Ces conseils péremptoires au bas des e-mails vous agacent, vous aussi? Le dessin d'un arbre verdoyant accompagné du slogan "Pensez à l'environnement", puis la question, culpabilisante à souhait: devez-vous vraiment imprimer ce message? Dans un communiqué au vitriol publié ce mois-ci, Papier.be, la fédération représentant les différents acteurs de la filière papetière en Belgique, a répété tout le mal qu'elle pensait des arguments faussement écologiques. "Pour lutter contre les informations trompeuses et les pratiques de greenwashing à l'encontre du papier, Papier.be entend attaquer de front les entreprises et les organisations qui s'autorisent des allégations...

Ces conseils péremptoires au bas des e-mails vous agacent, vous aussi? Le dessin d'un arbre verdoyant accompagné du slogan "Pensez à l'environnement", puis la question, culpabilisante à souhait: devez-vous vraiment imprimer ce message? Dans un communiqué au vitriol publié ce mois-ci, Papier.be, la fédération représentant les différents acteurs de la filière papetière en Belgique, a répété tout le mal qu'elle pensait des arguments faussement écologiques. "Pour lutter contre les informations trompeuses et les pratiques de greenwashing à l'encontre du papier, Papier.be entend attaquer de front les entreprises et les organisations qui s'autorisent des allégations infondées", avertit Firmin François, président de Papier.be. "Nous les sommons d'étayer leurs affirmations par des données factuelles ou de cesser illico ce type de communication." Personne bien sûr n'encourage le gaspillage et nous devons, en tant que secteur graphique, miser au maximum sur un entrepreneuriat durable. Mais la communication numérique n'est pas, elle non plus, inoffensive pour l'environnement. Selon les chiffres de la Commission européenne, l'industrie du numérique est à elle seule responsable de 5 à 9% de la consommation mondiale d'électricité, ce qui correspond à plus de 2% des émissions planétaires de gaz à effet de serre. "Si rien n'est fait, ce chiffre pourrait grimper à 14% des émissions de GES d'ici 2040", met en garde Papier.be. S'appuyant sur les chiffres de l'Agence européenne pour l'environnement, Papier.be souligne que le secteur européen de l'imprimerie et de la papeterie n'émet que 0,8% des GES industriels. "Ce qui fait de nous l'un des plus faibles émetteurs du paysage industriel", lit-on. L'argument classique est que le papier ferait disparaître les forêts, au motif que le bois est sa matière première. Selon une récente enquête consommateurs de Papier.be, réalisée en collaboration avec son pendant international Two Sides, 63% des répondants croient que les forêts européennes rétrécissent. Or rien n'est moins vrai. Les chiffres de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, montrent au contraire qu'elles ont gagné 58 390 m2 entre 2005 et 2020. Cette croissance nette s'explique par la plantation d'arbres sur des terrains non boisés et par l'expansion naturelle des forêts dans les zones inhabitées. Une tâche importante attend toutes les parties prenantes de la filière papetière: informer correctement les consommateurs, les entreprises et les pouvoirs publics sur le caractère durable des produits de papier. Il reste du pain sur la planche, car toujours selon le sondage de Papier.be, 38% des répondants pensent que le papier et les emballages en papier sont néfastes pour l'environnement, et ils sont la moitié à considérer la communication numérique comme plus écoresponsable que l'imprimée. Peu savent que la filière papetière repose sur une gestion durable des forêts européennes et qu'elle utilise du bois résiduel d'exploitations forestières et de scieries. Le taux de recyclage en Europe dépasse en outre les 70%, ce qui fait de l'industrie papetière un acteur majeur de l'économie circulaire. S'attaquer à la perception erronée que notre société a de cette problématique est la bonne stratégie, mais elle va demander un effort soutenu à long terme. Bonne lecture.