La nouvelle de l'intérêt de la société cotée CompuGroup pour un rachat d'Agfa-Gevaert a fuité le 27 octobre via l'agence de presse Bloomberg. Agfa en apporte aujourd'hui confirmation dans un communiqué. Le Conseil d'administration du groupe d'imagerie, qui est présidé par Julien De Wilde, " va évaluer soigneusement l'intérêt de CompuGroup en tenant compte de l'intérêt des actionnaires et des autres parties prenantes ", lit-on. Il n'existe aucune certitude, selon Agfa, que les discussions débouchent sur une offre publique sur les actions du groupe.

CompuGroup Medical, société spécialisée dans les logiciels de soins de santé, a également confirmé son intérêt. Le groupe allemand a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 543 millions d'euros, assorti d'un bénéfice de 38 millions d'euros. CompuGroup dit que les pourparlers n'en sont encore qu'à un stade précoce. " Il n'y a donc aucune certitude qu'une offre publique va suivre et l'on ignore sous quelles conditions ", dit son communiqué.

Parfaite complémentarité logicielle

" Si CompuGroup Medical doit assumer seul cette reprise, je pense que les chances de réussite sont minces ", dit Guy Sips, analyste de la maison de bourse KBC Securities. " Le groupe allemand est uniquement intéressé, selon moi, par une partie de la division Healthcare. Le logiciel Orbis surtout constituerait un parfait complément pour CompuGroup. "

Agfa-Gevaert, dirigé depuis 2010 par le Français Christian Reinaudo, a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros avec un effectif de 11 000 salariés, dont 3 500 dans notre pays. Son bénéfice net s'est arrêté à 71 millions d'euros. Agfa repose sur trois piliers : Agfa Graphics (50 % du chiffre d'affaires), Agfa Healthcare (43 %) et Specialty Products (7 %).

Guy Sips voit surtout de la logique dans une fusion des solutions logicielles d'Agfa et de CompuGroup. " Le logiciel de CompuGroup gère le dossier médical, c'est-à-dire la partie entre les patients et les médecins. Le logiciel Orbis d'Agfa opère comme une solution ERP pour les hôpitaux. Si l'on combine les deux, on dessert l'ensemble de la chaîne : patient, médecin et hôpital. Ce qui offre de grands avantages. "

Lourds engagements de pension

Guy Sips ne pense pas que le groupe informatique allemand va se lancer dans une reprise de l'intégralité du groupe d'imagerie belge. " Prenez Agfa Healthcare. Cette division comporte également des activités en régression. Je pense aux plaques traditionnelles, qu'Agfa produit pour les pays où l'on imprime encore les radiographies. Cette activité existe toujours, mais elle est de plus en plus digitalisée. "

CompuGroup n'est pas encore active dans ce marché, qui semble être davantage à la mesure d'acteurs comme Siemens et Philips. Et qu'allons-nous faire avec les entités graphiques d'Agfa ? " Ce n'est pas du tout le même domaine, et il me semble improbable que la société soit intéressée ", estime Sips.

Les lourds engagements d'Agfa-Gevaert en matière de pension constituent également un sérieux obstacle, selon l'analyste. " On parle de plus d'1,1 milliard d'euros, qu'il faudra trouver pour payer ces pensions. Selon mes calculs, le fardeau s'est encore alourdi de 150 millions cette année à cause de la baisse des taux d'intérêt. On en est donc à 1,25 milliard à financer. "

Fleuron

Selon Guy Sips, CompuGroup est certainement intéressé par Healthcare IT, le fleuron d'Agfa-Gevaert. " Mais s'il reprend la totalité, le groupe va se retrouver dans un véritable guêpier, pour lequel il ne possède pas les compétences en interne. " Pour pouvoir reprendre un groupe comme Agfa-Gevaert, il faut, selon l'analyste, trois compétences : l'informatique pour les soins de santé, les compétences graphiques et un réassureur capable de gérer les engagements de pension.

" Si on cumule les trois, on peut faire une proposition qui fait sens. Je souhaite bien du succès à celui qui voudrait essayer de racheter Agfa, pour en vendre ensuite les morceaux qui ne l'intéressent pas. Je ne sais pas si cela est tellement raisonnable ou dans l'intérêt de l'ensemble des parties prenantes ", dit Guy Sips.

Agfa-Gevaert s'appuie sur deux moteurs de croissance : les solutions IT pour soins de santé et les imprimantes grand format de son pôle graphique. " Mais la progression des deux n'est pas suffisante pour compenser les activités en baisse. Je m'attends toutefois à ce que ces deux divisions continuent de connaître une croissance accélérée à l'avenir. Ce sont aussi celles où les marges sont plus élevées par rapport aux autres activités ", souligne Sips.

Cette histoire, c'est clair, peut évoluer dans tous les sens. Ainsi ne pouvons-nous pas exclure que CompuGroup soit bien plus avancé dans les négociations de reprise et qu'il ait aussi sous la main un réassureur et un acteur graphique qui lui permettraient de travailler sur un scénario de morcellement. Ces parties pourraient alors approcher Agfa avec une offre valable.

Kurt De Cat, Trends - Roularta Media Group

La nouvelle de l'intérêt de la société cotée CompuGroup pour un rachat d'Agfa-Gevaert a fuité le 27 octobre via l'agence de presse Bloomberg. Agfa en apporte aujourd'hui confirmation dans un communiqué. Le Conseil d'administration du groupe d'imagerie, qui est présidé par Julien De Wilde, " va évaluer soigneusement l'intérêt de CompuGroup en tenant compte de l'intérêt des actionnaires et des autres parties prenantes ", lit-on. Il n'existe aucune certitude, selon Agfa, que les discussions débouchent sur une offre publique sur les actions du groupe.CompuGroup Medical, société spécialisée dans les logiciels de soins de santé, a également confirmé son intérêt. Le groupe allemand a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 543 millions d'euros, assorti d'un bénéfice de 38 millions d'euros. CompuGroup dit que les pourparlers n'en sont encore qu'à un stade précoce. " Il n'y a donc aucune certitude qu'une offre publique va suivre et l'on ignore sous quelles conditions ", dit son communiqué.Parfaite complémentarité logicielle" Si CompuGroup Medical doit assumer seul cette reprise, je pense que les chances de réussite sont minces ", dit Guy Sips, analyste de la maison de bourse KBC Securities. " Le groupe allemand est uniquement intéressé, selon moi, par une partie de la division Healthcare. Le logiciel Orbis surtout constituerait un parfait complément pour CompuGroup. "Agfa-Gevaert, dirigé depuis 2010 par le Français Christian Reinaudo, a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros avec un effectif de 11 000 salariés, dont 3 500 dans notre pays. Son bénéfice net s'est arrêté à 71 millions d'euros. Agfa repose sur trois piliers : Agfa Graphics (50 % du chiffre d'affaires), Agfa Healthcare (43 %) et Specialty Products (7 %).Guy Sips voit surtout de la logique dans une fusion des solutions logicielles d'Agfa et de CompuGroup. " Le logiciel de CompuGroup gère le dossier médical, c'est-à-dire la partie entre les patients et les médecins. Le logiciel Orbis d'Agfa opère comme une solution ERP pour les hôpitaux. Si l'on combine les deux, on dessert l'ensemble de la chaîne : patient, médecin et hôpital. Ce qui offre de grands avantages. "Lourds engagements de pensionGuy Sips ne pense pas que le groupe informatique allemand va se lancer dans une reprise de l'intégralité du groupe d'imagerie belge. " Prenez Agfa Healthcare. Cette division comporte également des activités en régression. Je pense aux plaques traditionnelles, qu'Agfa produit pour les pays où l'on imprime encore les radiographies. Cette activité existe toujours, mais elle est de plus en plus digitalisée. "CompuGroup n'est pas encore active dans ce marché, qui semble être davantage à la mesure d'acteurs comme Siemens et Philips. Et qu'allons-nous faire avec les entités graphiques d'Agfa ? " Ce n'est pas du tout le même domaine, et il me semble improbable que la société soit intéressée ", estime Sips.Les lourds engagements d'Agfa-Gevaert en matière de pension constituent également un sérieux obstacle, selon l'analyste. " On parle de plus d'1,1 milliard d'euros, qu'il faudra trouver pour payer ces pensions. Selon mes calculs, le fardeau s'est encore alourdi de 150 millions cette année à cause de la baisse des taux d'intérêt. On en est donc à 1,25 milliard à financer. "FleuronSelon Guy Sips, CompuGroup est certainement intéressé par Healthcare IT, le fleuron d'Agfa-Gevaert. " Mais s'il reprend la totalité, le groupe va se retrouver dans un véritable guêpier, pour lequel il ne possède pas les compétences en interne. " Pour pouvoir reprendre un groupe comme Agfa-Gevaert, il faut, selon l'analyste, trois compétences : l'informatique pour les soins de santé, les compétences graphiques et un réassureur capable de gérer les engagements de pension." Si on cumule les trois, on peut faire une proposition qui fait sens. Je souhaite bien du succès à celui qui voudrait essayer de racheter Agfa, pour en vendre ensuite les morceaux qui ne l'intéressent pas. Je ne sais pas si cela est tellement raisonnable ou dans l'intérêt de l'ensemble des parties prenantes ", dit Guy Sips.Agfa-Gevaert s'appuie sur deux moteurs de croissance : les solutions IT pour soins de santé et les imprimantes grand format de son pôle graphique. " Mais la progression des deux n'est pas suffisante pour compenser les activités en baisse. Je m'attends toutefois à ce que ces deux divisions continuent de connaître une croissance accélérée à l'avenir. Ce sont aussi celles où les marges sont plus élevées par rapport aux autres activités ", souligne Sips.Cette histoire, c'est clair, peut évoluer dans tous les sens. Ainsi ne pouvons-nous pas exclure que CompuGroup soit bien plus avancé dans les négociations de reprise et qu'il ait aussi sous la main un réassureur et un acteur graphique qui lui permettraient de travailler sur un scénario de morcellement. Ces parties pourraient alors approcher Agfa avec une offre valable.Kurt De Cat, Trends - Roularta Media Group