Ces prémices étant posés, nous allons tenter, dans cet article, de décrire ce à quoi nous pouvons nous attendre dans le courant de l'année naissante et quel pourrait en être l'impact sur le secteur.

D'emblée, une première question : comment se porte l'industrie graphique ? Beaucoup de gens, surtout aux États-Unis, pensent que l'imprimé a fait son temps et que les médias électroniques vont prendre en grande partie le relais. Ils pointent des produits tels que l'iPad d'Apple ou le Kindle d'Amazon, qui mettent à profit l'Internet et le sans-fil pour proposer de nouvelles manières de dispenser de l'information à la demande.

Une opinion que, personnellement, je ne partage pas, tout en devant bien admettre que le secteur graphique traverse une phase de transition. Beaucoup d'autres branches d'activités avant lui ont connu le changement et ont développé de nouveaux modèles économiques au fil du temps. Les industries du cinéma, du disque, du tourisme, de la radiotélévision, et bien d'autres, se sont adaptées à chaque fois que s'est présenté un médium plus neuf et plus moderne, qui semblait de nature à remplacer la technologie existante.

La transition en cours va aboutir à ce que le secteur graphique devienne partie intégrante de l'industrie de la communication. L'imprimé sera désormais l'une des composantes d'une approche intégrée de la communication. C'est tout particulièrement vrai de l'impression numérique, à présent indissociable d'un système de commande en ligne, en interaction étroite avec des services de marketing individualisé. La part de l'imprimé continue même de croître dans le secteur du packaging, l'emballage s'assimilant de plus en plus à un support de vente. Le secteur de l'emballage est également en croissance dans les régions émergentes, où les grandes surfaces prennent progressivement la place des petits marchés traditionnels.

Les grandes tendances

La première tendance est l'utilisation d'Internet dans le but d'améliorer la manière de commander l'imprimé et de le gérer. À l'avenir, les imprimeurs qui ne seront pas présents sur la toile, et qui ne pourront donc pas prendre et traiter les commandes en ligne, éprouveront les pires difficultés à trouver du travail. Dans bon nombre d'applications, le client ne sait pas où l'imprimé est fabriqué. Et pour tout dire, il s'en moque, pourvu qu'on lui livre une qualité correcte à bon prix et dans les délais.

La deuxième tendance est le glissement de l'offset et de la flexo vers l'impression numérique. Pas uniquement dans un but de compression des coûts, mais aussi pour le gain d'efficacité opérationnelle et l'introduction de nouvelles formes de communication. Les maisons d'édition, par exemple, passent au numérique par souci d'efficacité. Les livres en noir et blanc et en très petits tirages sont imprimés en numérique depuis des années déjà. Mais aujourd'hui, le jet d'encre à haute vitesse modifie le modèle aussi pour les ouvrages couleurs. Pour les tirages jusqu'à environ 5 000 exemplaires, il est plus économique d'imprimer les livres en jet d'encre qu'en offset. Les éditeurs sont ainsi en mesure de commander des tirages plus courts, suivis de retirages répétés, ce qui leur permet de limiter leurs stocks. L'impact des liseuses électroniques, telles que le Kindle, les force d'ailleurs à commander de petites quantités. Impossible en effet de prévoir exactement combien il se vendra d'exemplaires imprimés. Cette tendance se confirmera à la drupa, où une série de constructeurs proposeront des presses meilleures et en plus grand nombre.

Troisième tendance : le façonnage numérique. Nous voyons déjà beaucoup de machines de pliage, d'assemblage et de reliure en sortie des presses numériques. Leur nombre à la drupa ne fera qu'augmenter. Celles-ci contribuent à rendre l'impression numérique plus efficace. Non seulement elles occupent peu de main-d'oeuvre, mais elles offrent en outre des mises en route plus rapides et des coûts d'exploitation réduits. Exemple : la coupeuse-raineuse Euclid, du constructeur israélien Highcon, dont la présentation à la drupa a été annoncée il y a peu. Cette machine très spécifiquement conçue pour le marché de l'emballage permet de s'affranchir, pour les petites séries, des onéreuses formes de découpe qui doivent être créées et fabriquées sur mesure.

Une autre tendance, sur laquelle tout le monde a les yeux rivés, est la poursuite du développement des presses jet d'encre, tant en versions feuilles que rotatives. Il ne fait aucun doute que de très nombreux nouveaux acteurs vont débouler sur le marché, à côté des modèles inédits ou améliorés des constructeurs existants. Plusieurs grands fabricants de presses offset ont fait savoir qu'ils présenteraient des presses jet d'encre. C'est le cas notamment de KBA, manroland, TKS, Wifag et sans doute d'autres. Peut-être rencontrerons-nous quelques presses moins rapides et meilleur marché. Éventuellement chez Delphax, qui collabore avec le fabricant de têtes Memjet pour ce segment. L'attention se porte toutefois surtout vers les fournisseurs établis et je m'attends à une confrontation majeure entre HP et Kodak. Surtout parce que la Prosper de Kodak aura déjà eu le temps de s'implanter solidement sur le marché. Une cinquantaine d'exemplaires devraient avoir été mis en service d'ici la drupa.

La drupa verra aussi l'arrivée des presses numérique de format B2. Fujifilm et Screen en avaient déjà donné un avant-goût lors de l'édition précédente. Je m'attends à présent à en découvrir des versions opérationnelles. Mais il ne faudra pas s'étonner de voir des presses B2 à procédé électrophotographique (toner) sur le stand d'au moins un autre acteur important.

Une dernière tendance importante est à observer du côté du secteur de l'emballage, qui combine offset, flexo et numérique et continue d'offrir des potentialités de croissance dans le monde entier. De nombreux nouveaux développements se profilent, non seulement au niveau de l'impression et du façonnage, mais aussi dans les flux de travail. Je m'attends plus particulièrement à ce que les solutions de flux de production s'appuient sur Internet pour impliquer plus étroitement les départements créatifs des donneurs d'ordre dans la planification et la gestion des nouveaux produits, des premières esquisses jusqu'à la livraison au client final.

La drupa sera sans nul doute le salon qui fera la lumière sur la structure future de l'industrie graphique et sur la manière dont le secteur va se muer, d'un métier centré sur l'impression de caractères sur du papier, en une branche d'activité appelée à jouer un rôle important dans les processus de conception, de fabrication et de livraison d'un grand nombre de produits, et de diffusion d'informations sur ceux-ci. À la drupa, les imprimeurs pourront mieux évaluer comment ils doivent changer s'ils veulent survivre et prospérer dans un secteur qui évolue à vue d'oeil.

Ces prémices étant posés, nous allons tenter, dans cet article, de décrire ce à quoi nous pouvons nous attendre dans le courant de l'année naissante et quel pourrait en être l'impact sur le secteur. D'emblée, une première question : comment se porte l'industrie graphique ? Beaucoup de gens, surtout aux États-Unis, pensent que l'imprimé a fait son temps et que les médias électroniques vont prendre en grande partie le relais. Ils pointent des produits tels que l'iPad d'Apple ou le Kindle d'Amazon, qui mettent à profit l'Internet et le sans-fil pour proposer de nouvelles manières de dispenser de l'information à la demande.Une opinion que, personnellement, je ne partage pas, tout en devant bien admettre que le secteur graphique traverse une phase de transition. Beaucoup d'autres branches d'activités avant lui ont connu le changement et ont développé de nouveaux modèles économiques au fil du temps. Les industries du cinéma, du disque, du tourisme, de la radiotélévision, et bien d'autres, se sont adaptées à chaque fois que s'est présenté un médium plus neuf et plus moderne, qui semblait de nature à remplacer la technologie existante.La transition en cours va aboutir à ce que le secteur graphique devienne partie intégrante de l'industrie de la communication. L'imprimé sera désormais l'une des composantes d'une approche intégrée de la communication. C'est tout particulièrement vrai de l'impression numérique, à présent indissociable d'un système de commande en ligne, en interaction étroite avec des services de marketing individualisé. La part de l'imprimé continue même de croître dans le secteur du packaging, l'emballage s'assimilant de plus en plus à un support de vente. Le secteur de l'emballage est également en croissance dans les régions émergentes, où les grandes surfaces prennent progressivement la place des petits marchés traditionnels. Les grandes tendancesLa première tendance est l'utilisation d'Internet dans le but d'améliorer la manière de commander l'imprimé et de le gérer. À l'avenir, les imprimeurs qui ne seront pas présents sur la toile, et qui ne pourront donc pas prendre et traiter les commandes en ligne, éprouveront les pires difficultés à trouver du travail. Dans bon nombre d'applications, le client ne sait pas où l'imprimé est fabriqué. Et pour tout dire, il s'en moque, pourvu qu'on lui livre une qualité correcte à bon prix et dans les délais. La deuxième tendance est le glissement de l'offset et de la flexo vers l'impression numérique. Pas uniquement dans un but de compression des coûts, mais aussi pour le gain d'efficacité opérationnelle et l'introduction de nouvelles formes de communication. Les maisons d'édition, par exemple, passent au numérique par souci d'efficacité. Les livres en noir et blanc et en très petits tirages sont imprimés en numérique depuis des années déjà. Mais aujourd'hui, le jet d'encre à haute vitesse modifie le modèle aussi pour les ouvrages couleurs. Pour les tirages jusqu'à environ 5 000 exemplaires, il est plus économique d'imprimer les livres en jet d'encre qu'en offset. Les éditeurs sont ainsi en mesure de commander des tirages plus courts, suivis de retirages répétés, ce qui leur permet de limiter leurs stocks. L'impact des liseuses électroniques, telles que le Kindle, les force d'ailleurs à commander de petites quantités. Impossible en effet de prévoir exactement combien il se vendra d'exemplaires imprimés. Cette tendance se confirmera à la drupa, où une série de constructeurs proposeront des presses meilleures et en plus grand nombre. Troisième tendance : le façonnage numérique. Nous voyons déjà beaucoup de machines de pliage, d'assemblage et de reliure en sortie des presses numériques. Leur nombre à la drupa ne fera qu'augmenter. Celles-ci contribuent à rendre l'impression numérique plus efficace. Non seulement elles occupent peu de main-d'oeuvre, mais elles offrent en outre des mises en route plus rapides et des coûts d'exploitation réduits. Exemple : la coupeuse-raineuse Euclid, du constructeur israélien Highcon, dont la présentation à la drupa a été annoncée il y a peu. Cette machine très spécifiquement conçue pour le marché de l'emballage permet de s'affranchir, pour les petites séries, des onéreuses formes de découpe qui doivent être créées et fabriquées sur mesure. Une autre tendance, sur laquelle tout le monde a les yeux rivés, est la poursuite du développement des presses jet d'encre, tant en versions feuilles que rotatives. Il ne fait aucun doute que de très nombreux nouveaux acteurs vont débouler sur le marché, à côté des modèles inédits ou améliorés des constructeurs existants. Plusieurs grands fabricants de presses offset ont fait savoir qu'ils présenteraient des presses jet d'encre. C'est le cas notamment de KBA, manroland, TKS, Wifag et sans doute d'autres. Peut-être rencontrerons-nous quelques presses moins rapides et meilleur marché. Éventuellement chez Delphax, qui collabore avec le fabricant de têtes Memjet pour ce segment. L'attention se porte toutefois surtout vers les fournisseurs établis et je m'attends à une confrontation majeure entre HP et Kodak. Surtout parce que la Prosper de Kodak aura déjà eu le temps de s'implanter solidement sur le marché. Une cinquantaine d'exemplaires devraient avoir été mis en service d'ici la drupa. La drupa verra aussi l'arrivée des presses numérique de format B2. Fujifilm et Screen en avaient déjà donné un avant-goût lors de l'édition précédente. Je m'attends à présent à en découvrir des versions opérationnelles. Mais il ne faudra pas s'étonner de voir des presses B2 à procédé électrophotographique (toner) sur le stand d'au moins un autre acteur important. Une dernière tendance importante est à observer du côté du secteur de l'emballage, qui combine offset, flexo et numérique et continue d'offrir des potentialités de croissance dans le monde entier. De nombreux nouveaux développements se profilent, non seulement au niveau de l'impression et du façonnage, mais aussi dans les flux de travail. Je m'attends plus particulièrement à ce que les solutions de flux de production s'appuient sur Internet pour impliquer plus étroitement les départements créatifs des donneurs d'ordre dans la planification et la gestion des nouveaux produits, des premières esquisses jusqu'à la livraison au client final. La drupa sera sans nul doute le salon qui fera la lumière sur la structure future de l'industrie graphique et sur la manière dont le secteur va se muer, d'un métier centré sur l'impression de caractères sur du papier, en une branche d'activité appelée à jouer un rôle important dans les processus de conception, de fabrication et de livraison d'un grand nombre de produits, et de diffusion d'informations sur ceux-ci. À la drupa, les imprimeurs pourront mieux évaluer comment ils doivent changer s'ils veulent survivre et prospérer dans un secteur qui évolue à vue d'oeil.