Comment l'avenir du secteur du Print & Sign se présente-t-il? Nous avons exploré ce thème avec quatre entrepreneur(e)s: Andreas Foriers, dirigeant de Creafor à Lokeren, Femke Helon, CEO de 3Motion à Zele et en même temps présidente de FESPA Belgium, Jean Van Houtryve, CEO de Visix Brand Shiners à Roulers, et Mieke Neven, CEO de Burocad à Peer. Premier sujet abordé à Courtrai: le ralentissement de l'économie et son impact sur les imprimeries de production dans notre pays. Pour la fédération patronale Voka, la situation se dégrade à vue d'oeil. Après une stabilisation de la confiance des chefs d'entreprise en août et un léger rétablissement en septembre, les perspectives sont de nouveau moroses. Ainsi ressort-il de l'enquête de conjoncture de la Banque Nationale pour le mois d'octobre.
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Comment l'avenir du secteur du Print & Sign se présente-t-il? Nous avons exploré ce thème avec quatre entrepreneur(e)s: Andreas Foriers, dirigeant de Creafor à Lokeren, Femke Helon, CEO de 3Motion à Zele et en même temps présidente de FESPA Belgium, Jean Van Houtryve, CEO de Visix Brand Shiners à Roulers, et Mieke Neven, CEO de Burocad à Peer. Premier sujet abordé à Courtrai: le ralentissement de l'économie et son impact sur les imprimeries de production dans notre pays. Pour la fédération patronale Voka, la situation se dégrade à vue d'oeil. Après une stabilisation de la confiance des chefs d'entreprise en août et un léger rétablissement en septembre, les perspectives sont de nouveau moroses. Ainsi ressort-il de l'enquête de conjoncture de la Banque Nationale pour le mois d'octobre. Femke, comment les membres de FESPA perçoivent-ils le marché actuellement? FEMKE HELON. "De manière assez diverse, dirais-je. J'entends deux sons de cloche. Le premier semestre a été plus calme que ce que beaucoup de nos membres auraient souhaité. Nous en premier. Mais chez d'autres, ce fut l'inverse. La plupart de nos confrères ont actuellement beaucoup de boulot. Comme à l'habitude en automne. Nous captons de nouveau de timides échos positifs. Beaucoup de nos adhérents travaillent pour le retail, un secteur qui a connu un certain fléchissement au cours des six premiers mois. Mais les signaux redeviennent encourageants. Les évolutions dans le commerce sont claires: on va d'une part vers une réduction des espaces de magasin et une diminution des surfaces ; et de l'autre, on mise davantage sur l'expérience client et les promotions en points de vente. Une enquête de la chaîne de supermarchés Leclerc montre que la décision d'achat du consommateur se prend dans les magasins. Leur aménagement va donc prendre de plus en plus d'importance. De telles tendances jouent en faveur de nos membres." Comment réagissez-vous aux nouvelles tendances? HELON. "On doit de toute façon être flexible. Dans les moments où ça va un peu moins bien, il faut continuer à chercher, sentir d'où vient le vent et voir comment on peut jouer sur les futures demandes." Andreas, comment appréhendez-vous la situation économique actuelle et quelles en sont les implications pour votre entreprise? ANDREAS FORIERS. "Creafor se porte fort bien pour le moment ; nous sommes sur une croissance de 10 à 15%. Notre expérience est qu'il est extrêmement important d'être orienté client. Bien écouter ce qu'il demande. Pour pouvoir résoudre ses frustrations. Les clients ont du mal à gérer leurs stocks ; ils ne veulent plus de grands tirages. La demande évolue vers l'impression de petites quantités à la demande. Nous devons pouvoir y réagir rapidement et efficacement." MIEKE NEVEN. "Quand je regarde notre clientèle, je remarque que ce sont les grandes entreprises qui gardent les cordons de la bourse serrés. Les autres se sont remises à dépenser ; elles en ont marre de trancher dans les coûts. Il est vrai toutefois que les tirages ont diminué et que la prise de décision est de plus en plus proche du moment de livraison. On hésite longtemps. Mais quand la décision tombe, il faut être très court sur la balle. Nous sommes devenus très forts à ce jeu. Nous devons porter un regard global sur les besoins de nos clients. Non seulement sur le plan des produits et services, mais aussi en termes de solutions logicielles. Nous devons épauler les clients du mieux possible, de manière à exploiter le plus efficacement possible le temps et les ressources dont ils disposent." JEAN VAN HOUTRYVE. "Chez nous, ça va. Nous renouons avec la croissance par rapport à 2019. Mais cela ne tombe pas du ciel. Comment se porte l'économie? C'est très difficile à dire. Tout dépend du secteur et de la manière dont les chefs d'entreprise réagissent en temps de crise. Nous sommes passés d'un choc bancaire à une crise sanitaire puis à celle de l'énergie, les guerres en sus. Cette instabilité du monde est propre à notre époque et la question est de savoir comment gérer tout cela. Les temps sont durs dans le bâtiment, par exemple. Les projets de construction neuve ne se vendent plus aussi bien qu'en période de haute conjoncture. Il y a deux écoles: certaines entreprises vont tailler dans leur budget marketing, tandis que les autres, qui se sont toujours bien portées, investiront davantage pour faire la promotion des chantiers. Il est difficile de généraliser. Une leçon que nous avons retenue de la pandémie est qu'il ne faut pas être trop tributaire d'un seul secteur. Il est important d'avoir un portefeuille de clients varié. Ainsi, si un domaine d'activité connaît un coup de mou, un autre va compenser. Il est important de pouvoir réagir rapidement en tant que secteur. Les carnets de commandes évoluent actuellement en dents de scie, avec des creux et des pics très marqués. L'essentiel est de réagir vite, ce qui est justement le point fort des entreprises qui produisent en numérique ; nous pouvons livrer très rapidement de grands volumes. Cela ne changera plus." Le thème de ce débat est l'avenir de notre industrie. Sans nous projeter trop loin, quelles sont vos attentes pour 2024? FORIERS. "Nous ne faisons pas toujours des projections à long terme. Nous sommes déjà heureux de ce que nous réalisons aujourd'hui et nous espérons pouvoir être un cran au-dessus l'an prochain. 2024 est une année électorale, ce qui aura un impact pour le secteur. Il sera de toute façon en sous-capacité et ce volume se distribuera sur l'ensemble du marché. Je pense que nous nous dirigeons vers une année positive. Je le constate ici au salon. Il y a beaucoup d'optimisme et les nouveaux entrepreneurs sont nombreux à se lancer. Nous sommes sereins vis-à-vis de ce que l'avenir peut nous réserver." HELON. "Je pense que nous devons tous au sein du secteur continuer de nourrir l'intérêt du public pour l'imprimé. Febelgra s'y emploie activement avec la campagne "Les Impressionneurs". Andreas a raison. Les années d'élections sont très importantes pour beaucoup d'imprimeurs. Beaucoup d'entreprises ont du mal à trouver les bonnes personnes pour pourvoir les nombreux postes vacants dans le secteur. Intéresser le public à l'imprimé est non seulement important pour le commerce, mais aussi crucial pour maintenir l'afflux de talents au sein de nos entreprises. Nous devons leur montrer à quel point notre secteur est dynamique, passionnant et pérenne. J'en suis absolument convaincue. Il faut aussi légiférer pour simplifier l'accès des groupes défavorisés à notre secteur et nous laisser la possibilité de former des personnes motivées au sein de nos entreprises. Nous fournissons le monde des salons et de l'évènementiel. Le gouvernement a décidé d'y étendre le régime des flexi-jobs. Une mesure nécessaire dans notre secteur aussi. Elle peut nous aider à absorber les pics et les creux." Avec les élections prévues l'an prochain, il est grand temps d'établir la liste des priorités et de rédiger des mémorandums. Que placez-vous en tête du cahier de doléances? À quelles problématiques le politique doit-il vraiment s'attaquer? VAN HOUTRYVE. "Vous avez une heure? Le problème numéro un pour nous et pour tout le monde en Belgique est celui du coût de la main-d'oeuvre. L'indexation automatique des salaires a entraîné une hausse de 11% des charges salariales l'an dernier. Nous avons 80 salariés. Je vous laisse calculer combien de chiffre d'affaires nous devons générer en plus rien que pour compenser cette augmentation. C'est beaucoup d'argent qui sort, et qu'il faut aller trouver ailleurs d'une manière ou d'une autre. Comment encore être rentable en Belgique avec une main-d'oeuvre aussi chère? C'est le grand défi. Nous devrons encore engranger de la croissance l'an prochain, ne fût-ce que pour pouvoir couvrir l'envolée des coûts. Il faudra également continuer d'automatiser avec des logiciels et devenir aussi lean que possible en production. De nombreuses d'entreprises s'y emploient déjà, et c'est heureux. Faire plus avec le même effectif. Je demande aux autorités de voir ce qu'il est possible de faire dans ce domaine. Nous avons pratiquement les charges salariales les plus élevées d'Europe. Il y a du pain sur la planche." NEVEN. "Je pense que le coût salarial sera la préoccupation majeure de la quasi-totalité des chefs d'entreprise en Belgique. Avec, comme corollaire, l'augmentation du taux d'emploi, et tout ce que cela implique, comme porter un regard critique sur le nombre de chômeurs de longue durée. Les dépenses publiques doivent diminuer. La pression fiscale élevée que nous, chefs d'entreprise et nos salariés, devons supporter découle de dépenses publiques trop élevées et du fait que trop peu de gens sont au travail. Là est la priorité numéro un absolue. Quand j'exprime le point de vue des organisations patronales au sein desquelles je suis active, je vois aussi beaucoup d'insécurité juridique dont il conviendrait de faire table rase. Sans sécurité juridique, peu d'entreprises internationales seront disposées à investir et à se développer dans notre pays." Concentrons-nous sur votre coeur de métier: la communication visuelle. Selon le Print Census 2023 de Fespa, la demande des clients évolue dans un triple sens: délais rapides, petits tirages et personnalisation. Ces tendances sont également à l'oeuvre sur le marché belge. Comment y réagissez-vous en tant qu'entreprise? HELON. "Nous voyons cette évolution arriver en Belgique depuis déjà un certain nombre d'années. Les entreprises en prennent bonne note. C'est ainsi qu'on voit des offsettistes traditionnels passer au numérique pour répondre à cette demande. Le digital permet parfaitement de travailler avec des données variables. Moyennant certains investissements logiciels, nous pouvons nous charger rapidement et facilement de leur traitement. Nous voulons voir les volumes augmenter et pouvoir aider les clients à la fois mieux et plus rapidement. Pourvu que cela reste simple. Et la technologie y pourvoit." VAN HOUTRYVE. "La tendance est aux délais courts. 52% de nos commandes sont livrées plus vite que la norme. Nous livrons en moyenne dans les sept à dix jours ouvrables. On peut se plaindre d'avoir des clients difficiles qui veulent être livrés toujours plus vite. Ou on s'adapte à la nouvelle réalité. Je pense que notre capacité à livrer plus rapidement va devenir notre point fort. En passant de sept à cinq voire trois jours ouvrables, par exemple. De 48 à 24 heures. Les clients ont déjà la possibilité d'être servis le jour même. La technologie actuelle le permet. C'est aussi un avantage par rapport à la concurrence étrangère, qui a une distance physique plus grande à couvrir." La technologie permet de livrer plus vite. La concurrence internationale ne reste pas non plus les bras croisés. Devons-nous encore davantage miser sur la rapidité? FORIERS. "Nous constatons que nous avons pu transformer un service - une livraison plus rapide - en un produit à valeur ajoutée. Si une commande doit être faite pour le lendemain, nous facturons un supplément. Soit le client l'accepte, soit il attend cinq jours pour être livré. Notre délai de livraison standard est de cinq jours ouvrables. Quatre jours, c'est +10%. Trois jours, +20% et ainsi de suite jusqu'à un seul jour ouvrable. Notre chiffre d'affaires lié aux urgences est en augmentation. Les clients sont disposés à payer plus. Avec notre webshop B2B, c'est parfaitement possible. Le défi maintenant est de transposer la chose dans notre offre de services hors ligne." NEVEN. "Nous préférons ne jamais avoir à dire "non". Mais il faut pour cela que l'organisation soit tout entière "orientée client". Donc, pas uniquement axée sur le flux de production optimisé: le processus numérique doit être engagé dès le premier contact avec le client. Sans, pour bien faire, ne plus avoir à établir de devis. En laissant le client se charger lui-même d'un certain nombre d'étapes. On gagne ainsi en efficacité. Nous nous livrons actuellement à un exercice: les clients peuvent passer commande à tout moment, de l'endroit le plus facile pour eux, sans devoir attendre un tarif mis à jour. Ce genre de choses. Le but est que les commandes passent sans détours en production." On n'a rien sans rien. Répondre aux demandes de ce marché en mutation nécessite des machines, des logiciels et du personnel. Quels sont vos projets d'investissements? VAN HOUTRYVE. "Nous allons investir. Nous envisageons actuellement l'achat d'une nouvelle imprimante UV de 5 mètres de large. Nous sommes en train de tester et de comparer différentes technologies. La machine actuelle est amortie et nous pensons qu'il est financièrement sain de la remplacer. En comparant le modèle d'aujourd'hui avec la machine d'il y a cinq ans, on peut dire que les constructeurs ont bien travaillé, même pendant la pandémie, pour introduire de nouvelles technologies, de nouvelles encres et de nouvelles possibilités. La productivité a également été améliorée. Nous passons de 400 à 800 m2 par heure. Un doublement en moins de cinq ans, c'est considérable. On suit le mouvement ou pas. Nous prévoyons de toute façon un budget pour investir. Dans l'automatisation également. Nous voulons intégrer un outil de conception à notre boutique en ligne. Les gens pourront ainsi concevoir plus facilement certaines choses et suivre l'évolution de leur création." HELON. "Nous avons lourdement investi l'année dernière. Et nous avons déménagé. Mais nous n'en restons pas là. Nous allons en tout état de cause poursuivre nos investissements, notamment dans des machines devant nous permettre de grandir avec un certain nombre de clients à l'avenir. Nous avons décroché quelques jolis contrats qui devraient nourrir une croissance du volume. Des investissements supplémentaires dans le flux d'automatisation seraient également bienvenus. L'objectif final est de faire en sorte qu'une commande soit en production sur l'imprimante dans les minutes qui suivent son envoi par le client. C'est à cela que nous souhaitons aboutir à très court terme. Ce qui demandera encore un certain nombre d'efforts. Nous sommes aussi convaincus que le ROI est effectivement là. Et que nous pouvons rentrer de plus grands volumes avec la même configuration." FORIERS. "Nous avons massivement investi ces dernières années, nous aussi. Tout l'espace disponible est pratiquement occupé. Je pense essentiellement à investir dans un personnel auxiliaire de jeunes motivés à travailler. Je voudrais ici aussi plaider pour que l'on rende la production imprimée attrayante. Je vois rentrer énormément de CV pour des commerciaux ou des administratifs. Mais des gens qui sont prêts à travailler de leurs mains tard le soir, qui veulent conduire des machines, cela manque. Je pense que toutes les entreprises ont du mal à pourvoir leurs postes tardifs. C'est un défi que nous voulons relever." NEVEN. "Nos investissements sont axés sur la recherche de gains d'efficacité. Nous regardons où nous pouvons encore gagner en efficience en production. Nous continuons par ailleurs à miser sur les TIC. Nous remarquons que nos projets obtiennent des scores élevés en termes de probabilité de réussite. Quand nous pouvons nous mettre autour d'une table avec nos clients, nous vendons notre plate-forme TIC dans 70 à 80% des cas. Alors qu'elle était vue jusqu'ici comme un projet annexe, elle est en train de prendre une dimension telle que nous avons décidé de mettre le paquet l'an prochain pour l'autonomiser et l'élargir. Un autre thème, à présent. Quid de la soutenabilité dans le secteur? Selon le Print Census de Fespa, 75% des clients attendent des produits durables et/ou une production durable. Mais qu'entend-on par "durable"? Comment voyez-vous la chose et comment cela se traduit-il dans votre pratique? FORIERS. "Notre plan climat est sur les rails depuis l'an dernier. Nous avons analysé la production à la recherche de moyens de réduire notre empreinte carbone. Tout a été passé au crible. Ainsi avons-nous fait le choix de ne plus acheter que des matériaux européens. Nous voulons une chaîne d'approvisionnement plus courte: un fournisseur qui produit en Belgique est prioritaire. Nous évoluons vers des matériaux sans PVC. Nos clients nous le demandent aussi. Nous avons pu faire plusieurs choses en production. La problématique du tri a été prise à bras le corps: ce qui nous a permis de réduire nos déchets résiduels de 70% sur un an. Nous recyclons plus. Nous compensons aussi. Depuis deux ans, nous plantons un arbre à Madagascar pour chaque commande vendue. Ce qui ne rend pas notre produit plus écoresponsable pour autant, mais le cadre est plus durable. Les clients sentent qu'il y a quelque chose derrière. Ce qui renforce leur confiance dans notre entreprise. Un conseil que je donne à tout le monde: ne restez pas à la traîne et apportez votre contribution partout où elle est possible." HELON. "La soutenabilité prend de nombreuses formes: production durable, énergie renouvelable, etc. Toute notre énergie est de l'énergie verte. Nous investissons aussi à dessein dans des machines modernes et à la pointe de la technique, parce qu'elles intègrent la plupart des technologies écoénergétiques. Nous travaillons avec des produits écoresponsables, sans PVC, recyclés. De ce point de vue, nous voyons que les choses bougent chez les fabricants. Pour les plaques alvéolaires, nous sommes passés à du matériau recyclé en remplacement de la version vierge. Le Forex recyclé commence de plus en plus à émerger. Nous observons une évolution positive dans les produits circulaires et nous y croyons dur comme fer. Je suis convaincue que nous devons écrire ce récit de concert avec toutes les parties prenantes du marché. Et nos fournisseurs y jouent un rôle important. Il s'agit de ce qu'ils mettent sur le marché et de ce que nous en retirons. Nous avons déjà un certain nombre de programmes en cours chez les clients. Nous faisons des livraisons en promotion mensuelle et nous reprenons en même temps les matériaux employés. Ceux-ci sont réinjectés dans la chaîne via les fournisseurs. L'initiative d'Igepa Belux autour du polypropylène en est un exemple. Nous imprimons sur Forex recyclé ; nous collectons déjà nos déchets de production séparément. Nous allons également voir avec les clients comment nous pouvons récupérer les matériaux par les flux logistiques existants. Igepa les collecte ; Vanheede Environment Group s'occupe du traitement. Cette matière sert à fabriquer de nouvelles plaques alvéolaires. Nous devons vraiment travailler main dans la main à ce type de solutions. C'est pourquoi FESPA Belgique a un rôle important à jouer pour contribuer à résoudre les problèmes communs de notre marché." La soutenabilité, aussi un thème chez Visix? VAN HOUTRYVE. "J'ai vu cette thématique prendre de plus en plus d'importance au fil des ans. Impossible désormais de se rendre en clientèle sans qu'on en parle. Nous avons évidemment pris ce train en marche il y a plusieurs années déjà. Nous sommes engagés dans la Charte Voka de l'entrepreneuriat durable. Ce qui demande beaucoup d'énergie de la part de toute l'entreprise. Mais pour qu'un produit durable fonctionne, le client doit être disposé à en payer le prix. Je donne un exemple. Un client qui commande six oriflammes sur notre boutique en ligne peut choisir de se les faire envoyer emballés séparément ou en vrac. L'envoi commun est moins cher que les six emballages séparés. Ce choix est facile puisque la solution durable est la moins chère. Mais quand le choix écoresponsable est plus onéreux, c'est plus difficile. Heureusement, certaines grandes entreprises, comme la Loterie nationale, par exemple, n'hésitent pas à payer le prix de la durabilité. J'espère que d'autres grandes marques suivront son exemple, car durable ne veut hélas pas toujours dire meilleur marché. Au final, c'est le client qui décidera si nous devenons une industrie durable ou non." NEVEN. "Je pense comme Jean. En tant que prestataire LFP, nous portons un regard critique sur nos flux et nous proposons des alternatives durables en partenariat avec nos fournisseurs. Ce que nous revendiquons fièrement chez Burocad. Mais au bout du compte, la majorité des clients rechignent à payer plus. J'en suis parfois découragée. Mais nous continuerons de le proposer malgré tout. La sauce finira bien par prendre. Nous le voyons déjà auprès des grandes entreprises qui perçoivent l'importance de la démarche et en paient le prix. Mais ce n'est malheureusement pas encore le cas du gros de notre clientèle. J'attends avec impatience le jour où ce choix sera perçu comme une évidence. Mais beaucoup d'eau risque encore de passer sous les ponts." Dernière question: l'importance de la qualité n'est plus mise en doute. Les premiers labels "Fespa Belgium Color" ont été décernés l'an dernier. Où en sommes-nous aujourd'hui? Quelle est l'importance de ce label pour les entreprises de production? HELON. "Une demi-douzaine d'entreprises ont obtenu le Color Label à ce jour. Il est important, je pense, qu'à côté de la durabilité et de l'innovation, notre secteur reste préoccupé de qualité. Nous avons trouvé dans le VIGC le partenaire idéal pour assurer la surveillance de cette qualité et l'accompagnement des entreprises. Celles qui détiennent ce label de qualité peuvent être fières de l'afficher. Il leur confère certainement un certain prestige qui peut donner confiance aux clients." Nous pouvons le révéler aujourd'hui: Burocad a décroché son Color Label. Félicitations! Qu'est-ce que cela implique concrètement pour votre entreprise? NEVEN. "Je trouve cette initiative de FESPA et du VIGC extrêmement louable. Nous sommes particulièrement nombreux sur ce marché et nous essayons tous de nous montrer sous notre meilleur jour, avec les ressources en personnel et en machines qui sont les nôtres. Avec ce label, nous pouvons attester auprès de nos clients de notre engagement au service de la qualité. Trouver le temps de suivre toute la procédure ne fut pas évident, ce qui explique que nous ne soyons labélisés que maintenant, mais nous avions souscrit directement à cette initiative et nous sommes ravis d'y être arrivés."