Voilà des semaines que virologues, microbiologistes, épidémiologistes et experts d'organismes de santé réputés épiloguent dans les médias sur l'utilité du port du masque en période de coronavirus ; le temps de survie sur les poignées de porte, barres de caddies ou écrans de smartphone ; les règles de distanciation sociale ; etc. Tant et si bien que le citoyen ordinaire ne sait plus à quel saint se vouer. Tout débat sur des thèmes nouveaux ou complexes débouche inévitablement sur la confrontation d'opinions et d'arguments contraires. Il est d'ailleurs sain que des discussions soient menées à ce sujet afin que les différents avis puissent se faire entendre. Toujours est-il que beaucoup de fabricants dans notre secteur se posent des questions sur la communication qui est faite autour des vernis d'impression dits antimicrobiens. À tort ou à raison, nous n'avons pas l'expertise pour trancher. Florilège de leurs réactions :

-en cette période dominée par le Covid19, certains fournisseurs font promotion d'un " vernis antibactérien ", censé protéger les imprimés contre les bactéries, les virus, les moisissures et les spores. Le rapport avec le Covid-19 est donc directement établi. Ce qui semble fort intéressant, mais met l'imprimeur en situation d'insécurité juridique. Selon les experts de la santé, la meilleure prévention contre le Covid-19 (et d'autres maladies infectieuses) reste les gestes barrières : distanciation sociale et lavage des mains très régulier.

-bactéries, virus, moisissures et spores se combattent-ils par une seule et même méthode ? Le fonctionnement de ce champ d'application particulièrement vaste n'est-il pas difficile à interpréter pour des non-scientifiques ?

-les vernis constituent-ils une réelle solution, ou sont-ils simplement le prétexte à une exploitation commerciale fondée sur des définitions superficielles ? Est-il opportun que notre industrie graphique se mette à présent à profiler le papier et le carton - plus que d'autres matières - comme une source de contamination potentielle ?

- un vernis antibactérien est-il la meilleure réponse à apporter aux principaux modes de transmission du virus ? Le Covid-19 se transmet en effet essentiellement par voie aérienne (aérosols). Un traitement de surface antibactérien d'un objet quelconque n'aide en rien à lutter contre ce mode de transmission. Le Covid-19 se transmet également lorsqu'on se frotte les yeux ou se gratte le nez alors que l'on a les mains infectées, ce qui provoque une contamination de la muqueuse nasale. Ce mode de transmission est toutefois beaucoup moins fréquent que l'infection par aérosol. Un vernis antibactérien n'apporte là non plus aucune réponse. On ne connaît pas encore à ce jour de transmission par les aliments ou via des surfaces sèches, encore qu'une infection par contact avec des surfaces contaminées constitue une possibilité théorique. Il est toutefois important de noter que le temps de survie du coronavirus sur les surfaces sèches est très limité. Le Covid-19 est en effet entouré d'une couche lipidique qui sèche rapidement sur le papier et le carton.

-La question de l'efficacité du procédé antibactérien : les vernis antibactériens sont généralement appliqués sur papier et carton par un cylindre tramé de 10 ou 13 cm³/m², ce qui laisse un film sec de vernis d'environ 1 g/m² sur l'imprimé. Suffisant pour être efficace ? Quid si l'anilox perd du volume à cause de l'encrassement, et que donc la densité de vernis diminue ? L'effectivité de ce type de vernissage peut être démontrée selon la norme ISO22196. Celle-ci décrit toutefois le mesurage de l'action antibactérienne sur les surfaces en plastique et autres surfaces non poreuses, par-dessus lesquelles les vernis sont déposés. Pour le papier et le carton, une certaine proportion de vernis est absorbée dans le support, ce qui amincit la couche en surface et en réduit donc l'efficacité.

-Responsabilité : quid si une imprimeur prétend que ses imprimés sont protégés par un vernis antibactérien et que quelqu'un se plaint d'avoir malgré tout été contaminé par l'emballage ou la brochure, et porte l'affaire devant les tribunaux ? L'imprimeur a-t-il conscience qu'en tant qu'utilisateur du vernis et par le fait qu'il met en circulation des imprimés ainsi traités, il risque de voir sa responsabilité engagée en cas d'effet divergent ?

-L'action antibactérienne du vernis est déclenchée par l'exposition à la lumière. Tous les emballages ne reçoivent jamais une quantité égale de lumière de tous les côtés : les pages intérieures d'une brochure ne sont que momentanément exposées, etc. Une autre possibilité est de travailler avec des nanoparticules en suspension dans le vernis, les ions d'argent ayant démontré leur efficacité contre les bactéries indépendamment des facteurs ambiants. Il est aussi possible d'ajouter un biocide au vernis. Les produits biocides doivent toutefois être déclarés avant usage et autorisés conformément au Règlement sur les produits biocides (RPB). L'enregistrement incombe au distributeur. L'activité biocide du produit (l'imprimé) doit être testée et garantie par le producteur (l'imprimeur).

-résistance et effets secondaires : l'utilisation massive de tels matériaux antibactériens peut favoriser l'apparition de bactéries et de germes multirésistants. Le remède n'est-il dès lors pas pire que le mal ? Des irritations cutanées peuvent aussi être un effet indésirable de tels agents antibactériens.

Tout cela pour ne donner qu'un bref aperçu des différentes réactions. Il serait bon d'élever le débat sur la base d'éléments factuels ne risquant pas de l'obscurcir. Une avancée bienvenue serait, par exemple, qu'EuPIA (European Printing Ink Association) publie son point de vue sur le sujet. Ce qui n'a pas encore été fait. Et quand bien même elle le ferait, le moment n'est-il pas déjà passé ?

Voilà des semaines que virologues, microbiologistes, épidémiologistes et experts d'organismes de santé réputés épiloguent dans les médias sur l'utilité du port du masque en période de coronavirus ; le temps de survie sur les poignées de porte, barres de caddies ou écrans de smartphone ; les règles de distanciation sociale ; etc. Tant et si bien que le citoyen ordinaire ne sait plus à quel saint se vouer. Tout débat sur des thèmes nouveaux ou complexes débouche inévitablement sur la confrontation d'opinions et d'arguments contraires. Il est d'ailleurs sain que des discussions soient menées à ce sujet afin que les différents avis puissent se faire entendre. Toujours est-il que beaucoup de fabricants dans notre secteur se posent des questions sur la communication qui est faite autour des vernis d'impression dits antimicrobiens. À tort ou à raison, nous n'avons pas l'expertise pour trancher. Florilège de leurs réactions :-en cette période dominée par le Covid19, certains fournisseurs font promotion d'un " vernis antibactérien ", censé protéger les imprimés contre les bactéries, les virus, les moisissures et les spores. Le rapport avec le Covid-19 est donc directement établi. Ce qui semble fort intéressant, mais met l'imprimeur en situation d'insécurité juridique. Selon les experts de la santé, la meilleure prévention contre le Covid-19 (et d'autres maladies infectieuses) reste les gestes barrières : distanciation sociale et lavage des mains très régulier.-bactéries, virus, moisissures et spores se combattent-ils par une seule et même méthode ? Le fonctionnement de ce champ d'application particulièrement vaste n'est-il pas difficile à interpréter pour des non-scientifiques ?-les vernis constituent-ils une réelle solution, ou sont-ils simplement le prétexte à une exploitation commerciale fondée sur des définitions superficielles ? Est-il opportun que notre industrie graphique se mette à présent à profiler le papier et le carton - plus que d'autres matières - comme une source de contamination potentielle ?- un vernis antibactérien est-il la meilleure réponse à apporter aux principaux modes de transmission du virus ? Le Covid-19 se transmet en effet essentiellement par voie aérienne (aérosols). Un traitement de surface antibactérien d'un objet quelconque n'aide en rien à lutter contre ce mode de transmission. Le Covid-19 se transmet également lorsqu'on se frotte les yeux ou se gratte le nez alors que l'on a les mains infectées, ce qui provoque une contamination de la muqueuse nasale. Ce mode de transmission est toutefois beaucoup moins fréquent que l'infection par aérosol. Un vernis antibactérien n'apporte là non plus aucune réponse. On ne connaît pas encore à ce jour de transmission par les aliments ou via des surfaces sèches, encore qu'une infection par contact avec des surfaces contaminées constitue une possibilité théorique. Il est toutefois important de noter que le temps de survie du coronavirus sur les surfaces sèches est très limité. Le Covid-19 est en effet entouré d'une couche lipidique qui sèche rapidement sur le papier et le carton.-La question de l'efficacité du procédé antibactérien : les vernis antibactériens sont généralement appliqués sur papier et carton par un cylindre tramé de 10 ou 13 cm³/m², ce qui laisse un film sec de vernis d'environ 1 g/m² sur l'imprimé. Suffisant pour être efficace ? Quid si l'anilox perd du volume à cause de l'encrassement, et que donc la densité de vernis diminue ? L'effectivité de ce type de vernissage peut être démontrée selon la norme ISO22196. Celle-ci décrit toutefois le mesurage de l'action antibactérienne sur les surfaces en plastique et autres surfaces non poreuses, par-dessus lesquelles les vernis sont déposés. Pour le papier et le carton, une certaine proportion de vernis est absorbée dans le support, ce qui amincit la couche en surface et en réduit donc l'efficacité.-Responsabilité : quid si une imprimeur prétend que ses imprimés sont protégés par un vernis antibactérien et que quelqu'un se plaint d'avoir malgré tout été contaminé par l'emballage ou la brochure, et porte l'affaire devant les tribunaux ? L'imprimeur a-t-il conscience qu'en tant qu'utilisateur du vernis et par le fait qu'il met en circulation des imprimés ainsi traités, il risque de voir sa responsabilité engagée en cas d'effet divergent ?-L'action antibactérienne du vernis est déclenchée par l'exposition à la lumière. Tous les emballages ne reçoivent jamais une quantité égale de lumière de tous les côtés : les pages intérieures d'une brochure ne sont que momentanément exposées, etc. Une autre possibilité est de travailler avec des nanoparticules en suspension dans le vernis, les ions d'argent ayant démontré leur efficacité contre les bactéries indépendamment des facteurs ambiants. Il est aussi possible d'ajouter un biocide au vernis. Les produits biocides doivent toutefois être déclarés avant usage et autorisés conformément au Règlement sur les produits biocides (RPB). L'enregistrement incombe au distributeur. L'activité biocide du produit (l'imprimé) doit être testée et garantie par le producteur (l'imprimeur).-résistance et effets secondaires : l'utilisation massive de tels matériaux antibactériens peut favoriser l'apparition de bactéries et de germes multirésistants. Le remède n'est-il dès lors pas pire que le mal ? Des irritations cutanées peuvent aussi être un effet indésirable de tels agents antibactériens.Tout cela pour ne donner qu'un bref aperçu des différentes réactions. Il serait bon d'élever le débat sur la base d'éléments factuels ne risquant pas de l'obscurcir. Une avancée bienvenue serait, par exemple, qu'EuPIA (European Printing Ink Association) publie son point de vue sur le sujet. Ce qui n'a pas encore été fait. Et quand bien même elle le ferait, le moment n'est-il pas déjà passé ?