Organisée virtuellement le 24 juin dernier, la conférence Print4All a été le grand rendez-vous des industriels et des fournisseurs des secteurs de l'édition, de l'impression et de l'emballage. En raison du Covid-19, l'événement a eu lieu depuis un studio TV de Milan, conduit par le journaliste italien Matteo Bordone, en présence d'un nombre limité de personnes. 1250 personnes, dont 400 provenant de l'étranger, se sont inscrites à l'événement diffusé en direct streamning pendant quatre heures. La conférence virtuelle a servi d'avant-première à l'événement principal : le salon Print4All qui aura lieu à la Fiera Milano en mai 2022. Une date qui s'est imposée face au chamboulement du calendrier européen des événements du secteur graphique provoqué par la pandémie. L'événement virtuel a été organisé par ACIMGA, l'Association italienne des constructeurs de machines pour l'industrie graphique, entre autres avec le soutien d'ARGI, l'Association italienne des fournisseurs graphiques.
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Organisée virtuellement le 24 juin dernier, la conférence Print4All a été le grand rendez-vous des industriels et des fournisseurs des secteurs de l'édition, de l'impression et de l'emballage. En raison du Covid-19, l'événement a eu lieu depuis un studio TV de Milan, conduit par le journaliste italien Matteo Bordone, en présence d'un nombre limité de personnes. 1250 personnes, dont 400 provenant de l'étranger, se sont inscrites à l'événement diffusé en direct streamning pendant quatre heures. La conférence virtuelle a servi d'avant-première à l'événement principal : le salon Print4All qui aura lieu à la Fiera Milano en mai 2022. Une date qui s'est imposée face au chamboulement du calendrier européen des événements du secteur graphique provoqué par la pandémie. L'événement virtuel a été organisé par ACIMGA, l'Association italienne des constructeurs de machines pour l'industrie graphique, entre autres avec le soutien d'ARGI, l'Association italienne des fournisseurs graphiques. À travers leurs différentes visions et compétences, une vingtaine d'experts internationaux ont parlé de l'Usine du futur qui se fonde sur le développement durable et l'industrie 4.0. Les deux concepts vont de pair et forment les enjeux actuels auxquels le secteur de l'impression doit faire face. Les experts ont conçu des scénarios futuristes dans lesquels la technologie, l'innovation et le capital humain contribuent à une meilleure gestion des processus industriels, tout en favorisant une protection de l'environnement de plus en plus nécessaire. Les nouveaux défis générés par la pandémie ont aussi été pris en considération dans les discussions. Les derniers mois ont obligé les acteurs du secteur graphique à repenser leur processus de production et industriels, révélant encore plus clairement l'importance de l'innovation technologique, la résilience et la flexibilité individuelle des entreprises. "Les questions de durabilité et d'Industrie 4.0, si elles sont correctement saisies, peuvent transformer une crise en opportunité", a fait passer comme message la conférence Print4All. Autre message : l'efficacité de l'industrie de demain passe par l'Industrie 4.0 (connexion, intégration des processus, contrôle à distance) et la durabilité, qui tient compte de l'impact environnemental, économique et social de la production. Par conséquent, le redémarrage est pensé en visant directement ces objectifs, tout en saisissant les avantages que le lockdown a indirectement légués. Enrico Barboglio, Secrétaire général d'Argi, pointe les trois changements que la crise sanitaire a imposés dans l'industrie : la transformation numérique, la capacité à créer des solutions intelligentes et la recherche d'une nouvelle normalité. La transformation numérique s'est accélérée pendant le confinement. " Les technologies existaient déjà et elles nous ont permis de nous adapter, nous en avons juste accéléré l'utilisation. Ce qui change c'est le positionnement de la transformation numérique au sein des processus de production et des modalités de relation entre les personnes ", dit Enrico Barboglio qui pointe ensuite le concept 'smart'. " On parlait déjà d'impression et de fabrication intelligentes, mais des segments de la filière graphique restaient encore à la traîne. Et pourtant des imprimeries intelligentes ont fini par se développer. Aujourd'hui, on peut trouver des solutions qui ont permis aux imprimeries de se réinventer. Pensons aux masques et aux produits de distanciation sociale qui s'imposent dans les commerces. " Enfin, la recherche d'une nouvelle normalité implique un véritable changement de paradigme dans lequel la numérisation, l'Industrie 4.0 et la durabilité ne peuvent plus être une option. Grâce aux témoignages de diverses associations à travers le monde, la conférence a permis de retracer la situation actuelle du secteur graphique au niveau international depuis les bouleversements de l'urgence sanitaire. L'industrie graphique européenne représente 109000 entreprises, 603000 employés et un chiffre d'affaires de 79 milliards d'euros. Selon les données d'Intergraf, l'association européenne de l'industrie graphique, la Covid-19 a eu un impact important sur l'industrie graphique européenne, mais pas si dévastateur. Malgré les annulations et reports des campagnes publicitaires imprimées d'au moins six mois, la publicité par courrier est de retour et les prévisions se montrent encourageantes. Smithers estime ainsi que l'impression va augmenter jusqu'en 2024, avec une tendance croissante à la personnalisation. En Grande-Bretagne, le coronavirus a eu un impact important sur le secteur de l'impression. Selon PICON, la crise sanitaire a causé 70 % de commandes annulées, avec des conséquences importantes sur l'emploi : 15 à 20 % de faillites sont attendues. "Le coronavirus a accéléré la chute des entreprises déjà en difficulté", dit Garreth Waren, rédacteur-en-chef de Print Business. "Bien que la situation soit complexe pour ceux qui ont une approche traditionnelle et attentiste, les opportunités ne manquent cependant pas pour les entreprises qui investissent pour proposer de nouveaux produits à forte valeur ajoutée, des conseils spécifiques et des propositions durables". Ailleurs dans le monde, l'Inde vise un retour à la normale d'ici 2021. La production a été réduite de 50 % en juin 2020, mais l'association indienne IPAMA voyait une perspective d'atteindre 70 % en juillet. La reprise devrait aussi redémarrer en 2021 aux États-Unis, qui ont connu une contraction de 5 % (estimation APTech). Et en Chine, selon les données de l'association chinoise PEIAC, le secteur de l'impression a subi une contraction de plus de 30 % en 2020. Mais les imprimeurs chinois visent déjà la relance à travers les nouvelles technologies et l'intégration. Une entreprise 4.0 est une entreprise intégrée et connectée avec toutes les parties d'une chaîne d'approvisionnement. Pour Vincenzo Baglieri, Professeur à la SDA Bocconi School of Management de Milan, le 4.0 peut améliorer les performances compétitives des entreprises. " Les prochains mois seront difficiles, mais il y aura un rebond qui offrira beaucoup d'opportunités. L'industrie 4.0 est l'élément qui peut nous permettre de sortir rapidement de la crise ", dit le professeur. " L'industrie 4.0 crée des systèmes qui sont en mesure d'évoluer de manière synchronisée et collaborative. Ils réagissent ensemble de façon coordonnée à un phénomène. Par conséquent, le système 4.0 est plus résilient, capable de résister aux changements et de réagir de façon plus efficace ", explique encore Vincenzo Baglieri. L'intégration de la chaîne d'approvisionnement apporte divers avantages. Les informations qui sont disponibles en temps réel à travers toute la chaîne de valeur permettent de prendre des décisions rapidement dans une perspective collaborative. " Ce qui minimise les risques et maximise la capacité à réagir aux changements en cours ", précise Vincenzo Baglieri. Exemple : " Imaginez que dans un futur proche l'étude de marché devienne inutile. Les questions de satisfaction relatives à un produit n'arriveraient plus aux consommateurs après l'acte d'achat, le producteur saurait en temps réel quel emballage a été choisi à quel moment. Grâce à l'interconnectivité, on arriverait à comprendre pourquoi l'achat a été fait et le producteur pourrait améliorer le produit directement sans prendre de décision en retard. " Pour Fabrizio Renzi, ancien directeur Tech & Innovation d'IBM et CEO de rnbGate et rnbCulture, l'industrie du futur ne pourra faire l'impasse de l'intelligence augmentée (ou intelligence artificielle). " La Covid-19 donne l'opportunité de rebattre les cartes et de repartir sur une feuille blanche ". La crise sanitaire a changé les besoins des entreprises et des consommateurs laissant place à de nouveaux modèles et de nouveaux marchés. " L'intelligence artificielle peut être utilisée pour soutenir la disruption créative post-Covid-19 dans chaque industrie. Il n'existe pas une industrie qui ne soit pas impactée par l'intelligence artificielle ", dit Fabrizio Renzo. Pour l'industrie de l'impression et du papier, il s'agit d'empêcher la digitalisation et la Covid-19 de dématérialiser le secteur. Comment ? " Premièrement, on peut contrattaquer la digitalisation en donnant un nouveau sens au papier et à l'impression et en créant de nouveaux usages et de nouveaux marchés. Par exemple, de l'intelligence artificielle peut être intégrée dans le papier pour permettre aux agriculteurs de comprendre ce qu'il y a dans le sol et dans l'eau", explique-t-il. Tandis qu'il voit dans l'innovation des processus et des ressources humaines une façon de lutter contre les nuisances de la crise sanitaire. Exemple : téléguider une personne qui rencontre un problème technique sur un lieu de production grâce à la réalité virtuelle ou augmentée, plutôt que d'envoyer un technicien sur le terrain. " En bref, le développement technologique induit par l'industrie 4.0 change l'entreprise de différentes façons. Les processus de production se créent à travers des chaînes courtes, directes, liées et synergiques. La relation avec le client change aussi. Le service est orienté vers plus d'efficacité, plus constant et collaboratif, notamment grâce à la gestion du SAP, à l'analyse qualitative continue et à la maintenance prédictive. Tous ces changements sont aussi rendus possibles grâce à l'intelligence artificielle, qui est une source d'opportunités pour de nouvelles applications et façons de travailler dans le secteur de l'emballage et de l'impression. Le développement industriel du secteur de l'impression et de l'emballage passe aussi par l'économie circulaire et le développement durable. La conférence Print4All a mis en évidence la complémentarité des concepts d'Industrie 4.0 et de durabilité. C'est précisément grâce aux progrès technologiques que les matériaux et la consommation énergétique peuvent être mieux contrôlés, rendant possible l'atteinte des objectifs de développement durable. À ce propos, l'Agenda 2030 de l'ONU fixe 17 objectifs de développement durable à atteindre d'ici 2030, dont celui de créer des modes de production et de consommation durables. Les entreprises de toute industrie ont donc leur rôle à jouer. Pour une entreprise qui embrasse le développement durable, il n'est pas seulement question d'éthique et d'environnement. Il s'agit aussi d'investir dans un futur meilleur, de défendre la réputation de sa marque et de devenir plus attractive pour les acteurs de la finance durable. Le développement durable est aussi question de durabilité de l'entreprise, de choix pour résoudre des problèmes concrets et d'optimisation des investissements. Par exemple, combien d'imprimés jetez-vous par an en raison d'une surestimation ? Les technologies numériques permettent de résoudre le problème et de faire des économies au niveau des coûts et des ressources qui sont aussi bénéfiques pour l'environnement. D'où l'importance de raisonner dans une perspective d'économie circulaire comme l'a souligné Alice Bodreau, Global Partners Manager pour La Fondation Ellen MacArthur. Réduire les déchets et la pollution dès la phase de conception d'un produit, prolonger la durée de vie des produits/matériaux en créant de nouveaux usages et la régénération sont les principes fondateurs de l'économie circulaire. " Il est tout à fait possible d'appliquer ces principes à l'industrie graphique et à l'imprimerie. Dans cette optique, les industriels pourront recourir à des matériaux recyclables, réparables, qu'ils peuvent désassembler et, par la suite, rassembler en vue de créer de la valeur. C'est un business plan que l'on doit adopter ", explique Alice Bodreau. Le développement durable c'est répondre aux besoins d'aujourd'hui sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Les entreprises doivent transformer les processus et les relations pour rendre les produits durables, il en va de même pour l'emballage, le processus de production, les ressources humaines et la communication. C'est un défi complexe qui appelle toutes les composantes de l'écosystème - des fabricants jusqu'aux consommateurs - à s'orienter vers un changement de mentalité, de priorités et de comportements. La conférence Print4All a ainsi jeté les bases de la réflexion sur le développement durable et l'Industrie 4.0 qui caractérisera l'édition 2022 du salon Print 4All. L'événement se tiendra simultanément avec IPACK-IMA, dédié aux technologies de transformation et d'emballage, et Intralogistica Italia, dédié aux solutions et systèmes intégrés pour la manutention industrielle, la gestion des entrepôts, le stockage et le picking de matériaux. D'ici là, Print4All Conference - Future Factory réitérera l'événement virtuel en automne avec quatre Roadshows en streaming, en collaboration avec l'Algérie, l'Égypte, le Royaume-Uni et la Turquie. Une nouvelle édition spéciale aura également lieu au printemps 2021.