Les emballages plastiques souffrent d'un sérieux déficit d'image. La soupe destructrice qui a envahi mers et océans ne cesse de s'étendre et est pratiquement impossible à éliminer. Les tentatives en ce sens n'ont en tout cas abouti à rien jusqu'ici. Collecter les plastiques en vue de leur recyclage est déjà une avancée, mais seuls 40% des volumes sont concernés au niveau de l'UE. La Belgique fait juste un peu mieux que la moyenne, se classant à la onzième place des pays de l'UE pour ce qui est du recyclage des plastiques.
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Les emballages plastiques souffrent d'un sérieux déficit d'image. La soupe destructrice qui a envahi mers et océans ne cesse de s'étendre et est pratiquement impossible à éliminer. Les tentatives en ce sens n'ont en tout cas abouti à rien jusqu'ici. Collecter les plastiques en vue de leur recyclage est déjà une avancée, mais seuls 40% des volumes sont concernés au niveau de l'UE. La Belgique fait juste un peu mieux que la moyenne, se classant à la onzième place des pays de l'UE pour ce qui est du recyclage des plastiques. La manière dont le plastique est recyclé - ou plutôt ne l'est pas - soulève de nombreuses critiques. Les plastiques collectés sont-ils effectivement réutilisés pour la fabrication de nouveaux produits? Il faut d'abord savoir que tous les types de plastique ne se prêtent pas à une valorisation. Après le tri, il en retourne environ 30% dans les déchets résiduels. Ce qu'il en reste est déchiqueté puis transformé en granulats (recyclat) qui serviront de matière première pour de nouveaux produits. Les fabricants de plastiques ne sont pas particulièrement friands de recyclats. Leur qualité est inférieure, disent-ils, et les granulats "vierges" reviennent en outre beaucoup moins cher. La crise du coronavirus a fait chuter les prix du pétrole - matière première du plastique - et des milliards ont été investis ces dernières années dans la production de polymères, notamment par le géant de la chimie Ineos à Anvers. Le marché est inondé de plastiques vierges bon marché, et les matières issues du recyclage restent stockées sur d'immenses terrains. Des journalistes du quotidien néerlandais NRC ont découvert que tout le plastique collecté, stocké et inutilisé du pays est comptabilisé comme matériau recyclé. Quand bien même tous les obstacles seraient surmontés et que l'intégralité du plastique pourrait être collecté, trié, transformé en granulats et acheminé chez un fabricant, les applications restent peu nombreuses. Le recyclat est notamment utilisé pour la fabrication de bollards en plastique et, très exceptionnellement, d'emballages. On travaille d'arrache-pied au développement d'applications innovantes, mais il existe peu d'utilisations à grande échelle. Si certains produits plastiques mentionnent que le matériau convient pour une réutilisation, il est plus rare de lire qu'ils sont fabriqués en plastique recyclé. En tant que matière première de réutilisation, le plastique reste problématique. Les consommateurs ignorent souvent quelles sortes se prêtent ou non à un réemploi, et de grandes quantités finissent encore par se retrouver dans l'environnement. Au final, le problème des plastiques continue de s'aggraver et la meilleure solution est donc d'en produire moins. L'UE entend totalement interdire les plastiques à usage unique d'ici la fin de la décennie, ce en quoi nous ne sommes pas particulièrement à la pointe. L'Inde et la Chine interdisent le plastique jetable avec l'objectif d'en être débarrassées d'ici cinq ans. Les consommateurs eux aussi aimeraient voir le plastique disparaître (lire l'encadré sur les fashion-shoppers). La crise du coronavirus a renforcé la prise de conscience écologique et pour les scientifiques, le lien entre la pandémie et la destruction de l'environnement ne laisse guère de doute. Une bonne nouvelle pour les imprimeurs sur papier et carton, pourrait-on penser. Alors que les produits graphiques étaient encore récemment décriés par les organisations de défense de l'environnement, l'utilisation du papier et du carton comme matériaux d'emballage soulève aujourd'hui un enthousiasme au moins aussi vif. Papier et carton conviennent idéalement pour une réutilisation - jusqu'à sept fois - et leur collecte atteint des niveaux records. Environ trois quarts de tous les papiers et cartons sont réutilisés. Le matériau est en outre connoté durable et il peut présenter une apparence très luxueuse. Les fabricants peuvent donc demander plus pour leurs produits. Les packagings en papier et carton ont de ce fait les faveurs des marketeurs. Les marques sont beaucoup plus intéressées par une augmentation de l'utilisation de matériaux réutilisables que par des emballages retournables, relève la branche finlandaise de McKinsey. Dans le segment du retail, 86% des sondés promettent de recourir davantage aux matériaux réutilisables, et 62% souhaitent diminuer leur consommation de matériaux. Le comportement du consommateur change fortement et le marché s'adapte. Les marques et les types de produits se multiplient sur les linéaires des supermarchés, mais aussi dans les autres commerces. Emballages et produits sont renouvelés à un rythme effréné. D'où des délais de production plus courts et des volumes moindres. Ce qui complique la vie des flexographes traditionnels, mais pour les imprimeurs offset, c'est business-as-usual. Les offsettistes sont-ils en mesure de relever le gant? La demande d'emballages de médicaments est au plus haut depuis le début de la pandémie pour des raisons évidentes. Mais s'il est un endroit où les produits se sont arrachés pendant la crise du coronavirus, c'est bien le supermarché. La demande de denrées alimentaires, surtout, a énormément augmenté, et donc aussi celle de leurs emballages. De quoi tenter quiconque serait à la recherche de nouveaux marchés. Mais l'imprimeur qui voudrait s'y aventurer aura plusieurs obstacles à surmonter. Les évolutions dans le monde du packaging ont beau être fulgurantes, le papier et le carton ne sont souvent pas les remplaçants idéaux du plastique. La sécurité alimentaire et la durée de conservation doivent en effet aussi être prises en compte (le gaspillage de nourriture est plus grave que la problématique environnementale). D'où le recours fréquent à des couches barrières pour protéger le produit. Il ne faut pas que l'encre et les substances nocives dégagées pendant le processus de production finissent par entrer en contact avec l'aliment. D'un autre côté, les barrières plastiques et les multicouches compliquent le recyclage du carton. L'un des projets de recherche de la roadmap Emballage alimentaire de l'avenir de Flanders Food est consacré à ces solutions alternatives . À travers des séances de brainstorming et par la mise en contact d'entreprises, les responsables du projet entendent développer une vision et une stratégie avec comme horizon l'année 2030 - quand tous les emballages alimentaires devront être circulaires. Le principal ressort du marché de l'emballage ces prochaines années sera l'innovation. Car pendant ce temps, les développements se succèdent en dehors de l'industrie agroalimentaire également. La croissance pourtant déjà forte des commandes en ligne a pris un nouvel essor en 2020, du fait notamment de la fermeture des commerces pendant le confinement. Jusque-là, les cartons d'expédition servaient surtout à transporter de l'air. Leur contribution au rayonnement de la marque était en outre quasi nul. D'où l'émergence d'une demande de nouvelles solutions susceptibles de rendre le transport plus efficace et la marque plus attrayante. L'exploration de nouveaux marchés est souvent une aventure aussi ambitieuse que risquée. Par rapport au segment de l'imprimerie commerciale, celui des emballages est un monde compliqué. Entre les multiples intérêts, parties prenantes et activités très diverses, tout l'art consiste à trouver le bon créneau. Ce qui veut dire beaucoup de recherche, mais les imprimeurs offset ont malgré tout toutes leurs chances car ils voient la production sous un autre angle. Une chose est sûre: flexibilité et efficience seront les maîtres mots de l'entrepreneur en 2021. À l'imprimeur commercial d'en faire sa spécialité.