L'un de ces ténors qui misent gros sur le recyclage chimique est ExxonMobil. Le pétrolier, mais pas que, est également actif depuis bien longtemps sur le marché de l'emballage en tant que fournisseur de films plastiques. Et l'une des évolutions dans ce domaine est la tendance aux monomatériaux assortis de propriétés barrières pour les produits frais. Ce type d'emballages composites était jusqu'il y a peu constitué de plastiques de différentes natures, mais on voit de plus en plus apparaître sur le marché des variantes dont les différentes couches sont constituées d'un même matériau. Et il s'agit en général de PE. Grâce à diverses innovations techniques, le plastique peut être étiré dans plusieurs directions, et de nouvelles barrières ont été découvertes contre la perméabilité à la vapeur d'eau et à l'oxygène, responsables de la dégradation du produit. Plusieurs grands fabricants de films montraient déjà des emballages alimentaires en PE monomatériau à la K de l'an dernier. Les monomatériaux ne conviennent toutefois pas dans tous les cas et un multicouche composé constitue parfois la seule solution pour préserver la fraîcheur du produit. C'est pour offrir une deuxième vie à ces emballages - jusqu'il y a peu non recyclables - que le recyclage chimique a été mis au point. La méthode revient beaucoup plus cher que le recyclage mécanique, mais il n'y a pas d'autre option si l'on veut continuer de réduire la quantité de déchets plastiques envoyés à la décharge ou à l'incinérateur. On n'est plus dans la pure théorie, et différents grands acheteurs se donnent désormais les moyens financiers d'employer ce type de matériau pour leurs emballages. Ne fût-ce que pour souligner leurs ambitions en mati...

L'un de ces ténors qui misent gros sur le recyclage chimique est ExxonMobil. Le pétrolier, mais pas que, est également actif depuis bien longtemps sur le marché de l'emballage en tant que fournisseur de films plastiques. Et l'une des évolutions dans ce domaine est la tendance aux monomatériaux assortis de propriétés barrières pour les produits frais. Ce type d'emballages composites était jusqu'il y a peu constitué de plastiques de différentes natures, mais on voit de plus en plus apparaître sur le marché des variantes dont les différentes couches sont constituées d'un même matériau. Et il s'agit en général de PE. Grâce à diverses innovations techniques, le plastique peut être étiré dans plusieurs directions, et de nouvelles barrières ont été découvertes contre la perméabilité à la vapeur d'eau et à l'oxygène, responsables de la dégradation du produit. Plusieurs grands fabricants de films montraient déjà des emballages alimentaires en PE monomatériau à la K de l'an dernier. Les monomatériaux ne conviennent toutefois pas dans tous les cas et un multicouche composé constitue parfois la seule solution pour préserver la fraîcheur du produit. C'est pour offrir une deuxième vie à ces emballages - jusqu'il y a peu non recyclables - que le recyclage chimique a été mis au point. La méthode revient beaucoup plus cher que le recyclage mécanique, mais il n'y a pas d'autre option si l'on veut continuer de réduire la quantité de déchets plastiques envoyés à la décharge ou à l'incinérateur. On n'est plus dans la pure théorie, et différents grands acheteurs se donnent désormais les moyens financiers d'employer ce type de matériau pour leurs emballages. Ne fût-ce que pour souligner leurs ambitions en matière de durabilité à l'attention du client final. Après le démarrage à Baytown (Texas) d'une usine de pointe dédiée au recyclage de plastiques composites ne convenant pas pour le procédé mécanique, une nouvelle unité sera ouverte à Rotterdam vers le milieu de l'année prochaine, et une autre fin 2024 à Anvers. Et pendant ce temps, d'autres installations similaires voient le jour sur d'autres continents. ExxonMobil a recours à une technologie brevetée pour décomposer les plastiques difficiles à recycler et les convertir en matières premières de nouveaux produits. Celle-ci permet de transformer plus de 80 millions de kilos de déchets plastiques chaque année. ExxonMobil prévoit ainsi de recycler annuellement 500 millions de kilos de plastiques usagés d'ici 2026. Depuis les débuts des opérations pilotes à Baytown l'an dernier, ExxonMobil a recyclé près de 7 000 tonnes de déchets plastiques. Le procédé breveté Exxtend permet la décomposition au niveau moléculaire de déchets plastiques auparavant voués à la décharge: des terrains de sports synthétiques aux films à bulle en passant par les bidons ayant contenu de l'huile moteur. ExxonMobil a contribué à la fondation de Cyclyx International, une co-entreprise dédiée à la collecte et au tri de grandes quantités de déchets plastiques. La société a aussi investi dans une installation de traitement de déchets plastiques à Houston, laquelle va alimenter l'usine de recyclage ExxonMobil de Baytown. ExxonMobil est aussi membre fondateur de la Houston Recycling Collaboration, dans le cadre de laquelle pouvoirs publics et industrie s'unissent pour améliorer l'accès aux programmes de recyclage et élargir l'infrastructure de recyclage par la voie mécanique et d'autres technologies de pointe. ExxonMobil travaille également avec des tiers à évaluer le potentiel de mise en oeuvre à grande échelle de technologies de recyclage avancées, ainsi que les possibilités d'amélioration de la collecte et du tri des déchets plastiques en Malaisie et en Indonésie. ExxonMobil a conclu des contrats commerciaux sur la vente de plastiques circulaires avec des clients du monde entier en vue de leur utilisation dans des emballages plastiques sûrs du point de vue alimentaire, et a noué des partenariats notamment avec Sealed Air et Ahold Delhaize USA, Berry Global et Amcor. À Interpack, le fabricant de plastiques Bareks a montré une application sous la forme d'un sachet à fond plat pour denrées alimentaires, mais qui convient naturellement aussi pour de la nourriture pour animaux ou d'autres utilisations. Un autre acteur majeur dans le domaine du recyclage chimique est Dow Chemicals. En collaboration avec Mura Technologie, le groupe ambitionne, d'ici 2030, de construire des usines de recyclage chimique en Europe et aux États-Unis représentant une capacité supplémentaire de 600 kilotonnes. Dow mise aussi sur d'autres pistes en matière de soutenabilité afin de rendre les emballages plus circulaires. Notamment sous la forme de monomatériaux à fonctions barrières, mais aussi, par exemple, de film rétractable pour le filmage de palettes, que l'entreprise produit à partir de déchets d'emballages consommateurs. Pour Elopak, Dow fournit le liner PE biosourcé de la couche barrière, ce qui devrait rendre l'emballage encore plus durable. Sur le stand de Sabic était notamment exposé un nouveau sachet fabriqué à partir de plastique marin pour des crevettes d'eau froide surgelées de la société norvégienne Coldwater Prawns. Sabic a collaboré pour la cause avec l'Estonien Estiko Packaging Solutions. Le sachet est constitué d'un film multicouches produit par Estiko Packaging Solutions à partir d'une qualité circulaire et certifiée de copolymère aléatoire Sabic PP Qrystal. Celui-ci est associé à 60% de déchets d'emballages OBP (Ocean-Bound Plastic). Les OBP sont le reliquat d'une gestion insuffisante des déchets plastiques, que l'on retrouve dans les rivières et sur leurs berges jusqu'à 50 km à l'intérieur des terres. Un processus de recyclage les transforme en une matière première alternative, utilisée par Sabic pour produire les polymères circulaires certifiés, destinés à être réinjectés dans les flux de matériaux servant à la fabrication d'emballages souples. Le nouvel emballage est en parfaite adéquation avec les pratiques de pêche durable des crevettes d'eau froide en Norvège. Contrairement aux crevettes géantes d'élevage, les crevettes d'eau froide de l'entreprise sont pêchées en eaux profondes dans la mer de Barents, avant d'être cuites, pelées et surgelées individuellement (procédé IQF) en vue de leur conditionnement et de leur commercialisation. À côté de divers exemples de recyclage chimique par pyrolyse, le stand de Total présentait un procédé comparable par hydrolyse d'un monomatériau ayant servi pour des emballages bioplastiques en PLA. Total a pour ce faire uni ses forces avec Corbion, avec qui le groupe avait déjà aussi constitué une joint-venture 50/50 pour la production d'acide polylactique. Il en est résulté une usine de polymérisation de PLA en Thaïlande d'une capacité de 75 000 tonnes par an. Corbion fournit l'acide lactique nécessaire à la fabrication du PLA, ainsi que le lactide. L'hydrolyse des emballages en PLA usagés est également réalisée dans cette même usine thaïlandaise, la matière ainsi obtenue convenant pour le contact avec les denrées alimentaires. Une température de 60 °C suffit par opposition aux centaines de degrés (parfois dix fois plus) nécessaires à la décomposition par pyrolyse. Comme le produit est monomatière, il peut théoriquement être recyclé mécaniquement, mais ce traitement n'est pas suffisant pour obtenir une qualité alimentaire. Une restriction due aux potentialités de contamination liées aux résidus de produit laissés dans les emballages.