Comme l'a martelé la directrice de l'Institut belge de l'Emballage (IBE-BVI), Ann Delmotte, dans son exposé "Défis des matériaux recyclés", on ne peut pas incorporer du recyclat à un emballage n'importe comment. Même s'agissant d'un fût en plastique destiné à contenir des substances chimiques. Toute utilisation responsable de recyclat dans des contenants en plastique doit d'abord être mesurée, insiste Delmotte, ce qui est précisément l'une des prérogatives, entre autres, de son institut. "La demande de tests de plastiques contenant une proportion de recyclat ne cesse d'augmenter sous la pression des législations. Les déchets d'emballages recyclés employés à cette fin peuvent être d'origine aussi bien post-industrielle que de post-consommation." Un fabricant de produits dangereux désireux d'utiliser ce type d'emballage tombe sous le coup du certificat UN pour le transport de marchandises dangereuses. "Pour l'obtenir - ce qui se fait en Belgique par l'intermédiaire de l'IBE-BVI - un emballage doit satisfaire à un protocole de tests variable, avec des essais de chute, de gerbage et de pression hydraulique jusqu'à la compatibilité du contenant avec le contenu."
...

Comme l'a martelé la directrice de l'Institut belge de l'Emballage (IBE-BVI), Ann Delmotte, dans son exposé "Défis des matériaux recyclés", on ne peut pas incorporer du recyclat à un emballage n'importe comment. Même s'agissant d'un fût en plastique destiné à contenir des substances chimiques. Toute utilisation responsable de recyclat dans des contenants en plastique doit d'abord être mesurée, insiste Delmotte, ce qui est précisément l'une des prérogatives, entre autres, de son institut. "La demande de tests de plastiques contenant une proportion de recyclat ne cesse d'augmenter sous la pression des législations. Les déchets d'emballages recyclés employés à cette fin peuvent être d'origine aussi bien post-industrielle que de post-consommation." Un fabricant de produits dangereux désireux d'utiliser ce type d'emballage tombe sous le coup du certificat UN pour le transport de marchandises dangereuses. "Pour l'obtenir - ce qui se fait en Belgique par l'intermédiaire de l'IBE-BVI - un emballage doit satisfaire à un protocole de tests variable, avec des essais de chute, de gerbage et de pression hydraulique jusqu'à la compatibilité du contenant avec le contenu." Il ressort ainsi de la comparaison entre un grand récipient pour vrac en HDPE vierge et un autre GRV en matériau recyclé que le premier présente une ligne de fracture lisse dans les essais. Ce qui veut dire que le fût s'ouvre de manière prévisible, contrairement à un fût en matériau recyclé. Des irrégularités ou des particules de gel perturbent cette prévisibilité. "Avec un matériau recyclé, la production n'est pas aussi fluide qu'avec de la matière vierge", dit Delmotte. "Ce n'est pas si simple, bien qu'il soit épais et qu'il ne s'agisse que d'un fût ou d'un seau." L'utilisation de recyclat ne coule pas de source non plus pour un bidon de détergent, par exemple. Même si on ne voit pas trop ce qui pourrait mal se passer avec le contenu. Ce type de contenant doit en même temps présenter une sécurité enfant effective tout en n'étant pas trop difficile à ouvrir pour un adulte. Deux options de capuchon sont possibles: "push-turn" (pousser-tourner) ou "squeeze turn" (pincer-tourner). L'ouverture est testée à trois températures: de frigo, ambiante et à 40 °C. Il apparaît que l'ajout d'une proportion de matériau recyclé à un tel emballage ne le rend pas plus facile à ouvrir pour des enfants, mais complique la tâche pour des personnes plus âgées. Celles-ci doivent exercer une force plus importante qu'avec une bouteille uniquement constituée de matière vierge. À cause de la composition modifiée du matériau, dit Delmotte. La norme est que l'emballage doit pouvoir être ouvert par 90% des seniors. "Ce qui montre en outre que la fermeture n'est pas uniquement une question de capuchon, mais qu'elle dépend aussi du matériau constitutif de l'emballage." L'utilisation de matières issues du recyclage est beaucoup plus risquée avec les aliments. Il faut en effet éviter que quoi que ce soit qui n'y a pas sa place ne migre du contenant vers le contenu. Surtout les substances toxiques, pouvant provenir, par exemple, des encres d'imprimerie. L'odeur et le goût ne peuvent pas non plus en être altérés. À cet égard, Delmotte a montré une comparaison entre des big bags - utilisés surtout pour le transport interne chez les fabricants - en PP vierge et recyclé. Les essais de migration ont révélé un pic léger pour le matériau vierge et un grand pour le matériau recyclé. Le coupable s'est révélé être un additif anti-UV qui avait été contenu dans un emballage originel. L'IBE-BVI en a aussi étudié les caractéristiques fonctionnelles. D'où il est ressorti que les sacs à 60% de recyclat affichaient un excellent comportement aux tests de déchirure, résistance au percement et inertie de frottement. "Les sacs peuvent en effet s'écarter les uns des autres sur une palette, mais pas au point d'en glisser." Les sacs à 60% de recyclat présentaient un gros avantage du point de vue de la solidité des soudures, lesquelles se sont montrées plus résistantes à basse température qu'avec du matériau vierge. "Ce qui s'explique indubitablement par les chaînes plus courtes du polymère recyclé, lesquelles apportent une certaine adhérence. D'où l'intérêt de mesurer pour le savoir." An Vermeulen, codirectrice de Pack4Food, a passé en revue les différentes étapes de l'écoconception: Remove, Reduce, Re-use, Recycle, Renew. En évoquant les conséquences possibles pour les emballages alimentaires: "Il n'est pas possible, dans certains cas, de se passer des complexes plastiques pour les emballages d'aliments." La règle, tant pour l'amincissement des emballages alimentaires (Reduce) que pour l'abandon de certaines couches (Remove), est qu'il ne peut pas en résulter un plus grand gaspillage de nourriture qu'avec les emballages initiaux, dit Vermeulen. "Parce que la pression environnementale liée au gaspillage alimentaire est plusieurs fois supérieure à celle qui découle de l'utilisation des matériaux d'emballage." La réutilisation (Re-use) pose de son côté de nouvelles questions. Comme les implications du point de vue hygiénique du lavage des emballages destinés à être réemployés. Comment être sûr de ce qu'un emballage usagé a pu contenir? De l'huile de vidange dans une bouteille en PP, par exemple. "Si on veut réutiliser des emballages, l'ensemble de la chaîne logistique doit être adaptée en ce sens. Des techniques à base de caméras peuvent déjà être mises en oeuvre pour pouvoir contrôler dans quelle mesure les emballages sont ou non contaminés." Il convient de s'assurer que l'utilisation d'un matériau recyclé n'entraîne pas une contamination indésirable. "Le PET est déjà réutilisé pour les bouteilles d'eau et de boissons gazeuses, par exemple, mais je suis plus méfiante concernant le PP et le PE. Ils sont encore totalement interdits pour les emballages alimentaires, pour cette même raison", dit Vermeulen. "On ne sait jamais avec quoi l'emballage est entré en contact dans sa phase déchet." En règle générale, les exigences en matière de sécurité alimentaire vont à l'encontre de la nouvelle législation sur les déchets, poursuit Vermeulen. "Si nous commençons à tout emballer dans du carton, ne risquons-nous pas de contaminer exagérément le flux des déchets papier à cause des résidus alimentaires qui y sont restés collés? Sans oublier le danger des huiles minérales, qui peuvent migrer de l'emballage vers le contenu. Et si on ajoute toutes sortes de couches protectrices ou de films composites pour créer une barrière - que ce soit pour prolonger la durée de conservation ou pour prévenir le problème de la migration - n'est-ce pas au détriment de la recyclabilité?" Outre le papier et en carton, les plastiques biosourcés peuvent aussi être envisagés comme matériaux d'emballages renouvelables, confirme Vermeulen. "Mais ils doivent alors provenir de flux résiduels de la production alimentaire et non de cette nourriture elle-même, pour ne pas entrer en concurrence avec l'approvisionnement alimentaire. Le problème est que les volumes des flux résiduels sont insuffisants." En tant que Packaging Manager chez Carrefour, Lotte Krekels est responsable du design des emballages de tous les produits de marque propre. Les critères de Carrefour en la matière sont que ceux-ci doivent être durables, faciles à utiliser, sûrs et attirants. Avec éventuellement, un recours aux techniques numériques visant à encourager l'interactivité avec le consommateur. Carrefour entend devenir plus durable sur plusieurs plans. Notamment en évitant ou réduisant autant que possible les plastiques (gobelets, couverts, tasses) et en visant les 100% de plastiques recyclables d'ici 2025. Les emballages seront ainsi devenus plus faciles à trier et à recycler. Carrefour aligne surtout ses nouveaux concepts d'emballage sur les flux de déchets existants. "L'élargissement du sac bleu a créé davantage de possibilités en ce sens", selon Krekels. Il permet également d'incorporer une plus large proportion de matériau recyclé dans l'emballage. Y compris pour les plastiques. Ce qui n'est pas évident concernant les emballages alimentaires à cause du danger de contamination. Carrefour souhaite économiser 20 000 tonnes de matériaux d'emballages par an d'ici 2025, dont 15 000 tonnes de plastique. L'enseigne vise aussi la barre des 1 000 solutions d'emballage réutilisables en 2025. L'engagement en faveur du design for recycling ne semble toutefois pas toujours honoré en interne. Krekels aurait voulu abandonner les barquettes noires pour des transparentes, pour une question de recyclabilité. Mais elle s'est heurtée à la résistance d'autres départements du groupe. La transparence n'a été maintenue que pour les manchons. Pour les champignons, on avait opté pour un PET opaque. Mais ce matériau n'est pas - encore - recyclé. Il a donc fallu trancher finalement entre le PET transparent et le PS bleu. "Ce dernier a été retenu parce qu'il impliquait une moindre transition par rapport l'emballage actuel." Le conditionnement des capsules de Café Latte est un exemple d'économie de plastique ayant pu aboutir. Celles-ci étaient encore emballées dans un sachet à l'intérieur du paquet, mais ce n'est plus le cas. La bandelette de plastique du filet d'oranges a été supprimée elle aussi. Les pommes de terre emballées sous plastique sont désormais vendues dans un sac en papier. Celui-ci étant fabriqué à partir d'une bobine, l'emballeur a pu conserver la même machine. "Quand le choix se porte malgré tout sur un emballage plastique, on en explique le pourquoi au client. Si c'est pour préserver la durée de conservation, par exemple. Idem pour ce qui est de l'utilisation de recyclat. Le taux de recyclabilité est déjà de 97%. De quoi nous permettre de diminuer la production d'emballages de 2 500 tonnes, dont une bonne part de plastique." Si les plastiques à usage unique sont dans le collimateur de l'EU, la réutilisation reste compliquée dans la pratique. Le client de chez Carrefour peut venir avec ses propres contenants à remplir depuis 2018. 225 magasins proposent des solutions en vrac pour 125 produits différents. Mais le consommateur n'est pas particulièrement chaud. Les nouveaux points de vente de l'enseigne ne misent dès lors plus tellement sur le non-emballé. "Cela reste difficile", constate Krekels. La réutilisation déçoit aussi sur d'autres fronts, reconnaît-elle. L'idée de départ était de distribuer des sacs réutilisables aux clients. On n'en est pas là puisqu'après quelques hésitations, ils ont malgré tout été remplacés par du papier. Le sachet plastique au rayon légumes devait lui aussi faire place à un sachet réutilisable. "Ce qui a suscité beaucoup de résistance de la part des magasins. D'où le choix de sachets en papier. Il en faut bien un camion par semaine par magasin."