Quelque 1 200 congressistes se sont réunis au printemps à Columbus (Ohio) pour discuter des tendances actuelles et des perspectives d'avenir de la flexographie dans le cadre du Forum de la FTA (Flexographic Technical Association). La revue spécialisée Labels & Labeling en a livré un compte rendu. "Il reste encore beaucoup de commandes à longs tirages", a par exemple fait observer sur place Steve Schulte, du constructeur de presses Mark Andy. "Tant que l'impression numérique n'atteindra pas le seuil critique en termes de vitesse et de coût par étiquette, la flexographie aura toujours sa place." Un représentant de Bobst a abondé dans ce sens: "Une technologie ne remplace pas l'autre: elles se complètent parfaitement bien."
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Quelque 1 200 congressistes se sont réunis au printemps à Columbus (Ohio) pour discuter des tendances actuelles et des perspectives d'avenir de la flexographie dans le cadre du Forum de la FTA (Flexographic Technical Association). La revue spécialisée Labels & Labeling en a livré un compte rendu. "Il reste encore beaucoup de commandes à longs tirages", a par exemple fait observer sur place Steve Schulte, du constructeur de presses Mark Andy. "Tant que l'impression numérique n'atteindra pas le seuil critique en termes de vitesse et de coût par étiquette, la flexographie aura toujours sa place." Un représentant de Bobst a abondé dans ce sens: "Une technologie ne remplace pas l'autre: elles se complètent parfaitement bien." Des chiffres récents du cabinet Smithers montrent que la flexographie reste effectivement - et de loin - le procédé de prédilection du marché de l'étiquette: près de 40% du volume mondial d'étiquettes (en mètres carrés) s'est imprimé sur des presses flexo petite laize. L'offset suit à bonne distance, avec un bon 28%. L'hélio arrive en troisième position avec une part de marché de moins de 15%. La PDM des étiquettes imprimées en numérique est de 6,4% en volume, mais elle est nettement plus élevée en valeur, ainsi que le soulignent les analystes de Smithers dans leur rapport The Future of Labels and Release Liners to 2028. Restent enfin les presses hybrides (flexo combinée avec un module d'impression jet d'encre, par exemple), avec une PDM d'un peu plus de 4%. Des changements sont toutefois attendus au cours des cinq prochaines années. La part de la flexo va augmenter annuellement d'environ 3,3% en volume jusqu'en 2028, pendant que celle de l'offset reculera de 2,2%. L'hélio va gagner des parts de marché avec une croissance annuelle de 4%. Mais le plus gros gain sera réalisé par les presses numériques (toner et jet d'encre), promises, dit Smithers, à une progression de 12,3% en volume. Celle-ci sera due d'une part, précise le rapport, aux vitesses plus élevées rendues possibles par le jet d'encre, mais aussi à la demande accrue de tirages plus courts et d'une plus grande diversité dans les étiquettes. Les presses flexo servent un marché beaucoup plus large que celui des étiquettes, autoadhésives ou non. Selon les calculs de Smithers, la plus grande part - près de 37% - du volume total imprimé en flexo l'an dernier était constitué d'emballages en carton ondulé. Le segment des emballages souples va par ailleurs gagner de plus en plus en importance: cette application de la flexo devrait signer la plus forte progression dans les années à venir, selon les prévisionnistes. De nouveaux segments à fort potentiel de croissance se présentent par ailleurs à la flexo, comme l'impression de mouchoirs en papier (dans le cadre des mesures anticoronavirus) et, par exemple, la vaisselle en carton (comme des assiettes), dans la foulée des réglementations visant à interdire l'utilisation des plastiques à usage unique. Des volumes vont également disparaître: avec la baisse des tirages des journaux papier, ce marché continue de se contracter pour la flexo. Le salon Labelexpo Europe, qui s'est tenu début septembre à Bruxelles, a offert l'occasion de faire un état des lieux et d'identifier les tendances dans le domaine de la flexo. L'évènement bisannuel, qui n'avait pu se tenir en 2021 pour cause de pandémie, a accueilli plus de 630 exposants, qui ont attiré près de 36 000 visiteurs. Après une édition américaine de 2022 qui avait signé une grande première en n'exposant pas une seule presse flexographique, les organisateurs avaient promis "le retour de la flexo" dans la capitale belge - et ce fut effectivement le cas. Plusieurs ténors ont proposé des démonstrations de leurs toutes nouvelles presses. Bobst, par exemple, avait installé sur son stand une Master M6 destinée à présenter les avantages d'une impression en "gamut élargi" (ECG, lire ci-après dans ce même article). Lombardi produisait sur une Synchroline et une Invicta i1 - et levait un coin du voile sur l'Invicta i2 modernisée. Mark Andy profitait de Labelexpo pour lancer une nouvelle presse flexo dans la série Pro. Omet, qui fêtait ses 60 ans, était aussi venu à Bruxelles avec une nouvelle presse flexo: la KFlex, intégrant le façonnage, la dorure et un module "Omet Jet-Bar" pour la création de relief par dépose jet d'encre de vernis. Une presse à étiquettes iFlex était en outre visible en coulisses, mais exclusivement sur invitation. Sous le slogan "The Future of Flexo", deux machines étaient à l'oeuvre chez Nilpeter: les FA-17 et FA-26, cette dernière apparaissant pour la première fois dans un salon. Uteco, enfin, proposait une présentation virtuelle de la nouvelle presse compacte Onyx GO. La présence de nombreuses presses flexo sur différents stands ne pouvait toutefois certainement pas masquer la réalité de la transition vers le numérique. Même les précités n'ont pas manqué de mettre en avant leurs propres développements dans ce domaine. Uteco, par exemple, collabore avec Kodak pour ses presses jet d'encre Sapphire, ciblée notamment sur le marché des emballages (souples). Nilpeter s'est engagé dans un partenariat avec Screen visant la mise sur le marché d'une machine hybride. Cette Truepress Label 350 UV SAI a été montrée sur le stand de Screen équipée de deux groupes flexo de Nilpeter et de la technologie jet d'encre de Screen. Et Omet planche avec Durst sur la Xjet hybride, également exposée en pleine action à Bruxelles. L'impression numérique joue aussi un grand rôle chez Mark Andy. La nouvelle version de sa Digital Pro Max a ainsi fait ses débuts européens à Labelexpo. En plus d'ajouter le blanc aux CMJN, cette rotative hybride à technologie toner peut être équipée au gré des besoins de groupes flexo et de modules de façonnage et d'ennoblissement. Le stand accueillait également une presse hybride jet d'encre/flexo de la gamme Digital Series HD. Sur le stand de Bobst, on ne pouvait manquer la presse à étiquettes Digital Master 340 All-in-One, enchaînant jet d'encre, flexo, ennoblissement et découpe à la forme en un seul passage. Bobst équipe ses unités jet d'encre des têtes spéciales de Mouvent - développeur technologique cofinancé par Bobst et qui a été entièrement incorporé au groupe à la fin 2020. Mouvent se présentait encore à la Labelexpo de 2019 avec ses propres (prototypes de) presses jet d'encre, des machines qui - bien qu'installées entre-temps à plusieurs exemplaires - ne sont plus fabriquées. Les têtes, qui en sont déjà à leur troisième génération, sont intégrées, par exemple, dans la Digital Master 340 sous le label "Bobst Inkjet Technology". Cette dernière machine était flanquée de la nouvelle Digital Expert 340, une presse jet d'encre entièrement numérique pour petits tirages jusqu'à environ 8 000 mètres. Un autre acteur du monde de la flexo a misé très ostensiblement sur le numérique lors de cette Labelexpo, à savoir Gallus, qui présentait sa presse jet d'encre "Gallus One". Dario Urbinati, CEO de Gallus, a levé toute ambiguïté à ce sujet: "Il ne reste en fait plus grand-chose à améliorer à la flexographie. L'innovation est à chercher du côté du numérique." Avec la Gallus One, la filiale de Heidelberg, pense avoir construit une presse à étiquettes numérique concurrentielle sur le plan du coût global de possession (TCO). Urbinati n'exclut pas que Gallus vende autant de presses jet d'encre l'an prochain que de machines flexo. Si la flexo peut être considérée comme une technologie mature, diverses de ses composantes n'en restent naturellement pas moins améliorables ou substituables. Dans le domaine du prépresse, par exemple, où à côté de noms connus comme XSYS, Asahi et Esko, un nouvel acteur a fait son apparition, à savoir ECO3 - ex-Agfa Offset Solutions. L'entreprise désormais autonomisée a profité de Labelexpo pour présenter une solution complète destinée à l'industrie de la flexo: flux prépresse dématérialisé Amfortis, procédé de tramage Spiral, plaques flexo Magis et systèmes d'exposition Magis. Des projets d'extension dans le domaine de la flexo existaient déjà à l'époque d'Agfa, confie Christophe Lievens, mais un coup d'accélérateur a été donné depuis l'arrivée du nouveau propriétaire Aurelius. ECO3 dit actuellement viser l'industrie de l'étiquette en Europe et en Amérique latine, tout en nourrissant l'ambition de se développer aussi dans d'autres applications et marchés. La conjoncture semble aussi favorable pour une technologie déjà prometteuse depuis un certain temps: l'IGE, ou impression à gamut élargi (ou étendu), dite aussi impression à palette (de couleurs) fixe (respectivement en anglais "Expanded Gamut Printing" (EGP), "Extended Color Gamut (ECG) ou "Fixed Color Palette (FCP)). L'IGE ne manque précisément pas d'avantages pour l'industrie de l'étiquette et de l'emballage: l'impression avec un jeu d'encres invariable - en l'occurrence les CMJN, plus l'orange, le vert et le violet - rend l'utilisation de couleurs d'appoint (pratiquement) superflue. Il est ainsi possible d'obtenir plus rapidement une qualité d'impression homogène sans devoir changer d'encre à chaque nouveau travail. D'où moins d'arrêts machine et une productivité accrue. Il devient aussi plus facile d'amalgamer différentes commandes (qui auraient auparavant nécessité des jeux d'encre différents). L'IGE a bénéficié d'une attention particulière cette année à Labelexpo, grâce notamment à un séminaire de deux jours intitulé "Flexo's Future" sous la houlette de l'expert Kai Lankinen et à une visite guidée de différents stands de fournisseurs et fabricants soutenant activement la technologie d'impression à gamut élargi, dont XSYS (plaques flexo), Siegwerk (encres), Nilpeter (presses flexo) et Hybrid (logiciels). Ils ont démontré que la technique est prête pour faire de l'IGE un succès. De nouveaux arguments peuvent potentiellement aider à convaincre le marché: outre les gains d'efficience, l'IGE peut aussi contribuer à réduire la gâche et diminuer l'empreinte carbone des commandes d'imprimés. Selon les chiffres de Kai Lankinen, les donneurs d'ordres sont désormais bien au fait du phénomène IGE et aussi enclins à faire le pas. Aux imprimeurs avisés d'en tirer intelligemment profit. La digitalisation croissante du processus de production tout entier est de nature à encore améliorer l'efficience de la flexo. Les grandes quantités de données mises à disposition avant, pendant et après la production fournissent une masse d'informations utiles à la rationalisation des processus. De plus en plus de fournisseurs parlent désormais "d'écosystèmes", interconnectant l'ensemble des composantes du processus de production. Cette évolution devrait à terme encore faire converger l'industrie analogique de la flexo et le monde du numérique, en facilitant une éventuelle transition. Des fournisseurs tels que Xeikon, Screen, FujiFilm et Konica Minolta améliorent en permanence leurs gammes et leurs possibilités techniques. Et en ce qui concerne HP Indigo, le seuil critique est d'ores et déjà atteint. Noam Zilbershtain, directeur général d'HP Indigo, a prédit la révolution en ces termes: "HP first, flexo second."