Les emballages durables ne sont plus uniquement un outil brandi par le marketing pour s'attirer les bonnes grâces du consommateur. Pratiquement tout le monde est convaincu aujourd'hui que les contenants "à usage unique" ont fait leur temps. Ce qui dope fortement la demande d'emballages B2B recyclables, même dans le secteur alimentaire qui n'a juré pendant des décennies que par les packagings multimatériaux (jugés indispensables pour préserver la qualité et la sûreté alimentaire). Une évolution somme toute logique, qui dépasse la seule réflexion autour du développement durable. Tim Van Caelenberg, Senior Research Manager, Packaging & New Processing Technology, chez Puratos, livre son analyse: "De nombreux producteurs, distributeurs et commerçants s'attendent à ce que de nouvelles taxes entrent tôt ou tard en vigueur sur les emballages non recyclables. C'est en partie pour cette raison que le groupe Puratos a adhéré voici plusieurs années à la stratégie visant à ne plus travailler qu'avec des emballages entièrement recyclables ou réutilisables d'ici 2025."
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Les emballages durables ne sont plus uniquement un outil brandi par le marketing pour s'attirer les bonnes grâces du consommateur. Pratiquement tout le monde est convaincu aujourd'hui que les contenants "à usage unique" ont fait leur temps. Ce qui dope fortement la demande d'emballages B2B recyclables, même dans le secteur alimentaire qui n'a juré pendant des décennies que par les packagings multimatériaux (jugés indispensables pour préserver la qualité et la sûreté alimentaire). Une évolution somme toute logique, qui dépasse la seule réflexion autour du développement durable. Tim Van Caelenberg, Senior Research Manager, Packaging & New Processing Technology, chez Puratos, livre son analyse: "De nombreux producteurs, distributeurs et commerçants s'attendent à ce que de nouvelles taxes entrent tôt ou tard en vigueur sur les emballages non recyclables. C'est en partie pour cette raison que le groupe Puratos a adhéré voici plusieurs années à la stratégie visant à ne plus travailler qu'avec des emballages entièrement recyclables ou réutilisables d'ici 2025." L'objectif est ambitieux. Surtout pour un fabricant de denrées alimentaires haut de gamme dont la durée de conservation et la qualité sont extrêmement sensibles aux conditions extérieures et qui sont, de plus, commercialisées dans le monde entier. L'équipe responsable du packaging chez Puratos a malgré tout relevé le défi, et ce pour l'un des produits les plus complexes au sein du groupe: le chocolat Belcolade. "Un choix relativement logique, au vu de l'étroitesse des liens entre cette gamme et le développement durable, en premier lieu vu sous l'angle du commerce équitable avec les cacaoculteurs. En tant que technologue de l'emballage, j'étais aussi particulièrement intrigué par la thèse selon laquelle il devait nécessairement être compliqué de remplacer des emballages de chocolat multimatériaux, B2B, d'une certaine dimension et d'un certain volume, par des alternatives recyclables. La chose me semblait réalisable pour autant que nous puissions identifier les bonnes parties prenantes et unir nos forces. VLAIO, l'Agence flamande pour l'innovation et l'entreprise, croyait, elle aussi, à cette idée: nous avons reçu des subsides pour un projet de développement que nous avons baptisé "Recyfoil". Concrètement, voilà deux ans que nous travaillons à une solution en collaboration avec des centres de compétence et plusieurs fabricants d'emballages. Avec succès, car nous avons entamé fin février le déploiement de notre nouvel emballage recyclable pour les gouttes Belcolade en 5 et 15 kg. Les blocs de 2,5 et 5 kg auront encore leur tour cette année. Une demande de brevet a en outre été déposée pour le format 15 kg." Faut-il le préciser, le processus de développement du nouveau film fut parsemé d'embûches. La principale pierre d'achoppement fut la sensibilité du chocolat aux influences externes, explique Van Caelenberg: "La lumière (UV), l'humidité et l'oxygène peuvent fortement altérer le goût, la texture et la couleur du chocolat. Le croquant et le fondant du chocolat sont fortement déterminés par la forme cristalline du beurre de cacao, le taux d'humidité, etc. Autant de propriétés que les paramètres externes peuvent grandement influencer. Un phénomène connu est le blanchiment gras qui apparaît à la surface du chocolat du fait d'une recristallisation des graisses due à une exposition à ces facteurs externes. Un autre défi consistait à rendre l'emballage suffisamment solide et physiquement résistant pour le transport et l'utilisation par le client. Il devait aussi permettre une impression efficiente et de qualité. Toutes ces exigences peuvent traditionnellement être satisfaites avec un emballage complexe, composé de plusieurs couches de différents polymères offrant chacun une propriété barrière spécifique. Mais pour trouver une variante recyclable, nous devions reprendre la formulation à la base." L'équipe de recherche et de production devait se concentrer sur le développement et la validation sur la ligne d'un emballage multicouches intégrant plusieurs sortes de polyéthylène aux caractéristiques propres. Chaque couche est modifiée et extrudée individuellement jusqu'à obtenir la fonctionnalité escomptée. Van Caelenberg: "On parle ici d'une épaisseur adaptée et d'additifs spécifiques destinés à répondre aux conditions de propriétés barrières et de bonne imprimabilité, ainsi qu'à assurer une bonne processabilité sur la ligne de production, notamment en termes de friction, de soudabilité, de performances au test de chute, etc. Ce à quoi s'ajoutait la restriction auto-imposée que les modifications apportées au matériau ne pouvaient pas interférer avec le processus de recyclage final du film. Plus concrètement, nous voulions respecter le rapport "recycle ready" de 95% de monopolymère pour 5% d'autres matières, comme prescrit par les "Design for recycling Guidelines" de Recyclass. Mais attention: ces 5% ne sont pas purement constitués des additifs fonctionnels des différents grades de polyéthylène. Les couches barrières fonctionnelles, les encres, les vernis et les adhésifs de contrecollage sont également compris dans ce pourcentage. Nous nous sommes aussi intéressés à la part de produit alimentaire susceptible de rester collé à l'intérieur du sachet après usage, que nous avons pu ramener à un strict minimum de par la conception de l'emballage. Ajoutez à cela que la solution mise au point ne devait nécessiter que peu voire pas d'ajustements de notre parc de machines ni affecter la vitesse de la ligne." Le choix de l'équipe de projet s'est assez rapidement porté sur une structure de polyéthylène. Van Caelenberg: "Ce plastique est solide, peut absorber des poids importants et est orientable. J'entends par là qu'on peut l'étirer dans certaines directions pour générer un gain de solidité et un gradient de température supplémentaires avec les couches sous-jacentes. Le polyéthylène permet en outre de jouer rapidement avec la formulation en ajoutant des additifs fonctionnels. Enfin, il est rapidement disponible sur le marché européen." Le format et la forme de l'emballage sont restés inchangés, si ce n'est que le développement technique s'est doublé en parallèle d'un rebranding de la marque Belcolade, en ce compris au niveau de la maquette de l'emballage. "En lieu et place des classiques couleurs foncées du chocolat, nous avons opté pour un design avec beaucoup de blanc entremêlé d'un motif ligné", explique Van Caelenberg. "La motivation n'est certes pas purement esthétique ou commerciale: l'utilisation de couleurs claires contribue en effet techniquement à une meilleure recyclabilité." Cette approche a également été élargie aux suremballages en carton des sacs de 5 kg et des blocs de 4 x 2,5/4 x 5 kg. Les boîtes entièrement imprimées sur krafliner ont été remplacées par des exemplaires au design simple et minimaliste, avec un minimum d'impressions sur carton non blanchi. Reste naturellement la question cruciale: cet emballage est-il plus cher que la précédente version multicouches? Van Caelenberg: "Une telle évolution entraîne toujours un coût de R&D. Que nous avons toutefois été en mesure d'étaler grâce aux subsides de VLAIO et à la collaboration avec nos fournisseurs. Nous autorisons en outre les fabricants d'emballages, sous certaines conditions, à vendre l'innovation à d'autres clients, à l'exception évidente des concurrents directs de Belcolade. Nos clients ne ressentiront ainsi pas l'impact financier de ce changement durable. Bref, nous n'avons pas seulement démontré qu'il était techniquement possible de basculer vers un emballage recyclable pour des denrées fragiles. Nous avons aussi montré au marché que le coût financier d'une telle opération pouvait être maintenu dans les limites et que cet objectif était atteignable à terme pour n'importe quel fabricant alimentaire."