Lorsqu'après dix ans d'absence pour cause de dissensions internes, Steve Jobs est revenu au chevet d'Apple, alors au bord de la faillite, il a passé l'offre de produits au crible. Le constructeur à la pomme avait alors en magasin un nombre impressionnant de types d'ordinateurs aux références alambiquées et assortis d'une liste interminable de caractéristiques techniques. Jobs demanda à un collaborateur pourquoi, selon lui, il devrait acheter un modèle plutôt qu'un autre. Sa question restant sans réponse, il décida de faire table rase. La suite est connue: Apple est redevenue l'entreprise la plus prospère de tous les temps.
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Lorsqu'après dix ans d'absence pour cause de dissensions internes, Steve Jobs est revenu au chevet d'Apple, alors au bord de la faillite, il a passé l'offre de produits au crible. Le constructeur à la pomme avait alors en magasin un nombre impressionnant de types d'ordinateurs aux références alambiquées et assortis d'une liste interminable de caractéristiques techniques. Jobs demanda à un collaborateur pourquoi, selon lui, il devrait acheter un modèle plutôt qu'un autre. Sa question restant sans réponse, il décida de faire table rase. La suite est connue: Apple est redevenue l'entreprise la plus prospère de tous les temps. Si Jobs passe pour être le plus grand génie industriel des cinquante dernières années, les fabricants d'imprimantes (grand format) n'ont pas retenu la leçon. L'examen de l'offre disponible révèle une grande quantité de machines aux noms sibyllins, faisant généralement partie d'une série et systématiquement disponibles en plusieurs versions. Une telle diversité dans l'offre n'a en soi rien d'étonnant. L'industrie dessert en effet des groupes de clients spécifiques, qui ont des besoins différents et travaillent avec les matériaux les plus divers. Mais même quand le groupe-cible, le type de supports, l'application et la marque de la machine sont connus, le choix reste pléthorique. Comme si les constructeurs avaient décidé de développer un modèle pour chaque situation possible. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. Les fabricants sont très au courant de ce qui se passe sur le marché et chez la concurrence. Si le créneau est trop petit, l'offre est rare - nous en donnons un exemple dans la suite de cet article. Mais là où le marché est porteur, chaque niche est soigneusement pourvue. Difficile donc de faire un choix pour un article de synthèse, ce qui revient souvent à comparer des pommes et des poires. Sans oublier non plus la question du prix. Le coût de la machine, les encres, les supports et la consommation d'énergie sont autant de sujets que le constructeur ne daigne aborder qu'au stade de la négociation commerciale. Plus les multiples autres paramètres cachés qui font qu'il est très difficile, voire irréaliste, de prétendre donner un aperçu exhaustif du marché. Nous avons donc opéré une sélection de machines qui nous ont paru intéressantes pour vous proposer ce survol de l'offre actuelle en matière d'impression grand format (LFP). Ricoh n'est probablement pas le premier nom qui vient à l'esprit de celui qui cherche une imprimante latex. Le constructeur japonais est pourtant présent dans le segment LFP depuis pas mal de temps, non sans succès. Ainsi, il a été primé aux EDP Awards en début d'année avec les Pro L5130e/L5160e. Ces machines impriment respectivement en 1 371 mm et 1 625 mm de large, à une résolution maximale de 1 200 dpi. Leur productivité max. pour les applications d'extérieur est de 46,7 m2/h. L'application rouleau-rouleau est explicitement positionnée sur le marché comme imprimante latex à gamut élargi. En plus des CMJN, elle offre le blanc et une encre orange ou verte en option. Les combinaisons de couleurs permettent d'approcher un très large éventail de nuances Pantone. Ricoh vise notamment les entreprises graphiques désireuses d'intégrer des applications grand format à leur offre de services. Le nettoyage automatique des têtes d'impression contribue à une grande facilité d'entretien. Ricoh développe et produit ses propres têtes et encres d'impression. Le séchage s'opère à basse température, ce qui permet l'utilisation de types de matériaux sensibles à la chaleur. Les possibilités sont multiples, des affiches géantes à l'habillage de véhicules en passant par les applications d'intérieur. Le séchage par LED UV est en plein essor et a déjà conquis une place appréciable dans les imprimantes à solvant et écosolvant, également pour le segment rouleau-rouleau. La technique était au début surtout intéressante pour les imprimantes à plat, au vu de l'importance en production d'un séchage rapide ajouté à la possibilité d'imprimer sur différents matériaux. Les fournisseurs préfèrent d'ailleurs utiliser le terme "durcissement" plutôt que "séchage", pour bien accentuer la différence d'avec le procédé traditionnel. Avec un séchage, la couche couvrante perd en épaisseur, ce qui n'est pas le cas pour un durcissement. La technique UV-LED souffrait initialement de toutes sortes de défauts. En plus d'une consommation d'énergie élevée, certains matériaux étaient délicats à traiter à cause de la chaleur dégagée par les lampes. En outre, celles-ci coûtaient cher et devaient être souvent remplacées. Ces inconvénients sont entre-temps devenus négligeables, assure un fabricant comme Mimaki. L'UJV100-160 est un modèle d'entrée de gamme lancé pour ce marché par Mimaki lors de l'édition virtuelle de la Drupa. Elle peut imprimer des rouleaux jusqu'à 1,60 m de large à la cadence maximale de 23 m2/h. Mimaki revendique un faible consommation d'énergie, avec des lampes qui ne dégagent pratiquement pas de chaleur. Les avantages du procédé UV-LED sont ainsi préservés. La rapidité du durcissement permet un façonnage immédiat de l'imprimé et le choix de matériaux est étendu. Poussée par des considérations d'ordre environnemental, l'arrivée de supports sans PVC, en particulier, a fait augmenter la demande de machines polyvalentes. Le choix de types d'encres s'est lui aussi élargi, avec par exemple, des encres étirables pour l'habillage de véhicules. Il existe par ailleurs une JV100-160, qui est la même imprimante que l'UJV100-160, mais pour encres à écosolvant. Enfin, pas tout à fait la même. Si on regarde la liste des applications, le choix d'encres et le nombre de couleurs, on relève tout de même pas mal de différences. Par exemple, l'UJV100 convient comme système d'épreuves, contrairement à sa petite soeur à écosolvant. Il existait d'ailleurs en son temps une série UCJV300, qui en plus d'imprimer, assurait la découpe. Vous suivez toujours? Le catalogue de Mimaki est une jungle dans laquelle on se perd facilement. Heureusement, on peut cerner l'application recherchée en cochant des critères sur le site Web, qui affiche ensuite automatiquement une sélection. Il ne manque plus qu'un curseur permettant de baliser le budget disponible. Canon a débarqué en force à la Fespa d'Amsterdam l'an dernier, avec un stand débordant de machines et même une "fabrique de papiers peints" entièrement opérationnelle. Dans un autre coin du stand, le fabricant proposait de faire plus ample connaissance avec la nouvelle imprimante à plat Arizona 135 GT. Cette machine s'amortit pour une production de minimum 2 000 m2/an, dit Canon, ce qui la rendrait intéressante pour les starters. Les lettres "GT" sont censées ajouter une touche sportive à cette Arizona, qui produit jusqu'à 34,2 m2/heure et utilise le séchage par LED UV. Elle peut imprimer des supports rigides jusqu'à 126 x 251 cm, et basculer en option en mode rouleau-rouleau pour des supports jusqu'à 220 cm de large. Pour ce qui est de l'espace chromatique, elle embarque les CMJN plus le blanc. La qualité d'impression n'est pas exprimée en résolution, mais en taille de gouttelette variable, de 6 à 30 picolitres. Canon parle d'images photoréalistes, disponibles en 1440 dpi ou résolution supérieure. Le tout fait de l'Arizona 135 GT une machine très polyvalente capable d'imprimer aussi sur des matières comme le verre, les métaux et le bois. Il est important, pour un starter, que son imprimante ne nécessite pas trop d'entretien, car il ne peut pas compter sur une machine de secours pendant la maintenance. L'Arizona 135 GT intègre de ce fait un système d'entretien automatisé et la maintenance est possible à distance. Les applications de l'impression grand format numérique s'étendent à de nombreux domaines. Le marché de l'impression sur métal est relativement étroit, mais offre toutes sortes de possibilités. Il se distribue lui-même sur différents sous-domaines. Comme mentionné en début d'article, les gros constructeurs d'imprimantes ne sont pas toujours intéressés par les petits marchés. C'est ainsi que Polychromal, transformateur néerlandais d'aluminium, a cherché pendant des années une bonne solution permettant de combiner impression et anodisation. L'anodisation est un traitement électrolytique ayant pour but de doter l'aluminium d'une couche d'oxydation à la fois dure, poreuse et résistante à l'usure. La résistance à la corrosion peut ensuite être améliorée par bouchage des pores. En imprimant avant de colmater les pores, on obtient une image inrayable. Des procédés analogiques, comme la sérigraphie, sont utilisés depuis longtemps pour imprimer l'aluminium. L'impression numérique offre des avantages en termes de productivité et de flexibilité, mais imprimer sur des matériaux anodisés impose des exigences particulières à la machine et aux encres. Polychromal a cherché des contacts des années durant auprès des grands constructeurs d'imprimantes LFP, mais toujours en vain. Ce qui l'a incitée à finalement développer elle-même une machine réservée à sa propre production. Le métallurgiste s'en sert pour des impressions sur aluminium, destinées à un usage intensif à long terme. On pense aux plaques métalliques présentes sur les machines, dans les ascenseurs ou sur les horodateurs de stationnement. Mais aussi à des produits comme les panonceaux informatifs ou les plaques à usage décoratif en extérieur. Polychromal propose désormais les DSE-60, DSE-100 et DSE-200, qui sont aussi vendues à des tiers. La DSE-200 est la plus grande de la famille avec son format de 2 000 x 1 300 mm. La résolution maximale est de 1 440 x 1 440 dpi et l'impression se fait en quadrichromie plus une encre transparente. Ces machines ne prétendent pas atteindre des vitesses faramineuses, et plus les exigences de qualité sont élevées, plus la cadence diminue. Mais quand on imprime sur un support coûteux comme l'aluminium, la vitesse n'est pas la priorité numéro un. Les gros utilisateurs trouveront leur bonheur chez Agfa. La Jeti Tauro H3300 UHS LED est une bête de 3,3 mètres de large, capable d'imprimer aussi bien des matériaux rigides que des supports souples en rouleau, en 4 ou 6 couleurs. Avec une productivité maximale de 600 m2/heure, elle donne le meilleur d'elle-même dans un environnement fonctionnant 24h/24 et 7j/7. La technologie convient pour l'impression de carton ondulé, ce qui permet d'affecter la Jeti Tauro à la production de petits tirages d'emballages, éventuellement personnalisés. La machine attend surtout de l'opérateur qu'il charge régulièrement les supports et évacue les produits imprimés. Avec le juste degré d'automatisation à l'entrée et à la sortie et moyennant le bon logiciel de flux de production, il est possible de la laisser travailler toute seule une fois le personnel rentré chez lui. La Jeti Tauro s'aligne ainsi sur une évolution devenue monnaie courante dans d'autres secteurs de l'industrie manufacturière. Et c'est tout? Déjà la fin de cet aperçu? Et quid d'HP et de son vaste assortiment d'imprimantes latex ou à sublimation? Quid encore de Durst, qui prétend pouvoir changer la donne avec sa P5 TEX iSUB multiprimée? Beaucoup d'autres constructeurs méritent d'être évoqués ici. Mais nous l'avons dit, cet article n'est une sélection, certes quelque peu arbitraire, de machines intéressantes dans le segment numérique. Nous reviendrons peut-être une autre fois sur un choix tout différent de fournisseurs et de segments. En attendant, nous espérons - sans trop y croire - que les fabricants structureront un minimum leur offre, afin que tout le monde puisse enfin s'y retrouver.