Ils sont populaires sur Behance, Instagram ou dans la presse. Ils viennent de différents horizons, mais excellent dans le design. Thibaut van Boxtel (Bruxelles), plusieurs fois primé, est aussi connu en tant que Vébé. Il se définit comme un artiste plasticien et designer. Il est aussi Creative developer chez Hoet & Hoet, une agence spécialisée dans le branding. Sa spécialité : les oeuvres en papier, à voir sur Paplar.be (anciennement INK studio) et la peinture avec son collectif 33pourcent. Antoine Pilette (Pont-à-Celles), est un jeune designer à son compte sous l'enseigne õnõ studio. "õnõ studio applique les principes modernistes au design contemporain", décrit-il. Sa spécialité : identité visuelle, site web et print. Jim Van Raemdonck est directeur artistique et fondateur de Soon (Wetteren), un studio de design multidisciplinaire (logo, visuels de campagne, photographie, film, print, livre, événement, etc.). Spécialités : le branding créatif et la conception spatiale. "Si la créativité était de la nourriture, on en mangerait toute la journée", dit-il. Designer graphique indépendante, Lauren Grusenmeyer (Gand) enseigne aussi à Sint Lucas Antwerp. Elle y est aussi cofondatrice de la plateforme de recherche " The Hybrid Designer ", qui cartographie des pratiques graphiques hybrides. De son studio Bureau Grusenmeyer, elle conçoit les identités visuelles aussi bien d'institutions culturelles que commerciales. " Des formes graphiques intelligentes sont créées allant des livres et expositions à la conception de sites web ", dit Lauren. Outre Atlantique, Matthew Manos et Katie Manos (Los Angeles) sont mariés dans la vie comme en affaires. Matthew Manos est fondateur de l'agence de consultance Verynice, spécialisée dans le design de stratégie, et Katie est graphic designer, professeur à l'école d'art Otis College of Art and Design et studio manager de Verynice.
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Ils sont populaires sur Behance, Instagram ou dans la presse. Ils viennent de différents horizons, mais excellent dans le design. Thibaut van Boxtel (Bruxelles), plusieurs fois primé, est aussi connu en tant que Vébé. Il se définit comme un artiste plasticien et designer. Il est aussi Creative developer chez Hoet & Hoet, une agence spécialisée dans le branding. Sa spécialité : les oeuvres en papier, à voir sur Paplar.be (anciennement INK studio) et la peinture avec son collectif 33pourcent. Antoine Pilette (Pont-à-Celles), est un jeune designer à son compte sous l'enseigne õnõ studio. "õnõ studio applique les principes modernistes au design contemporain", décrit-il. Sa spécialité : identité visuelle, site web et print. Jim Van Raemdonck est directeur artistique et fondateur de Soon (Wetteren), un studio de design multidisciplinaire (logo, visuels de campagne, photographie, film, print, livre, événement, etc.). Spécialités : le branding créatif et la conception spatiale. "Si la créativité était de la nourriture, on en mangerait toute la journée", dit-il. Designer graphique indépendante, Lauren Grusenmeyer (Gand) enseigne aussi à Sint Lucas Antwerp. Elle y est aussi cofondatrice de la plateforme de recherche " The Hybrid Designer ", qui cartographie des pratiques graphiques hybrides. De son studio Bureau Grusenmeyer, elle conçoit les identités visuelles aussi bien d'institutions culturelles que commerciales. " Des formes graphiques intelligentes sont créées allant des livres et expositions à la conception de sites web ", dit Lauren. Outre Atlantique, Matthew Manos et Katie Manos (Los Angeles) sont mariés dans la vie comme en affaires. Matthew Manos est fondateur de l'agence de consultance Verynice, spécialisée dans le design de stratégie, et Katie est graphic designer, professeur à l'école d'art Otis College of Art and Design et studio manager de Verynice.Quel rapport entretenez-vous avec le papier ?THIBAUT VAN BOXTEL : Je suis très lié au papier, à sa sensorialité et à son aspect. J'aime beaucoup le mélange de papiers et de textures. Une partie de mon activité se concentre sur la réalisation de constructions en papier. Elles sont prises en photo pour servir d'illustration, mais peuvent aussi servir d'objets de décoration. C'est beaucoup de bricolage artistique manuel. J'essaie de rester dans la fabrication papier en apportant le moins d'intervention possible au niveau graphique. Dans mon travail, l'aspect sensoriel du papier est devenu plus important que les technologies d'impression. Je fais attention aux grammages et à la couleur du papier, car je visualise en amont le rendu photographique que donnera sa surface. Une bonne photo permet de transmettre la texture ressentie du papier.ANTOINE PILETTE : Je suis entouré de papier ! C'est un matériau très important en tant que graphiste. Dans le métier, il est essentiel de respecter certaines normes et règles techniques pour concevoir. Malgré cela, ce qui va faire qu'un papier va prendre toute son essence c'est aussi de déroger à la règle. Exemple : détourner l'usage du papier bible. Souvent destiné aux applications sans grande valeur ajoutée comme une notice pharmaceutique, le papier bible peut être utilisé pour mettre en valeur un produit cosmétique et ainsi gagner en valeur ajoutée.JIM VAN RAEMDONCK : Nous concevons beaucoup de livres, d'invitation et de cartes pour nos clients. Au bureau, nous avons un mur avec des messages écrits sur papier, pratiquement tous sont écrits avec émotion. Mais nous avons arrêté d'utiliser le papier depuis un an dans notre travail. Dans le cadre de nos présentations en interne ou aux clients, nous n'imprimons plus nos conceptions ni mood boards. Tout est présenté sur écran. Je préfère aussi lire le journal et les magazines sur ma tablette. Pourquoi imprimer un journal qui a une durée de vie d'un jour ?LAUREN GRUSENMEYER : Le papier est pour moi un élément très déterminant dans l'imprimé : il peut faire ou tuer le design. Aussi bien la texture, la couleur, la finition que l'épaisseur du papier jouent un rôle décisif et important dans un design. Par exemple, le grammage d'un papier peut rendre un livre difficile à le feuilleter ou la couleur d'un papier particulier peut donner une certaine qualité au design. Quoi qu'il en soit, apprendre à connaître les qualités d'un papier et comment l'utiliser est un processus qui prend du temps. Il faut aller par essais et erreurs, tester différents grammages et finitions en relation avec les images, textes et tailles. Je pense fermement que c'est quelque chose que les designers devraient s'entraîner à faire s'ils veulent porter leur travail à un niveau supérieur.KATIE MANOS : Mon travail tourne autour du papier et de comment l'encre interagit avec ce support. Je crée des publications et magazines qui sont le plus souvent imprimés avec une imprimante Riso. Le papier fait partie intégrante de ma pratique, mes projets ne sont jamais vraiment finis tant que je ne peux pas tenir le produit en main et le feuilleter.MATTHEW MANOS : À côté de mon activité de consultant en stratégie de design, je développe des outils d'apprentissage et de co-création en version papier. Je reçois beaucoup de commentaires disant "ce serait trop cool si c'était une appli", mais je résiste à toute intégration technologique dans mon travail. Un imprimé transformé en appli est noyé dans un appareil qui abrite des sms, notifications, e-mails... Quand vous mettez votre outil didactique sur papier, il reçoit toute l'attention qu'il mérite. Le reste du monde s'arrête, c'est magique.Quelles sont vos préférences en matière de papier ?THIBAUT VAN BOXTEL : Je préfère travailler avec un papier teinté dans la masse plutôt que d'imprimer un aplat de couleur sur toute la surface du papier. On donne alors une certaine identité au papier. En ce moment, j'aime beaucoup travailler avec la gamme Colorplan. J'utilise aussi des papiers standards comme Canson pour la construction papier. Je n'ai pas vraiment de préférence immuable, mes goûts évoluent constamment. Il suffit qu'une nouvelle teinte sorte pour apporter de nouvelles opportunités créatives et changer la donne. C'est la palette de couleurs qu'une gamme de papier peut offrir qui m'intéresse. Par exemple, les papiers Colorplan permettent de combiner une certaine texture à une couleur particulière. C'est intéressant, car c'est le papier lui-même qui va donner un effet et non un graphisme qui intègre des techniques de finition. Cela dit, mes affinités sont de plus en plus orientées vers des papiers écoresponsables et récupérés. Par le passé, j'ai été fan des papiers d'Arjowiggins et de Fedrigoni, dont les Pearl pour leur toucher, leur brillance, et leurs couleurs caméléons. J'aime aussi le papier Plike de Neenah Paper. Avec sa finition soft touch, on est vraiment dans la sensorialité du support, mais il est très délicat et difficile à imprimer.ANTOINE PILETTE : Je privilégie le papier durable et recyclé. D'ailleurs, je ne fais jamais de pelliculage pour des raisons environnementales. J'utilise beaucoup la gamme Fedrigoni qui offre des couleurs et un toucher qui sont intéressants à travailler. Il existe de nombreuses possibilités de gaufrage et de marquage à chaud. Mon papier préféré est le Sirio Black de Fedrigoni. Selon moi, c'est le meilleur papier noir sur le marché, il n'y a pas d'équivalent. Colorplan offre aussi un large panel de couleurs : 51 nuances ! Ce qui est intéressant c'est qu'on peut influencer la perception du papier seulement en variant de couleur tout en gardant la même texture. La gamme Curious Matter est aussi intéressante pour des cartes de visite ou des couvertures de brochure. Le papier Curious Skin a une finition semblable à un papier de verre. Un peu rugueux, sa texture est fine. Et le Goya White est pratique. Pas tout à fait blanc, la couleur douce de ce papier permet notamment d'imprimer de grands aplats de couleur Pantone tout en conservant la vivacité du Pantone plutôt que d'utiliser un papier teinté dans la masse.LAUREN GRUSENMEYER : Je suis récemment tombée amoureuse de la collection de papiers Curious d'Arjowiggins qui a différentes couleurs et textures. Les couleurs ont des pigments très profonds qui apportent une présence très marquée dans toutes les conceptions graphiques. J'adore le papier Munken pour sa qualité intemporelle et supérieure. Le Munken Print White est un de mes papiers préférés. Il est simple, mais très raffiné au toucher. J'adore sa texture douce et son grain subtil. Il a un peu l'air rétro ou presque comme un papier à dessin, mais il élève toujours le design graphique à un nouveau niveau. C'est un peu classique, mais j'aime toujours utiliser la gamme Cyclus Print et Offset. J'apprécie surtout ces papiers pour leur facilité d'utilisation, leur subtilité et la couleur sableuse. Ils sont très imprimables et peuvent être utilisés dans une grande variété de produits, allant du livre aux brochures et dépliants.JIM VAN RAEMDONCK : J'ai une préférence pour les papiers très épais utilisés en impression typographique comme la gamme Macho. J'aime pouvoir sentir le relief laissé par la typo sur le papier. Nous travaillons aussi beaucoup avec les papiers Munken et Olin.KATIE MANOS : Je ne suis pas difficile, je préfère de loin le papier accessible que n'importe qui peut avoir dans sa papeterie du coin. En papier premium, Neenah Paper a une gamme baptisée Astrobrights qui propose une multitude de couleurs vibrantes et de grammages. J'adore leur Stardust White 65 C. Il y a ces petites taches subtiles que je trouve charmantes et il absorbe très bien l'encre.En quoi le papier reste-t-il important dans un monde où prime le numérique ?THIBAUT VAN BOXTEL : Je dirais que le terrain de jeu qui contribue à enrichir un support qui existe depuis des millénaires se situe du côté des papiers particuliers. Par exemple, les papiers à base de pierre, résidus de l'industrie agroalimentaire, avec des fibres apparentes...ANTOINE PILETTE : Les supports numériques sont comme les grands panneaux publicitaires sur les routes : l'attention y est furtive et volatile. Sur un site web, on consacre moins de temps à lire les détails. Tandis qu'avec un support papier comme une brochure, on prend le temps de voyager. Un fascicule permet de faire vivre une exposition, de raconter une histoire et non juste de donner des informations. Le papier permet de retrouver le toucher d'un support, l'odeur de l'encre fraîche, le bruissement d'une page. Autant de détails qui ont l'air banals, mais qui ne le sont pas tant que ça en fin de compte.JIM VAN RAEMDONCK : Le papier reste surtout important pour les imprimés haut de gamme. Nous recevons de plus en plus de demandes pour des imprimés vraiment beaux, telles que l'impression typographique ou des livres avec du papier de qualité et une couverture rigide ou en lin, rehaussée d'un gaufrage ou d'encres spéciales. Je pense que les clients choisissent de s'éloigner du digital quand ils veulent impressionner leurs clients avec ce genre d'édition premium. Il y a dix ans, les gens venaient nous voir parce qu'ils avaient besoin de cartes de visite, de papiers à en-tête, de dépliants, de cartes de voeux, d'enveloppes, etc. pour leur identité d'entreprise. Aujourd'hui, seules les cartes de visite persistent, le reste est devenu digital. Je pense que le papier est devenu et deviendra un support pour partager des messages importants, empreints d'émotion et de sens.LAUREN GRUSENMEYER : Ce qui différencie l'imprimé de la communication digitale, c'est précisément son côté tactile et sa finition à travers le papier, la façon dont celui-ci est utilisé et comment il est imprimé. Tout contribue au produit fini. Le papier est toujours pertinent et continue à être un élément important du processus de création graphique. Le print n'est pas mort, il a juste évolué vers des fonctionnalités différentes.KATIE MANOS : Autrefois un produit de nécessité, le papier est devenu un produit de luxe tirant profit de la nostalgie et des expériences tactiles. Beaucoup de choses n'ont plus besoin d'être imprimées, mais en choisissant le papier on est plus intentionnel. L'aspect physique du papier crée une connexion avec les gens qui ne peut pas être reproduite avec le numérique. Je pense que les gens préfèrent toujours recevoir un beau faire-part qu'une invitation par e-mail. Si les produits en papier deviennent plus rares, la demande augmentera. Il y a déjà une recrudescence de petits studios qui se spécialisent dans l'impression.MATTHEW MANOS : J'ai l'intime conviction que nous aurons toujours besoin du print. "Le média est le message", disait Marshall McLuhan. Choisir d'imprimer c'est déjà faire passer un message spécifique, même inconsciemment. L'imprimé est plus pertinent pour des applications qui nécessitent le sens du toucher comme moyen d'attraction. Le papier est comme le personnage du meilleur ami, dans une comédie romantique de cinéma, qui est mis de côté par le personnage principal en raison d'une nouvelle passion amoureuse. Au final, le personnage principal finit toujours par retourner auprès de son meilleur ami quand les choses se compliquent. Peu importe quelle brillante nouveauté technologique sortira pour nous aider à consommer de l'information plus efficacement, nous retiendrons et préférerons toujours un contenu sur un média imprimé.