La pandémie de coronavirus a sérieusement chamboulé le planning de l'organisateur ces dernières années. Le Sign & Print Festival a dû être prématurément annulé et il ne reviendra plus. La Sign & Print Expo avait elle-même été remise à l'année dernière. La fréquence bisannuelle s'en est trouvée perturbée, si bien que l'évènement a de nouveau ouvert ses portes du 14 au 16 mars 2023 à l'Evenementenhal de Gorinchem. Un excès de bien pour certains exposants, pense Rowdy van den Nieuwenhuizen, responsable du salon. Ce qui n'a pas empêché un plan d'occupation raisonnablement bien rempli, offrant suffisamment à voir aux visiteurs intéressés par tout ce qui touche au domaine de la signalétique.
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La pandémie de coronavirus a sérieusement chamboulé le planning de l'organisateur ces dernières années. Le Sign & Print Festival a dû être prématurément annulé et il ne reviendra plus. La Sign & Print Expo avait elle-même été remise à l'année dernière. La fréquence bisannuelle s'en est trouvée perturbée, si bien que l'évènement a de nouveau ouvert ses portes du 14 au 16 mars 2023 à l'Evenementenhal de Gorinchem. Un excès de bien pour certains exposants, pense Rowdy van den Nieuwenhuizen, responsable du salon. Ce qui n'a pas empêché un plan d'occupation raisonnablement bien rempli, offrant suffisamment à voir aux visiteurs intéressés par tout ce qui touche au domaine de la signalétique. L'absence de participants issus du segment graphique n'avait échappé à personne l'an dernier - si cette industrie a jadis constitué l'assise de l'évènement, sa présence s'était amenuisée au fil des ans pendant que la part du Sign augmentait. D'où le souhait, manifesté par l'organisation à l'approche de l'édition de cette année, de lui redonner une place de choix dans les allées. Ce qui n'a réussi qu'à moitié, avec des stands uniquement d'imprimeurs. Les fournisseurs du monde graphique ne sont pas venus. Les présentations consacrées à l'ennoblissement de l'imprimé sur les stands de Grafische Groep Matthys et Bron Groep ont malgré tout eu beaucoup de succès. Le communiqué de presse publié peu après le salon en dit long. L'édition de 2025 se tiendra sous un nouveau nom et s'ouvrira aux fournisseurs d'articles promotionnels, scolaires et bureautiques. Le secteur de la signalétique continue de croître et d'offrir des opportunités à profusion, mais il reste trop exigu pour remplir le complexe évènementiel de Gorinchem. D'autres branches doivent combler le vide laissé par l'industrie graphique. Détail piquant: le salon est né au début du siècle de la combinaison d'une foire graphique et d'une expo d'articles de bureau. Les visiteurs de la Sign & Print Expo n'y sont en tout cas pour rien. L'organisateur évoque le chiffre de 6 200 entrées et le deuxième jour a attiré la grande foule. La combinaison avec le Benelux Online Print Event (#BOPE) du Centre d'innovation flamand VIGC a aussi été appréciée. Reste que les connexions avec le monde de la signalétique devront, à l'évidence, être davantage développées pour les prochaines éditions. Si des thèmes comme l'intelligence artificielle, les partenariats dans le Cloud par le biais des API et la situation du marché en Chine collent parfaitement aux centres d'intérêt du groupe-cible du VIGC, le reste du salon envisage le monde sous une autre perspective. Le rapport était plus perceptible dans le programme de conférences proprement dit. Rudy van Belkom, de la Stichting Toekomstbeeld der Techniek, a capté l'attention du public en évoquant les côtés plus inquiétants des IA. L'évènement conserve son pouvoir d'attraction sur les designers et les graphistes, un groupe précisément ouvert aux sujets d'actualité et à la créativité. Ce dont Van den Nieuwenhuizen a toujours énergiquement joué en intégrant les exposants dans les thèmes du salon. Le point d'orgue de l'an dernier était l'énorme décor construit au premier étage par le spécialiste néerlandais du grand format Probo. À l'époque, l'escalator avait surtout été emprunté par un jeune public (lire également l'encadré). Cette année, il a été plus difficile de convaincre les exposants de prendre part à la City Of Visual Communication, même si ce thème se retrouvait çà et là dans les stands. L'évènement rayonnait surtout une approche no-nonsense - conséquence peut-être du fait qu'il se tenait pour la deuxième année de suite. Probo était de nouveau présente avec un stand de belles dimensions, mais pas aussi colossal que Printing Wonderland. L'entreprise avait en revanche mis le paquet en soutien de la section thématique du "Parc de la circularité". Pas question donc d'un quelconque malaise. Probo a en outre un grandiose évènement client en préparation pour cette année à Dokkum. En janvier, elle a annoncé avoir acquis la première Durst P5 500 D4 du Benelux. Pour le reste, le spécialiste du grand format poursuit imperturbablement le développement de Sign Again, le panneau circulaire fabriqué à partir de bâches recyclées. Circularité, recyclage et soutenabilité sont désormais les piliers incontournables des salons consacrés à la signalétique, et ils étaient également très présents à la Sign & Print Expo. Les stands de Probo et Vink VTS pointaient résolument vers un avenir vert. Un choix raisonnable et raisonné, car le secteur doit éviter de se trouver relégué au rang des industries polluantes aux yeux du grand public. Tant Probo que Vink VTS mettent l'accent sur le recyclage. L'organisation de la collecte des déchets résiduels et des matériaux usagés engendre un nouveau modèle économique. Leurs camions peuvent emporter les déchets après avoir livré les produits chez le client. Alors que Probo mise sur la création d'un nouveau support à base de plastiques recyclés, Vink VTS privilégie une approche cradle-to-cradle, en collectant les chutes d'acrylate chez ses clients. Les matières collectées sont broyées pour produire des granulats qui serviront à fabriquer du nouveau plexi. Avantage de la méthode: les utilisateurs ne doivent pas imaginer de nouvelles applications pour le matériau. Inconvénient: seules des chutes d'acrylate se prêtent à une réutilisation. Les applications dans de nouvelles niches n'étaient pas très nombreuses, mais il y en avait. Dès l'entrée, le visiteur était accueilli par un écran montrant une image animée en 3D. Igepa proposait l'Inhaker, un dispositif permettant d'assembler rapidement des pieds de présentation. Dans le domaine de l'impression 3D, Massivit accaparait de nouveau l'attention avec une imprimante grand format. On s'étonne d'ailleurs que l'impression 3D n'ait pas encore percé à plus grande échelle dans un secteur si important pour l'évènementiel. De grands objets créatifs, en pièces uniques ou en petites séries, peuvent apporter énormément à toutes sortes d'évènements. Sans doute la demande doit-elle encore évoluer, à moins que ce ne soient les prix des produits imprimés en 3D qui restent trop élevés. Comme dans la plupart des évènements centrés sur la signalétique, les vendeurs de logiciels étaient sous-représentés. Le développeur de MIS Dataline, qui met actuellement les bouchées doubles auprès des signmakers, était surtout à Gorinchem pour promouvoir son calculateur de CO2. Plus les entreprises de signalétique se développent, plus il devient important pour elles de se doter d'un tel système d'information de gestion. L'élargissement du parc de machines entraîne une complexification de la structure des coûts. Fini de tout baser sur le prix de revient au mètre carré. Chaque coût doit être pris en compte dans le calcul. Et la hausse des prix renforce la nécessité d'estimations précises. L'entrepreneur qui néglige de s'en préoccuper aura du mal à calculer un prix compétitif. Dans le domaine des flux de production, la participation d'un éditeur tel que FourPees aurait pu constituer un bon complément. Son CEO Tom Peire était au BOPE (lire également l'article en page 16) pour présenter sa vision du workflow dans l'entreprise graphique. Gageons que son discours aurait été tout aussi audible pour les spécialistes du grand format. La connexion entre les machines, le système d'entreprise et le logiciel de gestion des achats en est encore à ses balbutiements dans bien des organisations. Mais en même temps, les revendeurs et les clients finaux exigent toujours plus de service et des délais sans cesse plus courts. Un flux de production intégré devient donc la norme. Peire déteste entendre le mot "solution" employé en lieu et place de "produit". Le client pense que ses problèmes seront d'emblée résolus par le simple fait d'acquérir un progiciel. Alors qu'il n'en est qu'au début de toute une trajectoire. Une mise en oeuvre efficace du logiciel suppose la prise en compte d'une kyrielle de protocoles de toute une série de fournisseurs. Chaque entreprise développe en outre ses propres méthodes de travail et de production, avec des partenaires et pour des clients spécifiques. Le dirigeant a tendance à penser que seul l'achat du progiciel ou de la machine a de l'importance. Surtout le visiteur qui vient fureter au salon avec ses plans d'investissement sous le bras. L'intégration de processus aurait été un beau complément aux offres, par exemple, de Prindustry. Issu lui aussi de l'industrie graphique, ce fournisseur cherche toujours plus à élargir le champ de ses applications. Le marché de la signalétique numérique est intéressant pour un nombre croissant de revendeurs et d'imprimeurs commerciaux. Les entreprises équipées d'un important parc de machines privent les petites imprimeries d'une bonne part de leur travail, mais leur évite de se lancer dans des investissements à risque. Celles-ci trouvent dans un fournisseur tel que Print.com une bonne manière de proposer une offre très diverse - répondant aux attentes du client - sans avoir à maîtriser la technique de l'impression grand format. Beaucoup ne voient pas la nécessité d'élargir leur activité, mais doivent malgré tout pouvoir satisfaire les demandes changeantes de leur clientèle. Print.com était d'ailleurs représenté avec un stand imposant, qui a attiré moult visiteurs. Il sera intéressant de voir la résultante de ce nouveau cap en 2025. Que l'organisateur cherche des exposants potentiels en dehors du secteur de la signalétique imprimée est compréhensible. Les mètres carrés doivent être loués et l'on sait que l'industrie du Sign n'y suffit pas. Une forte croissance dans le segment graphique ne semble pas envisageable pour les prochaines années. Le salon, en revanche, a tout à gagner à clarifier son profil. Les tentatives laborieuses d'intéresser les gros pourvoyeurs d'imprimés sont définitivement abandonnées. Avec un peu d'imagination, une connexion avec le monde des articles promotionnels est envisageable. Mais vouloir étendre le périmètre aux fournitures scolaires et aux articles de bureau, cela commence à chercher loin. Trop loin, même. La diversification est une constante majeure dans l'univers de la signalétique. Quel autre secteur s'occupe à la fois de papier peint, de revêtements de sol, d'emballages, de carrelages, d'écrans, d'affichage, de déco intérieure, de parois antibruit et de 2D/3D? Les exposants ont tout intérêt à voir augmenter la diversité des visiteurs, et non celle de leurs secteurs d'origine. Comme dit l'adage: si cela crie comme un canard, marche comme un canard et ressemble à un canard, c'est probablement un canard. Sign & Print Expo conserve du potentiel de croissance, mais les éditions 2022 et 2023 ont clairement été des rendez-vous centrés sur la signalétique. Si les imprimeurs jadis venaient surtout au salon pour développer leur réseau, ils le fréquentent aujourd'hui pour trouver de possibles réorientations à leur activité. Le caractère réseau est toujours présent pour les purs signaléticiens venus s'informer sur les possibilités dans le cadre d'un salon vraiment local.