L'année nouvelle a commencé sur fond de perspectives économiques positives. Différents économistes prédisent bien un ralentissement de conjoncture, mais avec une reprise de la croissance à partir du printemps au fur et à mesure que les problèmes d'approvisionnement vont se résoudre et la situation sanitaire s'éclaircir. Le coronavirus sera bientôt chez nous depuis deux ans et la pandémie joue encore et toujours des tours à notre économie. Pour Belfius Research, les problèmes d'approvisionnement et les prix de l'énergie devraient se normaliser au cours du deuxième semestre de l'année. La Banque nationale compte sur une croissance économique de 2,6% en 2022. Les économistes de Belfius sont plus optimistes et se basent sur une croissance du PIB de 3,2%. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) la voit en revanche en recul à 2,2%. Une solide croissance de plus de 6% a été notée en 2021, après une contraction de -5,7% en 2020, première année corona. "L'augmentation probable du nombre d'infections au coronavirus et le renforcement des mesures de confinement à la suite de la propagation du variant Omicron devraient ralentir la croissance économique mondiale au cours du premier trimestre de cette année, sans pour autant la faire dérailler", prévoit Guy Wagner, chief investment officer de BLI - Banque de Luxembourg Investments.
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L'année nouvelle a commencé sur fond de perspectives économiques positives. Différents économistes prédisent bien un ralentissement de conjoncture, mais avec une reprise de la croissance à partir du printemps au fur et à mesure que les problèmes d'approvisionnement vont se résoudre et la situation sanitaire s'éclaircir. Le coronavirus sera bientôt chez nous depuis deux ans et la pandémie joue encore et toujours des tours à notre économie. Pour Belfius Research, les problèmes d'approvisionnement et les prix de l'énergie devraient se normaliser au cours du deuxième semestre de l'année. La Banque nationale compte sur une croissance économique de 2,6% en 2022. Les économistes de Belfius sont plus optimistes et se basent sur une croissance du PIB de 3,2%. La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) la voit en revanche en recul à 2,2%. Une solide croissance de plus de 6% a été notée en 2021, après une contraction de -5,7% en 2020, première année corona. "L'augmentation probable du nombre d'infections au coronavirus et le renforcement des mesures de confinement à la suite de la propagation du variant Omicron devraient ralentir la croissance économique mondiale au cours du premier trimestre de cette année, sans pour autant la faire dérailler", prévoit Guy Wagner, chief investment officer de BLI - Banque de Luxembourg Investments. Rien d'étonnant en pareil contexte à ce que les entreprises soient devenues moins optimistes. Selon une enquête de la FEB, elles ne voient pas l'avenir particulièrement en rose pour les six prochains mois. À peine 16% des secteurs interrogés s'attendent à une amélioration de la situation, contre 42% qui craignent plutôt une détérioration. Seuls les secteurs de l'intérim, des TIC et de la construction ont un sentiment positif. Les secteurs industriels en particulier sont plus pessimistes. Cette érosion de l'optimisme, pense la FEB, est indissociable de l'explosion des coûts à laquelle beaucoup d'entreprises ont été et restent confrontées. On pense d'abord à la hausse énorme de la facture énergétique, mais la plupart des matières premières et auxiliaires aussi sont devenues beaucoup plus chères. Les prix à la production ont crû de 37% depuis mai 2020. Et pour ne rien arranger, l'indexation automatique va encore alourdir les charges salariales de 5 à 6% en 2021-2022, ce qui n'apportera rien de bon pour la compétitivité des entreprises. Plus tôt dans le mois, un communiqué de presse de Fespa Belgique en appelait à ce que l'avalanche des hausses de prix dans le secteur viscom (matières premières, transport, matériaux d'emballage, charges salariales, etc.) soit correctement répercutée dans les prix aux clients finaux. "Nous comptons sur la responsabilité et la solidarité de nos entreprises", disait Jean Van Houtryve, président de Fespa Belgique. "Chacun doit agir de manière conséquente face aux hausses de prix. Ce n'est pas un message facile pour nos clients, mais le but n'est pas non plus que nous soyons les seuls à absorber ces majorations. Nous travaillons dans un marché où les marges sont sous pression depuis bien longtemps. Une répercussion correcte des hausses de coûts est nécessaire pour la continuité de nos entreprises à long terme." "Les entreprises graphiques ont assez bien clôturé l'année 2021", analyse Marc Vandenbroucke, patron de la fédération sectorielle Febelgra. "La plupart avaient leur carnet de commandes rempli, mais 2021 a été une année yoyo. Nous avons eu une reprise claire à la mi-2021, ce qui a été très positif. Mais la relance a été fortement sapée par la hausse des prix des matières premières - le papier en particulier, mais pas uniquement le papier - encore aggravée par une pénurie croissante à partir du quatrième trimestre. Cette situation risque de poser un problème majeur au premier trimestre de 2022. Elle devient préoccupante pour nos entreprises graphiques à partir du moment où celles-ci ne seraient plus en mesure d'assurer la livraison de toutes les commandes par manque de matières d'oeuvre." Pour Febelgra, 2021 a été une année de croissance même si la perte de chiffre d'affaires (-16%) de 2020 n'a pas encore été totalement compensée. Il faut attendre avril-mai pour les chiffres précis. Pour 2022, Marc Vandenbroucke voit l'industrie surfer de concert sur les prévisions de croissance de l'économie belge. "Pour autant que cette croissance ne soit pas encore plus qu'aujourd'hui hypothéquée par la pénurie de matières premières. À cause de la rareté du papier, une part d'activité risque de se déplacer vers d'autres canaux médias. C'est le danger. Sinon, on entend aussi du positif. Il se dit, par exemple, que les approvisionnements devraient se stabiliser à partir du deuxième trimestre. Espérons que ce soit effectivement le cas." Un autre défi pour l'économie belge en général, et l'industrie graphique en particulier, est la pénurie sur le marché de l'emploi. Les économistes de Belfius s'attendent à un nombre record de postes vacants pour cette année et craignent que les entreprises n'éprouvent les pires difficultés à les pourvoir. "Le vieillissement pèse lourdement sur l'accroissement de la population active", lit-on. "Les pouvoirs publics doivent dès lors veiller d'urgence à activer la population et à relever le taux d'emploi." Marc Vandenbroucke souscrit totalement à cette analyse. "Attirer des jeunes compétents sera un grand défi qui va certainement jouer tout au long de l'année et pour lequel, en tant que fédération, nous prenons des initiatives tant à destination du monde de l'enseignement que de celui de l'entreprise. La solution à long terme est de davantage mettre l'accent et miser sur les formations en entreprise. L'apprentissage dual actuel est un premier pas en ce sens, mais il doit être organisé plus en profondeur." Un autre point positif est le fait que la vague de faillites annoncée n'a pas eu lieu ; le secteur graphique a tenu bon, lui aussi. "Encore qu'il soit difficile d'en juger correctement aujourd'hui", estime Marc Vandenbroucke. "Toutes les mesures de soutien importantes restent en vigueur jusque fin mars 2022. Ce que nous constatons, surtout auprès des plus petites entreprises, c'est un nombre accru d'arrêts d'activité, associées ou non à des départs à la retraite." Vandenbroucke remarque surtout que les membres de Febelgra ont une perspective essentiellement positive pour 2022. "Ce sentiment est toutefois mitigé du fait des fortes hausses de prix d'une part et de la pénurie d'autre part. Deux éléments dont nous nous serions absolument bien passés après le coronavirus. Ils viennent s'ajouter à la pandémie, ce qui douche fortement les enthousiasmes et alimente l'incertitude." 2022 est aussi l'année choisie par Febelgra pour donner le coup d'envoi à sa campagne d'image tant attendue visant à mettre en avant l'importance de l'imprimé comme canal de communication. "Nous planchons actuellement sur la préparation d'un plan stratégique, que nous comptons déployer dans le courant de cette année. Ça va être un mégaprojet", promet Marc Vandenbroucke. "J'espère surtout une fête de la libération à la fois sociale et économique en 2022. Sociale, afin que nous puissions de nouveau fonctionner normalement, et économique, pour que notre secteur, qui est déjà très impliqué dans la recherche de solutions, ait moins à souffrir de la pénurie de matières premières et des autres menaces indésirables sur son activité." Il est frappant de constater que, même en ces temps incertains, le secteur multiplie les projets d'investissement, d'expansion, de consolidation, d'innovation et de croissance. Celui qui peut prendre l'avance quand les temps sont difficiles - et les taux d'intérêt sont toujours historiquement bas - pourra en cueillir les fruits lorsque la croissance va s'accélérer. Ainsi l'imprimerie familiale Van Der Poorten s'emploie-t-elle cette année à libérer de la place pour de nouveaux investissements. "L'année s'annonce passionnante", a écrit Filip Bousmanne, chef de fabrication à l'imprimerie louvaniste Van Der Poorten, sur LinkedIn. Chez Graphius, la capacité d'impression à Gand va augmenter grâce à l'arrivée d'une nouvelle presse offset huit couleurs Heidelberg XL 106 avec tour de vernissage. Le site de Paris sera également doté d'une presse huit couleurs en fin d'année. Le groupe familial investit également dans deux lignes de couture entièrement automatisées pour les sites de Gand et Paris. Les nouvelles lignes de couture seront équipées d'un bras robotisé qui empilera de manière autonome les blocs de livres cousus sur les palettes. Par ailleurs, les imprimeries de Gand et de Bruxelles de Graphius seront bientôt renforcées par une ligne de coupe entièrement automatisée. À Baarle-Nassau, près de la frontière belgo-néerlandaise, Koninklijke Drukkerij Em. de Jong a investi dans une nouvelle presse feuille huit couleurs avec vernis. Le groupe familial possède des imprimeries aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique (Mercator Press, à Jabbeke, et Dessain Printing, à Malines). Le spécialiste du mailing Pauwels Print & Mail, à Turnhout, a installé la première presse jet d'encre Xerox Baltoro High Fusion de Belgique. 2022 sera aussi une année bascule pour l'imprimeur numérique courtraisien Zquadra Digital Printing, qui emménagera en avril dans un bâtiment flambant neuf situé dans le parc d'activités économiques Courtrai-Nord. "Nous sommes à l'étroit depuis un certain temps et il faut de l'espace si l'on veut pouvoir être efficace et grandir", dit Elisabeth Fenaux, Operations Manager et co-propriétaire de l'entreprise. "Nos projets de déménagement remontent à avant la crise du coronavirus. Le terrain était acheté et les plans prêts, mais la pandémie nous a contraints à tout mettre en pause. Mais ce sera bientôt chose faite. Le nouveau bâtiment va presque tripler notre volume et il reste de la place pour une extension. Nous pourrons travailler plus vite et il y a de l'espace pour un stock de papier plus grand. Ce qui n'est pas négligeable au vu de la pénurie actuelle sur le marché", poursuit Elisabeth Fenaux. Zquadra Digital Printing est une imprimerie numérique de 25 salariés qui génère un chiffre d'affaires de cinq millions d'euros. "Notre offre est très large ; nous imprimons des catalogues, des prospectus, des brochures, du matériel de PLV, etc. La finition est quasi intégralement réalisée en interne: reliures collées, Wire-O, etc. Nous travaillons aussi souvent pour d'autres imprimeries et plates-formes. Nous réalisons notre chiffre d'affaires aussi bien en Belgique que sur le marché français", dit-elle encore. Le parc des machines de Zquadra est à la pointe de la technologie (presses HP Indigo) et il sera intégralement transféré vers le nouveau site. Zquadra Digital Printing investit environ trois millions d'euros dans le nouveau bâtiment. Les propriétaires sont ambitieux et restent ouverts aux possibilités d'acquisitions en soutien de la croissance des prochaines années. Ils ont ainsi encore racheté un imprimeur numérique concurrent à Bruxelles à la fin de l'année dernière. "S'Print, à Uccle, est actif dans le même segment. Nous souhaitons examiner toutes les possibilités susceptibles d'alimenter une croissance aussi bien organique que par acquisitions. Les plans sont ainsi sur la table pour d'autres rachats d'entreprises", conclut Elisabeth Fenaux. 2022 est une année anniversaire pour l'imprimerie anversoise Antilope De Bie. "Voici cent ans, notre arrière-grand-père Joseph De Bie, aidé de ses trois fils Jean, Gust et Koen, notre grand-père, a lancé son propre atelier à Lierre", explique Bart De Bie, le CEO familial d'Antilope De Bie, à Duffel. "Il avait racheté en 1922 une presse platine d'occasion avec quelques casses garnies de caractères en plomb et c'est ainsi qu'est née l'imprimerie De Bie." Rejeton de la quatrième génération, Bart De Bie est fier de l'histoire familiale. Il n'y aura pas de grande fête au premier semestre, compte tenu du risque que le coronavirus continue de faire peser, mais le jubilé sera bien vivant dans l'entreprise, en ligne et sur papier. "Nous avons publié un calendrier-anniversaire retraçant les cent ans d'histoire de la maison", dit De Bie. L'entrepreneur envisage l'avenir avec sérénité. "Nous sommes mieux préparés que jamais. Nous avons bouclé 2021 dans le vert. Les pertes de 2020 ont été largement compensées en 2021. Nous voulons faire au moins aussi bien cette année." Les problèmes d'approvisionnement qui empoisonnent le secteur ne lui ont pas encore mis trop de bâtons dans les roues. "Nous avons toujours pu trouver des solutions jusqu'ici. Mon frère Johan travaille d'arrache-pied à la recherche d'alternatives pour nous permettre de produire toutes les commandes", souligne Bart De Bie. Forte de plus de 90 salariés, Antilope De Bie dispose d'un parc de presses numériques et de machines offset petit, moyen et grand format, et à séchage UV. Elle mise de plus en plus sur l'innovation et l'imprimé haut de gamme. "Nous avons été la première imprimerie belge à nous équiper de presses Heidelberg à séchage UV, et avec le développement de 'flux', notre nouveau procédé optimisé pour les imprimés haut de gamme, nous obtenons des résultats exceptionnels sur ces machines. Une telle intensité de couleurs et une telle netteté sur papier non couché, c'est du jamais-vu dans notre secteur", assure Bart De Bie. Flux est le résultat de plus de cinq ans de R&D. Antilope De Bie collabore depuis trois ans avec le groupe Graphius de la famille Geers. Bart De Bie est positif quant à ce partenariat solide. "D'autres vagues de consolidations balaieront encore le secteur graphique. Nous opérons dans une industrie à forte intensité capitalistique où l'échelle est importante", analyse-t-il. "Cette percée dans la technologie flux, nous la devons aussi à notre collaboration avec L.capitan et Mistral, qui planchaient aussi sur ce projet. La mise en commun de toute notre expertise a permis d'en finaliser la R&D chez Antilope De Bie. Avec flux, nous obtenons la même qualité de couleur et la même netteté sur du non-couché brut que sur du papier couché, et cela, c'est unique. La différence de résultat entre du non-couché et du couché est donc devenue infime. Et ce grâce à une technologie intégralement développée en interne", insiste Bart De Bie. L'innovation est aussi l'un des dadas de Mieke Neven, administratrice déléguée de Burocad, à Peer. Elle a ainsi lancé l'année dernière le webshop Strakverpakt.be, où les entreprises et les consommateurs peuvent commander des produits personnalisés comme du papier d'emballage-cadeau (à partir de 3 mètres) et des autocollants (minimum une feuille). "L'initiative a été bien accueillie", dit Neven. "Nous sommes contents d'avoir pu la mettre aussi vite sur le marché. La décision a été prise à l'été 2021 et le lancement est survenu en octobre. La période la plus chargée pour la boutique en ligne a été les mois de novembre et décembre. Bientôt, il y aura la Saint-Valentin, Pâques, la Fête des Mères, la Fête des Pères, etc. Nous avons aussi des demandes d'entreprises qui se lancent dans un rebranding et souhaitent se présenter sous leur nouvelle image." Burocad a développé le moteur web-to-print elle-même. "La technologie de base pourra encore servir pour d'autres applications que nous entendons proposer à nos clients. Il est important de pouvoir gérer soi-même ce savoir-faire et cette expertise. Nous allons à présent poursuivre le développement de la plate-forme. Bientôt, il sera possible de commander aussi des boîtes et des rubans." Les papiers d'emballage-cadeau personnalisés sont produits sur l'imprimante Colorado de Canon, qui coupe et enroule automatiquement les rouleaux. La production de papiers peints personnalisés fait aussi partie des possibilités. 2022 sera placé sous le signe de l'optimisation et de l'automatisation, pense Mieke Neven. "Faire encore mieux ce que nous faisons déjà et garder les coûts sous contrôle. Reste à voir comment la situation va évoluer du côté des matières premières. Nous espérons être en mesure de continuer à servir les clients. On reste ambitieux et on y croit."