Votre emballage est-il compatible avec le commerce en ligne ?

L'emballage est essentiel pour protéger un produit durant le transport. Il existe toutefois une différence entre des produits emballés destinés à la vente dans le commerce de gros ou de détail, et ceux qui sont expédiés directement chez le client par un site d'e-commerce. An van Geite, responsable du département Analyse de matériaux de l'Institut belge de l'emballage (IBE-BVI), approfondit cette nouvelle matière.

"Dans le contexte de la vente en ligne, nous connaissons tous le phénomène de l'emballage pas du tout adapté à la taille du contenu, ce qui impose de recourir en abondance à des matériaux de calage ", dit An van Geite, de l'IBE-BVI. " Le volume d'air inutilement transporté et la quantité excessive d'emballage (lisez déchets) sont source d'agacement pour le client. Il est extrêmement important pour la préservation durable des ressources de veiller à faire parvenir le produit en bon état à son destinataire tout en consommant le moins d'emballage possible. L'emballage doit donc être suffisamment robuste pour prévenir toute perte de produit et un suremballage doit être évité. "Pour un achat fait en ligne, la facilité d'ouverture du paquet et la possibilité de retourner éventuellement les marchandises constituent des exigences supplémentaires. " Pour évaluer si un produit convient pour l'expédition dans son emballage d'origine ou dans un suremballage plus optimal, on a recours à des tests tels que normalisés par l'ISTA, l'ASTM ou l'ISO. "Il s'agit ici à chaque fois de procéder à des simulations de transport et de vérifier l'effet des chocs, des chutes, de l'empilement et des vibrations sur les marchandises emballées. Pour ce qui est de l'ISTA, il existe toute une série de standards différents. " Le protocole de test ISTA 3A, par exemple, est exécuté sur des produits emballés d'une masse maximale de 70 kg ", explique Van Geite. Ce test de simulation générale concerne des produits emballés individuellement qui sont expédiés par un service de messagerie (parcel delivery shipments). " La procédure ISTA 3A est applicable à quatre formats de colis - standard, petit, plat et allongé - et ce pour un large éventail de circonstances, comme une grande diversité de modes de transport (camion ou avion), et une exposition à un nombre variable de manipulations. On évalue l'effet de profils de vibrations aléatoires, de différentes hauteurs de chute et/ou de conditions atmosphériques tropicales (chaudes et humides à 38 °C pour 85 % HR) ou de froid extrême à -29 °C. "Le protocole ISTA 3B est mis en oeuvre pour des livraisons LTL (Less than Truckload), c'est-àdire " par camion non complet " de type messagerie. Van Geite : " LTL veut dire que les envois de plusieurs clients sont combinés et les frais de transports partagés sur la base des quantités de produits expédiées et des distances parcourues. Les entreprises optent souvent pour ce système meilleur marché lorsque la demande du client est moyenne ou stable. "ISTA 3B peut s'appliquer à quatre types de colis : standard (2 types), cylindriques ou palettisés (sur patins).Pour l'ASTM, les normes usuelles sont les D4169 et D7386. " ASTM D7386 est applicable pour la livraison par messagerie et comparable à ISTA 3A. ASTM D4169 est également un protocole de test régissant l'exécution de simulations de transport, mais on travaille ici avec des cycles de distribution. La norme en définit dix-huit différents et un plan d'essai adapté est appliqué en fonction du cycle choisi. "L'ISO aussi a élaboré une norme régissant l'exécution des simulations de transport sur des emballages d'expédition complets : ISO 4180. " Elle est toutefois moins souvent utilisée. "À côté de ces tests de simulation généraux pour les services de messagerie (parcel delivery), tels que décrits notamment dans la procédure ISTA 3A, certains acteurs du monde du e-commerce ont développé leurs propres méthodes d'essai." La série 'ISTA 6 Member Performance Tests' définit de tels protocoles additionnels établis par les membres de l'ISTA pour répondre à leurs besoins et applications spécifiques. Ainsi, les standards ISTA 6-Fedex-A et ISTA 6-Fedex-B servent respectivement à tester l'aptitude au transport des colis jusqu'à 68 kg pour le transport terrestre et aérien, et de plus de 68 kg pour le transport terrestre, maritime et aérien. "Amazon a à son tour mis au point deux protocoles, à savoir ISTA 6-Amazon.com-Over Boxing et ISTA 6-Amazon.com-SIOC.ISTA 6-Amazon Over Boxing a été spécialement développé pour tester les marchandises emballées individuellement pour l'e-commerce de détail (poids ?31,75 kg). Il est utilisé pour vérifier si les produits satisfont aux exigences d'Amazon.com pour être envoyés comme colis. " Amazon.com place souvent ces produits dans une boîte plus grande (overboxing), séparément ou regroupés avec d'autres produits, protégés par du matériel de calage. " Le protocole ISTA 6-Amazon.com-Over Boxing sert à tester si le produit et son emballage sont résistants aux influences environnementales (chocs, chutes et vibrations) durant le transport. " On procède notamment à un test de vibrations aléatoires sans charge. Le but est en effet d'évaluer l'interaction entre le produit et le suremballage. Amazon prend ainsi sur elle la responsabilité de veiller à ce que le suremballage utilisé soit suffisamment solide. " Les suremballages à employer pour les tests sont clairement décrits dans le protocole (résistance et dimensions).À côté de cela, il y a aussi le protocole " Ships in Own Container " (SIOC). " On parle ici de produits emballés envoyés au consommateur final dans leur propre emballage, c'est-à-dire sans suremballage. Les produits ainsi certifiés peuvent être envoyés tels quels. On notera que ces emballages peuvent présenter des défauts plutôt " cosmétiques " liés au transport : angles enfoncés, abrasion ou poussière accumulée. "D'où l'importance, selon Van Geite, de définir des critères d'acceptation concernant les dommages pouvant être subis par l'emballage proprement dit. " Ces critères sont fixés par le client en concertation avec l'institut de test choisi par Amazon, par exemple l'IBE-BVI. L'essentiel restant bien sûr que le produit emballé soit livré en parfait état au consommateur. "Huit types différents de produits emballés sont définis dans le protocole de test SIOC (types A à H), en fonction du poids, de la taille et de la méthode d'expédition, et selon qu'il s'agit d'une manutention standard ou sur palette." Amazon a également pensé au consommateur et à son agacement face à une boîte dont la taille est surdimensionnée par rapport au contenu, qui génère trop de déchets ou qui se révèle difficile à ouvrir. " C'est ainsi que le programme FFP (Frustration-Free Packaging) a été lancé dès 2008. Un emballage zéro frustration (" déballer sans s'énerver ") est composé à 100 % de matériaux recyclables, facile à ouvrir et conçu pour que les produits puissent être expédiés dans leur propre emballage, sans donc nécessiter de suremballage de transport. " Les critères d'obtention d'une certification FFP sont de quatre ordres : 1. satisfaire au protocole de test ISTA 6-Amazon.com-SIOC ; 2. ratio produit/emballage >30 % pour produits fragiles et >50 % pour produits non fragiles ; 3. emballage recyclable (100 % de matériaux recyclables) ; 4. ouverture facile (moins de 120 secondes).Depuis 2008, des emballages zéro frustration sont utilisés pour plus de 750 000 produits, et les innovations d'Amazon sur le plan des emballages durables ont permis, depuis décembre 2017, d'éliminer plus de 215 000 tonnes de matériaux d'emballage tout en économisant l'utilisation de 360 000 000 caisses d'expédition. " Dans le cadre de son programme de certification Zéro frustration, Amazon collabore avec les fabricants du monde entier pour les aider à innover et à améliorer leur fonctionnalité d'emballage, ce qui a pour effet de réduire les quantités de déchets dans toute la chaîne d'approvisionnement. "