Antalis, c'est quoi, en quelques mots?
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Antalis, c'est quoi, en quelques mots? Erik De Vos, Benelux Business Director: "Antalis s'est développée en tant que distributeur de papier pour le secteur graphique. Nous avons opéré une diversification horizontale par le biais de diverses fusions et acquisitions, ce qui explique que nous soyons aussi actifs depuis plusieurs années dans la communication visuelle - impression sur différents supports - et les emballages. Nous sommes occupés à fortement développer ce dernier pilier, qui est appelé à prendre une importance de plus en plus stratégique dans nos activités. Depuis la mi-2020, nous faisons partie du groupe japonais coté en bourse KPP, un géant de l'industrie papetière. Ce nouveau propriétaire voit lui aussi beaucoup de potentiel dans le secteur de l'emballage et il nous donne carte blanche pour faire passer ce pilier au niveau supérieur." Quels emballages distribuez-vous exactement? Rosette Lauwers, Benelux Sales Director Packaging: "En tant que distributeur, nous nous focalisons sur les emballages secondaires et tertiaires en carton, segment pour lequel nous proposons une offre à 360° dans le Benelux. En d'autres termes, nous fournissons des solutions intégrales pour les problématiques logistiques. Les clients peuvent donc s'adresser à nous pour l'ensemble de leurs besoins en matière d'emballages: rubans adhésifs, films étirables, calages/protections, films barrières, y compris le matériel pour palettes ET les machines. Nous opérons en même temps en tant que consultants: nous cherchons même au besoin quelle est la manière optimale de faire parvenir un produit d'un point A à un point B, où l'automatisation peut apporter un avantage, comment rencontrer les exigences écologiques de manière rentable, etc." Cette approche porte-t-elle ses fruits? De Vos: "Certainement. La demande d'un paquet global combiné à la consultance en matière de logistique croît partout dans le monde, et ce dans pratiquement tous les secteurs. Certainement au Benelux qui, avec ses ports et sa position centrale, est la plaque tournante de toute l'Europe. C'est pourquoi nous avons focalisé notre activité sur cette région. Nos sociétés soeurs en Allemagne et en Italie se concentrent davantage sur le sur-mesure pour l'industrie automobile. Là est peut-être le grand point fort d'Antalis: nous nous adaptons à nos marchés." Qui sont vos clients précisément? Lauwers: "Nous travaillons naturellement pour les plus gros transporteurs, mais notre périmètre va beaucoup plus loin que cela. Ainsi, nous faisons aujourd'hui surtout la différence dans l'industrie manufacturière. La Covid-19 a donné une accélération sans précédent à l'e-commerce. Les fabricants de produits les plus divers ont de ce fait été confrontés à toute une série de nouveaux défis. De nouveaux emballages sont nécessaires ; le transport s'effectue différemment ; il faut tenir compte des retours de colis, etc. Autant de contraintes que les entreprises doivent concilier avec une approche écologique. La demande d'emballages et d'une logistique plus respectueux de l'environnement augmente soudainement partout. Voici seulement trois ans d'ici, ils n'étaient encore qu'une poignée à vouloir diminuer leur empreinte écologique. Aujourd'hui, ce n'est plus une latitude, mais une obligation pour survivre commercialement. Nous nous attendons même à ce que le mouvement s'amplifie fortement. Ainsi, Ikea a annoncé son intention d'employer exclusivement des matériaux d'emballage à base de papier à partir de 2028. Ce qui va pousser les fabricants d'emballages à focaliser leur R&D sur le carton. Et une fois que des produits adéquats en sortiront, ils trouveront partout un marché de débouchés. La volonté des entreprises est de répondre au maximum aux attentes de leurs clients." Quelles évolutions observez-vous? De Vos: "Les fabricants de cartons d'emballage continuent de chercher un équilibre rentable entre épaisseur de carton et solidité/capacité de gerbage. La décision d'Ikea va surtout amener une révolution dans le domaine des films étirables. Je ne vois pas trop à quoi une alternative à base de papier/carton va pouvoir ressembler. La résistance à la traction de ce matériau est en effet largement inférieure à celle des plastiques. Nous voyons nos fabricants miser résolument sur l'amincissement de leurs films étirables classiques et/ou l'utilisation de recyclat. Le secteur privilégie aussi fortement le développement de plastiques biodégradables. Les matériaux de rembourrage plus respectueux de l'environnement ont aussi le vent en poupe. On parle ici de particules de calage d'origine végétale, de papier ou de coussinets fabriqués en recyclat. Nous observons aussi une hausse notable des rubans adhésifs, feuillards de cerclage et étiquettes en papier, l'envoi de vêtements dans des sacs en papier, l'adaptation de la taille des cartons de suremballage à celle du contenu, etc. Cette popularité ne contribue-t-elle pas à la pénurie de papier et carton? De Vos: "La situation actuelle est effectivement pénible. La demande de carton et papier pour l'e-commerce explose, alors qu'au même moment, ces matériaux d'emballage sont en pénurie criante. C'est un peu l'histoire de l'oeuf et de la poule, dans la mesure où les achats en ligne sont précisément une cause importante de leur rareté. Cet effet ne doit pas être sous-estimé. Dans une boutique de vêtements, le client reçoit un sac en papier ; et ses commandes en ligne lui sont livrées dans une boîte en carton. Nous achetons davantage d'articles dans un magasin physique, alors qu'en ligne, on n'en commande souvent qu'un à la fois. Lequel doit à chaque fois être expédié dans un carton. Un autre coupable est le Covid-19, qui ralentit la collecte du carton et du papier. Le premier confinement a même mis le cycle quasi totalement à l'arrêt. La troisième raison est que la Chine achète tout ce qui est disponible. Les fabricants de carton et de papier entendent naturellement remédier à cette situation en investissant massivement dans des capacités supplémentaires. Une usine ne se construit ou ne s'étend toutefois pas en quelques mois. Aussi nous attendons-nous à ce que la "crise du papier" perdure encore toute l'année. La "pénurie" ne se limite en effet pas au papier. Le matériel connexe, mais aussi les emballages et accessoires en plastique, et même le transport, connaissent les mêmes problèmes." Le papier et le carton sont-ils aussi durables qu'on le prétend? Lauwers: "Je préfère ne pas me prononcer là-dessus. Il ne peut y avoir de vainqueur à ce débat. Je plaide plutôt pour une approche cradle-to-cradle, et ce aussi bien pour les emballages en carton que pour les plastiques. Cette idée est bien vivace aux Pays-Bas, mais la Belgique ne s'en préoccupe pas trop. Aussi avons-nous décidé de pousser nous-mêmes à la charrette. Nous planchons actuellement sur le lancement d'un projet circulaire dans lequel nous reprendrons le film de banderolage pour l'orienter vers une entité de recyclage." Et quelles sont les tendances dans le domaine des machines? De Vos: "La Covid-19 a quasi entièrement gelé le climat d'investissement en 2020. Personne ne savait ce que le virus allait apporter et les scénarios apocalyptiques ont foisonné. Sous l'impulsion de la percée du commerce électronique, nous sommes depuis rentrés dans une période de haute conjoncture. On investit massivement dans des machines et des solutions d'automatisation pour pouvoir répondre à la forte hausse de la demande - et aux défis logistiques qu'elle entraîne. Les filmeuses de palettes automatiques et les systèmes de scellage ou de cerclage automatiques des boîtes sont actuellement très demandés. Les constructeurs sont toutefois confrontés à une pénurie de pièces détachées. Là non plus, je n'attends d'amélioration avant la fin 2022. Techniquement parlant, nous observons une forte hausse de la demande d'automatisation et - logiquement - d'efficacité énergétique. Mais je n'annonce ici rien de neuf ; cette tendance se manifeste pour toutes les machines possibles et imaginables."