibles Packaging devient actionnaire à 51% de l'entreprise. En 2014, Constantia intègre le portefeuille du fonds d'investissement français Wendel. Ce dernier revend avec une confortable plus-value la division " labels " de Constantia Flexibles à l'Américain Multi-Color qui lui-même se fait absorber en juillet 2018 par un autre fonds d'investissement, Platinum Equity. Ce dernier qui s'était porté quelques mois auparavant acquéreur de WS Pakaging fusionne les deux entités pour enfanter un groupe réalisant chiffre d'affaires de 2,2 milliards de dollars réparti entre 86 usines établies dans 36 pays. Dans tous ces mouvements, la famille a jeté l'éponge et cédé les 49% qui lui restaient à Multi-Color.Dans notre pays également, des groupes existent ou tentent de se constituer mais ils sont de taille nettement plus modeste. Reynesco Invest, qui vient pour la première fois de franchir le cap des 100 millions de chiffre d'affaires consolidé coiffe notamment les sociétés Reynders Etiketten et Reynders Pharmaceutical. Extrêmement rentable - pour 2018, la marge nette est de 13%-, Reynders poursuit son expansion internationale avec l'acquisition de l'Espagnol Albeniz. Basée à Pampelune, cette société centenaire est aujourd'hui spécialisée dans la production d'étiquettes autoadhésives. Sint-Luc Labels, de son côté, effectue ses premiers pas dans le pharmaceutique avec la prise de contrôle du Hollandais Pharmalabel spécialisé dans les étiquettes ainsi que l'impression sur blister. Cette nouvelle acquisition porte le chiffre d'affaires du groupe à 53 millions d'euros.Pour Graphius, animé par les frères Denis et Philippe Geers, 2018 a été l'année de la consolidation des acquisitions intervenues l'année précédente (Schaubroek à Nazareth et PPO Graphics à Palaiseau près de Paris). Le chiffre d'affaires consolidé avait alors bondi de 56 à 76 millions d'euros. Ce dernier devrait approcher les 100 millions d'euros avec l'acquisition d'Antilope De Bie. Acquisition ou prise de participation ? Sur son site web, Graphius parle en néerlandais d'un instap, c'est-à-dire d'une entrée et en français, d'un rachat, ce qui n'est pas exactement la même chose. Peut-être le rachat d'Antilope par De Bie Printing en 2017 a-t-il été difficile à digérer ? Toujours est-il que les comptes 2018 de Bie Invest font état d'une importante réduction de valeur sur participation (Antilope De Bie) et qu'un nouvel administrateur (Graphius Group) apparaît. Ce dernier renforce ainsi son assise anversoise et peut, via Antilope De Bie qui y possède déjà un bureau, s'étendre aux Pays-Bas.Moderna de son côté avait espéré devenir trois fois plus grand en se portant acquéreur de Corelio Printing, une imprimerie cédée en avril 2018 par Mediahuis au groupe Circle Media Group (CMG). Après une annonce fracassante, l'entreprise fera toutefois marche arrière. Aucun autre repreneur ne s'étant présenté, le matériel a été mis aux enchères en novembre dernier, tout comme l'avait été quelques semaines auparavant celui de Helio Charleroi, une autre filiale de CMG. La déconfiture de Circle Media Group qui, au temps de sa gloire occupait 2.700 personnes réalisant ensemble un chiffre d'affaires de 500 millions restera dans les annales comme une des pages les plus noires de l'imprimerie européenne.Tous ces mouvements s'inscrivent dans un contexte de surcapacité soutenue par trois facteurs : une suroffre accumulée dans le passé, l'impact de la numérisation sur la demande d'imprimés commerciaux et l'incessant progrès technique qui permet à la fois aux machines de tourner plus vite et à leurs servants, d'accélérer les changements de matrice. Résultat : les imprimeries de journaux mises à part, notre industrie graphique a perdu en dix ans 40% de ses entreprises et 37,5% de son effectif.Après la toile de fond, les chiffres. Comme à l'accoutumée, les deux premières places de notre classement selon le chiffre d'affaires sont trustées par Amcor Flexible Transpac et Verstraete IML. Mais l'écart s'est réduit et à 100.000 euros près, l'ordre aurait pu être inversé. La fermeture du site de Halen a en effet raboté le chiffre d'affaires d'Amcor de 5,6% alors que dans le même temps, celui de Verstraete augmentait de 3,85%. C'est, en termes absolus, le plus grand recul du chiffre d'affaires (8,1 millions) avec celui du groupe Vlan (6,7 millions), en réorganisation depuis l'absorption en 2016 d'une demi-douzaine de sociétés dans le but de simplifier les structures du groupe Rossel. Malgré les consolidations en cours, le secteur graphique reste une terre de PME qui publient leurs comptes annuels selon des schémas abrégés sur lesquels la mention du chiffre d'affaires est facultative. Lorsque cette donnée fait défaut, notre classement reprend la marge brute et visualise cette dernière à l'aide d'un astérisque placé à gauche du montant auquel il se rapporte.La première marge brute de notre classement (5,3 millions) est celle de P. Van de Velde. Basé à Wetteren, ce groupe spécialisé dans l'emballage s'est internationalisé à une vitesse supersonique avec l'apparition dans les comptes annuels 2018 de quatre filiales réparties dans quatre pays. Poursuivant sur sa lancée, Van de Velde vient d'acquérir à Lokeren FP Packaging, une entreprise spécialisée dans la fabrication d'emballages pour boulangers, pâtissiers et chocolatiers. L'ensemble ainsi constitué réalise un chiffre d'affaires de 105 millions d'euros.Les champions du bénéfice sont, comme à l'accoutumée Verstraete IML et Amcor Flexibles Transpac qui à eux seuls trustent 18% des bénéfices du secteur. Globalement, le recul est de 27% pour l'ensemble du secteur mais si l'on s'en tient aux 500 plus grands bénéfices, le résultat est en légère progression (+1,9%). Le paradoxe n'est qu'apparent et s'explique par un plus grand nombre de pertes d'envergure qu'au cours de la période précédente. Pour l'exercice 2017, la plus grande perte (1,98 million) était actée par Goldprint, une filiale du groupe français LGR qui terminait ainsi son troisième exercice consécutif dans le rouge. En 2018, les investissements nécessaires à l'impression de notices pharmaceutiques ont commencé à porter leurs fruits. La fabrication d'étuis a pu être arrêtée mais un peu moins rapidement que prévu en raison des spécificités propres au secteur pharmaceutique de sorte que la perte de l'exercice s'établit encore à 0,84 million d'euros.En 2018, la perte la plus importante (8,2 millions) est celle du groupe Vlan dont le compte de résultats a été notablement impacté par des amortissements de goodwill de fusion et d'acquisition suite à la réorganisation entamée en 2016. Pris en tenaille entre des prix de vente sous pression et des prix de matières premières en augmentation, Van Genechten-Biermans termine l'exercice avec une perte de 3,3 millions d'euros. Etc.En matière de valeur ajoutée, le trio de tête - Verstraete IML, Amcor Flexible Transpac, Brady - reste inamovible. Ensemble, les 200 première entreprises de notre classement ont généré une valeur ajoutée de 943 millions d'euros contre 985 l'année précédente. Le recul est de 4,3%. La valeur ajoutée est un indicateur de performance d'autant plus important qu'il doit en pratique permettre de rémunérer tous les acteurs de l'entreprise : le personnel bien évidemment mais également les apporteurs de capitaux ainsi que les pouvoirs publics via les taxes et les cotisations sociales. Le surplus va à l'entreprise et lui permet d'assurer son développement. Ce qui précède explique pourquoi un poids excessif des dépenses en personnel dans la valeur ajoutée est souvent avant-coureur de problèmes. En témoignent ceux actuellement vécus par les imprimerie Grafix et Campi Press, toutes deux filiales du Groupe Graphique Bongaerts. Une partie des activités de la première a été reprise en début d'année par le groupe hollandais Em. De Jong, déjà propriétaire dans notre pays de Mercator Press ; la seconde est menacée de fermeture. Le ratio d'E.P.B à Wellen (124%) est inquiétant mais demande à être nuancé dans la mesure où, en décembre 2018, cette société a absorbé ASQ Labels que son actionnaire, le groupe hollandais Optimum avait achetée quelques mois auparavant.Tout comme dans notre édition précédente, nous avons exprimé le poids des charges en personnel, une première fois en ne prenant en compte que le coût du personnel statutaire, une seconde en y ajoutant celui des intérims. Pour les 200 entreprises de notre classement, le recours à l'intérim est de 4,9% avec de notables exceptions, telles Smurfit Kappa Drogenbos (30,4%), spécialisé dans la production de publicités sur le lieu de vente (PLV) ou Optimax, ( 38%) la filiale de finition de l'imprimerie Moderna.Les bénéfices nets ayant reculé, le return on equity suit naturellement le même chemin et est tombé de 11,3% à 8% pour les 200 premières entreprises de notre classement. La montée en puissance de Verstraete IML qui affiche un ROE de 56% ne traduit pas une explosion du bénéfice de l'entreprise mais une réduction des fonds propres après prélèvement sur les réserves. Conséquence logique de ce qui précède, le degré d'endettement de ces 200 mêmes entreprises est passé de 51,8% à 54%.Cartamundi Turnhout a frappé un grand coup en Amérique avec l'acquisition de USPCC (The United States Playing Card Company). Propriétaire de maques aussi emblématiques que Bicycle ou Fournier, USPCC réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de 100 millions de dollars et possède deux centres de production, l'un situé dans le Kentucky, l'autre en Espagne. Cette acquisition, officialisée dans le courant de 2019, permettra au groupe de Turnhout de présenter pour son cinquantième anniversaire un chiffre d'affaires tournant autour du demi-milliard d'euros. C'est en 1970 en effet, que trois fabricants de cartes à jouer, tous trois établis à Turnhout, - Brepols, Van Genechten et Biermans (repris par Van Genechten) - décident d'unir leur savoir-faire dans une joint-venture qui a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires consolidé de 390 millions d'euros.D'un exercice à l'autre, les investissements du secteur ont reculé de 10% avec toutefois une exception notable. En deux ans - 2018 et 2019 - l'imprimerie de Mediahuis, entité née de la fusion de Concentra avec Corelio, aura investi 35 millions d'euros dans l'installation de deux nouvelles presses. Tous les journaux néerlandophones du groupe y sont désormais imprimés et sur le toit, 1.400 panneaux solaires permettent de produire 335 MWh d'énergie verte par an.
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