Je me trouvais au Sign2Com de Courtrai quand la nouvelle est tombée: la multinationale sud-africaine Sappi a l'intention de fermer sa papeterie limbourgeoise de Lanaken. Un coup de massue pour les 644 travailleurs concernés, mais aussi une mauvaise nouvelle pour l'industrie manufacturière au sens large. Elle n'est pas trop à la fête dans notre pays depuis un certain temps, et peu de politiques semblent s'en émouvoir. Ce que je trouve singulier et inquiétant. Les niveaux élevés des charges salariales et des prix de l'énergie sapent la compétitivité de nos entreprises actives à l'international. Les permis sont difficiles à obtenir ; des projets d'investissements restent en rade. Le ...

Je me trouvais au Sign2Com de Courtrai quand la nouvelle est tombée: la multinationale sud-africaine Sappi a l'intention de fermer sa papeterie limbourgeoise de Lanaken. Un coup de massue pour les 644 travailleurs concernés, mais aussi une mauvaise nouvelle pour l'industrie manufacturière au sens large. Elle n'est pas trop à la fête dans notre pays depuis un certain temps, et peu de politiques semblent s'en émouvoir. Ce que je trouve singulier et inquiétant. Les niveaux élevés des charges salariales et des prix de l'énergie sapent la compétitivité de nos entreprises actives à l'international. Les permis sont difficiles à obtenir ; des projets d'investissements restent en rade. Le recours récurrent au chômage temporaire aide peut-être à alléger momentanément la facture, mais il peut constituer le coup de grâce à plus long terme pour les usines belges - certainement au sein des groupes internationaux qui peuvent faire jouer la concurrence sans état d'âme entre leurs sites de production de différents pays. Du déjà-vu dans l'industrie automobile. Combien de temps la très énergo-intensive industrie chimique va-t-elle tenir le coup? C'est dans ce contexte difficile que Sappi Lanaken doit fermer ses portes, outre que les papetiers sont depuis longtemps en surcapacité. Des papeteries ont déjà été fermées en Europe. Mais c'est aujourd'hui le tour d'une usine intégrée établie chez nous. La pilule est amère. On notera que Sappi a également fait son mea culpa lors du conseil d'entreprise extraordinaire en évoquant sa politique tarifaire (trop) élevée. "Une erreur", fut-il dit. Dans un marché en contraction, les hausses de prix successives, poussées par le choc énergétique de 2022, n'ont fait qu'aggraver la situation. Jugeant le papier trop cher, les clients se sont mis en quête d'alternatives, misant davantage encore sur les canaux numériques. Certains fabricants entendent se délester du papier graphique pour trouver refuge dans le monde de l'emballage. Les prix excessifs sont en train de chasser les clients, et pour de bon, dirait-on. Cette stratégie est-elle judicieuse? On est en droit d'en douter. Les syndicats et les représentants de la direction vont consacrer les prochains mois à la négociation d'un plan social. Cette dernière souhaite un accord pour Noël ; l'usine fermera au premier trimestre de 2024. Léger baume au coeur du personnel licencié: le marché du travail regorge de postes vacants. L'élasticité-prix est aussi un thème important sur le marché international du livre (lire en page 16). Les éditeurs sont confrontés à des hausses de coûts, qui ne peuvent pas être systématiquement répercutées sur le consommateur. Je retiens de mes cours d'économie que le type de livre peut avoir une influence sur la sensibilité de la demande au prix. Ainsi, les ouvrages scientifiques y sont moins sensibles, car ceux qui en ont besoin dans le cadre de leurs études seront de toute façon disposés à les payer plus cher. La fiction grand public en revanche ressent plus directement l'effet d'une fluctuation de prix. Un autre facteur joue un rôle: si des alternatives sont aisément accessibles (comme des e-books, des bibliothèques ou des livres d'occasion), l'élasticité-prix peut augmenter parce que les consommateurs ont plus de possibilités de choix. Mais tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise, dit l'adage. À force de tirer sur l'élastique, il finit par casser. Idem pour les prix des imprimés.