Que représente le label CO2-neutral et quel est son utilité pour une entreprise?
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Que représente le label CO2-neutral et quel est son utilité pour une entreprise? ANTOINE GEERINCK: Une entreprise qui possède le label CO2-neutral est une entreprise qui a calculé, réduit et compensé ses émissions de CO2 pour devenir climatiquement neutre. Elle prend ainsi sa responsabilité climatique et ne transfert pas le coût climatique à la société ni aux générations futures. Le label CO2-neutral permet de distinguer les entreprises qui s'engagent véritablement en faveur du climat de celles qui font du greenwashing. Plus une entreprise réduit ses émissions de CO2 localement, moins elle devra payer pour compenser. La réduction des émissions de CO2 passe notamment par l'investissement dans l'efficacité énergétique avec des énergies renouvelables, le traitement des déchets dans une logistique efficace, une chaîne d'approvisionnement durable, etc. Aujourd'hui, les consommateurs sont prêts à payer plus chers pour avoir des produits de meilleure qualité. Nous nous inscrivons dans cette évolution. Van der Poorten ou Zwartopwit sont par exemple des entreprises qui gagnent des appels d'offre parce que les commanditaires veulent se fournir auprès d'entreprises écoresponsables. La certification est-elle accessible à toute entreprise de tout secteur? GEERINCK: Tout à fait. Toute entreprise qui s'engage réellement pour le climat peut suivre la démarche. Évidemment, certaines entreprises auront plus de difficultés que d'autres. Surtout les entreprises à faible valeur ajoutée, mais à grand impact environnemental. Il a été démontré que si les entreprises étaient obligées de payer pour leurs impacts réels, elles ne seraient pas rentables. Les entreprises du futur doivent donc se réinventer et revoir leur modèle. C'est ce que nous aidons à faire. Une entreprise qui ne crée pas de valeur ajoutée, mais qui a un grand impact sur l'environnement, devra se réinventer sinon elle est vouée à disparaître. Qu'en est-il pour une imprimerie qui ne peut trouver une alternative plus respectueuse de l'environnement à certains matériaux ou technologies? GEERINCK: C'est à ce niveau-là que la compensation carbone donne une flexibilité aux entreprises. S'il n'y pas d'alternative à une façon de faire, la compensation carbone donne la possibilité aux entreprises de prendre leur responsabilité environnementale et climatique. Cela permet aussi de donner un prix réel de l'impact environnemental des procédés de production et permet de comparer avec d'autres procédés qui peuvent être aussi performants, mais un peu plus chers. Qu'est-ce que la compensation carbone? GEERINCK: Les projets de compensation carbone permettent de financer des réductions en CO2 qui n'auraient pas eu lieu sans ces financements. Dans les pays en voie de développement, avec 1000 euros on peut réduire 100 tonnes de CO2. Alors qu'en Belgique, 1000 euros dépensés permettent de réduire 1 ou 10 tonnes de CO2. Les projets de compensation carbone que nous proposons sont fiables, parce qu'ils sont certifiés. Même si cela ne se voit pas depuis notre position géographique, les projets ont un réel impact. Ils permettent d'agir au niveau d'un certain nombre d'Objectifs de développement durable comme la réduction de la pauvreté, la création d'emploi, la réduction de la déforestation, la sauvegarde de la biodiversité et les partenariats. On remarque que les entreprises qui paient pour la compensation carbone vont réduire beaucoup plus vite leurs émissions de CO2 que les entreprises qui ne paient pas. Cela s'explique par le fait qu'elles vont fournir davantage d'efforts pour dépenser le moins possible. La neutralité en CO2 devient alors financièrement plus accessibles car il y a moins à compenser. Nous introduisons ainsi un mécanisme de taxe carbone volontaire. C'est pour nous la meilleure solution pour réduire les émissions de CO2. C'est maintenant qu'il faut adapter les infrastructures et faire les changements nécessaires afin d'arriver à une neutralité carbone d'ici 2050, voire même 2030. Le Green Deal européen est dans ce sens vraiment important, car il permettra de pénaliser les pays très polluants qui exportent leurs produits en Europe à travers une taxe carbone. Les entreprises qui nous contactent maintenant réalisent que la compensation carbone devient un élément de compétitivité. Et si un jour la taxe carbone est d'application, les entreprises qui sont déjà neutres en CO2 ne seront pas affectées par cette taxe puisqu'elles seront déjà prêtes. Elles deviendront encore plus compétitives. Il y a urgence, pourtant il n'y a que 130 entreprises belges certifiées neutres en CO2...GEERINCK: En effet, mais beaucoup d'autres sont seulement en phase de calcul et de réduction des émissions carbones. Elles n'ont donc pas encore le label, car ces entreprises doivent d'abord réduire leur impact environnemental localement avant de compenser la partie qui reste. Le nombre d'entreprises certifiées climatiquement neutre est donc voué à augmenter dans les prochaines années. Pourquoi l'approche de compensation carbone que vous avez fondée vous tient tant à coeur? GEERINCK: Un des problèmes majeurs aujourd'hui au niveau de l'environnement est qu'on privatise les profits, ce qui est normal, mais on mutualise les impacts environnementaux. Je ne suis pas d'accord que la société et les générations futures subissent les impacts environnementaux négatifs des entreprises. Il faut évoluer vers un modèle économique où les profits sont privatisés à condition que les impacts soient aussi privatisés. C'est le seul moyen de régler le problème du changement climatique. C'est pour cela que nous attachons tellement d'importance à cette neutralité carbone. Elle permet de responsabiliser chaque entreprise et oblige à privatiser les impacts.