L'installation de tri et d'épuration de l'usine pilote d'Emmen existe déjà ; on travaille actuellement d'arrache-pied à la mise en place du process de recyclage amélioré. Ce procédé mis au point par Cumapol a été baptisé CuRe Technology. Pour ce projet CuRe, Cumapol collabore avec Morssinkhof Plastics (avec qui elle construit l'usine pilote d'Emmen), DSM-Niaga (qui conçoit les produits dans une optique de circularité) et l'Université des sciences appliquées NHL Stenden. Coca-Cola European Partners a également massivement investi dans l'aventure. " Nous avons un gros contrat avec Coca-Cola European Partners depuis juin. Nous allons recycler pour eux des bouteilles teintées (bleues, vertes, brunes et blanches) provenant de toute l'Europe. Mais nous ne traitons pas que des bouteilles. Les barquettes en PET dans lesquelles on achète des produits comme de la viande, des cacahouètes ou de la salade au supermarché contiennent aussi une part de polyester. Les bouteilles de shampoing sont de plus en plus fabriquées en polyester, et ce dans les couleurs les plus bigarrées."
...

L'installation de tri et d'épuration de l'usine pilote d'Emmen existe déjà ; on travaille actuellement d'arrache-pied à la mise en place du process de recyclage amélioré. Ce procédé mis au point par Cumapol a été baptisé CuRe Technology. Pour ce projet CuRe, Cumapol collabore avec Morssinkhof Plastics (avec qui elle construit l'usine pilote d'Emmen), DSM-Niaga (qui conçoit les produits dans une optique de circularité) et l'Université des sciences appliquées NHL Stenden. Coca-Cola European Partners a également massivement investi dans l'aventure. " Nous avons un gros contrat avec Coca-Cola European Partners depuis juin. Nous allons recycler pour eux des bouteilles teintées (bleues, vertes, brunes et blanches) provenant de toute l'Europe. Mais nous ne traitons pas que des bouteilles. Les barquettes en PET dans lesquelles on achète des produits comme de la viande, des cacahouètes ou de la salade au supermarché contiennent aussi une part de polyester. Les bouteilles de shampoing sont de plus en plus fabriquées en polyester, et ce dans les couleurs les plus bigarrées." L'enhanced recycling est une nouvelle forme de recyclage, qui vient s'ajouter aux procédés mécanique et chimique existants dont on fait la publicité depuis quelque temps, explique Marco Brons. L'homme est directeur technique de Cumapol, CTO du projet faîtier CuRe et ingénieur chimiste. "Pour un recyclage chimique (pyrolyse), on craque le plastique au niveau moléculaire, de manière à retrouver la forme du pétrole. Pour un recyclage mécanique, le plastique est déchiqueté et fondu, puis retransformé en granulats. Ceux-ci subissent ensuite un traitement destiné à en tirer de nouveau une matière première convenant pour la fabrication d'emballages alimentaires." Brons explique le procédé " d'enhanced recycling": "Il ne convient que pour les polyesters comme le PET. Avec le PE et le PP, cela ne fonctionne pas, car leur fabrication est un processus irréversible Le polyester est constitué des composés chimiques (mono)éthylène glycol et acide téréphtalique. Il faut grosso modo deux fois cinquante, soit cent unités, pour obtenir un PET suffisamment solide pour fabriquer une bouteille en PET. L'enhanced recycling découpe ces chaînes de polymères en petits morceaux. L'ajout de glycol a pour effet de casser les chaînes de polymères de 100 unités en chaînes plus petites. À ce niveau de viscosité, les colorants et les encres se séparent du plastique à la température de 280 °C. Le glycol ajouté en début de processus est ensuite récupéré sous vide, ce qui permet à la chaîne de 100 unités de se reconstituer. Le plastique - transparent et présentant exactement les mêmes propriétés - peut ainsi être réutilisé pour de nouvelles bouteilles ou autres formes d'emballage." CuRe détient un brevet partiel sur ce procédé de recyclage amélioré, dit Brons. "Le raccourcissement des chaînes de polymères, qui est nécessaire pour séparer le plastique des colorants et des encres, est aussi pratiqué ailleurs." Chez Ioniqa, à Eindhoven, par exemple. " Mais nous avons un brevet sur une méthode qui consomme le moins d'énergie possible. Ce procédé est plus écoénergétique que la production de polyester vierge. L'empreinte carbone de la fabrication de polyester vierge oscille entre 2,2 et 2,5 kg de CO2 par kilo de polyester. Dans notre procédé, elle est d'environ 0,8 kg de CO2 par kilo." Pour comparer, celle du recyclage mécanique est en moyenne de 0,5 kg de CO2 par kilo de polyester. "Le recyclage mécanique conserve dès lors la préférence lorsque c'est possible", dit Brons. "Si ce n'est que le recyclage mécanique ne peut s'appliquer qu'à du polyester non coloré." Cumapol possède d'ailleurs aussi une installation dédiée au recyclage mécanique du PET. " Chez Cumapol, nous recyclons 2 millions de bouteilles de PET par jour par la voie mécanique. Chez Morssinkhof, c'est entre 3 et 4 millions, selon mon estimation. Ensemble, nous en recyclons la majorité aux Pays-Bas." Concernant la répartition des rôles, Brons explique que Morssinkhof (qui pratique aussi le recyclage mécanique, tout comme Cumapol) excelle surtout dans le tri et le nettoyage des déchets d'emballages afin qu'ils arrivent le plus purs possible au stade du traitement. "Notre spécialité est plutôt la voie chimique." Brons est partisan de l'économie circulaire par idéalisme: " C'est vers cela que nous devons aller. " Il se réjouit à cet égard des initiatives visant à remplacer les bouteilles colorées par des transparentes. "La conception d'un emballage doit intégrer du mieux possible la perspective de son recyclage en bout de course. "Le monde produit au total entre 70 et 75 billions de kg de polyester chaque année ", poursuit Brons. "Et on n'en recycle que 9%. Un système de consigne peut aider. La consignation des petites bouteilles génère un pourcentage de collecte de 95 à 98%. Dans les pays où la structure de collecte est bien organisée mais sans consigne, ce taux chute à 70%. Là où la structure de collecte est inexistante, on dépasse rarement les 20%." Les limonadiers ont entre-temps fini eux aussi par percevoir l'intérêt de la consignation, constate Brons. "Le fait d'être propriétaire du matériau est devenu très important. Une évolution qui s'explique par la directive sur les plastiques à usage unique de l'UE. Les fabricants de boissons et autres utilisateurs d'emballages (plastiques) ont l'obligation d'intégrer 25 % de recyclat dans leurs bouteilles PET d'ici 2025. Et 30% d'ici 2030. Le but est d'en arriver à ne plus devoir produire de polyester neuf. La forme ultime de design for recycling", dit Brons. Le projet CuRe est subventionné par les autorités tant néerlandaises qu'européennes, qui y voient une initiative utile à la mise en place d'une économie circulaire. Les subsides sont attribués à différent niveaux: développement des connaissances, démonstration de la faisabilité commerciale à grande échelle et construction d'une nouvelle usine dédiée à l'enhanced recycling. Brons estime qu'ils couvrent de 40 à 50% des coûts totaux.