S'en est fini de la publicité imprimée non adressée de Carrefour dans les boîtes aux lettres de Paris et Lyon. 35 supermarchés Carrefour sont concernés par cette opération. Premier producteur de prospectus en France avec 900 millions d'exemplaires édités chaque année, Carrefour arrête désormais l'impression de 19 millions de prospectus. Selon Carrefour, le passage de la publicité imprimée au digital à Lyon et à Paris permettrait d'économiser jusqu'à 1000 tonnes de papier par an. Les clients lyonnais et parisiens ont à présent la possibilité de consulter les offres promotionnelles sur des supports digitaux, à savoir par e-mail, par SMS, sur WhatsApp, sur Facebook... Les catalogues sont également disponibles sur YouTube.
Ceux qui restent attachés à la version papier peuvent toutefois se faire envoyer par la poste des publicités imprimées Carrefour. De plus, les publicités papier restent disponibles à l'entrée des magasins. " Car là, il n'y a pas de gâchis : les clients qui les prennent les utilisent directement ", a expliqué Élodie Perthuisot, la directrice e-commerce, data et transformation digitale du groupe Carrefour, au journal français Le Parisien.
Économie sur le papier
L'objectif de Carrefour est double : prévenir d'une part le gaspillage des publicités imprimées et, d'autre part, déterminer l'impact des publicités imprimées et digitales sur le chiffre d'affaires du supermarché. Pour Carrefour, 40% des folders sont jetés sans être lus. Le distributeur reconnaît néanmoins que la publicité imprimée est efficace, mais coûteuse. Par ailleurs, l'augmentation récente et importante du prix de toutes les qualités de papier d'impression amène certainement à repenser le mix communication des clients finaux. D'autres chaînes de supermarchés en France comme Super U sont susceptibles de suivre la même voie. Tandis que Franprix et Monoprix ont depuis longtemps cessé de diffuser des publicités non adressées. Par ailleurs, certaines villes et communes de France expérimentent depuis le début de l'année la distribution de publicités papier non adressées que si un autocollant " Oui Pub " est appliqué sur la boîte aux lettres.
Le papier, essentiel en zone rurale
Selon le groupe Carrefour, la fin du papier ne sera pas généralisée avant quelques années. La fracture numérique est une des causes. Carrefour a par exemple mené une expérience durant l'été 2021 dans un hypermarché situé dans une zone moins urbanisée. Le but était de déterminer comment les clients réagissaient au passage des publicités imprimées aux publicités numériques. Selon Frédéric Preslot, le directeur marketing opérationnel de Carrefour en France indique que cette expérience s'est traduite " par une baisse du chiffre d'affaires de ce magasin ". Mené dans quatre villes françaises, ce type de test s'est cependant révélé efficace dans trois des quatre sites de test. Une large majorité aurait en effet opté pour les solutions numériques.
Vers la fin des folders Carrefour aussi en Belgique ?
Sur les 13 000 points de vente Carrefour dans le monde, environ 2 000 cesseront d'imprimer des publicités d'ici la fin de l'année. Qu'en sera-t-il de la distribution de folder en Belgique ? Nouvelles Graphiques a posé la question à Carrefour Belgique. Selon la porte-parole Siryn Stambouli, des tests similaires à ceux qui ont été effectués en France ont déjà été menés en Belgique sur les hypermarchés de Strombeek-Bever, Evere et Diest ainsi que sur le supermarché de Vilvorde. " Les résultats sont intéressants et en ligne avec les résultats de la France. Ce qui signifie que des zones urbaines sont plus susceptibles à la digitalisation que des zones rurales ", confie Siryn Stambouli. D'autres tests sont encore menés actuellement. " Nous continuons à y travailler en 2022. Le but est de continuer vers la digitalisation et de supprimer progressivement la distribution des folders papier sur des zones urbaines. Le timing et la vitesse de déploiement ne sont pas encore déterminés à ce jour. " Carrefour Belgique planifie donc d'enlever la distribution de folder dans les zones où l'appétence des clients au digital (Facebook, commandes e-commerce, app mobile, e-mailing...) est plus forte.
Delhaize lance le ticket de caisse numérique
C'est une première en Belgique. Depuis le 20 janvier, Delhaize propose à ses clients un ticket de caisse numérique à la place du ticket papier via son application mobile. Le distributeur estime que le passage du ticket de caisse papier au ticket numérique a une économie potentielle de 162 tonnes de papier par an. " Ce qui correspond à 3.864 arbres ou à une émission de CO2 de 148 tonnes ", dit Delhaize. " Et même si tous les clients n'opèrent pas ce changement, les économies réalisées seront énormes ", poursuit le distributeur. Annoncé dans le journal télévisé de RTL-TVI, la journaliste fait le comparatif : " Un ticket dématérialisé émet 5 gr de CO2 et 3 cl d'eau. Un ticket en papier émet quant à lui 2 gr de CO2 et 5 cl d'eau. Les organismes environnementales conseillent donc de ne pas demander de ticket de caisse en papier ou digital ".
Fake news ?
Du côté des imprimeries, ce type d'annonce peut faire mal quand on sait que l'industrie papier européenne est une des industries les plus vertueuses et qui diminue au maximum son impact environnemental. Au contraire, la pollution numérique a un impact bien plus important sur l'environnement en termes d'émissions de gaz à effet de serre, de contamination chimique, d'érosion de la biodiversité et de production de déchets électroniques. Les datacenters qui stockent toutes nos données participent également à la pollution numérique. Leur fabrication nécessite des matières premières polluantes et épuisent les ressources. De plus, les serveurs surchauffent et dégagent de la chaleur. Le refroidissement des serveurs est donc inévitable. Ce qui consomme énormément d'eau. Or le papier est une ressource renouvelable et recyclable et son utilisation participe à une gestion durable des forêts et à leur croissance. Le taux de recyclage du papier est de 72% en Europe et 93% de l'eau utilisée lors de la production retourne dans l'environnement en bon état (Source : CEPI). Depuis 1990, l'industrie papetière européenne génère de plus 48% de CO2 en moins. Dans son livre " Réparer le futur - Du numérique à l'écologie ", Inès Leonarduzzi affirme : " Les 800 datacenters implantés en Californie nécessitent, annuellement, pour fonctionner la même quantité d'eau que l'équivalent de 158 000 piscines olympiques. " A l'échelle d'un datacenter, " c'est l'équivalent des besoins en eau annuels de trois hôpitaux ".
Plus d'information sur l'industrie papetière: Factsheet CEPI
