Le scénario est désormais bien rodé: le deuxième mardi d'octobre, à l'issue d'une longue nuit de négociations, le Premier ministre se rend au Parlement avec, sous le bras, un budget ficelé et sa déclaration de politique fédérale. Cette année toutefois, les fédérations patronales n'ont pas particulièrement applaudi l'épure budgétaire du gouvernement national. La réduction et le report partiels des cotisations employeur en 2023 ont été bien accueillis. Une mesure "certainement louable", dit-on du côté du patronat, "mais largement insuffisante". De quoi alléger - temporairement - d'un milliard, calcule le Voka, une facture salariale supplémentaire de 32 milliards d'...

Le scénario est désormais bien rodé: le deuxième mardi d'octobre, à l'issue d'une longue nuit de négociations, le Premier ministre se rend au Parlement avec, sous le bras, un budget ficelé et sa déclaration de politique fédérale. Cette année toutefois, les fédérations patronales n'ont pas particulièrement applaudi l'épure budgétaire du gouvernement national. La réduction et le report partiels des cotisations employeur en 2023 ont été bien accueillis. Une mesure "certainement louable", dit-on du côté du patronat, "mais largement insuffisante". De quoi alléger - temporairement - d'un milliard, calcule le Voka, une facture salariale supplémentaire de 32 milliards d'euros. Et pendant ce temps-là, notre économie glisse vers la récession. Prudente, la Banque Nationale la voit "légère" pour les trimestres à venir. En tout état de cause, les prochains mois ne seront pas faciles. La crise énergétique frappe fort. Selon les chiffres de l'ONEM, plus de dix mille travailleurs émargent déjà au régime du chômage temporaire Énergie. Et l'hiver n'est pas encore là. Ce mois-ci, Intergraf a tiré la sonnette d'alarme quant à l'impact de la crise énergétique sur les imprimeurs d'Europe. En page 12, la fédération européenne de l'industrie graphique exhorte les autorités à déployer un soutien plus ciblé sur le secteur. Pour Intergraf, l'impact est double: une envolée stratosphérique des prix des matières premières aggravée par une hausse du coût des énergies. Ce qui concourt à la mise en place d'une situation pénible "que beaucoup d'imprimeries ne pourront plus supporter longtemps", avertit la fédération. L'appel d'Intergraf est fondé et le message des fédérations nationales lui fait écho. Dans ce numéro, nous nous penchons notamment sur la conjoncture aux Pays-Bas, souvent vus comme un modèle économique pour notre royaume depuis trop longtemps englué dans son carcan de complexité, d'inertie et d'incapacité chronique à décider. Mais l'herbe n'est pas toujours plus verte chez le voisin. Le Belge Brecht Grieten, tout nouveau directeur de l'Union professionnelle de l'industrie graphique néerlandaise (KVGO), ne mâche pas ses mots en page 18: "Le gouvernement (néerlandais) agit trop tard et offre trop peu de perspectives." En ces temps difficiles, tout le monde en appelle aux autorités, mais les attentes sont beaucoup trop élevées. Et les moyens de toute façon limités. Les entrepreneurs, à mon humble avis, devront s'en sortir par eux-mêmes, en misant davantage sur l'innovation, l'inspiration et la créativité. Nous avons besoin de solutions novatrices et ingénieuses de spécialistes capables, par exemple, de faire fonctionner les machines en consommant moins d'énergie. Les constructeurs de machines, de presses et d'imprimantes doivent tout mettre en oeuvre pour rendre leur matériel plus productif et moins énergivore. Pour faire en sorte aussi qu'il utilise moins de matières premières et produise moins de déchets, diminuant de facto son empreinte climatique. Là doit être l'objectif premier de tout projet de R&D dans notre secteur. L'efficacité énergétique, c'est maintenant ou jamais. Et l'on peut en dire autant des nouveaux modèles économiques, de la différenciation des produits et de la collaboration au sein de la branche graphique. Autant de thèmes plus que jamais pertinents que notre rédaction continuera de suivre de près.