Les deux "années corona" écoulées vont clairement laisser des traces en 2022. Après une forte croissance au premier semestre 2021, la Banque nationale de Belgique (BNB) vient de signaler un ralentissement de l'économie "en raison de contraintes d'approvisionnement, de la hausse des prix (de l'énergie) et de la dégradation de la situation sanitaire. (...) L'inflation a considérablement grimpé ces derniers mois, sous l'effet de la hausse des coûts énergétiques, et ne devrait retomber sous la barre des 2% qu'à la fin de 2022. Les prix temporairement très élevés induisent une forte augmentation des coûts salariaux par le biais des mécanismes d'indexation. La croissance de ces coûts atteindrait un niveau inédit en 2022, détériorant la compétitivité."
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Les deux "années corona" écoulées vont clairement laisser des traces en 2022. Après une forte croissance au premier semestre 2021, la Banque nationale de Belgique (BNB) vient de signaler un ralentissement de l'économie "en raison de contraintes d'approvisionnement, de la hausse des prix (de l'énergie) et de la dégradation de la situation sanitaire. (...) L'inflation a considérablement grimpé ces derniers mois, sous l'effet de la hausse des coûts énergétiques, et ne devrait retomber sous la barre des 2% qu'à la fin de 2022. Les prix temporairement très élevés induisent une forte augmentation des coûts salariaux par le biais des mécanismes d'indexation. La croissance de ces coûts atteindrait un niveau inédit en 2022, détériorant la compétitivité." Pas question d'un scénario apocalyptique pour autant: la BNB entrevoit quelques lueurs d'espoir. Ainsi, le marché du travail continue-t-il de "surprendre favorablement", affichant notamment "une création nette d'emplois de près de 30 000 personnes en moyenne par trimestre depuis le début de 2021, si bien que l'emploi intérieur a déjà amplement regagné le niveau qu'il affichait avant la crise." Les investissements des entreprises qui avaient de nouveau reflué sensiblement à la fin de l'année devraient eux aussi continuer de se renforcer à moyen terme, fût-ce à un rythme plus modéré. (Lire également l'encadré "Chiffre d'affaires et investissements" dans ce même article.) Les chaînes d'approvisionnement mondiales devraient en outre se redresser, et les prix de l'énergie, baisser. Si la situation s'améliore encore sur le front du coronavirus, la croissance peut quelque peu reprendre dès le printemps: "Globalement, l'activité économique progresserait encore de quelque 2,6% en 2022 sur une base annuelle, après une forte expansion de plus de 6% en 2021. Le rythme de croissance continuerait de se normaliser au cours des prochaines années, pour s'établir à 2,4% en 2023 et à 1,6% en 2024." L'inflation refluerait même dès 2023 pour ne plus ressortir qu'à "un niveau à peine supérieur à 1%". Contraintes d'approvisionnement, hausse des prix (de l'énergie) et dégradation de la situation sanitaire: trois thèmes qui jouent également des tours à l'industrie graphique. Déjà lorsque, plein d'espoir, nous écrivions sur la "relance du secteur graphique" dans le Nouvelles Graphiques de septembre 2021, il semblait évident que la pénurie de papier risquait d'hypothéquer une possible reprise. La conjoncture n'a cessé de se dégrader depuis: les prix du papier augmentent encore et encore, des surcharges énergétiques sont d'application et les livraisons ne sont plus garanties ni en temps et heure ni en quantités suffisantes. Les plaques et les encres coûtent toujours plus cher, elles aussi. Une solution à la pénurie de papier et à la hausse des prix ne semble pas pour tout de suite - certainement pas pour le printemps. Les papetiers, qui figurent dans le haut du classement des industries les plus énergivores, tirent la sonnette d'alarme au niveau européen, surtout en raison des prix du gaz qui continuent de battre des records. En outre, ils se tournent de plus en plus vers la production de matériaux d'emballage, plutôt que de papiers graphiques - ce qui a pour effet de contracter l'offre. Les fédérations sectorielles comme Intergraf craignent que les clients - comme, par exemple, les éditeurs - trouvent dans la situation actuelle des raisons (de plus) d'opter malgré tout pour des supports numériques. Pour les imprimeries, il va être crucial - et pas simple - en 2022 de continuer à convaincre les clients que l'imprimé reste un moyen de communication de haute qualité, en dépit des hausses de prix et des adaptations de planning successives. Les imprimeries ont d'autres tendances encore à tenir à l'oeil. Celle du développement durable, par exemple. L'imprimé est en effet de plus en plus remis en question. Ce qui offre des opportunités pour un usage plus responsable des matériaux, une production en plus petits tirages (uniquement le nécessaire) et la mise en oeuvre effective de la personnalisation. D'un autre côté, le remplacement des emballages plastiques par des alternatives en papier et en carton engendre une hausse de la demande (dont les papetiers jouent déjà). En France, par exemple, les fruits et légumes ne peuvent plus être emballés dans du plastique depuis le 1er janvier. Même la gommette en plastique sur une pomme est interdite. Mais si l'autocollant est en papier, ça va. Les problèmes d'offre persistants - personne n'a oublié le blocage du Canal de Suez - ont peut-être un côté positif: la tendance à raccourcir les chaînes d'approvisionnement et à (faire) produire davantage local. Ce qui veut dire que les donneurs d'ordres commandent moins (loin) à l'étranger et cherchent plus souvent une solution "au coin de la rue". On verra après le printemps si cette tendance persiste une fois que le monde de la logistique aura retrouvé ses marques. Les changements du marché ont encore été renforcés du fait que le coronavirus a opéré comme un catalyseur sur de nombreuses tendances. Pour l'entreprise graphique jamais le moment de rectifier le tir ou même de changer radicalement de cap n'a été aussi propice qu'en 2022. Ce qui nécessitera souvent une technologie différente, meilleure et/ou nouvelle (lire également l'encadré "Technologies disruptives" dans ce même article). Il n'est heureusement certainement pas trop tard pour profiter des nouveautés salon que la Drupa aurait voulu montrer en 2020 (avec une nouvelle tentative en 2021 dans son édition virtuelle au succès mitigé). On pense, par exemple, à la nouvelle génération de presses offset, chez Heidelberg et Koenig & Bauer notamment, à la nouvelle flotte numérique d'HP Indigo ou à la technologie toner revisitée de Xeikon. Et bien sûr aussi à toutes les formes d'automatisation des flux de production numériques. Et le pipe-line est suffisamment garni pour cette année aussi. Ricoh promet par exemple de lancer sa propre presse feuille à jet d'encre de format B2. On ne connaît pas encore les détails de cette "Pro Z75" si ce n'est qu'elle devrait être dévoilée au deuxième trimestre 2022. On pourra aussi faire plus ample connaissance au printemps avec la nouvelle technologie LEPx de HP Indigo, appelée à constituer la base de "la plate-forme de l'avenir". Exit le cylindre d'imagerie central ; les stations d'impression vont désormais reporter leur propre image sur une courroie-blanchet de près de six mètres de long. La première machine à embarquer la technologie LEPx est la HP Indigo V12: une petite laize destinée à l'industrie de l'étiquette, embarquant 12 couleurs et pouvant atteindre une vitesse maxi. de 120 mètres/minute. Où pourrons-nous voir cette nouvelle (ou pratiquement) technologie cette année? En dépit des multiples expériences que chacun a pu avoir ces deux dernières années avec les présentations en ligne et les évènements virtuels, les rassemblements physiques et les salons gardent la cote. L'agenda semble prometteur, même si les toujours très intéressantes Journées de l'innovation Hunkeler prévues en février ont dû être biffées du calendrier pour cause d'incertitude persistante due au coronavirus. Le BOPE (Benelux Online Print Event) du VIGC a, pour cette même raison, d'ores et déjà été déplacé de janvier au 8 juin. Si le soleil daigne faire son apparition au printemps 2022, nous pourrons sans doute compter sur une série de journées portes ouvertes et d'événements d'entreprise. En tout état de cause, retenez déjà les dates suivantes. Du 15 au 17 mars, le salon des applications d'impression industrielle InPrint se tiendra à Munich. Et une semaine plus tard, le moment sera venu de se retrouver à la Sign & Print Expo de Gorinchem, aux Pays-Bas (22, 23 et 24 mars) . Le premier évènement majeur suivant sera la LabelExpo de Bruxelles, du 26 au 29 avril. Un mois plus tard viendra la Fespa, qui se tiendra à Berlin peu de temps après l'édition amstellodamoise de la fin de l'an dernier. Ce sera du 31 mai au 3 juin. Et tout cela nous mettra presque à l'été. Espérons que nous pourrons alors nous réjouir d'une saison festivalière réussie.