L'homme à la base de l'utilisation du carbonate de calcium comme alternative aux plastiques entièrement pétrosourcés s'appelle Åke Rosén. Il a imaginé cette solution dans les années 70, en réponse à la crise pétrolière. Hans Rausing, numéro un de Tetra Pak à l'époque et fils du fondateur de la société, Ruben Rausing, a vu un tel potentiel dans cette invention qu'il a mis à la disposition de Rosén les moyens financiers nécessaires à sa commercialisation. Rosén est le fondateur d'Ecolean, entreprise où il a travaillé jusqu'en 2004. Il est toujours chez Gaia en ce moment.
...

L'homme à la base de l'utilisation du carbonate de calcium comme alternative aux plastiques entièrement pétrosourcés s'appelle Åke Rosén. Il a imaginé cette solution dans les années 70, en réponse à la crise pétrolière. Hans Rausing, numéro un de Tetra Pak à l'époque et fils du fondateur de la société, Ruben Rausing, a vu un tel potentiel dans cette invention qu'il a mis à la disposition de Rosén les moyens financiers nécessaires à sa commercialisation. Rosén est le fondateur d'Ecolean, entreprise où il a travaillé jusqu'en 2004. Il est toujours chez Gaia en ce moment.Rosén était déjà depuis longtemps à la retraite lorsqu'il fut approché pour un projet dans le cadre du programme européen Life. Gaia, avec son développement du Biodolomer, entre dans le cadre de l'Agenda 21 des Nations Unies. Un appel y est lancé à mettre au point des plastiques qui ne soient pas basés sur des combustibles fossiles. L'ONU, avec ce projet, encourage à consommer le moins de possible de ressources naturelles et à leur préférer des matières premières renouvelables pouvant être converties en énergie. Objectif ultime : créer un monde viable pour les générations à venir.C'est dans ce cadre que le Biodolomer a été développé sous la direction de Rosén. Il a la particularité d'être à la fois biosourcé et biodégradable, contrairement à d'autres plastiques dit " bio-based ". Ainsi, le PE biosourcé, par exemple, n'est pas plus biologiquement dégradable que les PE, PP, PS et PET obtenus à partir de pétrole.Le Biodolomer est un composé de carbonate de calcium, de PLA (acide polylactique), d'huile végétale et d'un biopolymère. Ce dernier est le PBAT, un plastique biologique qui contribue à ce que la biodégradation démarre à un stade plus précoce qu'avec le PLA. Le PBAT commence en effet déjà à se décomposer à une température de 30 °C.Le Biodolomer existe en variante rigide ou souple. La rigidité est régulée par la quantité d'huile végétale apportée. Le Biodolomer se prête aussi bien au soufflage de films que de bouteilles, mais il peut aussi être utilisé en injection et en thermoformage. Aucune application ne requiert d'additifs spéciaux.Ce matériau a été développé sous l'égide de Gaia, en collaboration avec la société régionale de gestion des déchets NSR et de la centrale électrique Öresund Kraft. Cette joint-venture a bénéficié d'un subside européen d'environ 3 millions d'euros pour ce développement dans le cadre du programme LIFE. En plus d'être compostable, le Biodolomer peut aussi être incinéré et converti ainsi en énergie. Le résidu de son incinération est beaucoup plus propre que celui de combustibles fossiles.Le Biodolomer peut en outre être recyclé dans un flux de plastique pétrosourcé. Selon Jan Boberg, Sales Manager, la proportion de bioplastique ne doit dépasser les 10 % pour ne pas perturber le processus de recyclage. " Les bioplastiques ne représentent actuellement que 0,2 % de la part totale de 333 milliards de tonnes, ce qui nous laisse une marge progression considérable ", dit-il avec un large sourire.Le carbonate de calcium, dit Rosén, présente l'avantage d'augmenter la densité du matériau et d'améliorer les propriétés barrières au point de presque égaler celles d'un plastique pétrosourcé. Selon lui, le matériau permet d'opposer une barrière offrant une durée de conservation jusqu'à un mois au maximum. Il convient donc moins pour des denrées devant se garder plus longtemps, comme les produits laitiers de longue conservation.En outre, l'amendement calcaire stimule la fertilité du sol dans le cas d'un compostage.Pour le Biodolomer, la théorie et la phase d'essai sont déjà loin derrière. Voilà déjà deux ans que Gaia a mis sur le marché des sacs et sachets de ce matériau pour la chaîne d'épiceries ICA. Les raviers remontent à six mois et les couverts à cinq. Ces derniers constituent, par exemple, une superbe solution de remplacement pour les compagnies d'aviation. Ils sont en outre incassables, tout comme les sacs d'ICA ne se déchirent pas sous une charge - trop - lourde. Pour les raviers que Gaia a mis au point en collaboration avec Danish Crown, on a opté pour une variante plus brune. Le but est de faire savoir au consommateur qu'il a en main une alternative plus respectueuse de l'environnement que les classiques barquettes de viande et de poulet en plastique.Boberg concède que le Biodolomer coûte plus cher que les traditionnelles solutions à base de pétrole et d'origine végétale. Ainsi le PE pétrosourcé revient à 1,2 euro du kilo, le PE vert à 2,2 euros et le Biodolomer à 3,2 euros. Le Biodolomer en revanche peut être produit sur les mêmes machines standard, avec cet avantage supplémentaire que la mise en route du procédé exige moins de chaleur et consomme donc moins d'énergie. L'angle du prix au kilo de la matière est selon lui fortement biaisé dans la mesure où les coûts liés au ramassage des détritus sauvages ne sont pas internalisés dans le prix des plastiques ordinaires. Il n'en reste pas moins qu'à ce niveau de prix, le marché du Biodolomer reste encore extrêmement confidentiel, reconnaît Boberg.L'usine où Gaia produit elle-même ses granulés de plastique en blanc ou en brun n'appartient que depuis huit mois à l'entreprise. Il en sort actuellement 5 000 tonnes sur base annuelle. Trois nouvelles extrudeuses devraient porter ce volume à 15 000 tonnes d'ici la fin de l'année. Gaia est aussi sur le point de remplacer son ancienne presse flexo actuelle par une neuve.Les similitudes entre Gaia et Ecolean sont frappantes. Ainsi, ce fabricant utilise, lui aussi, le carbonate de calcium au coeur de ses emballages. Pour le reste, le matériau de ses poches souples aseptiques Ecolean Air pour boissons et aliments liquides n'est pas constitué de plastique biosourcé, mais d'un film coextrudé PE et PP à base de pétrole. Ecolean utilise par ailleurs du PET pour ses pochettes avec fermeture. Le matériau étant un complexe de deux ou trois plastiques, sa seule voie de valorisation après usage est l'incinération.L'avantage est qu'il ne comporte pas d'aluminium, ce qui laisse donc ouverte la possibilité de réchauffer le produit emballé au micro-ondes. Dixit Ecolean. Anna Annarås, directrice du marketing, concède n'avoir pas pour l'instant d'alternatives biosourcées pour son emballage. Toutefois, dit-elle, Ecolean suit de près les évolutions dans le domaine des matériaux afin de pouvoir continuer à développer ses emballages et les rendre plus durables. L'intégration de 35 % de carbonate de calcium dans ses emballages contribue à fortement réduire l'utilisation de plastiques pétrosourcés, dit Ecolean. Moins de matières premières, c'est aussi moins de déchets et d'énergie consommée et un poids (de transport) inférieur, ceci pour résumer les avantages environnementaux par rapport à un plastique ordinaire. Selon les données d'Ecolean, sa poche souple d'un litre, avec son poids de 14,3 g, est au minimum 50 % plus légère que n'importe quel autre emballage de boisson. Le contenant est en outre extrêmement facile à vider, ce qui laisse beaucoup moins de résidus de produit après consommation. La poignée gonflée d'air rend extrêmement commode la manipulation de cet emballage particulièrement léger.Ecolean n'est pas encore très visible en Europe de l'Ouest, l'entreprise s'étant d'abord concentrée sur les marchés présentant le plus fort potentiel à ses yeux. Son premier marché de débouchés a ainsi été la Russie, suivie de la Chine, du Pakistan, du Japon et de l'Amérique du Sud. Danone est entre-temps devenue l'un de ses clients pour l'Espagne, tandis que Hemme Milch, petit fabricant de produits laitiers, a fait de même en Allemagne.Cette focalisation sur les marchés les plus prometteurs semble avoir bien fonctionné. Fondée en 1996 par Åke Rosén et reprise en 2001 par Hans Rausing, alors propriétaire de Tetrapak, Ecolean a le vent en poupe. L'année 2017 avait été clôturée sur une croissance de 20 %, et celle-ci était toujours de 17 % en 2018.Ecolean dispose à Helsingborg d'une usine de film ultramoderne, située à un jet de pierre, sur le même terrain industriel, que l'unité où sont fabriquées les machines de remplissage.Vu l'énorme marché de débouchés dans cette région, Ecolean est sur le point d'ouvrir un site de production supplémentaire à Lahore (Pakistan), en plus de celui qu'elle possède en Chine.Ecolean fonctionne sur le même principe que Tetrapak - et tous les autres fabricants de cartons à boissons, d'ailleurs - dans le sens où ses emballages ne peuvent être remplis que sur des machines " dédiées " Ecolean. Un modèle économique qui n'a rien de surprenant quand on sait que le patron actuel d'Ecolean, Hans Rausing, n'est autre que l'ex-propriétaire de Tetrapak.La remplisseuse EL 6 qui était sur le point d'être assemblée lors de notre visite guidée de l'usine peut atteindre une productivité de 18 000 poches souples par heure. On parle ici de contenances de 125, 250 et 350 ml. La capacité de la machine est supérieure de 50 % à celle de sa version ordinaire, car elle intègre six postes de remplissage au lieu de quatre pour le même encombrement.Pour prévenir des éventuels problèmes d'hygiène sur les sites de remplissage, les emballages sont livrés hermétiquement fermés au client. L'emballage aseptique est stérilisé par faisceau d'électrons, ce qui réduit l'utilisation de substances chimiques.Ecolean veille minutieusement à calquer son design graphique sur les attentes du consommateur d'aujourd'hui, ainsi que l'a montré Hanna Wallteg, conceptrice des emballages. Ce qui se traduit par une combinaison choisie de typographie, de minimalisme, de transparence, de tons pastel, de noir et blanc et de couleurs métalliques.