Avec M comme modulaire

Canon ne proposait jusqu'ici que les Colorado 1630, 1640 et 1650, ainsi que des configurations intégrées appelées UVgel Print Factory et UVgel Wallpaper Factory, codéveloppées avec l'Italien Fotoba et assurant jusqu'au façonnage et à la mise en rouleaux de papiers peints prêts à l'emploi. Ces systèmes font appel à une technologie jet d'encre UV très spécifique, qui a été mise au point et brevetée notamment pour ce type d'application. À savoir le procédé UVgel, né à l'origine dans les laboratoires d'Océ, à Venlo (Pays-Bas). Océ a été rachetée par Canon en 2012. Ce procédé UVgel utilise des encres en phase gel à température ambiante, celles-ci étant maintenues en phase liquide par les têtes piézoélectriques (UVgel 425, développement propre de Canon) qui les chauffent à environ 65 °C. Le support à imprimer reste à la température de 28 °C, et ce indépendamment des conditions ambiantes. En entrant en contact avec le support, les gouttelettes d'encre redeviennent instantanément semi-solides (gélification) et sont immobilisées sous cette forme (un durcissement intermédiaire, ou "pinning", prévient la coalescence des gouttes). Le processus est accéléré par un préséchage partiel par LED UV. Un séchage à coeur "différé" convertit ensuite toutes les gouttes déposées en éléments d'image (points de trame) bien formés avec un engraissement (étalement du point) strictement contrôlé. Cette opération est réalisée par une navette de lampes LED UV séparée de celle des têtes jet d'encre (distance intermédiaire de 30 cm) et qui se déplace au-dessus du support en sens opposé. Désavantage de cette approche, les gouttelettes d'encre juxtaposées forment une surface égale qui confère un aspect brillant au résultat final imprimé. Celui-ci peut être souhaitable pour beaucoup d'applications, mais pas pour du papier peint, par exemple. Pour pallier ce désagrément, Canon a mis au point la technologie FLXfinish+, qui permet de choisir entre un aspect brillant ou mat (ou même une alternance picturale des deux sur le même support), et ce sans devoir changer d'encre. Pour obtenir un aspect mat, on fait suivre la navette de lampes LED UV avec une intensité plus faible après le passage des têtes jet d'encre, afin de conférer une certaine texture superficielle aux gouttes semi-durcies (gélification). La polymérisation complète se fait ensuite à intensité maximale (deuxième passage de la navette de LED UV). La productivité est de ce fait sensiblement réduite en mode "fini mat" et plus encore en "mode mixte" (brillant/mat). La première Colorado 1640 mise sur le marché (en 2017) utilise des encres UVgel 356 de Canon. Celles-ci présentent une rigidité et une résistance à la rayure particulièrement élevées après séchage, mais au détriment de la souplesse et de l'étirabilité. Elles ne sont pas non plus compatibles avec la technologie FLXfinish+. Les Colorado 1630 (modèle d'entrée de gamme lancé en 2021) et 1650 (lancée en 2019) emploient des encres UVgel 460 de Canon. Toutes les encres UVgel sont inodores et conformes au programme de certification GREENGUARD Gold (États-Unis) ainsi qu'aux critères de l'AgBB (Ausschuss zur gesundheitlichen Bewertung von Bauprodukten). La productivité de la Colorado 1630 est bridée par logiciel. Les clients peuvent mettre leur Colorado 1630 à niveau, de manière temporaire (pour absorber un pic de demande) ou permanente, moyennant l'achat d'une licence logicielle. Jusqu'il y a peu, l'encre blanche n'était pas encore disponible dans ni l'une ni l'autre des séries UVgel, ce qui était communément considéré comme une lacune majeure de cette technologie. Il semblait impossible de savoir clairement si Canon travaillait ou non à la mise au point d'une encre UVgel blanche, ni même si pareil développement était techniquement possible. Les derniers doutes ont été levés avec le lancement d'une nouvelle encre UVgel 460 blanche sur les systèmes Colorado de série M, qui va à l'évidence leur ouvrir la porte de très nombreuses nouvelles applications. La nouvelle encre blanche peut être utilisée aussi bien comme ton direct que pour la création d'aplats (par-dessus l'image imprimée ou en fond de celle-ci) ou de couches supplémentaires pour les applications rétroéclairées ou double face (décoration de vitrines). Canon tient à préciser que sa technologie UVgel ne souffre pas des problèmes habituellement liés à l'utilisation d'une encre blanche, en particulier le bouchage des buses. Qui plus est, la nouvelle encre blanche est aussi compatible avec son procédé FLXfinish+. Enfin, ajoute Canon, la nature de sa pigmentation permet d'obtenir un degré d'opacité élevé avec un faible encrage. Les nouveaux systèmes Colorado série M, les M3(W) et M5(W), s'appuient respectivement sur les modèles Colorado 1630 et Colorado 1650, avec la possibilité d'ajouter en option (pour les versions W) une tête jet d'encre réservée au blanc. Cette dernière est bien la UVgel 425 standard et non une tête spécialement mise au point pour l'encre blanche. La reconfiguration d'un système Colorado 1630/1650 en Colorado série M (M3W/M5W) n'est pas possible chez le client Les systèmes Colorado de série M embarquent aussi une nouvelle cassette textile destinée au nettoyage automatique des buses. Comme auparavant, le système vérifie à la volée si le niveau de performances des buses reste suffisant en émettant des impulsions sonores selon l'approche PAINT (Piezo Acoustic Integrated Nozzle Technology) brevetée voici bien longtemps par Océ. Parmi les autres caractéristiques notables des systèmes Colorado de série M, on retient un nouveau "détecteur de supports", censé élargir la compatibilité (notamment aux lourds papiers peints structurés, ainsi qu'aux matériaux transparents et colorés), et un kit en option pour l'utilisation de supports magnétiques. Nous l'avons dit, la possibilité de modes d'impression à l'encre blanche (1 à 5 couches) élargit l'éventail d'applications des systèmes Colorado de série M - M3W/M5 W. D'abord, à travers les possibilités créatives offertes par la disponibilité d'un "ton direct" blanc, mais aussi notamment pour l'impression d'applications signalétiques plus spécifiques comme la décoration de vitrines et certains visuels rétroéclairés, pouvant jouer sur la (non-) visibilité de certaines images sur les deux faces d'un support transparent. La disponibilité d'une encre blanche est également considérée comme un prérequis indispensable pour l'impression de papier peint et d'étiquettes, son absence étant jusqu'ici vue comme l'un des (rares) manquements de la technologie UVgel de Canon (par exemple, sur les systèmes UVgel Print Factory et UVgel Wall Factory). Il sera intéressant de voir quel sera l'impact de la disponibilité d'une encre blanche sur la popularité du système Colorado dans les marchés spécifiques du papier peint et des étiquettes.