La bombe bpost a explosé en plein bouclage de notre dossier consacré au Direct Mail (lire en page 12). Voilà un moment que la société de droit public cotée en bourse affronte des vents contraires. Ses déboires ont commencé avec un mea culpa de l'entreprise postale concernant de possibles irrégularités dans la concession des droits de distribution des journaux et périodiques. Ce à quoi s'est ajoutée une suspicion de malversations dans trois autres contrats avec l'État. Les éditeurs, les libraires, les actionnaires, le contribuable et les politiques de la majorité comme de l'opposition - bref de multiples parties prenantes - assistent éberlués à ce pitoyable spectacle. Parlementaire...

La bombe bpost a explosé en plein bouclage de notre dossier consacré au Direct Mail (lire en page 12). Voilà un moment que la société de droit public cotée en bourse affronte des vents contraires. Ses déboires ont commencé avec un mea culpa de l'entreprise postale concernant de possibles irrégularités dans la concession des droits de distribution des journaux et périodiques. Ce à quoi s'est ajoutée une suspicion de malversations dans trois autres contrats avec l'État. Les éditeurs, les libraires, les actionnaires, le contribuable et les politiques de la majorité comme de l'opposition - bref de multiples parties prenantes - assistent éberlués à ce pitoyable spectacle. Parlementaires et journalistes ont fait ces dernières semaines un compte rendu au vitriol des agissements de l'un des plus gros employeurs du pays. On a droit manifestement à un cocktail toxique de mauvaise gestion, d'ingérence politique, d'orgueil déplacé, de scandales et d'autres pratiques déplorables. Bpost est un partenaire majeur pour notre secteur. Il est grand temps que le monde politique se retire de ce dossier complexe et laisse un management professionnel et efficace gérer l'entreprise. L'appel à la privatisation résonne haut et fort. Les entreprises, et certainement les sociétés cotées, ont une obligation de bonne gouvernance. C'est la base. Reste à voir si la nomination d'un nouveau CEO pourra aider à tourner la page et restaurer la confiance dans l'opérateur postal malmené. En attendant, les dirigeants actuels peuvent déjà travailler à l'élaboration d'une gestion transparente et crédible, centrée sur le client. Curieux de voir s'ils y parviendront. Par ailleurs, dans ce numéro, nous brossons un large portrait du secteur graphique au Grand-Duché de Luxembourg (lire en page 24). Nous avons entamé l'année dernière une tournée rédactionnelle des pays limitrophes. La France en mai 2022, puis les Pays-Bas en octobre. Nous pouvons apprendre beaucoup rien qu'en regardant par-dessus le muret. Nous ne sommes pas une île. Un regard élargi à l'international crée de la perspective, approfondit la compréhension et, espérons-le, nourrit l'inspiration. Mieux vaut un bon voisin qu'un ami lointain, dit l'adage. Ce mois-ci, donc, nous avons atterri au Luxembourg. Fort d'une trentaine d'imprimeries de production, représentant environ 900 emplois, ce petit pays dynamique n'échappe bien sûr pas aux tendances de marché internationales que sont la baisse des volumes, la concurrence de l'impression en ligne, l'envolée des coûts et la pénurie de main-d'oeuvre. L'influence croissante d'actionnaires purement financiers et de fonds d'investissement au sein des entreprises graphiques me semble particulièrement typique du Grand-Duché, place financière depuis des décennies. La consolidation et la concentration croissantes du secteur créent un terrain de jeu propice pour les opérateurs obnubilés par les chiffres et peu sensibles à la valeur ajoutée des activités de production. Un autre constat est celui du réflexe protectionniste qui anime les entreprises graphiques luxembourgeoises et leurs donneurs d'ordres. Ce dont la fédération professionnelle AMIL joue d'ailleurs volontiers avec le label "Printed in Luxembourg". D'un autre côté, les imprimeurs luxembourgeois n'hésitent pas à recourir à de la main-d'oeuvre frontalière de France, de Belgique et d'Allemagne pour pourvoir leurs postes vacants. On vit une époque formidable ; bonne lecture.