Le 9 novembre 2022, le fonds de formation flamand GRAFOC a convié une trentaine de représentants d'écoles, d'entreprises graphiques, de fournisseurs de machines et d'autres parties prenantes à participer à une table ronde sur le thème "Enseignement et industrie". Celle-ci faisait suite à la conférence du 21 mars 2022 à Saint-Nicolas (lire Nouvelles Graphiques de mai 2022). Cette rencontre animée s'est tenue dans les locaux du constructeur de presses Xeikon. L'objectif: développer une réflexion autour d'une vision d'avenir claire concernant l'équipement technique des écoles graphiques. "Il est difficile et compliqué pour beaucoup d'écoles de constituer et d'entretenir un parc de machines à la pointe", fait remarquer Herman Staes, coordinateur et expert enseignement de GRAFOC. "Notre souhait à travers cette concertation est de voir comment chacun envisage l'avenir de la salle de pratique d'une école graphique si l'on veut pouvoir y assurer une formation digne aux étudiants. Aujourd'hui, nous ne prenons pas de décisions ; cette table ronde est destinée à alimenter la réflexion pour le futur."
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Le 9 novembre 2022, le fonds de formation flamand GRAFOC a convié une trentaine de représentants d'écoles, d'entreprises graphiques, de fournisseurs de machines et d'autres parties prenantes à participer à une table ronde sur le thème "Enseignement et industrie". Celle-ci faisait suite à la conférence du 21 mars 2022 à Saint-Nicolas (lire Nouvelles Graphiques de mai 2022). Cette rencontre animée s'est tenue dans les locaux du constructeur de presses Xeikon. L'objectif: développer une réflexion autour d'une vision d'avenir claire concernant l'équipement technique des écoles graphiques. "Il est difficile et compliqué pour beaucoup d'écoles de constituer et d'entretenir un parc de machines à la pointe", fait remarquer Herman Staes, coordinateur et expert enseignement de GRAFOC. "Notre souhait à travers cette concertation est de voir comment chacun envisage l'avenir de la salle de pratique d'une école graphique si l'on veut pouvoir y assurer une formation digne aux étudiants. Aujourd'hui, nous ne prenons pas de décisions ; cette table ronde est destinée à alimenter la réflexion pour le futur." De nombreux défis et doléances ont été entendus à Lierre, tant de la part des écoles que des entreprises. Le niveau d'obsolescence du parc des machines des écoles étant ce qu'il est, plus d'un participant estime le moment venu d'impliquer les entreprises. Ce qui peut se faire de différentes manières: soit des stages (d'un stage dit d'observation de trois ou quatre semaines en sixième à deux jours/semaine dans l'atelier pendant six mois en septième), soit l'apprentissage sur le lieu de travail (où l'enseignant donne occasionnellement cours dans une entreprise), soit encore la formation en alternance (combinaison de cours à l'école et d'apprentissage en atelier. Ex.: deux jours à l'école et trois en entreprise). Lander Keteleer, enseignant à l'école secondaire Kunstkaai, à Anvers, donne cours une fois par semaine en entreprise en collaboration avec, notamment, les imprimeries Antilope De Bie, à Duffel, et Albe De Coker, à Anvers. "L'enseignant est présent toute la journée à l'imprimerie. Les élèves sont enthousiastes et cet apprentissage sur le lieu de travail leur permet de faire leurs premiers pas dans le monde de l'entreprise. Ce qui rend possible un suivi des aspects tant techniques que sociaux", explique Keteleer. Au fil de leurs stages, les élèves passent par trois ou quatre entreprises différentes et se familiarisent ainsi avec un mix de technologies offset et numériques. Pour l'avenir, Kunstkaai entend élargir cette approche à d'autres entreprises utilisant d'autres techniques d'impression. Patrick Leus, directeur d'exploitation d'Albe De Coker, accorde beaucoup d'importante à cette variation dans la formation pratique: "Le profil de l'imprimerie moderne évolue en permanence. Ce qui compte aujourd'hui, c'est l'output: printing as a service. Nous avons actuellement six techniques de production en interne. La part de l'offset se contracte ; celle du numérique progresse. Ce qui veut dire que tous les conducteurs offset sont capables d'utiliser plusieurs systèmes. De même, un opérateur numérique peut travailler avec différentes machines ; idem pour les opérateurs de façonnage. La flexibilité est essentielle." Albe De Coker collabore avec des écoles comme TSM (Malines), Kunstkaai et l'institut Sainte-Cordule de Schoten. En donnant des cours pratiques en entreprise, on gagne manifestement sur les deux tableaux. "L'entreprise doit avoir une grandeur d'échelle suffisante pour pouvoir le proposer", réagit Bart De Bie, CEO d'Antilope De Bie. "C'est avec beaucoup de plaisir que nous accueillons des élèves motivés qui accomplissent leur stage dans le cadre d'un apprentissage sur le lieu de travail. De préférence, par exemple, à des jeunes poussés dans le dos dans une formation en alternance qu'ils n'ont pas vraiment choisie. L'apprentissage sur le lieu de travail est l'avenir de l'enseignement graphique. Il n'est pas possible pour les écoles d'investir elles-mêmes dans des machines modernes." Lesdites n'ont d'ailleurs plus l'intention d'acquérir des équipements lourds et onéreux. L'atelier scolaire n'a d'autre prétention que d'initier les élèves au contenu des métiers graphiques. Les nouvelles technologies peuvent être abordées dans le troisième degré, et idéalement au sein de différentes entreprises. Les constructeurs présents se disent désireux de soutenir les enseignants à travers des formations sur les dernières avancées technologiques. "C'est nécessaire pour la modernisation de l'enseignement", dit Davy Elsmoortel, directeur général d'Heidelberg Benelux. "Les prestataires de services éducatifs, en même temps que GRAFOC, sont heureux de répondre à la proposition des fournisseurs d'assurer régulièrement des moments de formation aux enseignants afin de les tenir au fait des dernières évolutions du paysage graphique", réagit Henk de Baene, accompagnateur pédagogique auprès d'Enseignement catholique de Flandre (Katholiek Onderwijs Vlaanderen). "Une telle collaboration interréseau a déjà été organisée occasionnellement par le passé, mais elle a quelque peu été délaissée ces dernières années. Il est donc urgent de la relancer. GRAFOC va examiner avec les fournisseurs quelles orientations peuvent être aménagées pour les élèves ou les enseignants et ensuite cartographier cette offre pour les établissements. Pour cette année scolaire, Marnix Van de Cauter, directeur général de l'imprimerie numérique Universitas, à Schoten, collabore pour la première fois avec l'institut Sainte-Cordule de Schoten dans le cadre de la formation en alternance. Dix mois durant, deux élèves apprendront les ficelles du métier dans l'atelier sous la houlette d'un mentor. Les objectifs pédagogiques et le plan d'activités sont fixés pour l'ensemble du parcours. "C'est une superexpérience", dit Van de Cauter. "La formation en alternance assure une fertilisation croisée entre les jeunes et les entreprises. Gunter Van de Vijver, d'Athena Campus Heule, est engagé dans la formation en alternance et l'apprentissage sur le lieu de travail depuis une quinzaine d'années déjà. Ses étudiants sont actifs auprès d'entreprises telles que Vuye Flexible Packaging, à Audenarde (filiale d'Asteria Group, offset rotatif), Roularta Printing à Roulers (offset rotatif) ou ABC labels, à Kuurne (flexographie). "La formation en alternance? Cela n'existait pas. Il a fallu l'inventer", dit Van de Vijver. "Le recyclage sur le lieu de travail devrait aussi être obligatoire pour les enseignants. Nous devons nous rendre dans les entreprises pour voir des machines modernes." Joris Mermans, directeur d'exploitation de Reynders Label Printing, retient des expériences positives et négatives de la formation en alternance. "L'envie et la fiabilité comptent pour beaucoup", dit-il. "Nous simplifions au maximum la conduite des machines, ce qui nous coûte beaucoup de temps et d'argent. Nous sommes intéressés par des jeunes qui bricolent volontiers des vélos ou des mobylettes ; ils finiront bien par intégrer l'élément graphique." Mermans exhorte les enseignants à venir voir à l'usine. "Nos portes sont grand ouvertes ; nous libérons le temps qu'il faut", ajoute-t-il. Mais la base est et reste la motivation des élèves pour le monde graphique. Telle école met en avant le workflow dans le troisième degré: de l'écran vierge jusqu'au produit fini. Telle autre privilégie l'expérimentation avec une presse d'imprimerie (type GTO) dans le but de susciter et d'entretenir une affinité pour les encres et les supports. Dans les milieux pédagogiques, on souligne la valeur ajoutée de l'enseignement sur le lieu de travail. Encore que l'incursion dans le monde de l'entreprise ne doive pas survenir à un stade trop précoce du parcours d'apprentissage. "À partir de ce moment, on se dessaisit d'une part de la formation et on entre en contact avec la spécialisation d'une entreprise particulière", dit quelqu'un. Dans l'idéal, les sixièmes devraient passer par plusieurs entreprises. Pour l'apprentissage de la flexo et de l'offset rotatif surtout, la présence à l'imprimerie est irremplaçable. Il n'y a pas d'autre possibilité pour accumuler une expérience pratique. Le nécessaire accompagnement des élèves par les entreprises n'est pas sans susciter une certaine appréhension du côté des écoles. La question est posée: "L'école accorde beaucoup d'attention aux besoins sanitaires des élèves. Quid de cet accompagnement dans les entreprises?" Les entreprises reconnaissent l'importance du coaching sur le lieu de travail pour les mentors. GRAFOC en propose déjà aujourd'hui autour des médias imprimés. Son programme autour de la communication bienveillante sur le lieu de travail est apprécié des entreprises. "Le trajet de soins à l'école est suivi d'un parcours d'accompagnement au travail", nous dit-on. Ce qui implique des conversations sur l'attitude, la ponctualité (le fait d'arriver à l'heure), la vision du travail, la communication avec le mentor, le respect des accords pris, l'utilisation du smartphone, etc. "Nous avons une grande responsabilité en tant qu'entreprise pour que cet accompagnement se passe bien. Mais nous ne sommes pas des pédagogues ; c'est le métier des enseignants", dit Bart De Bie. Les tables rondes sont bien accueillies, tant du côté du monde de l'enseignement que de l'industrie, dit Herman Staes. "Différentes écoles recherchent déjà des contacts avec des entreprises et des fournisseurs pour planifier des stages, des visites d'entreprise ou des formations. Ces rencontres sont intéressantes pour partager l'expertise et les défis, mais il convient aussi de passer à l'acte", entend-on des deux côtés. GRAFOC a d'ailleurs établi un plan d'action après la deuxième table ronde, à Lierre. "Les écoles désireuses de se lancer dans la formation en alternance sont mises en contact, le but étant d'identifier ce qui a bien été et ce qui est perfectible. Nous soutiendrons les écoles, notamment par l'intermédiaire du site printmediastages.be, dans leur recherche de lieux de formation en alternance et nous aiderons les entreprises à obtenir leur agrément pour la formation en alternance", explique Staes. Nous entendons aussi dire autour de la table que le coeur du problème est l'afflux trop restreint d'élèves dans l'enseignement tant technique que professionnel. La transition des élèves vers des entreprises actives dans les médias imprimés laisse aussi à désirer. "Nous essayons d'organiser une nouvelle table ronde au printemps 2023. L'objectif est de cartographier les besoins et de mettre sur pied les actions nécessaires pour attaquer cette problématique", dit Herman Staes. GRAFOC soutiendra individuellement les écoles, mais un certain nombre d'initiatives sont également abordées de manière transversale par l'intermédiaire des représentants des réseaux et des coupoles. "Notre conseil d'administration a déjà eu une première concertation avec eux. Nous examinons ensemble comment nous pouvons aussi intégrer l'imprimerie dans le programme de cours d'une orientation graphique à double finalité (l'ex-enseignement technique, ndlr)", précise Staes. "D'autres points d'attention sont, notamment, l'étude des possibilités de financement par le gouvernement flamand pour l'achat d'équipements graphiques. Il s'agit aussi de voir quels travailleurs sont disposés à donner cours dans les écoles en tant que professeur invité, et quels fournisseurs de presses numériques ont des machines en fin de leasing susceptibles d'encore représenter une valeur ajoutée pour l'enseignement."