Le papier est un thème dont on a beaucoup parlé ces derniers mois chez les éditeurs et les imprimeurs. Le prix du papier y est pour beaucoup. Chez Papier.be aussi, il a suscité une attention supplémentaire. En tant que plateforme de quasi tous les acteurs dans la chaîne papier, Papier.be joue un rôle important dans la communication autour du papier. A l'occasion du trentième anniversaire de la plateforme, WE MEDIA s'est entretenu avec une délégation du conseil d'administration.

Le président de Papier.be, Firmin François, et le membre honoraire du conseil d'administration, Marc Van Den Eynde, ont participé à cette discussion où les tabous n'ont pas été évités. Le moment était propice pour jeter un oeil sur l'évolution du marché, l'image un peu " vieillotte " et l'avenir.

De quel oeil voyez-vous les choses 30 ans après le lancement de Paper Chain Forum, devenu Papier.be l'an dernier ?

Firmin Francois : " Paper Chain Forum a en effet été fondé en 1992 dans le but de communiquer sur le papier et son impact sur l'environnement. Durant ces 30 ans, la perception s'est fortement améliorée et nous sommes passés d'un discours défensif à un discours proactif. C'est d'ailleurs ce qui explique notre changement de nom. "

Comment se porte le marché du papier en cette année 2022 ?

Marc Van Den Eynde : " C'est un marché de croissance, même si l'image est nuancée. C'est lié au fait que le papier est utilisé à d'innombrables fins. Ainsi, la catégorie du papier hygiénique a fortement crû ces dernières années suite à l'attention aux aspects sanitaires. Le matériel d'emballage enregistre également une jolie progression annuelle de 3 à 5 pour cent. Le papier et le carton sont en effet de plus en plus souvent utilisés comme alternatives pour le plastique.

Enfin, il y a le papier utilisé à des fins graphiques et de bureau. Là aussi, l'image est cependant nuancée. Le papier pour le bureau est en forte diminution et c'est logique. Nous conservons désormais nos documents par voie numérique. Les imprimés commerciaux connaissent une baisse des volumes, mais un chiffre d'affaires équivalent. Suite à la personnalisation, ce marché a fort évolué. Par contre, les livres sont dans une tendance à la baisse, infléchie par la pandémie du corona, et, en général, les tirages des magazines reculent eux aussi. Les gens prennent de plus en plus souvent un abonnement numérique. "

De quel oeil les fans du print voient-ils l'évolution du digital ?

FF : " Ce n'est pas un hasard si nous avons fait coïncider notre nouveau nom avec un nom de domaine. Nous cherchons en effet de plus en plus à pousser la réflexion sur la complémentarité entre le print et l'online. Les canaux numériques ont assurément des atouts à faire valoir. Pensez aux sites d'e-commerce qui sont bien plus performants que les catalogues.

Observez cependant aussi l'économie de l'attention dans laquelle nous vivons. Les gens ont besoin de calme, veulent décider par eux-mêmes s'ils regardent quelque chose ou non. Le papier est synonyme de respect pour le lecteur. On lit quand on veut. "

On reproche parfois au papier que c'est un canal 'vieillot'. Pourquoi cette perception est-elle injustifiée ?

FF : " Il est exact que le papier a été inventé il y a plus de 2.000 ans déjà. Et pourtant, lorsqu'on prend en main une brochure, on a quand même un sentiment de fraîcheur grâce aux couleurs et à l'aspect tactile. Le papier reste actuel.

Mieux encore, il y a beaucoup d'innovation dans le secteur. J'ai déjà évoqué la personnalisation. Il en résulte moins de gaspillage et une meilleure utilisation du papier. Du coup, les imprimeurs deviennent aussi plus que des exécutants. Ils se mettent à réfléchir avec les clients et étudient ce qui est possible avec les bases de données.

Le carton aussi connaît une évolution forte. Grâce aux nouvelles techniques d'impression, il peut être utilisé pour le transport d'aliments et de boissons. Au Delhaize, on peut acheter du vin dans une bouteille en carton. C'est durable et facile à recycler.

Enfin, il y a les processus d'innovation chez les imprimeurs. Des systèmes circulaires internes et d'autres innovations permettent de créer une efficacité énergétique. "

Ces derniers mois, le papier a aussi fait l'actualité avec des prix en hausse et une grève dans une grosse usine de papier en Finlande. Comment cela impacte-t-il l'image du secteur ?

MVDE : " Le papier est sensible à la conjoncture. Il l'a toujours été. Le prix varie énormément. Mais là, un autre élément a joué. Suite au recul du papier graphique, les fabricants de papier se sont mis à transformer leurs usines pour se lancer dans la production de carton. Du coup, il y a trop peu de capacité au niveau du papier et ça c'est un fait bien établi.

Suite à la grève de février à avril, les problèmes de capacité ont temporairement augmenté, ce qui a entraîné des hausses exceptionnelles. Nous supposons que le pire est passé depuis que la grève est finie. "

Quel rôle le print joue-t-il dans l'avenir de l'industrie publicitaire ?

FF : " Je ne suis évidemment pas devin, mais le papier aura sûrement encore sa place, même si pour les affaires courantes on fera surtout appel aux canaux en ligne. Le print deviendra-t-il davantage un luxe ? Cela se pourrait fort bien. On voit depuis belle lurette que les marques de luxe investissent à fond dans leur présence dans des éditions de luxe. Cependant, tout ne tourne pas uniquement autour du luxe. Il est aussi frappant de constater que pour réviser leurs cours, les étudiants s'en remettent en masse au papier. Peut-être l'avenir du papier est-il bien plus rose qu'on n'ose généralement le penser... "

Source: WE MEDIA

Le papier est un thème dont on a beaucoup parlé ces derniers mois chez les éditeurs et les imprimeurs. Le prix du papier y est pour beaucoup. Chez Papier.be aussi, il a suscité une attention supplémentaire. En tant que plateforme de quasi tous les acteurs dans la chaîne papier, Papier.be joue un rôle important dans la communication autour du papier. A l'occasion du trentième anniversaire de la plateforme, WE MEDIA s'est entretenu avec une délégation du conseil d'administration.Le président de Papier.be, Firmin François, et le membre honoraire du conseil d'administration, Marc Van Den Eynde, ont participé à cette discussion où les tabous n'ont pas été évités. Le moment était propice pour jeter un oeil sur l'évolution du marché, l'image un peu " vieillotte " et l'avenir.De quel oeil voyez-vous les choses 30 ans après le lancement de Paper Chain Forum, devenu Papier.be l'an dernier ?Firmin Francois : " Paper Chain Forum a en effet été fondé en 1992 dans le but de communiquer sur le papier et son impact sur l'environnement. Durant ces 30 ans, la perception s'est fortement améliorée et nous sommes passés d'un discours défensif à un discours proactif. C'est d'ailleurs ce qui explique notre changement de nom. "Comment se porte le marché du papier en cette année 2022 ?Marc Van Den Eynde : " C'est un marché de croissance, même si l'image est nuancée. C'est lié au fait que le papier est utilisé à d'innombrables fins. Ainsi, la catégorie du papier hygiénique a fortement crû ces dernières années suite à l'attention aux aspects sanitaires. Le matériel d'emballage enregistre également une jolie progression annuelle de 3 à 5 pour cent. Le papier et le carton sont en effet de plus en plus souvent utilisés comme alternatives pour le plastique.Enfin, il y a le papier utilisé à des fins graphiques et de bureau. Là aussi, l'image est cependant nuancée. Le papier pour le bureau est en forte diminution et c'est logique. Nous conservons désormais nos documents par voie numérique. Les imprimés commerciaux connaissent une baisse des volumes, mais un chiffre d'affaires équivalent. Suite à la personnalisation, ce marché a fort évolué. Par contre, les livres sont dans une tendance à la baisse, infléchie par la pandémie du corona, et, en général, les tirages des magazines reculent eux aussi. Les gens prennent de plus en plus souvent un abonnement numérique. "De quel oeil les fans du print voient-ils l'évolution du digital ?FF : " Ce n'est pas un hasard si nous avons fait coïncider notre nouveau nom avec un nom de domaine. Nous cherchons en effet de plus en plus à pousser la réflexion sur la complémentarité entre le print et l'online. Les canaux numériques ont assurément des atouts à faire valoir. Pensez aux sites d'e-commerce qui sont bien plus performants que les catalogues.Observez cependant aussi l'économie de l'attention dans laquelle nous vivons. Les gens ont besoin de calme, veulent décider par eux-mêmes s'ils regardent quelque chose ou non. Le papier est synonyme de respect pour le lecteur. On lit quand on veut. "On reproche parfois au papier que c'est un canal 'vieillot'. Pourquoi cette perception est-elle injustifiée ?FF : " Il est exact que le papier a été inventé il y a plus de 2.000 ans déjà. Et pourtant, lorsqu'on prend en main une brochure, on a quand même un sentiment de fraîcheur grâce aux couleurs et à l'aspect tactile. Le papier reste actuel.Mieux encore, il y a beaucoup d'innovation dans le secteur. J'ai déjà évoqué la personnalisation. Il en résulte moins de gaspillage et une meilleure utilisation du papier. Du coup, les imprimeurs deviennent aussi plus que des exécutants. Ils se mettent à réfléchir avec les clients et étudient ce qui est possible avec les bases de données.Le carton aussi connaît une évolution forte. Grâce aux nouvelles techniques d'impression, il peut être utilisé pour le transport d'aliments et de boissons. Au Delhaize, on peut acheter du vin dans une bouteille en carton. C'est durable et facile à recycler.Enfin, il y a les processus d'innovation chez les imprimeurs. Des systèmes circulaires internes et d'autres innovations permettent de créer une efficacité énergétique. "Ces derniers mois, le papier a aussi fait l'actualité avec des prix en hausse et une grève dans une grosse usine de papier en Finlande. Comment cela impacte-t-il l'image du secteur ?MVDE : " Le papier est sensible à la conjoncture. Il l'a toujours été. Le prix varie énormément. Mais là, un autre élément a joué. Suite au recul du papier graphique, les fabricants de papier se sont mis à transformer leurs usines pour se lancer dans la production de carton. Du coup, il y a trop peu de capacité au niveau du papier et ça c'est un fait bien établi.Suite à la grève de février à avril, les problèmes de capacité ont temporairement augmenté, ce qui a entraîné des hausses exceptionnelles. Nous supposons que le pire est passé depuis que la grève est finie. "Quel rôle le print joue-t-il dans l'avenir de l'industrie publicitaire ?FF : " Je ne suis évidemment pas devin, mais le papier aura sûrement encore sa place, même si pour les affaires courantes on fera surtout appel aux canaux en ligne. Le print deviendra-t-il davantage un luxe ? Cela se pourrait fort bien. On voit depuis belle lurette que les marques de luxe investissent à fond dans leur présence dans des éditions de luxe. Cependant, tout ne tourne pas uniquement autour du luxe. Il est aussi frappant de constater que pour réviser leurs cours, les étudiants s'en remettent en masse au papier. Peut-être l'avenir du papier est-il bien plus rose qu'on n'ose généralement le penser... "Source: WE MEDIA