Quiconque aura regardé la série documentaire télévisée Planète Bleue II de David Attenborough (diffusée chez nous l'an dernier sur Canvas) se souviendra d'avoir vu, à côté d'une superbe nature, les images d'océans souillés par les plastiques. Une catastrophe environnementale qui a incité le Parlement européen à passer à l'action. Selon certaines estimations, à politiques et comportements inchangés, les océans du monde devraient contenir plus de plastique que de poisson (en poids) en 2050, avertit le Parlement.
...

Quiconque aura regardé la série documentaire télévisée Planète Bleue II de David Attenborough (diffusée chez nous l'an dernier sur Canvas) se souviendra d'avoir vu, à côté d'une superbe nature, les images d'océans souillés par les plastiques. Une catastrophe environnementale qui a incité le Parlement européen à passer à l'action. Selon certaines estimations, à politiques et comportements inchangés, les océans du monde devraient contenir plus de plastique que de poisson (en poids) en 2050, avertit le Parlement.Une paille se fabrique en quelques secondes. Elle servira peut-être cinq minutes. Mais elle mettra cinq cents ans à se dégrader. Le Commissaire européen Frans Timmermans aime évoquer cet exemple en soutien de son argumentation. Près de la moitié des déchets qui finissent en mer proviennent de plastiques à usage unique. Dans le top 10 de ce que l'on trouve sur les plages, figurent, en numéro un, les bouteilles et les bouchons, suivis par les filtres de cigarette et les cotons-tiges, en troisième position. Si les mesures européennes décrètent, pour la première fois, l'interdiction totale des cotons-tiges, en plus des couverts/pailles/touillettes en plastique (en septième position dans le top 10) et des tiges de ballons de baudruche (en 9), c'est parce que des alternatives existent et sont disponibles - on pense aux bâtonnets en carton et aux pailles en papier. D'ailleurs, les cigarettiers se voient d'ores et déjà frappés de sanctions financières et une obligation de collecte va être introduite pour les bouteilles en plastique à usage unique, avec un objectif de reprise de 90 % en 2029. Dès 2021, les fabricants devront obligatoirement solidariser le bouchon à la bouteille.Le Conseil s'est par ailleurs accordé sur une interdiction des plastiques oxodégradables (qui se décomposent sous l'influence des UV et/ou de l'oxygène), qui sont utilisés pour les sacs et emballages plastiques par exemple, ainsi que des emballages et gobelets alimentaires en polystyrène.La décision, qui ne fait naturellement pas que des heureux, a soulevé son lot de critiques. Certains sceptiques se plaisent à souligner que peut-être 90 % des déchets plastiques des océans sont charriés par dix grands fleuves d'Asie et d'Afrique - autrement dit, les mesures européennes n'auront pratiquement aucun effet.Des associations professionnelles telles que PlasticsEurope mettent quant à elles en avant les avantages des plastiques dans la vie de tous les jours. Elles misent surtout sur le recyclage et les modèles circulaires pour éviter que leurs déchets ne finissent dans la nature : " Nous, producteurs européens de plastiques, considérons qu'il est de notre mission d'augmenter leurs taux de réutilisation et de recyclage. Nous avons l'ambition d'atteindre les 60 % pour les emballages plastiques d'ici 2030, en route vers notre objectif de 100 % de réutilisation, de recyclage et de collecte de tous les emballages plastiques d'Europe en 2040. " L' Oxo-biodegradable Plastics Association souligne la différence entre plastiques oxodégradables et oxo-biodégradables, arguant que ces derniers ne sont pas parties à la cause mais à la solution du problème des plastiques. L'association European Bioplastics (EUBP) se réjouit de son côté des mesures prises par l'UE : " Il est grand temps de faire la clarté sur ce qu'est réellement un plastique biodégradable. "Pendant que le monde politique et les lobbies se chamaillent sur des questions de définition, de pourcentages et de délais, les consommateurs et les entreprises semblent déjà tirer leurs propres conclusions et passent à l'action. Des évolutions sociétales, comme le tri des déchets par les ménages et la collecte sélective en vue de leur recyclage, paraissent entre-temps entrées dans les moeurs. La Belgique fait même partie du peloton de tête européen. Fost Plus, l'organisation qui s'occupe de la collecte sélective, du tri et du recyclage des déchets d'emballages ménagers en Belgique, a publié les chiffres suivants pour l'année 2017 : " Les 11 000 000 de Belges des 589 communes ont accès à la collecte sélective des déchets d'emballages ménagers. Près de 5 000 entreprises sont affiliées à Fost Plus. En 2017, elles déclaraient 783 500 tonnes d'emballages ménagers. En 2017, 700 000 tonnes d'emballages ont été recyclées par Fost Plus, ce qui représente près de 89,1% de la quantité totale des emballages mis sur le marché belge. Par habitant, nous collectons annuellement environ 28 kilos de verre, 15 kilos de PMC et 55 kilos de papier-carton, dont 16 kilos d'emballages. "" Saviez-vous que chaque Belge consomme en moyenne une de nos boissons par jour ? ", interroge Coca-Cola Belgique sur son site Web. Le fabricant fait le calcul : " Cela représente 10,5 millions de consommations par jour et au moins autant d'emballages. " À travers son plan d'action En avant, qu'il présente comme ambitieux, le fabricant de sodas dit vouloir faire en sorte que la totalité de ses emballages soient collectés en vue du recyclage à l'horizon 2025 : " de façon à ce que plus aucun d'entre eux ne finisse comme déchet sauvage ou dans les océans. "Du recyclage, l'attention des consommateurs et des entreprises glisse vers la prévention des déchets - et en particulier les plastiques. La European Container Glass Federation n'a pas pu s'empêcher, fin janvier, de publier les résultats d'une enquête d'où il ressort que 69 % des consommateurs considèrent le verre comme un matériau davantage recyclable et plus respectueux des océans que le plastique/PET. Selon une enquête allemande, les contenants en verre atteindraient un taux de recyclage compris allant de 89 à 97 %.Les entreprises anticipent déjà l'interdiction annoncée, notamment des pailles en plastique. Sous la pression de campagnes de consommateurs telles que Straw Wars et à l'exemple d'enseignes comme Costa Coffee et Pizza Express, la chaîne de restauration rapide McDonald's a annoncé l'an dernier son intention de passer aux pailles en papier au Royaume-Uni dès 2019 : plus de 1 360 restaurants britanniques en distribuent chaque jour pas moins de 1,8 million d'exemplaires. La demande de pailles en papier augmente tellement vite en Grande-Bretagne qu'un groupe d'entrepreneurs a saisi l'aubaine en ouvrant sans tarder une nouvelle usine au Pays de Galles.McDonald's a aussi annoncé un projet pilote en Belgique l'an dernier : les pailles en plastique ont été remplacées par des exemplaires en papier dans sept filiales à Bruxelles et Namur. Dans son bilan 2018 publié fin janvier, Kristel Muls, porte-parole de McDonald's Belgique, a confié que les deux restaurants gantois ont rejoint la phase-test : " Les pailles ne sont plus distribuées automatiquement mais à la demande des clients, d'où une diminution du volume de pailles. Nous nous sommes engagés à réduire notre impact environnemental et cette nouvelle mesure laisse le choix au consommateur d'utiliser une paille ou non. D'autre part, même si l'expérience n'est pas la même, la plupart des retours de nos clients sur l'utilisation de pailles en papier sont positifs. "Le géant alimentaire déborde d'ambitions en ce début 2019 et mise sur un " futur sans déchet ". L'objectif est que 100 % de ses emballages soient recyclables ou réutilisables en 2025 : " Nous sommes convaincus de la valeur des matériaux recyclables et compostables à base de papier et des polymères biodégradables, en particulier là où les infrastructures de recyclage sont inexistantes. " La multinationale a déployé un plan d'action impliquant déjà quelques avancées concrètes, dont la création de son Institute of Packaging Sciences chargé d'évaluer et de concevoir tout un éventail de matériaux d'emballage durables. Les changements devraient être très bientôt visibles dans les rayons des magasins : " Nestlé commencera à introduire un emballage papier pour Nesquik au premier trimestre 2019. La barre de snacking Yes ! suivra au second semestre 2019. Smarties commercialisera des emballages sans plastique en 2019 et des sachets à base de papier pour Milo seront introduits en 2020. "La remise en valeur du papier en tant qu'alternative durable pour les emballages en plastique - juste au moment où la société appelle les politiques à l'action en matière environnementale - offre à l'industrie graphique l'occasion de se profiler de nouveau sur ce terrain. Cette opportunité s'accompagne certainement de son lot de défis : éditeurs et annonceurs seront de plus en plus demandeurs d'une alternative au film plastique utilisé pour l'expédition des magazines, folders et mailings. Les questions sur le pelliculage des imprimés, qui en complique le recyclage ultérieur, demandent des réponses mûrement réfléchies elles aussi. Nouvelles Graphiques étudiera en profondeur ces défis et opportunités dans ses prochaines éditions.