Hausses des prix et approvisionnement limité

Avec la diminution des moyens de transport et l'augmentation des coûts de la pâte et du fret, les papetiers européens ont tour à tour annoncé d'importantes augmentations de prix depuis le début de l'année. Des variations de prix tournant autour de 8 à 10% ont été appliquées sur des qualités de papier couché et non couché, y compris sans bois, ainsi que sur des papiers d'emballage et de spécialité.

De nouvelles augmentations ont d'ailleurs été appliquées à partir du 1er juin via Sappi Europe, basé en Afrique du Sud, et le papetier espagnol Lecta. Sappi Europe avait même prévenu que la hausse pourrait être suivie par des augmentations ultérieures à mesure que la tendance se poursuit. Auparavant, The Navigator Company, basé au Portugal et qui commercialise entre autres les marques Navigator, Discovery, Explorer, Pionneer, a également augmenté ses prix à deux reprises en février puis en mai. " Cette décision a été prise à la suite, non seulement de nouvelles augmentations des coûts mondiaux de la pâte, des produits chimiques et de la logistique, avec des effets structurels sur la rentabilité de l'industrie en Europe et dans le monde, mais également à la suite d'une forte demande pour les produits et marques Navigator fin 2020 et le premier mois de 2021 ", a expliqué l'entreprise quelques mois auparavant.

Malgré une forte demande, les prix de la pâte en Europe se sont finalement stabilisés en juillet en raison de la baisse des prix de la pâte en Chine et en Amérique du Nord. Ce qui a mis fin aux plans des producteurs en Europe, rapporte Euwid, le média d'information spécialisé dans l'industrie du papier. Pour Euwid, les négociations de prix sur le marché européen de la pâte en juillet ont été influencées par des inquiétudes d'approvisionnements face à la forte demande des industries de l'emballage et du papier graphique. " Les stocks de pâte détenus dans les ports européens ont récemment atteint un creux absolu ", rapporte le média d'information. " Pour le moment, les fabricants de pâte à papier préfèrent vendre en Chine parce que les prix y sont plus élevés, et les fabricants de papier préfèrent vendre aux États-Unis, pour la même raison ", explique de son côté Eric De Brouwer, sales manager chez Igepa. Outre les difficultés d'approvisionnement qui touchent l'industrie papetière, l'augmentation de la demande de matières premières comme le bois et les vieux papiers dans différents secteurs ajoutent une pression supplémentaire. D'un côté, les vieux papiers sont accaparés pour la production de carton pour l'e-commerce, de l'autre, les déchets de scierie sont aussi fort demandés pour produire des panneaux MDF.

Les livres et les jeux de société, deux victimes collatérales

L'augmentation massive des achats en ligne depuis la pandémie et des livraisons de repas a entraîné une énorme demande de boîtes en carton. Ce qui entraine des pénuries de papier dans d'autres secteurs qui utilisent ce produit comme matière première.

Aux Pays-Bas, le média d'information NOS fait savoir qu'une rupture de stock temporaire de certains titres est en cours en raison de la pénurie de papier dans le secteur du livre. Le directeur Robert Jan de Rooij de Wilco, une des plus grandes imprimeries au Pays-Bas, rapporte même que des usines de papier à livres en Europe sont en train d'être converties en usines de boîtes en carton. Ainsi, la pâte est plus susceptible de devenir une boîte qu'un livre. En conséquence, les délais de livraison s'allongent pour les imprimeurs de livres. " Si je veux avoir du papier en stock, une telle commande prend normalement quelques semaines. Maintenant, je dois attendre quatre mois. Alors oui, parfois les éditeurs devront attendre leurs livres ", rapporte Jan de Rooij à NOS. " Les éditeurs doivent donc très bien planifier les (re)sorties, car sinon certains titres pourraient ne pas être disponibles pendant un certain temps ", explique Martijn David, secrétaire général du General Publishers Group. L'éditeur néerlandais VBK Media reconnait également des problèmes de livraison en raison du manque de papier. En Belgique, l'Association des Editeurs Belges (ADEB) craint également des délais prolongés pour la fourniture de papier. Le secteur de l'édition est également mis sous pression par les imprimeurs pour avoir une idée des tirages dans les mois à venir. Des imprimeries comme Snel et AZ Print, du côté de Liège, ont également augmenté leur stock de papier par précaution. AZ Print a même stocké 700 tonnes de papier qui couvrent 10 à 12 mois de consommation, apprend-on de la RTBF.

Une pénurie de papier est aussi constatée en Allemagne chez Ludo Fact, un fabricant de jeux de société qui a des clients au niveau international. L'usine explique qu'avec l'augmentation de la demande en puzzle et jeux de société pendant la pandémie et des prix du transport, une rupture de papier entrave actuellement la production. Ludo Fact explique aussi que ses fournisseurs de papier ne sont pas non plus en mesure de donner une date de livraison prochaine alors qu'elle en attendait une de 60 tonnes de carton gris. Ce qui a obligé l'usine de mettre des machines et des opérateurs à l'arrêt.

Les imprimeries se couvrent contre la hausse des prix et la pénurie

Dans le secteur de la presse, on anticipe. Chez Roularta Media Group, les entrepôts sont " pleins " de papier pour faire face à la hausse des prix. Editeur (Le Vif, Knack, Flair, etc.), Roularta est aussi la plus grande imprimerie du pays et le plus gros acheteur de papier du Benelux, fait savoir le directeur financier Jeroen Mouton. De nombreux journaux d'autres groupes de médias y sont imprimés quotidiennement. En temps normal, Roularta achète des stocks de papier pour six mois. Mais l'imprimerie a profité d'une baisse du prix du papier au premier semestre par rapport à 2020 pour acheter du papier supplémentaire pour neuf mois de stock. " En conséquence, nos entrepôts sont pleins de papier ", explique Mouton. Entre-temps, les prix de la pâte à papier ont augmenté. Roularta a ainsi pu se couvrir partiellement contre cette augmentation de prix. Par ailleurs, la pénurie de papier ici et là en raison de la forte demande de carton résultant de l'essor du commerce en ligne ne posera aucun problème à Roularta. " Nous sommes le plus gros acteur du marché et nous payons en liquide ", insiste le directeur financier. Par ailleurs, IPM Press Printing a également augmenté ses stock en prévision face aux difficultés d'approvisionnement.

Avec la diminution des moyens de transport et l'augmentation des coûts de la pâte et du fret, les papetiers européens ont tour à tour annoncé d'importantes augmentations de prix depuis le début de l'année. Des variations de prix tournant autour de 8 à 10% ont été appliquées sur des qualités de papier couché et non couché, y compris sans bois, ainsi que sur des papiers d'emballage et de spécialité.De nouvelles augmentations ont d'ailleurs été appliquées à partir du 1er juin via Sappi Europe, basé en Afrique du Sud, et le papetier espagnol Lecta. Sappi Europe avait même prévenu que la hausse pourrait être suivie par des augmentations ultérieures à mesure que la tendance se poursuit. Auparavant, The Navigator Company, basé au Portugal et qui commercialise entre autres les marques Navigator, Discovery, Explorer, Pionneer, a également augmenté ses prix à deux reprises en février puis en mai. " Cette décision a été prise à la suite, non seulement de nouvelles augmentations des coûts mondiaux de la pâte, des produits chimiques et de la logistique, avec des effets structurels sur la rentabilité de l'industrie en Europe et dans le monde, mais également à la suite d'une forte demande pour les produits et marques Navigator fin 2020 et le premier mois de 2021 ", a expliqué l'entreprise quelques mois auparavant. Malgré une forte demande, les prix de la pâte en Europe se sont finalement stabilisés en juillet en raison de la baisse des prix de la pâte en Chine et en Amérique du Nord. Ce qui a mis fin aux plans des producteurs en Europe, rapporte Euwid, le média d'information spécialisé dans l'industrie du papier. Pour Euwid, les négociations de prix sur le marché européen de la pâte en juillet ont été influencées par des inquiétudes d'approvisionnements face à la forte demande des industries de l'emballage et du papier graphique. " Les stocks de pâte détenus dans les ports européens ont récemment atteint un creux absolu ", rapporte le média d'information. " Pour le moment, les fabricants de pâte à papier préfèrent vendre en Chine parce que les prix y sont plus élevés, et les fabricants de papier préfèrent vendre aux États-Unis, pour la même raison ", explique de son côté Eric De Brouwer, sales manager chez Igepa. Outre les difficultés d'approvisionnement qui touchent l'industrie papetière, l'augmentation de la demande de matières premières comme le bois et les vieux papiers dans différents secteurs ajoutent une pression supplémentaire. D'un côté, les vieux papiers sont accaparés pour la production de carton pour l'e-commerce, de l'autre, les déchets de scierie sont aussi fort demandés pour produire des panneaux MDF.L'augmentation massive des achats en ligne depuis la pandémie et des livraisons de repas a entraîné une énorme demande de boîtes en carton. Ce qui entraine des pénuries de papier dans d'autres secteurs qui utilisent ce produit comme matière première.Aux Pays-Bas, le média d'information NOS fait savoir qu'une rupture de stock temporaire de certains titres est en cours en raison de la pénurie de papier dans le secteur du livre. Le directeur Robert Jan de Rooij de Wilco, une des plus grandes imprimeries au Pays-Bas, rapporte même que des usines de papier à livres en Europe sont en train d'être converties en usines de boîtes en carton. Ainsi, la pâte est plus susceptible de devenir une boîte qu'un livre. En conséquence, les délais de livraison s'allongent pour les imprimeurs de livres. " Si je veux avoir du papier en stock, une telle commande prend normalement quelques semaines. Maintenant, je dois attendre quatre mois. Alors oui, parfois les éditeurs devront attendre leurs livres ", rapporte Jan de Rooij à NOS. " Les éditeurs doivent donc très bien planifier les (re)sorties, car sinon certains titres pourraient ne pas être disponibles pendant un certain temps ", explique Martijn David, secrétaire général du General Publishers Group. L'éditeur néerlandais VBK Media reconnait également des problèmes de livraison en raison du manque de papier. En Belgique, l'Association des Editeurs Belges (ADEB) craint également des délais prolongés pour la fourniture de papier. Le secteur de l'édition est également mis sous pression par les imprimeurs pour avoir une idée des tirages dans les mois à venir. Des imprimeries comme Snel et AZ Print, du côté de Liège, ont également augmenté leur stock de papier par précaution. AZ Print a même stocké 700 tonnes de papier qui couvrent 10 à 12 mois de consommation, apprend-on de la RTBF.Une pénurie de papier est aussi constatée en Allemagne chez Ludo Fact, un fabricant de jeux de société qui a des clients au niveau international. L'usine explique qu'avec l'augmentation de la demande en puzzle et jeux de société pendant la pandémie et des prix du transport, une rupture de papier entrave actuellement la production. Ludo Fact explique aussi que ses fournisseurs de papier ne sont pas non plus en mesure de donner une date de livraison prochaine alors qu'elle en attendait une de 60 tonnes de carton gris. Ce qui a obligé l'usine de mettre des machines et des opérateurs à l'arrêt.Dans le secteur de la presse, on anticipe. Chez Roularta Media Group, les entrepôts sont " pleins " de papier pour faire face à la hausse des prix. Editeur (Le Vif, Knack, Flair, etc.), Roularta est aussi la plus grande imprimerie du pays et le plus gros acheteur de papier du Benelux, fait savoir le directeur financier Jeroen Mouton. De nombreux journaux d'autres groupes de médias y sont imprimés quotidiennement. En temps normal, Roularta achète des stocks de papier pour six mois. Mais l'imprimerie a profité d'une baisse du prix du papier au premier semestre par rapport à 2020 pour acheter du papier supplémentaire pour neuf mois de stock. " En conséquence, nos entrepôts sont pleins de papier ", explique Mouton. Entre-temps, les prix de la pâte à papier ont augmenté. Roularta a ainsi pu se couvrir partiellement contre cette augmentation de prix. Par ailleurs, la pénurie de papier ici et là en raison de la forte demande de carton résultant de l'essor du commerce en ligne ne posera aucun problème à Roularta. " Nous sommes le plus gros acteur du marché et nous payons en liquide ", insiste le directeur financier. Par ailleurs, IPM Press Printing a également augmenté ses stock en prévision face aux difficultés d'approvisionnement.