Le Conseil central de l'économie (CCE) a publié récemment un rapport alarmant sur le secteur papetier, graphique et de l'édition. Selon ses auteurs, l'affaiblissement de la conjoncture économique générale pèse lourdement sur notre industrie cette année. Ce que nous observons depuis un certain temps au sein de la branche figure désormais noir sur blanc dans un rapport officiel. La Commission européenne voit l'économie belge progresser de 1,4% en 2023. Idem pour 2024. Et elle table sur une croissance de 1,5% en 2025. Ce sont surtout les pouvoirs publics et les consommateurs qui font tourner l'économie. Car dans l'industrie manufacturière, beaucoup de signaux sont au rouge. Les annonces de...

Le Conseil central de l'économie (CCE) a publié récemment un rapport alarmant sur le secteur papetier, graphique et de l'édition. Selon ses auteurs, l'affaiblissement de la conjoncture économique générale pèse lourdement sur notre industrie cette année. Ce que nous observons depuis un certain temps au sein de la branche figure désormais noir sur blanc dans un rapport officiel. La Commission européenne voit l'économie belge progresser de 1,4% en 2023. Idem pour 2024. Et elle table sur une croissance de 1,5% en 2025. Ce sont surtout les pouvoirs publics et les consommateurs qui font tourner l'économie. Car dans l'industrie manufacturière, beaucoup de signaux sont au rouge. Les annonces de fermetures et de restructurations se succèdent à un rythme affolant. L'activité de production graphique a mal démarré l'année avec une forte hausse du chômage temporaire. Le nombre de faillites parmi les imprimeries est passé de 13 à 17 pour les six premiers mois. La perte moyenne d'emplois par faillite a toutefois baissé, de 4,5 unités au premier semestre de 2022 à moins de trois cette année. Autrement dit, ce sont surtout des petites entreprises qui déposent le bilan. La grandeur d'échelle joue un rôle crucial dans un secteur à aussi forte intensité capitalistique que le nôtre, et certainement en période de taux d'intérêt élevés et de flambée des coûts. Selon les auteurs du rapport du CCE, le secteur graphique va devoir relever des défis structurels importants pour maintenir la pertinence de l'imprimé en tant que moyen de communication. Le CCE n'a pas tort, mais il est plus aisé d'établir un diagnostic sur papier que de mettre le remède en oeuvre. Ce qui n'empêche pas les bonnes nouvelles: pour le premier semestre de 2024 - qui est aussi une année Drupa - les économistes voient des perspectives positives pour la demande intérieure, sous l'influence des élections de juin (européennes, fédérales et régionales) et d'octobre (locales et provinciales). Tel était aussi le message des chef(fe)s d'entreprise ayant participé au débat d'affaires consacré au Print & Sign dans le cadre du salon Sign2Com de Courtrai (lire l'article en page 30). "2024 est une année électorale, ce qui aura un impact pour le secteur", y confirmait Andreas Foriers, dirigeant de Creafor, à Lokeren. Outre les revers conjoncturels, les évolutions structurelles - comme la digitalisation accélérée - exercent aussi un effet perturbateur. L'imprimé ne survivra que s'il est pertinent en tant que canal de communication. Le rapport du CCE fait écho au point de vue exprimé par Ulbe Jelluma, directeur général de Print Power Europe. Selon Jelluma, les lecteurs et annonceurs doivent d'abord être convaincus de l'expérience de lecture unique véhiculée par l'imprimé. "L'imprimé fait appel à plus de trois sens, ce qui accroît l'efficacité de la communication de 50 à 70%. En outre, il a le don de retenir l'attention du lecteur plus longtemps et lui permet de se déconnecter du monde numérique trépidant", lit-on. Selon un sondage Imec, nous n'avons jamais été aussi dépendants de nos smartphones et de la technologie, ce qui engendre une sorte de lassitude numérique. Et ouvre autant d'opportunités à qui saura capitaliser sur la valeur ajoutée intrinsèque de l'imprimé en termes de créativité et d'interactivité. Ce numéro vous sert d'ores et déjà une large portion d'inspiration sur des thèmes comme les technologies, l'innovation, la durabilité et d'autres sujets brûlants. Bonne lecture.