Quand une imprimerie s'engage à imprimer vert, c'est tout son modèle de gestion qui est à revoir pour réduire son impact environnemental. Des consommables au recyclage des déchets, en passant par les technologies d'impression. Traditionnellement, les substrats incontournables impliqués dans l'impression grand format sont riches en PVC. Aujourd'hui, ils sont chassés des alternatives écologiques. Le PVC est problématique parce que la production, l'utilisation et l'élimination des produits à base de PVC impliquent des matières très toxiques et non biodégradables migrant dans l'environnement. PantoonBenes explique d'ailleurs pourquoi le PVC est plus problématique à recycler que les autres plastiques: " Le PVC a une température de combustion des déchets beaucoup plus élevée, ce qui libère des hydrocarbures chlorés nocifs. De plus, les plastifiants nécessaires pour rendre le PVC flexible au fil du temps quittent la composition du plastique, le faisant entrer dans l'écosystème ". Le choix le plus écoresponsable va donc aux matériaux sans PVC, recyclés et recyclables, voire biodégradables. Le support adhésif en polypropylène, qui a un impact environnemental plus faible, est par exemple préféré au PVC.
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Quand une imprimerie s'engage à imprimer vert, c'est tout son modèle de gestion qui est à revoir pour réduire son impact environnemental. Des consommables au recyclage des déchets, en passant par les technologies d'impression. Traditionnellement, les substrats incontournables impliqués dans l'impression grand format sont riches en PVC. Aujourd'hui, ils sont chassés des alternatives écologiques. Le PVC est problématique parce que la production, l'utilisation et l'élimination des produits à base de PVC impliquent des matières très toxiques et non biodégradables migrant dans l'environnement. PantoonBenes explique d'ailleurs pourquoi le PVC est plus problématique à recycler que les autres plastiques: " Le PVC a une température de combustion des déchets beaucoup plus élevée, ce qui libère des hydrocarbures chlorés nocifs. De plus, les plastifiants nécessaires pour rendre le PVC flexible au fil du temps quittent la composition du plastique, le faisant entrer dans l'écosystème ". Le choix le plus écoresponsable va donc aux matériaux sans PVC, recyclés et recyclables, voire biodégradables. Le support adhésif en polypropylène, qui a un impact environnemental plus faible, est par exemple préféré au PVC. Cet été, quelques fabricants de substrats ont recommencé à communiquer sur de nouveaux matériaux d'impression écologiques. Signe que la pression pour des choix de consommation plus durables est finalement toujours bien présente. Mais cela ne semble pas si évident pour Didier Ryckaert, Account Manager chez Papyrus, qui pense que le prix supérieur des matériaux écoresponsables sont encore un frein à leur démocratisation. " Paradoxalement, il y a moins de références écologiques qu'avant, car, comme la demande n'est pas suffisante, les prix augmentent. Ce qui conduit à encore moins de ventes et les fabricants finissent donc par réduire leur offre ". Pour Frederic Van Mol, Sales Manager Sign & Display d'Igepa: " L'offre de produits plus respectueux de l'environnement est moindre pour les applications de covering, mais il existe tout de même des solutions pour tout type d'application ". Pour Karl Verbist, Market Manager Signs & Graphics de Vink: " La demande est là, mais pas directement de nos clients. Les retailers sont à la recherche de produits plus écologiques ". Chez Igepa, une véritable approche écologique se met en place en collaboration avec des clients pour offrir des produits et services respectueux de l'environnement. Un programme de recyclage des matériaux en PVC est d'ailleurs en cours de développement. En ce qui concerne la demande, Frederic Van Mol remarque que le bât blesse au niveau des vinyles sans PVC: " Nos clients ne les proposent pas à leurs clients. Il y a donc un travail à faire pour que les clients finaux prescrivent ce type de produit. Les imprimeurs ont plus de mal à vendre les produits écologiques, car il faut que les clients finaux soient prêts à payer plus. " Frederic Van Mol attire aussi l'attention sur une certaine problématique du recyclage, dont une mauvaise gestion peut rendre nul l'avantage environnemental du produit. " Ce n'est pas parce qu'un matériau est recyclable ou biodégradable qu'il existe une filière de recyclage adéquate en Belgique. On ne peut pas non plus jeter directement un matériau dans sa poubelle sous prétexte qu'il est biodégradable. " Antalis aussi travaille sur une gamme de supports écoresponsables qui sera progressivement lancée dans un future proche. " Il reste encore beaucoup à développer, mais une évolution vers les produits eco-friendly sera inévitable. Le défi est de développer des produits écologiques qui ont les mêmes propriétés que les produits à base de PVC, encore largement utilisés aujourd'hui. La demande pour des produits respectueux de l'environnement est en augmentation. Ils sont plus chers, mais quelques utilisateurs finaux comme les retailers sont ouverts à cela et cela fait souvent partie de leur politique environnementale ", confie Jo Dhaenens, Market Manager Visual Com pour Antalis Belgique/Pays-Bas. Papyrus, qui fournit des matériaux souples pour la communication visuelle, préconise de privilégier les papiers peints et les textiles en fibre naturelle et d'opter pour les bâches en polypropylène (PP) plutôt qu'en PVC. " Le polypropylène est plus facile à recycler et il n'y a pas de chlore comme dans le PVC ", dit Didier Ryckaert. C'est d'ailleurs ce que propose aussi PantoonBenes. " Les substrats en PVC pour les affichages tels que le roll-up ou le POS sont remplacés par du polyester ou du polypropylène. Notre préférence va au polyester qui est plus stable et durable. Pour les applications de courte durée, nous proposons aussi une alternative en PP ", dit Charlotte Van Lent, Responsable Marketing de PantoonBenes. Comme alternative à la bâche en PVC, Charlotte Van Lent conseille de la remplacer par du textile enduit qui est une alternative plus écoresponsable. " Une gamme limitée de matériaux déjà recyclés à partir de bouteilles en PET est disponible pour les bâches ", ajoute-t-elle. Antalis pointe aussi la tendance pour les supports en textile et propose des textiles 100% en PET ou en PET 100% recyclé. Pour les vinyles adhésifs, les bannières et les supports d'affichage, il existe de nombreuses références " PVC free " ou " sans PVC " à privilégier. On en trouve auprès de marques tels que 3M, Avery Dennison, Orajet, Grafityp, Neschen... ou encore des marques de distributeur. PantoonBenes offre une large gamme de films adhésifs recyclables adaptés aux différentes applications du secteur. Des films sans PVC sont disponibles pour le lettrage, le carwrapping, la vitrophanie et les applications de protection, murales et au sol. Le distributeur propose aussi une gamme de supports PVC qui répond à la norme européenne REACH. Cette norme contrôle la fabrication et l'utilisation des substances chimiques dans l'industrie européenne. Du côté d'Antalis, le distributeur propose aussi des alternatives de supports adhésifs sans PVC, qui sont souvent à base de polypropylène, dans différentes catégories de produits. " Mais leur utilisation est souvent plus limitée par rapport aux vinyles adhésifs ", pointe Jo Dhaenens. Et pour le car wrapping, Antalis conseille un film autoadhésif en polyuréthane: " une alternative plus respectueuse de l'environnement qui est disponible dans la gamme Orajet ". Pour le secteur du retail et les applications promotionnelles saisonnières, Antalis a de plus ajouté dans sa gamme de produits " easy apply " des références sans PVC, avec des versions en PET ou en PP. Des matériaux sans PVC pour le roll-up ou le carwrapping existent aussi chez Vink et Igepa. En ce moment, Vink introduit en Belgique une nouvelle marque de vinyle adhésif et de laminat sans PVC et sans solvant. Il s'agit de la marque portugaise DECAL, qui offre une large gamme de matériaux écologiques pour la communication visuelle, l'industrie textile, la décoration et le secteur de l'étiquette. Pour Karl Verbist, le fait de lancer le nouveau produit écologique va permettre de stimuler la demande, " d'autant plus qu'il est bien positionné en termes de prix ". Du côté du distributeur Filmolux, une sélection complète de différents types de matériaux imprimables sans PVC est aussi proposée dans la gamme GreenLine. Cela va des supports écologiques recyclés ou recyclables aux films traditionnels en polypropylène (papiers peints, textiles, films adhésifs et films magnétiques ou de plastification, etc.). Les panneaux rigides à base de papier et de carton arrivent en tête des supports d'impression rigides préférés pour imprimer vert, mais sont plutôt destinés aux applications intérieures. On en trouve sous forme de carton alvéolaire ou nid-d'abeilles, de carton ondulé, de carton massif ou encore de papier composite. Le carton nid-d'abeilles est commercialisé aussi bien chez Igepa que Vink et Antalis à travers les marques Beelite (Igepa) et Falconboard de Hexacomb (Antalis, Vink). Chez Antalis et Spandex, on peut aussi trouver un panneau en papier de 3A Composites, dont le noyau en papier estampé le rend résistant à la flexion. Ce type de panneau d'affichage convient aux applications commerciales temporaires. Le carton ondulé est une autre alternative disponible chez Igepa via la marque Re-board, tandis que Vink propose des panneaux en carton massif Katz. Pour des panneaux en plastique, les distributeurs proposent les matériaux recyclables en polypropylène ou encore le PVC expansé recyclé. Un support recyclable ou biodégradable n'en est rien s'il est imprimé avec des encres qui ne le sont pas. Dès lors, quelle technologie d'impression privilégier et existe-t-il au moins une technologie qui soit réellement écologique? Entre les encres solvant, écosolvant, latex et UV, la bataille se joue principalement entre les encres à base d'eau (Latex) ou à séchage UV LED. Concernant l'encre écosolvant, même si elle est moins agressive que l'encre solvant, elle reste composée de solvants qui ont toujours un impact plus élevé sur la santé et l'environnement. Les encres HP Latex sont souvent plébiscitées comme la solution la plus écologique. HP se distingue particulièrement au niveau de son approche environnementale, qui a d'ailleurs été récemment reconnue par Keypoint Intelligence. Dans le cadre du prix " PaceSetter in Sustainability " 2019-2020, Keypoint Intelligence a placé HP en tête de l'industrie pour son programme de développement durable. Le fabricant s'engage par exemple à recycler 1,2 million de tonnes de matériel et de fournitures d'ici 2025. Il propose pour ce faire un programme de reprise et de recyclage du matériel HP. " Latex " est un terme générique pour désigner une encre à base d'eau (70%) et de polymères synthétiques. Son fabricant HP, la décrit comme 100% naturelle, sans polluants volatils, sans solvant et sans émission d'ozone. La technologie d'impression à encre latex est considérée comme respectueuse de l'environnement en raison de sa faible concentration en COV et de son temps de séchage rapide. Mais les détracteurs pointeront du doigt que les imprimantes HP Latex sont plus énergivores, contrairement aux systèmes d'impression UV LED, réputés pour leur faible consommation énergétique. Si les HP Latex sont plus énergivores, c'est parce qu'elles utilisent la chaleur pour faire évaporer l'eau contenue dans l'encre afin que celle-ci adhère à la surface du support. Tandis que le souci avec les encres à séchage UV LED est qu'elles entravent le processus de recyclage du papier au niveau du désencrage. Les fabricants en sont conscients et des recherches sont à l'oeuvre pour formuler des encres UV mieux recyclables. En ce qui concerne les composés organiques volatils (COV), il apparaît que les dernières générations d'encres à séchage UV en émettent moins. En témoigne Agfa qui a récemment reçu la certification Greenguard Gold la plus élevée pour ses encres jet d'encre UV LED, destinées à l'impression grand format. La norme Greenguard Gold exige des niveaux totaux d'émission de COV plus faibles, afin de s'assurer que l'encre utilisée est acceptable au sein d'environnements intérieurs et sensibles comme les écoles et les établissements de santé. HP, EFI, Ricoh et Fujifilm ont également déjà reçu cette certification pour des encres UV LED ou Latex pour HP. Quoi qu'il en soit, ces deux types d'encres sont beaucoup moins nocives en termes d'émissions et elles sont largement adoptées dans l'industrie. Pour évaluer l'impact environnemental d'une encre d'impression, il est nécessaire de prendre en considération chaque aspect du cycle de vie du produit. Le cycle comprend les matières premières, la fabrication, l'application, l'utilisation finale et l'élimination. " Dans la réalité, aucune typologie d'encre ou processus d'impression n'offre une solution universelle aux problèmes environnementaux ", affirmait un rapport de 2013 rédigé par EuPIA (European Printing Ink Association). Le rapport fournit un tableau comparatif des impacts environnementaux de la fabrication et de l'application des encres. Ce tableau démontre finalement " qu'aucune technologie n'est "la meilleure" du point de vue de l'impact environnemental. " L'impact environnemental des encres sur les produits imprimés semble en outre être relatif. En 2017, l'EuPIA a évalué le cycle de vie des encres en partenariat avec Ecomatters. Pour faciliter la recherche, l'étude s'est concentrée sur une formulation d'encre générique représentative des encres de tout type d'impression. L'impact environnemental a été analysé en tenant compte de postes divers tels que la fabrication, le transport, le produit imprimé et distribué jusqu'au recyclage. Par rapport au papier imprimé, l'étude conclut que " le rôle de l'encre dans l'empreinte carbone de l'impression est inférieur à 2% pour le papier, tandis que pour le plastique, il est inférieur à 4% ". Cela n'empêche pas le marché de chercher à fournir de plus en plus des encres qui soient les plus respectueuses possible de l'environnement avec des matières premières recyclables et d'origine naturelle. Et ce afin de réduire encore plus l'impact environnemental des consommables utilisés.