En dépit de tous leurs avantages fonctionnels, les emballages ont mauvaise presse, déplore De Schamphelaire. Cette image négative constitue le catalyseur d'une législation toujours plus pointue au niveau européen, à commencer par une révision des directives-cadres en matière de déchets. Plus concrètement, l'intention est de relever les objectifs de recyclage pour les déchets d'emballages.
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En dépit de tous leurs avantages fonctionnels, les emballages ont mauvaise presse, déplore De Schamphelaire. Cette image négative constitue le catalyseur d'une législation toujours plus pointue au niveau européen, à commencer par une révision des directives-cadres en matière de déchets. Plus concrètement, l'intention est de relever les objectifs de recyclage pour les déchets d'emballages.La Belgique est déjà en avance sur les objectifs européens et même belges, pour la plupart des matériaux, souligne De Schamphelaire. La directive UE vise 65 % du volume total des déchets d'emballages en 2025 (préparation à la réutilisation et au recyclage) et 70 % à l'horizon 2030. La norme appliquée en Belgique est quant à elle actuellement de 80 %, et elle a été dépassée dès 2015 avec 81,5 %. Pour les plastiques plus spécifiquement, l'UE a un objectif de 50 % en 2025 et 55 % en 2030. En Belgique, la barre était placée à 30 % pour 2015, mais dans la pratique, on était à 42,6 % cette année-là. Il reste donc du pain sur la planche.La demande totale de plastique en Europe était de 49 millions de tonnes en 2015. Dont 39,9 % destinés aux emballages. Ces derniers représentent 59 % de la quantité globale de déchets plastiques. Soucieuse de renverser la vapeur, l'Union a formulé une stratégie sur les matières plastiques visant à inscrire celles-ci dans une économie circulaire. Laquelle repose sur un certain nombre de piliers, dont le " design for circularity ". En vertu de ce principe, tous les emballages en plastique devront être réutilisables ou recyclables d'ici 2030. Ce qui implique une possible révision des exigences essentielles liées aux emballages et l'examen d'une écomodulation des contributions aux systèmes REP (responsabilité élargie du producteur). Il convient par ailleurs de promouvoir davantage l'utilisation de matériaux recyclés, tandis que la quantité de déchets et de détritus doit être réduite par le biais d'une directive sur les plastiques à usage unique. Les objets en plastique jetables, il faut le savoir, sont responsables de 50 % de la pollution totale des plages européennes. Le reste est constitué à 34 % d'autres plastiques, et d'à peine 16 % de non-plastiques. Par " plastiques à usage unique ", on entend des produits fabriqués entièrement ou partiellement à partir de plastique et qui ne sont pas conçus ou commercialisés pour être réutilisés pour le même but ou être re-remplis. Cette définition s'applique aussi aux plastiques biosourcés ou biodégradables. Les catégories pertinentes pour l'industrie alimentaire sont les emballages alimentaires (emballages de service et portions individuelles en plastiques rigides), les contenants de boissons (bouteilles en plastique, cartons à boisson et poches souples), les sachets, les bandes d'emballage, les gobelets et les pailles.En marge de cela, il y a lieu de déterminer où et quand l'utilisation de plastiques biodégradables est ou non favorable. Et aussi de procéder à l'analyse de cycle de vie (LCA) des plastiques biosourcés.Le durcissement de la législation européenne, la dégradation de l'image des emballages et du plastique dans l'opinion publique, ainsi que la pression de la rue et du monde politique sur les sujets des détritus sauvages et de la consignation des emballages ont induit un certain nombre d'évolutions en Belgique : convention sur les détritus avec les secteurs concernés, engagement renouvelé des secteurs et entreprises sur les emballages, plan emballage du gouvernement flamand, nouvel agrément pour Fost Plus et adaptation de l'accord de coopération interrégional et du règlement flamand Vlarema.Cette convention sur les détritus a résulté en un plan d'action pour lequel 17 millions d'euros venant de Fost Plus ont été débloqués. Ce qui a donné lieu à la création de Vlaanderen Mooi en Flandre et de BeWapp en Wallonie. Le plan d'action repose sur cinq piliers : infrastructure, environnement, participation, sensibilisation et communication, et gestion de l'espace. Ce à quoi viennent s'ajouter les engagements du monde de l'emballage et des entreprises individuelles.Les obligations et solutions en Belgique contribuent à brosser le tableau suivant. Une révision de l'Accord de coopération interrégional (ACI) est en vue, lequel prévoira peut-être un objectif de 70 % de recyclage des emballages ménagers contenant du plastique d'ici 2030. Valipac et Fost Plus doivent présenter des chiffres de collecte et de recyclage des déchets d'emballages revus à la hausse dans les années qui viennent. Valipac stimule le recyclage des emballages industriels ; Fost Plus s'occupe de la promotion et du financement de la collecte sélective, du tri et du recyclage des déchets d'emballages ménagers en Belgique.L'accord de coopération interrégional sera durci en vue d'augmenter les quantités collectées de déchets d'emballages. Ce dernier impose certaines obligations aux entreprises qui mettent des emballages sur le marché, notamment du point de vue du taux de recyclage.Un durcissement de l'ACI doit amener Valipac et Fost Plus à se focaliser davantage sur les flux de déchets d'emballages ne faisant pas encore, ou de manière limitée, l'objet d'une collecte sélective, comme les films plastiques et les plastiques rigides.Fost Plus a par ailleurs reçu un nouvel agrément. Celui-ci prévoit un élargissement de ce qui peut aller dans le sac bleu, un doublement des volumes de collecte des emballages " out-of-home " et " on-the-go " et un tarif " dissuasif " pour les emballages susceptibles de perturber le recyclage dans le cadre du Point vert. " La nouvelle réglementation européenne sur les plastiques à usage unique devra aussi être transposée dans la législation belge. "Tous les emballages plastiques pourront désormais aller dans le sac bleu. Donc, plus uniquement les bouteilles et les flacons, mais aussi les raviers, barquettes, pots et tubes, ainsi que les films et sachets. Le polystyrène expansé (EPS ou frigolite) et les déchets spéciaux des ménages restent interdits. Le tout doit permettre le recyclage de 70 000 tonnes d'emballages plastiques supplémentaires. Le surcoût annuel pour Fost Plus et ses membres représentera environ 37 millions d'euros. La mise en oeuvre pour toute la Belgique est prévue dans le courant de cette année et de l'an prochain.Aux fractions actuellement triées (cartons à boissons, acier, aluminium, bouteilles transparentes en PET (clair, bleu et vert) et bouteilles et flacons en HDPE), bien d'autres viendront s'ajouter à terme. Une période de transition est prévue avant que ce scénario de tri ne se réalise. Dans le domaine des bouteilles PET, outre le vert, toutes les autres couleurs sont également triées. Pour le HDPE, on ne se limitera pas uniquement aux bouteilles et flacons ; tous les autres emballages HDPE possibles seront aussi concernés. Un élargissement est également prévu à de nouveaux types de plastique comme le PP, le PS, les films (PE et autres), les raviers PET et les plastiques mélangés rigides.Restent les emballages difficiles à recycler, par exemple les multicouches, les composés et les noirs. Ce pour quoi des contributions majorées au Point vert doivent être demandées, selon De Schamphelaire. Pour les autres matériaux d'emballage valorisables (non recyclables), comme l'alu mince, les combinaisons alu et plastiques, l'EPS, le bois, les papiers/cartons comportant plus de 15 % d'autres matières, ces tarifs seront encore supérieurs. Les plus élevés seront toutefois portés au compte des matériaux d'emballage autres et non valorisables, comme les multimatériaux à base de verre, de métal et d'alu.Le but à terme est d'arriver à offrir des solutions de recyclage pour tous les emballages ménagers mis sur le marché. Outre les mesures que nous pouvons prendre au niveau belge, des avancées sont encore nécessaires au plan européen, comme une accréditation des procédés de recyclage pour les emballages alimentaires et des contenus recyclés, la recherche et l'innovation dans le domaine, par exemple, du recyclage chimique, et le développement d'un standard pour les " tethered caps " (capuchons qui restent attachés à la bouteille après ouverture), etc.